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Chroniques
Les forces de sécurité ont peur et cela se voit !
20/04/2015 | 15:59
6 min

 

A chaque frappe des terroristes, les officiels sortent dans les médias pour multiplier les déclarations spectaculaires et dire que l’Etat est fort, qu’on va les battre etcetera, etcetera, etcetera. Au même moment, « nos » terroristes, via leurs pages «officielles », multiplient les déclarations de victoire contre le « Taghout ». Dans une guerre, il y a l’aspect tactique et logistique, mais il y a également l’aspect psychologique. Et pour ce dernier aspect, force est de constater que les terroristes marquent des points et battent à plate couture nos officiels. On a beau donner des interviews pour dire que nous sommes les plus forts, inviter des personnalités étrangères pour manifester leur sympathie et tout le toutim, il y a des signes qui ne trompent pas. Contrairement à ce qu’il prétend, et à ce qu’il doit être, l’Etat (et principalement nos forces de sécurité), paniquent face aux terroristes et quand on panique, on commet des bourdes.

 

Cette peur des terroristes se manifeste avec des réactions visibles à l’œil nu par tout un chacun et par n’importe quel visiteur étranger de la capitale.
Aujourd’hui, lundi 20 avril 2015, cinq points névralgiques de Tunis sont fermés ou partiellement fermés à la circulation automobile. Des fils barbelés et une armée de policiers entourent ces cinq points névralgiques, comme pour montrer qu’on est là et qu’on surveille bien la citadelle. Faut-il en rire ou pleurer ?
Le premier de ces points est, à lui seul, très symbolique, il s’agit de l’aéroport Tunis Carthage. Un aéroport, comme chacun sait, est la première chose qu’un étranger voit en arrivant dans un pays. C’est aussi la dernière chose qu’il voit et elle entretient l’image qu’il a du pays qu’il vient de visiter. Et quand cet étranger est un investisseur, on peut dire qu’on lui donne une piètre image du pays avec cette sécurité exagérée, trop exagérée, devant l’aéroport. Cela frise le ridicule.
Le deuxième de ces points est tout aussi symbolique, il s’agit du ministère de l’Intérieur situé en plein centre-ville. Depuis quelques jours, on a interdit la circulation automobile devant la porte principale du ministère, c'est-à-dire une portion de l’avenue Habib Bourguiba.
Le troisième point n’est pas moins symbolique que les autres, il s’agit du palais du gouvernement. Depuis plusieurs mois, la place de la Kasbah est interdite à la circulation automobile et la raison est toujours la même, sécuritaire.
Les quatrième et cinquième points font rire et rappellent le célèbre dicton tunisien qui dit (selon une traduction approximative) : "بعد ما اتخذ شرا مكحلة"  (« Il a acheté une arme, après la catastrophe »). Il s’agit de l’ambassade américaine aux Berges du Lac, où le grand boulevard devant la porte d’accès a été interdit à la circulation au lendemain de l’attaque de septembre 2012, et de l’Etablissement de la Radio sis au quartier Lafayette. Pour ce dernier, ce sont les rues du Koweït, de Palestine et de la Liberté qui sont fermées aux automobilistes en plus de la rue d’Irak, fermée depuis des décennies déjà. On a pris la décision de fermer ces rues après avoir découvert un plan de la radio chez un technicien de la télévision. On a donc décidé de fermer la circulation automobile, comme si cela ferait peur aux terroristes. En attendant, l’impression que donnent nos forces de l’ordre, c’est que ce sont elles qui ont peur.

 

Sans prétendre avoir une quelconque compétence en matière de sécurité, il y a cependant des constats à rappeler. Les terroristes du Bardo étaient des piétons. Ceux qui ont attaqué l’ambassade US étaient également des piétons. A Paris, là où on a frappé au siège de Charlie Hebdo, les terroristes étaient également des piétons. Interdire l’accès aux automobilistes n’a donc visiblement pas de sens.
Les politiques nous rappellent très souvent que le terrorisme frappe partout. C’est vrai. Mais puisqu’il frappe partout, regardons aussi comment réagissent les nations développées en matière de sécurité. Paris, par exemple. La Place Beauvau, où l’on trouve le ministère français de l’Intérieur, n’est pas interdite à la circulation. Idem pour la rue du Faubourg Saint-Honoré, où se trouve le palais de l’Elysée, de la présidence française de la République. Pas plus que le siège de TF1 à Boulogne Billancourt ou la rue Anatole France, siège d’Europe 1. Quant aux aéroports d’Orly et de Roissy, ils ne sont pas moins sécurisés que Tunis-Carthage et, pourtant, il n’y a pas d’interdiction de circulation devant les portes d’entrées.
Les risques de terrorisme frappent partout, mais les indispensables mesures de sécurité ne sont pas toutes pareilles. Il ne faut pas en faire trop pour être efficace, la juste mesure est suffisante.
De quoi a-t-on peur avec ces quadrillages de bâtiments ? D’une voiture bélier munie d’explosifs ou d’un kamikaze ? Soit ! Mais des piquets de sécurité en béton (qui existent déjà) placés juste devant le trottoir sont suffisants. L’efficacité est la même que le quadrillage total d’un bâtiment et la mobilisation de dizaines d’agents et de véhicules qu’on pourrait exploiter ailleurs. C’est ainsi que l’on sécurise les bâtiments dans les autres pays menacés par le terrorisme comme la Tunisie.

 

Alors que l’on fait des actions spectaculaires d’un côté, qui congestionnent la circulation, créent des embouteillages monstres et mettent les nerfs des automobilistes à vif, on constate que des mesures de sécurité ne sont pas prises, alors qu’elles sont très simples à mettre en place.
Quand vous visitez l’ambassade US, à titre exemple, vous vous devez de mettre votre téléphone portable à l’accueil. Hors de question de le faire entrer. Dans plusieurs pays développés, les ministres n’entrent pas en conseil avec leurs appareils téléphoniques, car il y a un risque sécuritaire puisqu’ils ont été utilisés dans des actes terroristes actionnés à distance aussi bien en Tunisie (Sousse) qu’à l’étranger.
En Tunisie, vous pouvez même rencontrer Béji Caïd Essebsi ou Habib Essid avec un portable.
Ce n’est pas l’unique faille de sécurité, bien d’autres existent dans un nombre de points stratégiques et j’en ai fait part à un haut fonctionnaire du ministère de l’Intérieur. Pour des raisons évidentes, je ne saurai les présenter dans cet article, mais il serait bon que nos forces de l’ordre prennent en considération ces failles et se mettent dans la peau de « nos » terroristes pour pouvoir imaginer ce que ces derniers peuvent faire et, ainsi, les contrer.
La Tunisie a signé des dizaines d’accords de coopération avec des pays développés et pourrait se faire aider, en matière de sécurité urbaine, par leurs compétences.
Si on ne voit pas de quadrillage de bâtiments stratégiques dans ces pays développés, il n’y a pas de raison qu’il y en ait en Tunisie.

 

Certes, on peut toujours dire qu’en matière sécuritaire, il vaut mieux en faire trop que pas assez. Le hic, c’est que la Tunisie a actuellement besoin de donner une bonne image aux investisseurs et aux touristes. Elle a également besoin que ses citoyens éprouvent un sentiment de sécurité pour pouvoir sortir, travailler et créer de la croissance. Ce zèle sécuritaire dégage une impression de peur, incite les gens à avoir peur et n’encourage ni à l’investissement, ni même aux loisirs. Nos politiques déclarent ne pas avoir peur et nous demandent de vivre normalement, mais on voit tout le contraire dans les faits. Aujourd’hui, ce sont les terroristes qui sont contents de voir les gens se terrer chez eux et le ministère de l’Intérieur se quadriller derrière des barbelés. Dans la guerre psychologique, ce sont eux qui gagnent les batailles à ce jour et il faut que cela cesse !


 

20/04/2015 | 15:59
6 min
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Commentaires (36) Commenter
la PEUR voila un grand thème ,posons-le à une échelle plus grande
j.trad
| 29-04-2015 10:02
que ceux qui ont les clés de l'expression et de la réflexion fassent bien leur boulot ,la PEUR c'est un thème cabalistique ,c'est un monstre à plusieurs têtes,j'admire le leader GhADDAFI qui avait mis l'épée sur la plus grande tête de ce monstre la TÊTE géante ,le problème de la bouffe ,il s"est jeté corps et âme sur le projet de la grande rivière artificielle ,les européens et les autres y ont collaboré comme de braves apôtres ,les arabes eux ,se sont moqué ,il faut même dire qu'ils ont trouvé des moyens infernal pour détourner GADHAFI de la lutte contre la fin vers la lutte absurde contre un spectre masqué ,un ennemi escroc qui sans pudeur a donné le feu vert à Sarkozi de bombarder le projet de l'eau ,pour pouvoir mettre la main sur le feu...
John Wayne
Cpt.t.r
| 27-04-2015 16:31
Vos commentaires et analyses sont d une lucidité absolue !
arrêtez vos pseudo-analyses!
leila
| 27-04-2015 14:55
pour qui roule l'auteur de cet article ?
@ Stam| 25-04-2015 02:26
EL-OUAFI
| 27-04-2015 12:41
Bonjour l'ami ,prenez la peine de distinguer entre ces homonymes.voix: (voix douce, "son" ) voir :vision,je vois, il voit .......
voie (ferrée) chemin
1(linguistique) se dit de mots de même graphie (homographe) ou de prononciation identique (homophone) mais de sens différents.
Nul n'est infaillible,nous commettons tous des fautes,même les plus célèbres en linguistique.cordialement.(manai)
La Hantise de se faire piéger !
EL-OUAFI
| 26-04-2015 18:55
En partie je donne raison N B surtout lorsqu'il argumente sur le quadrillage de l'aéroport Tunis-Carthage une très négative image pour les Touristes qu'à l'arrivée qu'au retour un souvenir non apaisant pour les futures arrivants.Des plots en béton peuvent répondre à ces craintes, des chicanes ,et des scanners aux approches des points sensibles, névralgiques trop de sécuritaire visible ne fait que montrer les signes de fébrilité qui incite les adversaires à contourner les obstacles.
Mr N B a parfaitement analysé la situation et se base sur des fait réels, et non sur de l'imagination ou de la fiction. Nos amis européens ont promis à la Tunisie qu'ils lui viennent en aide, commençons par les conseillés en sécurité car chaque pays a sa spécificité, la population doit se sentir loin de ces pseudos attentats des voitures piégées,leur ôter ce spectre de la peur.N'oublier pas à force de crier au loup on fini par l'oublié et c'est là le plus grave, il faut multiplier les contrôles inopinés même avec des Agents en civile,de cette façon ne pas laisser le terrain vacant aux terroristes ou à tout autre dépassement des lois ( sécurité dans la voie publique) approchez-vous comment faire respecter les feux rouges en France les policiers en civile peuvent surgir à tout moment,et les conducteurs indélicats sont avisés,et de ce fait les loi sont respectées, presque ! ! ! cordialement ( bravo Mr N B ) manai
faute d'orthographe dans le titre
Stam
| 25-04-2015 02:26
On écrit "ils ont peur que cela se voie et pas se voit .

BN: Il n y a aucune faute dans le titre.
Apparemment, c´est la guigne !
Zarbout
| 24-04-2015 18:32
Pas assez de commentaires.
La peur
Bechir Toukabri
| 24-04-2015 09:43
Le danger du terrorisme existe, mais quand on panique, le terrorisme à déjà gagné. Nos gouvernants et notre société est faible. C'est du chacun pour soi. Aucune confiance en soi. Si tous les Tunisiens étaient soudés, même une mouche ne passerait.
C'EST TROP
Ghayyour
| 22-04-2015 13:34
Au lieu de barbelés et de fermeture de rues à la n'importe comment, les responsables de la sécurité devraient renforcer davantage les services de renseignements, faire preuve de plus de perspicacité et afficher moins d'exubérance et de démonstration des moyens de protection.
APPLIQUER SYSTEMATIQUEMENT LA PEINE DE MORT AFIN DE SAUVER LA NATION TUNISIENNE :
JOHN WAYNE
| 21-04-2015 14:57
APPLIQUER SYSTEMATIQUEMENT LA PEINE DE MORT AFIN DE SAUVER LA NATION TUNISIENNE :

La Nation Tunisienne ne sera sauvée que par l'application systématique de la peine de mort a ceux qui sont trouvés coupables d'actes terroristes mais aussi à ceux qui complotent ou font la propagande des mouvements terroristes tels que DAECH ou Al Qaeda.
La Tunisie connait un effondrement car il n'existe plus au sein de la Nation de leaders forts, intègres, et courageux.
Les hommes politiques au pouvoir ne sont que des opportunistes mais surtout des marionnettes de puissances étrangères comme le Qatar ou la CIA qui obligent l'état Tunisien à protéger les méfaits des islamistes Tunisiens dans le but d'effondrer la Nation Tunisienne.
La Nation sera sauvée dès les premiers claquements d'un peloton d'exécution punissant un ou plusieurs Tunisiens trouvés coupables d'actes terroristes en territoire Tunisien ou à l'étranger.
Quel que soit leur âge, les Tunisiens ayant rejoint l'organisation de DAECH doivent être condamnés a mort été exécutés par peloton d'exécution dès leur retour en Tunisie et après des procès militaires sommaires.
Les Tunisiens ayant rejoint DAECH qui commet des crimes contre l'humanité, ne sont pas socialement récupérables même dans des décennies. Ils doivent être éliminés physiquement de la société.
Les personnes ayant fabriqué la banderole sur laquelle des exactions de DEACH sont représentées et qui a été placée dans un Lycée doivent également être condamnés ***. Leur banderole a déjà endoctriné des centaines de jeunes qui se préparent à rejoindre DAECH et à commettre des exactions.
L'image d'un peloton d'exécution est la plus proche de celle d'une Nation qui se veut forte et impitoyable avec les traitres en appliquant une justice de type militaire.
La pendaison et tout autre forme d'exécution représente un supplice typique des républiques islamiques tel que l'Iran et doit être abolie.
La France a exécuté ses traitres dans la période qui a suivi le putsch des généraux d'Alger.
C'est la raison pour laquelle cette puissance coloniale dégoutante composée de sionistes véreux et de beurres sociopathes est encore debout.
La Tunisie doit en faire de même.
***.
Les Traitres au pouvoir ne peuvent guère prendre de décisions dans l'intérêt de la Nation Tunisienne et de sa survie.
Ils n'agissent qu'en fonction des puissances étrangères qui les manipulent et les monnaient.

F.M. Alias JOHN WAYNE
Ancien élève au Collège Sadiki
Diplômé d'Histoire et de Sciences Politiques de l'Université Paris-Sorbonne.
Ancien Fonctionnaire aux Ministères des Affaires Etrangères et de l'Intérieur Tunisiens des gouvernements d'Habib Bourguiba et de Zine El Abidine Ben Ali.
Diplomate de carrière et spécialiste de la sécurité et du renseignement.