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La santé en inflation
12/06/2019 | 19:59
4 min
La santé en inflation

 

La décision du Conseil national de l’Ordre des médecins de revoir à la hausse les honoraires des médecins généralistes et spécialistes a provoqué chez un bon nombre de Tunisiens une onde de choc. Défendue par les professionnels de la santé et contestée par les citoyens, cette décision controversée, prise dans un contexte économique, pour le moins délicat, est venue affaiblir davantage le pouvoir d’achat.

 

C’était le 11 juin courant que le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) a annoncé, dans un communiqué, la nouvelle fourchette des honoraires médicaux dans le secteur libéral en hors taxes. Une décision qui entrera réellement en vigueur à compter de la date de publication du communiqué et qui a été prise suite à une réunion avec les différents syndicats médicaux impliqués dans cette modification.

Ainsi, une consultation au cabinet médical d’un médecin généraliste coûtera désormais entre 35 et 45 dinars après avoir été fixée, depuis 2016, entre 30 et 40 dinars. Pour un médecin spécialiste, le tarif de la consultation est fixé entre 50 et 70 dinars après avoir été entre 45 et 50 dinars.

Un psychiatre touchera désormais entre 50 dinars et 75 dinars pour une consultation au cabinet. De même pour un neurologue.

Les visites à domicile ont également augmenté. Un médecin neurologue pourrait toucher jusqu’à 112 dinars par patient. Celles à domicile de nuit, soit entre 21h et 7h du matin s’élèveront jusqu’à 90dt pour un généraliste, à 140 dinars pour un spécialiste et à 150 dinars pour un psychiatre ou un neurologue.

Le Cnom a par ailleurs fixé la fourchette des honoraires pour les autres interventions. Le forfait d’accouchement pour un accouchement simple, par exemple, sera compris entre 500 et 700 dinars.

 

Des majorations qui ne sont pas annuelles ou exceptionnelles, mais plutôt logiques, selon le secrétaire général du Cnom, Nazih Zghal ayant précisé que ces augmentations se font régulièrement tous les 3 ans.

Ainsi, cette nouvelle fourchette ne sera révisée qu’en juin 2022. Une mesure qui n’a pas fait l’unanimité chez les médecins où certains professionnels ont exigé que la commission se réunisse chaque année pour discuter de la majoration des honoraires.

M. Zghal a, de surcroît, expliqué qu’il s’agit uniquement d’une fourchette des honoraires et non pas d’honoraires fixes et ce compte tenu du pouvoir d’achat et du niveau de vie qui diffèrent selon les régions dans laquelle le médecin, qu’il soit généraliste ou spécialiste exerce appelant les citoyens à comprendre le médecin qui, lui aussi, est un citoyen.

 

Cette augmentation est régie aussi par plusieurs facteurs à l’instar de la hausse du taux d’inflation et de l’obligation de subvenir aux charges d’un cabinet à savoir l’électricité, le matériel, les équipements, le prix du carburant, et le loyer.

Les explications du Cnom, aussi recevables soient-elles, n’ont pas été suffisantes pour calmer les Tunisiens qui ont contesté ces nouveaux tarifs. Dénonçant cette augmentation exponentielle d’après eux, ils ont exprimé leur mécontentement face à ces prix excessifs.

Plusieurs réactions d’indignation ont été enregistrées chez les internautes après que l’annonce des nouvelles honoraires a déclenché un tollé sur la toile.

Devant un pouvoir d’achat qui régresse, une inflation qui s’aggrave de plus en plus et une hausse conséquente des prix des produits de consommation, le Tunisien se trouve davantage accablé par cette nouvelle augmentation où, cette fois-ci, c’est sa santé et son bien-être qui seront compromis.

Une augmentation qui attise, visiblement, un certain sentiment d’injustice chez les citoyens qui considèrent souvent les médecins en tant que fraudeurs fiscaux déclarant des impôts en-dessous de leurs revenus. Une perception généralisée, d’ailleurs, à l’ensemble des professions libérales.

 

Les médecins, de leurs côtés, voient que cette augmentation est nécessaire. Outre les facteurs qui interviennent dans la prise de la décision de la majoration, ces professionnels de la santé jugent que c’est de leur droit de revendiquer cette hausse d’autant plus que leurs conditions de travail sont, selon eux, difficiles.

Un manque important d’effectif et d’équipements médicaux, une pénurie notable de médicaments, des salaires démotivants, des ressources insuffisantes et une situation catastrophique et agonisante du secteur de la santé publique en général ne sont qu’un échantillon de problèmes auxquels le médecin fait face aujourd’hui.

Une conjoncture précaire contre laquelle plusieurs mouvements de protestation se sont déclenchés de la part des médecins en vue d’apporter des réformes à un système de santé défaillant en déclin davantage à cause de la crise qui plombe les caisses sociales et le déficit dont elles souffrent.

 

En tout état de cause, l’augmentation des honoraires des médecins généralistes et spécialistes ainsi qu’un nombre d’interventions médicales doit, obligatoirement, s’effectuer tout en prenant en considération la dégradation du pouvoir d’achat du citoyen et la cherté de la vie. Néanmoins, étant donné que la crise économique touche toutes les franges de la société, y compris les médecins, les revendications des professionnels de la santé en ce qui concerne la révision de leurs tarifs n’est pas tout à fait déraisonnable. Ainsi, faut-il parvenir à un terrain d’entente dans l’objectif de garantir les droits des médecins tout en préservant la situation financière du citoyen.

 

Boutheïna Laâtar

12/06/2019 | 19:59
4 min
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Commentaires (2)

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Kran-Buch
| 13-06-2019 09:15
Non, Madame vous dites à la fois tout et en même temps rien du tout, sinon quel rapport entre une augmentation des honoraires des médecins toutes catégories confondues et votre écrit ' « Un manque important d'effectif et d'équipements médicaux, une pénurie notable de médicaments, des salaires démotivants, des ressources insuffisantes et une situation catastrophique et agonisante du secteur de la santé publique en général ne sont qu'un échantillon de problèmes auxquels le médecin fait face aujourd'hui ». Non, la réalité est plus sombre, entre une médecine publique délabrée et défaillante par manque de moyens et une corporation totalement déconnectée de la réalité du pays, exerçant un véritable dictat, en imposant sa loi, ses conditions et sa façon d'agir à toute la société. Les frais médicaux sont devenus un prélèvement obligatoire pour satisfaire cette « vorace » corporation. Enfin une simple comparaison entre les honoraires des médecins français à titre d'exemple, en tenant compte du SMIG en France (1250 Euro) et en Tunisie (404 DT) montre clairement que le médecin Tunisien est payé quatre fois plus que son collègue Français. Bien sûr, on nous dira doctement : comparaison n'est pas raison, mais tout de même'?'..

tunisien
| 13-06-2019 08:50
en tunisie on n'a pas le droit d'être malade! 70D c'est le 1/5 du SMIG!!! sans compter les médicaments prescrits! donc si tu consultes un médecin il faut se priver de la nourriture pendant le reste du mois!! car ces pauvres médecins ont vu leur pouvoir d'achat se détériorer avec des revenus mensuels de 50000D ET 60000D!!! ils ont raison, l'appétit vient en mangeant....