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Chroniques
Le droit à la différence face à l'hypocrisie des politiques
27/09/2015 | 16:43
4 min

 

Un jeune tunisien a été condamné à un an de prison pour homosexualité. Dans d’autres circonstances, cela aurait pu passer pour un simple fait divers. En réalité, c’est un événement suffisamment important et grave pour qu’on s’y attarde.

 

D’abord, il y a les péripéties de son arrestation et de sa condamnation. En effet, il ne s’agit pas d’un citoyen confondu dans une situation de flagrant délit. Au contraire, c’est un jeune interpellé dans le cadre d’une simple opération de vérification d’identité routinière. Ce qui l’est moins par contre, c’est que les agents de police se sont permis de lui confisquer son téléphone et de consulter de force ses correspondances privées mettant à jour sa relation « amoureuse » avec un autre individu du même sexe. La police a-t-elle le droit de violer aussi légèrement l’intimité des gens en pleine rue et sans mobile apparent ? On attendra l’avis des syndicats de police et des organisations de défense des droits humains, aussi nombreux qu’inefficaces. C’est à se demander quel est le véritable tort de ce jeune homme au moment de son arrestation. Etait-il victime de sa différence ou simplement victime de la malchance de se trouver face à un policier irrespectueux des procédures et intolérant, voulant imposer un modèle de société puritain qui n’existe que dans sa tête et dans la tête de ses semblables, peu nombreux jusque-là, mais sait-on jamais.

 

Ce comportement subi par ce jeune homme, comme les multiples dérapages de la police envers les femmes au cours des dernières années ne sont pas prêts de s’arrêter tant que nous n’aurons pas posé franchement la question de la capacité de milliers de policiers recrutés au temps de la troïka sur la base de leur engagement idéologique, à être des policiers républicains qui se limitent à faire respecter la loi sans chercher à imposer un modèle de société dicté par leurs convictions politiques ou religieuses.

 

Il aurait fallu le concours d’un médecin légiste peu scrupuleux de sa propre déontologie pour resserrer l’étau autour du cou de jeune, coupable de sa différence. Comment un médecin peut-il accepter d’agir de la sorte, pratiquer cette expertise de la honte sans le consentement de son patient et faire des examens qui n’ont aucun intérêt médical et qui ne constituent nullement aucune preuve de quoi que ce soit ? Heureusement que plusieurs médecins se sont insurgés contre le comportement de leur collègue. On attendra maintenant la réaction du Conseil de l’ordre des médecins et de son comité d’éthique pour confirmer l’idée positive que portent les tunisiens sur leurs médecins et sur le corps médical en général.

 

Et puis, il y a cette juge, pour boucler la boucle et rendre le calvaire de ce jeune homme plus dramatique, qui, par son jugement, confirme tout le mal que nous pensons de l’état de notre magistrature et de notre justice dans son ensemble. Une justice archaïque, sclérosée, mécanique, à plusieurs vitesses et conservatrice au point de devenir la garante d’un ordre établi, pas toujours conforme à la réalité, forcément plus complexe que les textes désuets qui la régissent. Il est évident que les conventions internationales et la nouvelle Constitution n’ont pas encore franchi le perron de nos tribunaux. En envoyant ce jeune homme en prison pour un an, Mme le juge croit-elle un seul instant qu’elle a rendu justice ? Qu’elle a garanti l’intégrité physique du condamné en prison ? L’institution militaire, soucieuse de son bon fonctionnement et regardant la réalité en face, a décidé depuis longtemps de renvoyer les homosexuels chez eux et de les dispenser du service national. Un exemple à méditer.

 

Ensuite, il y a ce climat d’hypocrisie générale qui a accompagné cette affaire. Disons le tout de suite, il ne s’agit pas de défendre l’homosexualité mais de défendre le droit à la différence, toutes les différences, ainsi que de défendre le droit de chacun de choisir sa manière d’être, son mode de vie et de disposer librement de son corps. Il est navrant de constater que jusqu’à présent, seuls les jeunes des partis Massar et Qotb ont réagi. Leurs aînés de la classe politique ont choisi quant à eux la politique de l’autruche, de ne rien entendre, de faire semblant de croire que ce n’est qu’un fait divers sans conséquences.

 

En vérité, même si elle est posée en termes choquants pour une large frange de nos concitoyens, cette affaire pose cruellement les questions de la tolérance, du droit à la différence et du respect des libertés individuelles dans notre pays conformément à notre nouvelle Constitution et à nos engagements internationaux. Occulter ces questions essentielles, c’est faire le lit de l’intégrisme et d’une société faussement puritaine que les extrémistes de chez nous comme d’ailleurs veulent nous imposer. Malheureusement, habituée aux calculs politiciens, notre classe politique est habituée à l’hypocrisie à tel point qu’un homosexuel notoire ait pu accéder au poste de chef du gouvernement.          

27/09/2015 | 16:43
4 min
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Commentaires (47)

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el khlifi mokhtar
| 04-10-2015 10:40
L'auteur fait fi de la version officielle et accable la Police et le médecin légiste.Article à côté de la plaque.Pour les faits, on peut être la proie d'une dérive sexuelle.C'est biologique et on n'y peut rien.Ces personnes , hommes ou femmes doivent être protégées par la loi.Cependant, ce droit ne doit pas être imposé à la société de surcroît en majorité musulmane.Si on doit être libre de s'adonner à ces dérives sexuelles, elles doivent se faire dans la discrétion pour respecter cet autre droit de respecter les convictions religieuses de la majorité de la population qui est de confession musulmane.La liberté individuelle est certes un droit constitutionnel.La constitution prévoit aussi que la Tunisie est un pays musulman.Le grand risque est que, de file en aiguille , en nous alignant sur les valeurs de l'occident, sous la pression de certaines associations , on est en train de perdre nos valeurs petit à petit.Revenons à une "lecture" du Coran pour préserver notre culture.Ne dites surtout pas que je Nahdhaoui.

james-tk
| 02-10-2015 01:51
La célèbre et grande actrice française Arletty, connue aussi par cette très belle réplique (Hotel du Nord) : « Atmosphère? Atmosphère? Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère? »
Ce n'est pas le propos de mon intervention, car, je voulais tout simplement planté le décor, pour citer , non moins célèbre réplique (Les enfants du Paradis), : « Mon c'ur est français, mais mon c...l est international » !
Ou encore : « Des rides ? Je n'en ai qu'une seule et je suis assise dessus ! » , citation d' Arletty.
Sa dernière volonté, mettre sur sa tombe : 'La vie n'est qu'une ivresse, la vérité c'est la mort' » , citation du grand écrivain français, Louis-Ferdinand Céline; n'en déplaise à certains !
Je voudrais terminer par dire cela : À tous les pudibonds de la Tunisien, et, d'ailleurs, cessez votre paternalisme à l'envers, votre hypocrisie, vos désirs pervers de frustré(e)s refoulés, et laissez les gens vivre leur vie, et vous n'êtes tutélaire que du votre !

Menzeli
| 30-09-2015 17:54
Pou exister, une certaine "élite" tunisienne a choisi l'hémophilie comme étendard. C'est son affaire.Mais à force de singer les voisins du nord en tout, elle finira par tout accepter, en perdant son âme. Il faut cependant qu'elle fasse attention à cette dérive. Sur le strict plan démocratique, elle a tort. On le voit actuellement en France et aux Etats-Unis, ce sont bien les minorités qui imposent leur point de vue à la majorité. Si c'est cela la démocratie !

PATRIE
| 29-09-2015 12:48
Ce n'est pas pour défendre ce pauvre jeune homme ,mais dans les textes coranique,le coran nous invitent a la discrétion en cas de désobéissance aux choses interdites en islam .Notre religion nous laisse la liberté de choisir,et nous met en garde des conséquences sans pour autant nous forcer a accepter quoi que ce soit de force !sommes nous plus royalistes que le Roi ?! je pense que le juge a commis un grand délit par sa condamnation au jeune homme en encourageant les policiers a être plus injuste et indiscret dans l'avenir !en mettant ce jeune homme en prison et en exposant sa vie privé publiquement ce juge l'a exposé au viol au saint de la prison et par conséquent ,elle peu faire de lui un dangereux pédophile dans l'avenir !qui assumera dans ce cas la responsabilité des prochains crimes faits par ce citoyen injustement jugé ?....

RachidBarnat
| 28-09-2015 18:55
La Tunisie s'islamise dans l'indifférence générale des partis dits progressistes !

JEAN GABIN
| 28-09-2015 17:08
A vous lire on va presque croire que la police tunisienne version ancien régime respectait l'intégrité physique des individus qu'elle interpellait.

On va aussi croire que la police de l'ancien régime était idéale.

"Comment un médecin peut-il accepter d'agir de la sorte, pratiquer cette expertise de la honte sans le consentement de son patient et faire des examens qui n'ont aucun intérêt médical et qui ne constituent nullement aucune preuve de quoi que ce soit ?"

La médecine légale de l'ancien régime était aussi au service de la tyrannie, ne l'oubliez pas.

wlidha
| 28-09-2015 17:03
Ben hamida a l instar de la politique du site deforme la realite et fait abstraction aux details pour faire sortir cet homosexuel heros et victime ne meme temps .
Cet individu a ete arrete pour soupcon de meurtre , l autorite de l etat de la police et de la justice autorise de fouiller chercher preuve dans ce sens sans demande d autorisation bidon qui peut tout effacer , deuxiement le corps medical n a jamais condamer un examen medical demande par la justice , les medecins ne condanment que si le rapport est faux , repondre a la requete de justice fait partie du boulot du medecin legiste on demande pas leur avis sur les lois mais son avis syur examen medical peu importe les consequences qui ne le regarde pas , pour rappel ou bien si vous omettez de le mentionner l article 143 du code penal tunisien : reefuser d obtemperer a une requisition judiciaire est passible d'une sanction d'un mois de prison et une amende mr benhamida toi qui pleurnichait pour qu on ne porte pas plainte contre vous pour diffamation mediatique dans l affaire de discours de l ex president de la republique et puis la juge a applique la loi en ce qui concerne l acte de pederastie que j espere que tu la defends derrier l ecran uniquement et que tu passe pas a l acte un de ces jours

james-tk
| 28-09-2015 16:10
Cher Sofiène qu'attendez-vous pour lancer un appel pour un moratoire sur toutes les lois qui ne sont plus conformes avec notre nouvelle constitution?
Je pense qu'il faudrait peut-être,parler moins,et agir plus,contre ces lois liberticides!
S'il n'y a pas de moratoire,on risquerait fort bien de se heurter à d'autres problèmes dans l'avenir!
***
Mobilisons-nous maintenant pour le moratoire,avant que les chose ne prennent une tournure plus fâcheuse,et compliquent un peu plus la bataille des libertés individuelles!

Lefghoun
| 28-09-2015 15:16
le soit disant journaliste dit une demie verité car il n'a a aucun moment rappele le communique du ministere qui dit que ce type est soupconné de meurtre ce qui est plus grave que le fait qu'il soit ***....

Gg
| 28-09-2015 13:52
"ne serais-tu pas EN TRAIN de lui SOUHAITER LA MORT ? "

Mais non, c'est une manière de lui dire qu'il n'a pas un mot critique sur ce qu'il s'est passé!