Où sont nos universitaires ? Nos médecins ? Nos ingénieurs ?
L’Union européenne est omniprésente en Tunisie. Elle multiplie les actions, la coopération dans tous les domaines possibles et imaginables, les aides financières pleuvent… et pourtant ! Le Parlement européen n’est pas très content, voire pas du tout, du résultat. En dépit de tout, l’UE peine à instaurer son influence dans la région MENA après le déclenchement de ce qu’on appelle communément « le Printemps arabe ». Un rapport édifiant dresse le bilan, négatif, d’une politique en chute libre dans ces pays et soumet les pistes à suivre pour y remédier.
C’est la Commission des Affaires étrangères (AFET) de l’UE qui a jeté un pavé dans la mare en présentant, le 18 décembre 2018, un rapport détaillé sur la marche à suivre dans les pays du « Printemps arabe ». Adressé aux hautes instances de l’Union.
La commission est partie de l’énoncé considérant qu’il était important de faire le bilan des efforts et de la position adoptés par l’UE en réponse au « Printemps arabe », en évaluant sa capacité à appliquer ses politiques. Le constat étant qu’il était plus qu’essentiel de réévaluer l’approche politique de l’UE et ses objectifs futurs à l’égard de ces pays. Pour l’AFET, la stabilité politique et économique dans la région du Maghreb et du Moyen-Orient revêt une importance stratégique et nécessite une approche politique à long-terme. Ainsi, l’Union européenne devrait jouer un rôle central dans la promotion de la résolution des conflits et de la gouvernance démocratique et économique dans ces régions, note le rapport.
Le terme inquiétude revient comme un leitmotiv tout au long du rapport, laissant transparaitre une réelle préoccupation quant au poids politique en perte de vitesse de l’Union européenne. Tout en se félicitant des efforts déployés pour promouvoir la démocratie et les droits de l’Hommes, la commission estime que malgré de considérables investissements politiques et financiers à la suite du Printemps arabe, les objectifs de l’Union n’ont pas encore été atteints.
« En dépit de son implication politique et économique, l’UE n’a pas été en mesure de gagner en influence et a été incapable de l’exercer. D’autant, que l’Union n’est plus considérée comme une force fédératrice de changements par ces pays ». La commission se dit également préoccupée par la situation politique complexe et par l’émergence de nouveaux acteurs politiques et économiques régionaux notamment la Russie et la Chine, en plus des discours et financements concurrents des pays du Golfe et de l’Iran.
L’AFET exhorte les hautes instances de l’Union européenne à se repositionner au plus vite sur l’échiquier géopolitique, à moins de se voir perdre du terrain (encore plus) au bénéfice d’autres forces en jeu.
C’est ainsi que d’après le rapport, la politique à l’égard des pays du Maghreb a été entachée par une approche trop fondée sur l’attente de la réalisation des objectifs avec peu d’implication des pays bénéficiaires. La commission regrette dans ce sens les efforts déployés après le Printemps arabe pour des incitations en faveur de ces pays en adoptant la démarche du « donner plus pour plus de principes ». Sauf que cette démarche ne s’est pas matérialisée par une plus grande influence de l’UE dans son aptitude à promouvoir de réels changements.
Le rapport souligne par ailleurs, le risque que l'action de l'Union européenne dans la région et l'approche adoptée par les Etats membres dans le cadre de relations bilatérales ne soient pas en harmonie et que la capacité de l’UE à avoir un impact politique soit ainsi perdue.
S’inquiétant donc de la perte d’influence dans les pays ayant connu des soulèvements en 2011, la Commission des Affaires étrangères préconise que la société civile locale soit plus étroitement associée à l’identification des besoins de ces nations, afin d’asseoir les valeurs de l’UE. Le but étant d’élargir encore plus le champ d’action de la société civile, d’inclure le secteur privé et de rendre plus facile l’accès aux fonds pour les petites organisations de la société civile.
Parmi les solutions identifiées afin d'accroître la capacité de l'Union européenne à avoir un impact politique, de promouvoir le soutien de ces pays, la commission note que « chaque délégation de l'UE devrait mettre en place des conseils consultatifs de haut niveau associant les milieux économique, médiatique, culturel et universitaire et la société civile du pays concerné en leur fournissant les priorités politiques de l’UE ».
La commission est convaincue que l'action de l'Union européenne vis-à-vis de la région devrait mettre les jeunes dirigeants, politiques, économiques, des médias, de la culture et des organisations de la société civile, au centre de ses intérêts. Les familles politiques européennes sont aussi appelées à intensifier les échanges avec les jeunes actifs dans le milieu politique dans le but de promouvoir leur formation, leur permettant de se présenter aux prochaines élections et devenir de nouveaux acteurs du changement dans leurs pays respectif. Bien évidemment, cette action vise à placer « les amis » de l’Union dans les postes de pouvoir afin de regagner une influence perdue.
Le constat est simple, l’Union européenne n’arrive plus à se positionner et à exercer son influence comme elle l’entend. En Tunisie, cela peut se comprendre par des choix spécifiques notamment un soutien accordé à des organismes et associations qui sèment la zizanie et dont les comptes sont flous (Lire notre article à ce sujet). Un positionnement qui peut entacher le poids et l’image de l’Union au sein d’une partie de l’opinion publique et nuire durablement aux valeurs qu’elle voudrait voir se matérialiser.
Ikhlas Latif
Commentaires (6)
CommenterCompétences sur-payées !
Où sont nos universitaires ? Nos médecins ? Nos ingénieurs ?
Pro-consul !
Perspective ? Moins de sous à livrer à nos OSC pour des projets sans capitalisation aucune !! Voyez les équipements "UE" installés par des ONGs sans scrupules ds nos écoles : Aucune utilité ! Contrairement à reporting financier où des miliers d'Euro sont mis pour celà !
Cf. article de Busines news sur I watch Tunisie
UE en Tunisie, les copains d'abord !
Il faut dire eu Mr Aoudi se vante partout qu'il dine personnellement et régulièrement avec Mr Bergamini (Ambassadeur de l'UE en Tunisie)...Ce dernier ne s'est pas demandé en termes d'influences ce que rapporté réellement Cogite'?'.ou à peine 1% des startups hebergées sont rentables et passent le cap des 3 ans.
Voila, un exemple parmi d'autres de copinage cher payé qui n'apporte rien à l'UE
Europe? Quelle Europe?
L'odeur du jasmin...
la corruption du régimes de partis au pouvoir....