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Chroniques
Liste noire du parlement européen : des têtes doivent tomber et tout de suite !
07/02/2018 | 15:24
4 min

Après avoir été épinglée une première fois par les ministres européens des Finances, la Tunisie est une nouvelle fois dans la ligne de mire des Européens et cette fois, c’est via ses députés du Parlement. Les Etats et les gouvernements n’ont aucune vraie possibilité d’action sur ces députés élus directement par les peuples.

La Tunisie est donc officiellement sur la liste noire de l’UE des pays tiers susceptibles d’être fortement exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme.

Ces mots de blanchiment de capitaux et de financement de terrorisme qu’on ignorait totalement avant la révolution et qui sont entrés, petit à petit dans nos dictionnaires, depuis l’arrivée de la troïka au pouvoir. Les islamistes et les CPR, alors au pouvoir, encourageaient d’une manière directe et indirecte le terrorisme, les voyages vers la Syrie pour combattre aux côtés de Daech, le salafisme, le radicalisme…

L’épidémie a commencé dès 2011 avec l’amnistie offerte au lendemain de la révolution et qui a permis la libération de plusieurs terroristes à la culpabilité établie et le retour au pays de plusieurs suspects de terrorisme et de radicaux de tous genres. Ils se sont tous métamorphosés en « victimes » de Ben Ali, ils ont pleurniché devant les écrans pour se présenter comme de doux agneaux et ont pu gagner la sympathie de l’opinion nationale et internationale. Résultat immédiat, on les a vus rapidement à la tête de l’Etat, à l’Assemblée nationale constituante, dans l’administration à des postes de différentes responsabilités et à la tête de plusieurs ONG. Jusqu’à aujourd’hui, certains de ces « anciens radicaux et terroristes-suspects » sont au pouvoir ou au parlement et encore plus au sein des ONG.

 

Quant aux partis politiques et aux associations inféodées au radicalisme, on ignore tout de leurs financements et des origines de leurs financements. Les médias et plusieurs députés avaient beau crier au scandale, ces partis sont demeurés imperturbables. Aux dernières élections, l’instance indépendante des élections et la Cour des comptes ont épinglé plusieurs partis (et à leur tête celui de l’ancien président Moncef Marzouki), mais aucune sanction n’a été prononcée et aucune obligation n’a été imposée à ces partis de rendre publics leurs comptes. Au meilleur des cas, les partis et les ONG déposaient leurs comptes à la présidence du gouvernement ou à la cour des comptes, sans qu’il n’y ait aucune possibilité de vérification publique de ces comptes.

 

Sauf que voilà, toutes ces données et ces informations sont anciennes et vieilles de plus de trois ans. En octobre 2014, il y a eu des élections et le pouvoir actuel a promis d’en finir définitivement avec ces partis proches des extrémistes et des ONG financées de l’étranger. Plus de trois ans après, rien n’a été fait.  Quatre responsables à mes yeux. 

 

En premier lieu, c’est notre assemblée qui porte la plus loudre responsabilité en refusant d’examiner sérieusement et rapidement les projets de lois portant sur la transparence. Le projet de loi soumis par Attayar, à propos de l'enrichissement illicite, traine dans les tiroirs de l’ARP depuis 2015.

La faute en deuxième lieu à la Banque centrale de Tunisie qui a très longtemps fermé les yeux sur ces virements que reçoivent les ONG et les partis politiques qui comptent par plusieurs dizaines de milliers d’euros ou de dollars. Aucun contrôle, aucun suivi sérieux. Les médias ont beau citer nommément des associations, il n’y a pas de suite.

En troisième lieu, la faute au ministre des Affaires étrangères qui n’a mis en place aucun moyen de lobbying à Bruxelles pour convaincre les députés européens de la « cause Tunisie » et de sa lutte contre le blanchiment d’argent et le terrorisme. Le pire, c’est que le MAE tunisien était à Bruxelles le 5 février ! Mais ces lobbyistes seraient-ils crédibles quand on voit des gens comme Imed Daïmi ou Ali Laârayedh au parlement tunisien ?

En quatrième lieu, le tout nouveau secrétaire d’Etat à la diplomatie économique dont la nomination a provoqué des élections anticipées partielles en Allemagne et vu élire un extrémiste au parlement. Qu’a fait ce secrétaire d'Etat depuis sa nomination en termes de lobbying pour peser sur Chedly Ayari, gouverneur de la BCT et Khemais Jhinaoui, MAE et dépêcher autant de personnes qu’il faut pour que la Tunisie ne soit pas de nouveau inscrite sur une liste salissante ? Quoiqu’il ait fait, l’efficacité n’a pas été au rendez-vous.

 

La première inscription de la Tunisie par les ministres des Finances est restée impunie et aucun coupable n’a été désigné. Cette deuxième inscription qui ne sera pas levée dans les semaines et les mois à venir, contrairement à la précédente, exige des mesures immédiates de sanction de la part du président de la République et du chef du gouvernement contre ces hauts responsables de l’Etat. Sanctionner ensuite les coupables et épingler publiquement tous les partis et toutes les associations qui sont proches ou sympathisantes de près ou de loin de l’extrémisme et du terrorisme et du blanchiment d’argent est une priorité nationale. Il est inconcevable que des hommes politiques qui défendaient, jusqu’à un passé tout récent, les salafistes et les terroristes envoyés en Syrie continuent à exercer dans la sphère politique tunisienne en se cachant derrière leur immunité parlementaire ou judiciaire.  Non seulement ils ont sali la Tunisie par le passé, mais ils continuent encore à la salir en protégeant les monstres qu’ils ont créé et en pondant des lois empêchant d’agir concrètement contre ces gens qui ont été bien identifiés durant la période de la troïka.

07/02/2018 | 15:24
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