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La révolution qui n’a profité qu’aux lâches
13/01/2019 | 16:35
5 min
La révolution qui n’a profité qu’aux lâches

A l’occasion de la commémoration du 8ème anniversaire de la révolution tunisienne et de la chute du régime de l’ancien président Zinelabidine Ben Ali, plusieurs Tunisiens se rendront, comme à l’accoutumée, à l’avenue Habib Bourguiba pour fêter les acquis en matière de liberté. Tandis que d’autres exprimeront leur exaspération de la dégradation de la situation socioéconomique.

 

Huit ans ont passé depuis l’avènement d’une révolution ayant porté plusieurs noms. Bien que différentes, les appellations accordées à la révolution reflétaient les aspirations de tout un peuple à un avenir meilleur. C’était « La révolution du jasmin », « La révolution de la liberté et de la dignité », ou encore « Le printemps arabe ». Cependant la réalité était bien plus difficile que tous ces slogans, ces attentes et ces aspirations. Les appréhensions des Tunisiens, aussi bien du présent que de l’avenir, ne cessaient de s’accroître petit à petit, et dont les répercussions étaient perceptibles à travers les mises en garde de certains contre l’éventualité de revenir sur certains acquis, à l’instar de la démocratie, la tenue d’élections intègres et transparentes.

 

La révolution a fini par la chute du régime de Ben Ali et la direction du pays par un gouvernement transitoire qui avait la charge d’organiser les élections de l’assemblée nationale constituante le 23 octobre 2011. Ces élections ont abouti à la formation de la Troïka composée par les trois partis vainqueurs qui se sont partagés les trois présidences : Ennahdha premier vainqueur (89 députés) a pris la présidence du gouvernement, le CPR (29 députés) a eu la présidence de la République et Ettakatol (20 députés) a obtenu la présidence de l’Assemblée nationale constituante. Ce fût le début de la période la plus sombre et la plus sanguinaire de l’Histoire de la Tunisie.

 

Chacun de ces partis a obtenu sa part, et un gouvernement agrémenté de quelques indépendants a vu le jour le 24 décembre 2011. Mais après avoir exercé le pouvoir et fait face aux difficultés de la gouvernance, les espoirs et les impulsions de la Troïka ont commencé à s’évaporer. La durée d’un an réservée au départ à la rédaction de la Constitution s’est rapidement écoulée. La Constitution n’a pas été achevée, le développement n’a pas été réalisé, le chômage a empiré et les dettes se sont multipliées. L’Etat a été épuisé, quant à lui par les recrutements excessifs. Outre la prolifération du terrorisme, suivi par le laxisme du gouvernement de la Troïka, et les lourdes répercussions de l’amnistie générale, notamment, à travers les dédommagements faramineux et le recrutement des islamistes dans la fonction publique.

 

Cela dit, la rancune populaire a atteint son paroxysme le 6 février 2013, jour de l’assassinat du martyr Chokri Belaïd. Ce premier assassinat politique a démontré que la Tunisie ne peut accepter aucun retour à la tyrannie. Et l’assassinat du martyr, Mohamed Brahmi le 25 juillet 2013, fût le coup de grâce pour le gouvernement de la Troïka, d’autant plus que le manquement dans la protection de Brahmi était avéré. Les accusations ont été, directement, dirigées contre le parti Ennahdha dans cette affaire.

 

Ainsi, le règne de la Troïka a pris fin à la suite de la formation du quartet dans le cadre du dialogue national. Les quatre organisations nationales, l’UGTT, l’Utica, l’Ordre des avocats et la LTDH, sont intervenues pour sauver la transition démocratique en Tunisie. Ce dialogue national a abouti à l’achèvement de la rédaction de la Constitution et la tenue des élections de 2014.

 

Toutefois, les élections législatives et présidentielles de 2014, n’ont pas réussi à mettre un terme aux difficultés. La victoire de Nidaa Tounes et du mouvement Ennahdha n’a pas permis l’amélioration de la croissance économique, ni la réalisation du développent, encore moins la réduction du chômage. Même le secteur privé n’a pas pu créer les opportunités d’emplois dans les régions défavorisées et les portes de la fonction publique étaient fermées à la suite de l’augmentation sans précédent de la masse salariale.

La Tunisie a, donc, été amenée à emprunter et à s’endetter auprès du FMI. Non pas pour l’investissement ou l’impulsion du développement, mais pour la consommation. Cela a conduit au pourrissement du climat social, notamment, avec la hausse fulgurante des prix et l’augmentation du taux d’inflation, le tout face à la dégringolade du taux de change. La politique de la réduction des subventions de l’Etat, principalement, dans le secteur de l’énergie a contribué dans l’augmentation des prix dans plusieurs secteurs, dont celui du transport. Les circuits de distribution, les réseaux de monopolisation ont eu, également, un grand impact sur la flambée des prix.

C’est dire que cette cherté de la vie a été derrière plusieurs mouvements sociaux et la multitude des protestations. Cette crise profonde a créé une grande déception et la perte d’espoir dans la capacité des gouvernements pour parvenir à une solution et un changement de la réalité sociale et politique du pays. Sans oublier, l’impact néfaste de la contrebande sur l’économie tunisienne outre l’échec du modèle de développement actuel.

Ainsi, face aux difficultés sociales, la centrale syndicale s’est attachée à la grève générale prévue le 17 janvier 2019, pour revendiquer l’augmentation salariale dans la fonction publique.

 

Il va sans dire que les choses ne vont pas mieux sur le plan politique. En effet, le conflit entre les deux têtes de l’exécutif a créé une grande tension, approfondissant la crise prédominante sur le paysage politique national.

 

Mais malgré toutes ses difficultés, plusieurs Tunisiens gardent espoir dans la réussite de l’expérience tunisienne, dans la mesure où ils considèrent que leur révolution n’a pas de prix, notamment, avec la liberté d’expression et le droit à une presse libre, outre la consécration de la démocratie et l’instauration d’élections libres, intègres et transparentes.

 

Toutefois, des défis politiques restent à réaliser à l’instar de la mise en place de la Cour constitutionnelle, le renouvellement de la composition de l’Isie, ainsi que le maintien de la sécurité puisque la menace terroriste persiste malgré les grandes avancées réalisées dans ce sens et les multiples réussites sécuritaires.

 

En tout état de cause, la révolution tunisienne était celle d’un peuple. Elle n’était le fruit ni d’une révolution d’un parti ou d’un leader. Pour cela, les Tunisiens la préserveront et empêcheront sa spoliation. Leur révolution a été faite par les rêveurs, et durant laquelle seuls les courageux sont morts pour ne profiter, finalement, qu’aux lâches. Ces lâches qui menaient la belle vie et jouissaient du luxe dans les pays étrangers.

 

Ahmed Zorgui

13/01/2019 | 16:35
5 min
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Commentaires (14)

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A4
| 14-01-2019 18:40
Et grâce à dieu, des lâches nous en avons en abondance !

Jupiter
| 14-01-2019 16:48
Je sais que tu a profité de la révolution et ca répond au titre de votre article.

Ben
| 14-01-2019 15:21
Votre discours n'aura, hélas, pas réveillé les consciences de tunisiens qui se révèlent, sauf une petite minorité d'entre eux, sous leur vrai visage bien loin de l'image idyllique qu'on lui attribue fondée sur les caractères de l'intelligence, de la modération et de la paisibilité.
Jhon Wayne, ou encore T.F.R, nous a quitté après avoir allumé la toile à sa manière et après avoir assumé, jusqu'au bout, ses fonctions de grand commis de l'Etat.
Hommage au personnage, à la personne et à cet être qui a suscité la curiosité chez tous les lecteurs de BN.

eshmoun
| 14-01-2019 14:43
çà urge : il faut sauver le troufion Chater un personnage digne de figurer dans "les mouches" ,insecte qu'il semble d'ailleurs d'affectionner tout particulièrement

Léon
| 14-01-2019 14:33
A la mémoire du Martyr Suprême de la Résistance, Mon frère en résistance JW;

Le 14 janvier. Une triste date pour au moins deux raisons:
En ce jour transitoire du calendrier agraire tunisien, où l'on passe de Layali El Bidh à Layali Essoud (symbolique à cogiter), est mort en 1978 l'esprit le plus pertinent et le plus illuminé que la terre ait jamais porté; à savoir Kurt Gödel. Celui qui allait défier les certitudes mathématiques, introduire les "indécidables" et former un célèbre étudiant, non moins illuminé, le fameux Turing, père fondateur de l'ordinateur.
Ce dernier, disciple et souffle de son Maitre Gödel, allait décoder les messages allemands lors de la seconde guerre mondiale et épargner des milliers de morts aux siens.
Son génie, mis au service de l'humanité allait changer la face du monde, et ce, par l'invention de l'ordinateur (pur concept en son temps).
Cette belle invention qui me sert aujourd'hui à vous dire tout le mal que je pense de vous depuis huit années, et à vous décrire tout le dégout que vous suscitez en moi. Vous, qui aviez utilisé cette belle invention afin de détruire votre pays, main dans la main avec les ennemis du Monde arabe et musulman.
Ce triste jour de la mort de Gödel correspond au non moins triste jour de votre misérable révolution.
Rien ne sert aujourd'hui de vous en énumérer les catastrophes. Résumons-là à la valeur du dinar qui a été ajusté à votre juste dignité: Celle des haineux, des régionalistes; des traitres et des jaloux.
Alors, en ce jour anniversaire doublement triste, par la mort du plus grand logicien de ce monde en 1978, et de la résurrection des esprits les plus imbéciles en 2011, je tiens à vous adresser mes sincères condoléances.
Condoléances; rien que pour le triste tableau de la mobilisation des islamistes qui vous narguent et souillent l'avenue Habib Bourguiba, ce Grand défenseur de L'Islam. Religion que nos islamistes, qui font commerce avec les paroles de Dieu, ont bafoué jusqu'à en faire fuir les adeptes dans le pays musulman qui a enfanté des Ben Achour père et fils.
Ces criminels qui ont envoyé leurs hordes combattre aux côtés d'Israël, tuant des enfants syriens et violant la terre de ce berceau de l'humanité.
Ils souillent l'Islam comme ils souillent l'avenue Habib Bourguiba par la démonstration de force qu'ils se sont employé à faire en ce triste jour, et qui ressemble fortement au même jour huit années plus tôt.
Elle ne peut augurer que de catastrophes. Les prophéties de JW se profilent et je les vois arriver gros comme la poutre dans vos yeux que vous êtes incapables de voir. Cette mobilisation ne peut impressionner que les traitres. Elle est financée, monnayée, appuyée par les ennemis de la Tunisie. Cette horde a pour mentor Erdogan et la politique actuelle turque; ce gvnt frère de l'état hébreux.
Ceux qui, par la ruse et la trahison, ont souillé la mémoire de Mustapha Kamel Attaturk, auront certainement la peau de la mémoire de Habib Bourguiba. Cela est évident dans le peuple de la trahison collective.
Alors profitez, savourez, goutez le fruit amer des vos "Dégage" huit années auparavant.

VIVE LA TUNISIE, VIVE BEN ALI, VIVE LES PATRIOTES;

Léon, Min Joundi Tounis Al Awfiya;
Résistant.

VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.

eshmoun
| 14-01-2019 14:06
car ce n'a été au plus qu'une jacquerie plus ou moins sponsorisée ou récupérée par ces lâches ses saboteurs et ses profiteurs qui en cas de "Revoluçion" auraient été "collés au mur"

Microbio
| 14-01-2019 13:22
Bonjour chers participants au Forum!
'? l'occasion de la commémoration du 8e anniversaire de la révolution tunisienne, je tiens à féliciter cordialement tous les tunisiens et tous les visiteurs de BusinessNews.

Je voudrais remercier tous les participants au forum où j'ai beaucoup appris moi-même au cours des dernières années, mais surtout ceux qui expriment leurs pensées avec une précision telle que je peux tout de suite les comprendre. C'est toujours très important pour moi de visiter ce forum et de continuer de le faire. Je le garderai volontiers de cette façon à l'avenir.

Merci encore pour vos diverses et controverses contributions dans ce Forum!

Prière du Nouvelle Année de la Révolution: "Rabbi, veuillez dimunier ma taille et rendre mon compte en banque plus gros."

"Et s'il vous plait, s'il vous plait, ne le confondez plus comme l'année dernière!"

Dr. A. Belhareth

veritas
| 14-01-2019 12:49
Les khwanjias font tout par procuration et ne participe à rien ,ne font aucun effort ils ramassent toujours le fruit sans l'avoir cultivé ,ils touchent toujours au pactole sans avoir fait même pas le strict minimum .
La gauche tunisienne ainsi que l'ugtt c'est eux qui ont déclenchés les hostilités contre ben Ali les anglo-saxons ainsi que leur valets du golfs avec el khenzira du Qatar ont procédé a la récupération des contestations populaires pour la transformer en révolution des khwanjias à la khomeiny ,les khwanjias étaient tous réfugiés à l'etranger comme des rats en attente de jouer les mercenaires contre leur propre pays voilà chose faites,la Tunisie n'a jamais vécu une situation pareils même pendant la colonisation le pays été mieux maintenant en toute bassesse ils se réclament tous révolutionnaires qui sont en vérité des destructeurs leur bilant et le meilleur témoin de leur dégâts qu'ils ne veulent pas reconnaître sous aucune forme et ne cherchent que Perdurer leur mains mise sur le pays pour échapper à rendre des comptes mais leur cavales ne risque plus de durer longtemps ils doivent même rendre des comptes à la Syrie ,leur fin est proche et ils sont bien conscient .

DHEJ
| 14-01-2019 11:58
Etait-elle une révolution politique pour donner lieu à une révolution sécuritaire et une autre culinaire?


Ils ont beau demandé une révolution culturelle allusion à l'empire du milieu, nouveau colon économique de la Tunisie, mais niet!


La Tunisie retrouve son age beylicale d'insécurité et de famine!


C'est le profit du coup d'état pour les nouveaux angéliques pour précipiter l'apparition du "MAHDI MONTHADHAR"!!!


Est-ce vraiment l'année 2019?

En attendant, la Tunisie bascule dans tout ce qui décrit dans l'article 72 du code pénal!

Amor
| 14-01-2019 10:00
La révolution de la brouette n'aura pas, en définitive, profité aux tunisiens les ramenant à leur état bédouin, tribal et pour certains au 14 eme siècle de l'hégire.
Elle aura,en définitive, étendu la pauvreté à une large frange de tunisiens constituée d'une classe moyenne, désormais, en déconfiture.
La révolution aura , en fin de compte, installé des médiocres, des obscurantistes et des anarchistes au pouvoir qui tout en gouvernant le pays attisent le feu d'une révolte qui finira par jeter le pays dans une guerre civile avec l'émergence de milices qui commanderont aux lieu et place de l'Etat.
Dieu nous préserve de cette fitna qui divise le pays et ses populations désormais désunies.