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Chroniques
INS : une autre raison pour un limogeage
Par Houcine Ben Achour
05/04/2024 | 08:22
3 min
INS : une autre raison pour un limogeage

 

Le parallèle est saisissant.

En France tout récemment, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a publié les résultats budgétaires contredisant les estimations du gouvernement concernant le déficit budgétaire 2023. Le déficit public de la France atteint 5,5% du PIB selon l’Insee alors que le gouvernement tablait sur un déficit de 4,9% du PIB. Ce dernier s’est mis immédiatement au travail pour d’une part expliquer à l’opinion publique les raisons d’un tel écart et d’autre part tenter d’y remédier en révisant sa copie budgétaire 2023 et les projections de recettes et de dépenses de l’exercice budgétaire 2024. Le gouvernement Macron n’a pas limogé le patron de l’Insee et, implicitement distillé le doute sur le travail de sa structure statistique publique par excellence. Aucun pays d’ailleurs n’oserait procéder de la sorte.

Chez nous, c’est une toute autre affaire. L’Institut national de la statistique (INS) a publié les résultats de la croissance économique 2023. Elle ne serait que de 0,4%  en 2023 prenant le contrepied du gouvernement d’Ahmed Hachani qui s’est appuyé sur une estimation de croissance économique de 0,8%  pour clore l’exercice budgétaire 2023 à travers une loi de finances complémentaire. En lieu et place de revoir ses calculs et l’incidence d’un tel écart sur les finances publiques et particulièrement budgétaires, le gouvernement n’a pas trouvé mieux que de limoger le directeur général de l’INS, s’exonérant de la sorte de devoir réviser ses estimations budgétaires pour l’année 2024 alors qu’il devrait soit envisager des économies de dépenses soit recourir à davantage d’emprunts.

En fait, la publication des fameuses données de croissance de l’INS ne serait qu’un prétexte d’une rupture qui couvait depuis quelques semaines déjà entre le gouvernement et Adnen Lassoued, l’ex-directeur général de l’INS. Le sujet de divergence entre les deux parties serait toute autre. Il aurait trait à l’organisation de la plus délicate des opérations que mène l’INS tous les dix ans : le Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH).

Il y a deux ans, le patron de l’INS avait refusé d’impliquer son établissement dans l’organisation de la fameuse consultation nationale sur « le redressement de la transition démocratique en Tunisie » car elle contrevenait au principe éthique et aux missions assignées à l’INS, n’hésitant pas à déposer sa démission. Cette année, Adnen Lassoued a exhorté le gouvernement à reporter l’organisation du RGPH d’une année, non sans raisons d’ailleurs. Il estime que l’INS n’est pas suffisamment prête pour mener à bien une telle opération.

Il y a d’abord un problème de délai car, si tout semble prêt sur le papier, pratiquement rien d’opérationnel n’a été engagé alors que l’œuvre est titanesque. Il convient de consulter le document sur la « Préparation du RGPH 2024 - Tunisie», présenté par Nadia Touihri, cheffe du département des statistiques démographiques et sociales au sein de l’INS, lors d’un atelier régional du Pnud concernant les recensements de la population et des logements tenu en janvier 2022, pour évaluer l’ampleur de la tâche. Apparemment, les conditions logistiques pour garantir le succès de ce 13e RGPH ne sont pas totalement assurées. Où en est-on de la mobilisation des ressources humaines nécessaires à la réalisation d’une telle opération ? De leur formation et initiation à l’outil informatique dans la collecte des données ? Etc.

Il y a ensuite le contexte dans lequel se dérouleront les trois étapes-clés du RGPH que sont le recensement pilote, le pré-dénombrement et enfin le dénombrement proprement dit. Le pays sera en période pré-électorale sinon carrément électorale lors de la phase de dénombrement, ne facilitant pas la tâche des enquêteurs. On ne semble pas avoir suffisamment tiré les leçons du Recensement général de la population et de l’habitat de 2014 qui s’est déroulé dans un climat politique et sécuritaire tendu, à la veille d’une campagne électorale d’envergure s’agissant d’élire le président de la République et les membres de l’Assemblée des représentants du peuple. A l’époque, les perturbations ayant jalonné le déroulement de l’opération ne furent pas sans impact sur le traitement des données collectées.

La décision prise par le gouvernement lors d’un Conseil ministériel restreint présidé par Ahmed Hachani de maintenir le calendrier du recensement actait la rupture.

Par Houcine Ben Achour
05/04/2024 | 08:22
3 min
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Commentaires
NAILI
Limogeage de M. Adnene Lassoued
a posté le 08-04-2024 à 11:32
Merci pour cet éclairage cher Houcine. De toute façon, cela confirme qu'être un haut responsable compétent et être limogé par les temps qui courent, sont devenus des "ensembles inclusifs"...... J'ajouterais , par ailleurs, que les autorités concernées n'ont pas fait le bilan du précédent "RGPH" dont les observateurs compétents avaient relevé un certain nombre de dysfonctionnements, sans dire davantage!
'Gardons un minimum d'honnêteté!
@Mr. Ben Achour
a posté le 05-04-2024 à 22:33
Je résume l'article de Mr. Ben Achour: le directeur général de l'INS est un génie mal compris victime de l'ignorance de certains politiciens.
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Mais enfin Mr. ben Achour, je ne reconnais plus vos articles qui sont ces derniers temps unilatéraux : vous ne voyez qu'un côté des choses.

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La majorité des journalistes de Business News TN a tendance à ne voir que le côté négatif des choses, je vous propose, Mr. Ben Achour, à explorer un autre point de vue (que celui du directeur général de l'INS) pour voir que plusieurs "vérités" peuvent coexister --> allez plutôt, Mr. Ben Achour, vous renseigner aussi auprès du gouvernement afin de comparer les dire du directeur général de l'INS avec ceux du gouvernement.
-->
Et ainsi, le lecteur de vos articles se sentirait très bien informer et ferait encore plus confiance à vos articles.

bonne soirée
PS: je n'ai pas l'intention de prendre la défense de qui que ce soit, par contre c'est injuste envers le lecteur d'étaler des informations incomplètes et qui ne voient qu'un côté des choses
Afflige
pauvre INS
a posté le 05-04-2024 à 21:46
totalement detourne de sa mission
tarek ghazzai
remarque
a posté le 05-04-2024 à 19:04
les taux de croissance , de chomâge et d'inflation sont des paramètres qu'on mesure et qu'on n'invente pas
Nephentes
Il nous faut des statistiques optimistes
a posté le 05-04-2024 à 12:55
Les arguments e Mr Ben Achour sont spécieux. Le limogeage de Mr Lassoued est justifié.

Je rappelle les chiffres inacceptables provocateurs indécents publiés par l'INS concernant l'année 2023. Taux d'inflation 8%, Taux de chômage 17%, Taux de croissance 0,4%

Comment peut on accepter de pareils chiffres apres le 25 juillet El Moubarak ? Ces chiffres sont une insulte a l'esprit positif à l'élan vital retrouvé de notre pays sous l'Egide de Monsieur le Président Kaes Saed

Pourquoi l'INS n'a pas publié un Taux de croissance de 6 % par exemple ? Une croissance de 6% n'aurait elle pas été en adéquation avec la volonté du Peuple et sa sérénité retrouvée ?

La publication - probablement criminelle et téléguidée par des lobbies traitres à la Patrie- des statistiques 2023 est HONTEUSE.

Il faut que Mr le nouveau Directeur de l'INS publie des le premier trimestre 2024 un taux de chômage inférieur à 10%, un taux d'inflation qui ne dépasse pas 5%. Quant au taux de croissance mais bon sang je vous le demande : quel mal y a t-il a afficher un taux de croissance d'au moins 8 % ?

Il faut produire des ondes positives galvaniser l'élan patriotique du citoyen pourquoi renvoyer au mode -et surtout aux institutions crypto-sionistes comme le FMI ou la Banque Mondiale- une image dégradanre de notre Pays .

Je rappelle trois principes fondamentaux garants de notre réussite commune après le 2 juillet El Moubarak; et qui se consolide de jour en jour :

Quand on ne trouve pas de solutions c'est que le problème n'existe pas.

Avec un escalier prévu pour la montée on réussit souvent à monter plus bas qu'on ne serait descendu avec un escalier prévu pour la descente.

C'est en forgeant qu'on devient musicien.
ANTIRELIGION
PIRE QU'UN LIMOGEAGE
a posté le 05-04-2024 à 10:36
Surtout ne prenez pas la politique française comme référence ou exemple sans faille ? parce que Macron et son premier ministre avec l'article de loi 49 3 font la pluie et le beau temps dans le pays pire qu'un limogeage ...