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La météo avec la bénédiction de Dieu !
26/09/2018 | 19:59
6 min
La météo avec la bénédiction de Dieu !

 

Les Tunisiens s’intéressent particulièrement à la situation météorologique dans le pays ces derniers jours. La catastrophe survenue à Nabeul durant le week-end a ébranlé tout un chacun, d’autant que personne n’a été prévenu de l’imminence d’un tel cataclysme. Ce qui a attiré particulièrement l’attention des citoyens, c’est l’étrange communication de l’Institut national de la météorologie. Une communication qui se fait l’écho, non pas de constats purement scientifiques, mais d’un jargon marqué par la superstition et une religiosité sclérosée.

 

 

Déchainé, frisant l’hystérie, un ingénieur principal de l’institut de la météorologie félicitait les familles des victimes des inondations de Nabeul pour ce beau trépas. Abderrazek Rahal, en plein délire mystique semble-t-il, s’extasiait de la mort des victimes noyées ou frappées par la foudre : « Je félicite le père des deux jeunes filles décédées à Bouargoub et je lui dis qu’elle seront, inchallah, des houris du paradis ! J’aurais voulu être à le place du père ! Ce sont des martyrs. C’est Dieu, le tout puissant, qui en a voulu ainsi. J’ai vu les photos des victimes, ce sont de précieuses fleurs, pas dignes de vivre parmi nous mais dans l’au-delà. Au lieu de présenter mes condoléances à toutes les familles des victimes, je leur dis vous êtes bénis ! ».

Le « je les félicite » est répété à l’infini dans une sorte de stéréotypie délirante, une fixation émanant d’une pensée obscurantiste et moyenâgeuse.

 

Nous avons-là un ingénieur illuminé aimanté par cette culture de la mort chère aux extrémistes religieux. Nous avons là un fonctionnaire de l’Etat aux idées qui se rapprochent plus de celles des Daechiens que des valeurs républicaines ou de celles du scientifique qu’il est supposé être.

Une sortie très remarquée par les internautes tunisiens, choqués qu’ils étaient par ce responsable se réjouissant si allégrement de la mort tragique et atroce de ses concitoyens. Après le tollé sur les réseaux sociaux, le ministère de tutelle a été contraint de le suspendre en attendant les mesures disciplinaires qui seront prises à son encontre.

Pour le ministère du Transport, les déclarations de Abderrazek Rahal n’engagent en rien l’Institut de la météorologie. Sauf que l’ingénieur n’en est pas à ses premières frasques médiatiques et l’INM, qu’il représente, n’est pas en reste avec ses communiqués émaillés de termes n’ayant rien à voir avec un quelconque jargon scientifique.

 

Les dégâts faramineux, qui ont fait de Nabeul une zone sinistrée, auraient pu être évités, du moins minimisés, si l’INM avait su communiquer et prévenir à temps les citoyens. L’information faisant état de l’imminence d’un cyclone subtropical méditerranéen avait été confirmée, au début de la semaine dernière, par l’Institut italien de météorologie. Un phénomène, certes rare, mais qui devait être pris au sérieux par notre INM, suite à l’alerte des Italiens. Cependant, nos ingénieurs avaient démenti les données divulguées par leurs confrères. Les Tunisiens sont rassurés. Il y aura de fortes pluies, mais rien d’alarmant. On connait la suite de l’histoire après la catastrophe qui s’est abattue sur Nabeul.

La responsabilité de l’INM, en charge des alertes météorologiques, a été pointée du doigt en premier. Le personnel, occupé qu’il est à répandre des insanités dans les médias et les réseaux sociaux, a démontré son échec et celui d’une institution étatique à la traine. Un échec au niveau des actions autant préventives que d’intervention. En matière de gestion des risques géophysiques, l’INM a failli, d’où la crise de confiance. L’institution a été plus qu’inefficace et a démontré son incapacité à lancer une alerte qui pouvait sauver les vies et les biens.  

 

Alors que les Tunisiens étaient encore sous le choc et demandaient des explications, Abderrazek Rahal, désormais suspendu, n’a pas trouvé mieux que d’attaquer tous ceux qui critiquent l’INM. L’ingénieur a fait montre d’un innommable dédain envers les citoyens.

« Si un ignorant m’insulte, c’est la preuve que je suis irréprochable ». L’ingénieur joue à l’érudit en citant un vers du poète Al Mutanabi, avant de s’exclamer : « Qui peut nous demander des comptes ? Celui qui évalue les choses doit maîtriser la question ! ». Pas d’explications scientifiques, aucune exposition de la méthodologie suivie par l’institut, du système d’observation pluviométrique ou de l’existence d’un système d’annonce de crues.

 

L’Institut national de la météorologie est devenu la risée des réseaux sociaux. Les administrateurs de la page, suivie par plus de 76 mille personnes, emploient un étrange vocabulaire en présentant les prévisions météo. Les « Al hamdulellah » les « inchallah » ou les « amen », le disputent à des flashs vantant les mérites des « pluies bienfaisantes », terme non-scientifique, utilisé le matin-même où Nabeul était au bord de la catastrophe. Les administrateurs n’hésitent pas, à l’instar de l’ingénieur Rahal, à insulter les citoyens.

Dans la même veine, ils répondent aux questions des internautes en s’appuyant sur des références religieuses déplacées et indignes d’un organisme étatique. Une institution qui semble pulluler d’individus plus obnubilés par le dogme religieux que par une communication efficiente à même de prévenir et alerter les citoyens. Des individus qui entremêlent des croyances et des superstitions, relevant strictement de convictions personnelles, à un travail censé se baser sur une connaissance méthodique, rationnelle et objective.

 

Depuis la catastrophe de Nabeul, l’INM, sous pression, tente de faire parvenir les prévisions pluviométriques plus fréquemment que d’habitude. Sauf que les manquements dont l’institut a été accusé, à juste titre, ont ébranlé la confiance des citoyens. Un vent de panique a soufflé sur la toile tunisienne, craignant un nouveau désastre naturel qui échapperait une nouvelle fois aux valeureux ingénieurs de l’INM.

Et quand de hauts cadres de l’institut présentent des phénomènes naturels dans une optique de fatalité divine ; quand ils se félicitent du décès de Tunisiens emportés par des vagues de boues, en les qualifiant de martyrs et leur promettant un accès garanti au paradis, il ne faudra pas s’étonner alors que de jeunes déboussolés soient happés par des nébuleuses religio-terroristes. Il s’agit avant tout d’une mentalité érigeant la culture de la mort et du fatalisme en apothéose. Une mentalité insidieuse qui est en train de se disséminer dans notre société et dont l’unique antidote n’est autre que le Savoir et l’éducation…

 

 

Ikhlas Latif

26/09/2018 | 19:59
6 min
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Commentaires (25)

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walii eddine
| 27-09-2018 19:57
La météorologie n'étant pas encore une science exacte, les prévisions des météorologues comportent toujours une marge d'erreur que les spécialistes essaient de réduire au fur et à mesure que le phénomène sous observation se rapproche de la zone concernée. Dans le cas d'espèce, les météorologues italiens se sont complètement trompés comme vous le reconnaissez vous-même: il n'y a eu ni "médicane" ni tempête de type tropical sur la Tunisie. J'ajouterais que les tempêtes tropicales se forment au dessus des océans et perdent de leur intensité lorsqu'elles pénètrent dans les terres; or ici, la masse nuageuse s'est formée sur l'est algérien et le nord de la Tunisie et ne s'est activée qu'en abordant le golfe de Tunis puis le golfe d'Hammamet. Le contact entre l'air froid de la nébulosité et l'air chaud et humide de la mer est à l'origine des précipitations qui sont allées crescendo depuis Tunis (10 mm) jusqu'à Beni Khalled ( 297 mm) en passant par Sidi Bou Saïd (60 mm) et Tekelsa (plus de 100 mm). Les techniciens de l'INM ont été pris de court par l'activation très tardive de la masse nuageuse et par la montée en puissance vertigineuse du phénomène pluvieux-orageux (il n'y a que 30 kilomètres environ à vol d'oiseau entre Sidi Bou Saïd et Beni Khalled); ils n'ont pu, en conséquence, donner l'alerte à temps.

HatemC
| 27-09-2018 19:50
L'environnement immédiat conditionne la personnalité ... les diplômes ne sont que des documents ...

LA Tunisie fait partie des pays qui ne lisent aucun livre dans leur vie ... à peine 0.8 livre par an autrement dire des débiles mentaux presque profond ...

Les méninges sont développés en se cultivant ... l'arabe en est dépourvu ....

Qui peut nous citer ici même un prix noble ?
Qui peut nous citer ici même une marque ou un produit phare provenant des pays zarabes

Zohra
| 27-09-2018 17:57
Bonjour Gg,

C'est tout simplement étude ne veut pas dire intelligence. L'intelligence n'a rien à voir avec le niveau d'étude.

Bien à vous

Gg
| 27-09-2018 17:42
"avoir un diplôme technique ne veut pas dire qu'on est un scientifique. On ne peut être scientifique sans avoir un esprit critique. Je dirais même que l'esprit critique est le moteur principal de tout progrès scientifique."

Exact, tout à fait exact! L'esprit scientifique et l'ingénierie sont deux démarches différentes, le doute est le moteur de démarche scientifique.
Merci pour votre précision!

p205
| 27-09-2018 16:59
Il y a beaucoup de vérité dans ce que vous dites. A un certain moment, la plus grande école d'ingénieurs en Tunisie (ENIT) était la capitale des islamistes.

Cependant, avoir un diplôme technique ne veut pas dire qu'on est un scientifique. On ne peut être scientifique sans avoir un esprit critique. Je dirais même que l'esprit critique est le moteur principal de tout progrès scientifique.

safari72
| 27-09-2018 16:51
Merci Madame Ikhlas de nous rassurer qu'il existe encore dans ce pays des personnes intelligentes qui utilisent leur raison en lieu et place de toutes les superstitions du monde. L'humanité vit une période extraordinaire où aucune idiotie ne peut passer inaperçue. Cela a été le cas cette fois-ci et a obligé les autorités à réagir immédiatement pour mettre hors d'état de nuire cet âne qui a dû trouver son diplôme dans une enveloppe-surprise. Vive les réseaux sociaux ! Ce que je regrette c'est qu'il ait pu vivre, pendant quelques années, d'un salaire qu'il ne méritait pas. Ce que j'espère c'est le voir poursuivi par la justice pour, au moins, homicide involontaire. Sa responsabilité dans ce désastre est évidente.

HatemC
| 27-09-2018 16:45
Ce débile est un beurre des cités française... Il n'a rien compris à l'islam.. Il interprète selon son prisme exigu... Il parle d'extrémisme et parle de fermer ce site à toi ***fouzi... Si ce site ne te convient pas.. Tu connais la sortie... HC

Gg
| 27-09-2018 16:24
'?a c'est trop, trop trop : un ingénieur (?), censé être cartésien et objectif, félicite des parents qui ont perdu deux jeunes filles mortes noyées!
Et les assure du bonheur de les retrouver vierges au paradis. C'est la fête!
C' est cela, votre religion? Ce mépris, cette folie, ce fanatisme inhumain? Que dieu m'en préserve!
Vous êtes malade, votre religion est une maladie.

Carthage Libre
| 27-09-2018 15:29
Je répète pour la 100 ème fois ; l'organisme européen spécialisé dans les tempêtes ESTOFEX ainsi que l'institut de la météorologie de l'Italie a suivi ce dangereux "nuage" depuis la mer Tyrrhénienne où il s'est formé et qui avait beaucoup de "carburant" selon les météorologues italiens, à partir de la chaleur de la mer ; la pluie très intense était prévisible, c'est pour cela qu'ils ont lancé une ALERTE ROUGE pour l'ouest de la Sicile et l'est de la Tunisie du nord ; cela a été écrit noir sur blanc, en long et en large depuis jeudi 19 septembre, mis à jour et confirmé le matin du vendredi 20 septembre ;

ce qui a changé, je te l'accorde, c'est que cette masse tournait dans le sens contraire des aiguilles d'une montre en mer Tyrrhénienne, et les météorologues européens et italiens, via leurs satellites (satellites de météo de l'Italie, puissance mondiale) donnait les signes TYPIQUES d'un "Hurricane" appelé "MEDICANE" (tornade méditerranéenne) qui ne s'est pas réalisé, car le centre du phénomène n'a pas pu se créer et/ou se "fermer" en un trou central, car la mer était petite et pas ouverte ; ceci s'est donc transformé en TEMP'?TE de type tropicale ; cela, TOUT LE MONDE le savait...sauf les "religieux" de l'Institut de la Météo Islamisants de Tunisie.

Comme nous sommes gouvernés par la secte islamiste Ennahdha, ces gens là "croyants" ne passeront JAMAIS en jugement ; dans d'autres pays ils auraient ouverts une enquête.

Gg
| 27-09-2018 14:58
La photo qui illustre l'article est magnifique!
Cumulus arcus et mamatus, ca va péter...