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Chroniques
La cour de l’hypocrisie
Par Synda Tajine
23/07/2019 | 15:59
3 min
La cour de l’hypocrisie

 

On ne parle plus que de la cour constitutionnelle aujourd’hui. Priorité des priorités, urgence des urgences, nécessité de la mettre en place dans les plus brefs délais, dangers des violations de la constitution… Autant de phrases sérieuses qu’on n’entendait il y a quelques années. Lorsqu’on avait le temps et tout le luxe nécessaire de se consacrer, à tête reposée, au vote des membres de la cour constitutionnelle, loin de l’urgence, des pressions et des échéances électorales.

Ceux qui crient au scandale aujourd’hui et dénoncent un retard « gravissime » dans la mise en place de cette cour « de la plus haute importance » ont raison de le faire. Seulement, ils auraient dû le faire il y a des années, surtout lorsque l’on sait que ce sont les mêmes qui avaient tous les pouvoirs de donner naissance à cette cour, mais ont tout fait pour faillir.

Petit à petit, les langues se délient avec le temps, mettant en lumière cette grande hypocrisie générale dans laquelle la plupart des élus de la majorité sont complices.

 

Sahbi Ben Fredj a rappelé ce matin dans l’un de ces statuts habituels sur la toile « l’historique des sabotages » par lesquels est passée la cour constitutionnelle depuis des années. Depuis 2015, les députés d’Ennahdha et de Nidaa avaient le nombre de députés requis pour boucler l’affaire. Mais aucun consensus n’a été trouvé. La volonté n’y était pas d’un côté, alors que de l’autre, elle l’était un peu trop pour entraver le processus.

Lotfi Zitoun, ancien conseiller de Rached Ghannouchi, a exprimé hier « sa préoccupation face à l’absence de la CC, la seule apte à juger les agissements du président de la République ». Lui-même est issu de ce parti qui a entravé pendant des années le vote des membres de la CC et a fait qu’on n’en parle finalement qu’aujourd’hui lorsqu’il est trop tard…ou presque.

 

Ce n’est en effet qu’avec le vote des amendements du code électoral et le refus de Béji Caïd Essebsi de signer sa promulgation que la polémique a enflé.

Il y a quelques années, voire quelques mois, le citoyen moyen n’avait jamais entendu parler de la cour constitutionnelle ni de son « extrême utilité et urgence ». Aujourd’hui, on ne parle plus que de la nécessité de la mettre en place, dans les plus brefs délais afin de rectifier le cours de la démocratie et d’empêcher le président de la République de tomber dans l’anti-constitutionnalité. Jamais politiques et élus du peuple n’ont été aussi respectueux de la Constitution et soucieux d’appliquer ses moindres subtilités. 

La cour constitutionnelle est en effet LA priorité des priorités. Mais elle l’était déjà depuis 2015 lorsque le parlement avait le temps nécessaire de la voter dans les règles de l’art. Tous ces blocages et cette perte de temps ne prouvent qu’une volonté manifeste qu’elle ne voie enfin le jour que dans des circonstances bien établies, et sous des conditions bien précises.

 

Il est très peu probable que la cour constitutionnelle soit mise en place avant les élections. Et même si tel était le cas, il serait sans doute encore plus dangereux de lui donner naissance dans des délais aussi courts et sous le coup des pressions.

Selon la Constitution tunisienne (article 148 alinéa 5), le parlement dispose d’une année au maximum pour mettre en place la CC, à compter de la date de tenue des législatives. Mais tout comme elle aurait dû être créée un an après les législatives de 2104, rien ne présage qu’elle le sera dans les temps cette fois-ci. Rien ne présage, non plus, que le nouveau parlement, fruit des prochaines législatives, constituera un environnement moins dangereux pour mettre sur pied une cour aussi délicate…

Par Synda Tajine
23/07/2019 | 15:59
3 min
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Commentaires (11)

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Microbio
| 24-07-2019 18:45
En particulier en ce qui concerne les derniers événements politiques, le manque de démocratie est critiqué encore et encore, ainsi que dans l'article ici. Malheureusement, il passe sous silence le fait que la démocratie, telle qu'elle est dirigée par un gouvernement élu, qui détient le monopole du pouvoir, le monopole du droit et le monopole de la collecte des impôts, est aussi un système de domination et que la domination exige désormais le Gouvernant et le Gouverné (AlHakem OUA MA7KOUM). Ceux qui n'appartiennent pas aux dirigeants sont par définition souverains et c'est la grande majorité des citoyens. Le problème fondamental de notre démocratie est qu'elle est fondée sur la contrainte. Tout à fait différent, par exemple comme dans les clubs. Dans un club de sport aussi, par exemple, le président, les investissements et les cotisations des membres sont démocratiquement convenus. Mais si quelqu'un n'est pas d'accord avec les décisions, il peut quitter le club. Il n'a pas non plus à entrer dans un autre club. Il peut continuer à vivre dans son appartement, à faire son travail habituel, sans appartenance à une association.
Si, comme dans une société libre fonctionnant sur la base des principes du marché et reposant sur des accords volontaires (contrats - acceptés par les deux parties), tout est privé, on ne paie que pour l'utilisation de ce que l'on veut réellement et vous n'avez pas à payer pour quelque chose que vous ne voulez pas.

Récapitulation: Il est temps de changer de paradigme dans l'organisation de notre société. Loin de la contrainte et vers des accords volontaires, ainsi que la concurrence pour les meilleures solutions.

EL OUAFFY Y
| 24-07-2019 14:08
La constitution ce n'est pas une priorité faut que ces élus descendent un peu et voir la situation miséreuse dans laquelle se trouve une parti écrasante du peuple la pauvreté a envahie tous les classes soit que soit moyenne ou inférieure , la sécurité non parlons pas pas de projets pour minimiser le taux de chommage et surtout dans la classe de jeunes innocents .
J'informe ceux qui sont entrain de freiner la développement du pays à cause de leurs intérêts personnels ( élections présidentiels ) que B C E ne quittera pas la présidentielle il sera toujours maintenu comme président et cette fois ci il voudra prendre les choses en main et un suivie par lui meme sur la situation general du pays

J.trad
| 24-07-2019 10:06
Le nombre et le spectacle ,me pousse à fouiller dans le passé '? loin de la légende ,et de la fiction ,Dhou'lfi9ar ,est l'épée du valeureu chevalier ,sayedna Ali ibnou Abi Taleb, sauf dhou 7addayn ,cette épée est bel et bien conservée en Turquie , objet sacré et symbolique , présente un prestige sans limite ,bien présente derrière La Grande Porte , trésor précieu ,chèrement gardé dans un pays sunnite , les chî3a l'évoquent nuits et jours ,c'est un objet de trésor haute valeur ,l'épée dans le sens absolu ,Allah en fait l'éloge ,dans la sourate qualifiée sourat Essayf ,(sourat Attawba), j'aimerais bien voir une concurrence entre les Turcs et les Iraniens ,,sur un plan artistique , à qui mieux mieux ,nous régaler ,par un feuilleton ,ou un film ,sans trop de détours et de verbiage , (les deux puissances : Sayf +9alam (dhou'wizaratayn:3Ali ibnouabiTaleb). Symbole de la vaillance,de la Sagesse ,de l'éloquence ,bref de toutes les vertus ,où donc sont les artistes ,capable de faire jouer le Passé pour guider la horde de prétendants au pouvoir ?!!!! , Les politiciens râment dans une piscine sans eau , ils ne risquent pas la noyade ,mais sauver aient -ils le pays ?!!!

J.trad
| 24-07-2019 08:42
Cette expression me tient à c'?ur,je n'ai pas pu rassembler des informations suffisantes ,mais l'expression ,me semble pleine de sagesse ,elle peut inspirer une issue de Salut ,dans ce chaoo d'engouement pour arracher le pouvoir ,pour aprés nous décevoir .

Jilani
| 23-07-2019 23:41
Le premier parlement devrait passer une année pour écrire le Destour, il a passé 3 ans pour permettre aux députés de bénéficier de la retraite. Les institutions ont été créées sur la base de consensus partisan et non pour l'intérêt du pays. Plusieurs mois ne sont pas conformes à à constitution telle que la liberté de conscience et de croyance. Les non jeûneurs sont mis en prison. Voilà où nous en sommes. Tout est à refaire. Malheureusement ceux qui ont la chance de prendre le pouvoir sont pires comme Nabil karoui ou abir moussi ******

Nephentes
| 23-07-2019 20:12
Notre Constitution est le produit de l'amateurisme et de l'incompétence des juristes et parlementaires :sa cohérence et sa qualité est parfois controversée

C'est pourquoi elle est sujette à interprétations parfois comiques qui aboutissent à la création de zones de non-droit

Les violations qu'a subi ce texte ayant statut de norme suprême démontrent que le blocage de l'Etat de Droit tunisien est avant tout un problème culturel.

En Tunisie notre capacité de garantir le Droit est entravée par l'absence d'une culture de la légalité et de la responsabilité :

On est incapable de hiérarchiser concrètement nos normes juridiques et de comprendre leur finalité. Nous n'avons donc pas de culture de l'équilibre entre les pouvoirs.

.

mansour
| 23-07-2019 18:31
et ni texte de la constitution,ni l'opposition et ni la société civile n'ont pus contester cette inégalité

Microbio
| 23-07-2019 18:23
Au lieu de :
Ende gut alles gut, nicht war?
C´est:
Ende gut alles gut, nicht wahr?

Youssef Kraiem
| 23-07-2019 17:37
Répondez à cette question et vous comprendrez pourquoi la cc n'existe pas 5 ans après les élections de 2014.Croyez vous qu'un président ou un membre du pouvoir législatif accepte de bon coeur que son projet de loi soit rejeté par une cour dont il a élu ou plutôt choisi lui même la composition? Cette institution n'avait aucune chance de voir le jour tant que BCE et Ennahdha suivaient des lignes parallèles selon la propre expression deBCE,l'un issu de l'école Bourguibienne cherchait à renforcer son emprise sur les rouages de l'?tat et l'autre mû par les préceptes islamiques veillait à les implanter au sein de la société.Il faut attendre de connaitre la nouvelle composition de l'ARP pour voir si les lignes parallèles viendraient à ce rencontrer.Peut être à .....l'infini !!!!

Citoyen tunisien
| 23-07-2019 17:29
Arrive le temps que nos députés acquièrent un minimum d honnetteté