Le coût de la grève : entre 22 et 45 MDT d’après un expert d’Ennahdha
Le coût de la grève oscille entre 22 et 45 millions de dinars, selon Hatem Boulabiar, chef d’entreprise, moderniste et membre du Conseil de la Choura d’Ennahdha. Un chiffre bien en deçà de la réalité et des estimations de plusieurs experts qui renvoie un seul message à l’UGTT : le public ne pèse pas grand-chose dans le PIB.
Le calcul de M. Boulabiar, sciemment simpliste et vulgarisateur, se base sur une intéressante « méthodologie » cependant.
Il a récemment calculé le coût d'un jour de grève en adoptant une approche masse salariale et a trouvé 22 millions de dinars, sans prendre en considération les coûts indirects.
Pour M. Boulabiar, le secteur public représente une fonction de support et l’approche « masse salariale » représente une bonne approximation de la valeur d'un jour de grève, ce qui a donné le chiffre de 22 millions de dinars.
Il a cependant adopté une deuxième démarcher tenant compte des effets indirects et ce en se basant sur l'agrégat PIB. Ce dernier est estimé à 117 milliards de dinars en 2019, ce qui donne un PIB de 462 millions de dinars par jour (117/253 jours ouvrables).
Pour estimer le poids du secteur public dans l'économie tunisienne, il a comparé le nombre d'actifs dans le pays (3,5 millions) par rapport aux 630 mille salariés de la fonction publique et 200 mille salariés des entreprises publiques, desquels il a retranché 235 mille militaires et agents de l'ordre qui ne font pas grève, soit un total de 595 mille fonctionnaire. Il a estimé ainsi que la production de richesse dans l’administration civile est de 78 millions de dinars (462 X (595/3500)).
Précisant que le corps A ne fait pas grève (le poids de ce corps est 42%) et en supposant que l'ensemble des autres catégories suivent cette grève, Hatem Boulabiar finit par estimer que le coût d’un jour de grève dans l’administration, selon l’approche PIB, est de 45 millions de dinars (78×58%).
Un calcul assez optimiste et tendancieux qui ne prend toujours pas en considération les effets indirects sur le privé et l’ensemble de l’économie. Les transports publics qui ne fonctionnent pas, cela a un impact direct sur les entreprises privées dont les salariés n’ont pas pu être présents au travail, ou pas présents à l’heure. La quasi-fermeture du ciel à cause des syndicats de Tunisair (un des mieux payés du pays pourtant) a des coûts très difficilement chiffrables sur le tourisme, le business et l’image… Idem pour la fermeture des établissements scolaires et universitaires.
Certes, l’UGTT ne tient pas le pays et la Tunisie restera debout quoique fassent les syndicats cupides, mais les chiffres de 22 et 45 MDT demeurent nettement inférieurs à la réalité.
R.B.H.