alexametrics
lundi 29 avril 2024
Heure de Tunis : 14:13
A la Une
Invasion des produits turcs : le vrai du faux
28/02/2017 | 19:59
5 min
Invasion des produits turcs : le vrai du faux


Assis devant leurs postes de télévision, les Tunisiens ont consommé, ces derières années, d’innombrables séries turques accompagnées de « glibettes », turques aussi! Cultivées dans le nord-ouest du pays, les graines noires de tournesol ne se sont plus vendues avec l’arrivée des graines blanches, turques. Le dos au mur, les producteurs ont alors fait grève.

Des « glibettes » aux marques de vêtements, en passant par le cirage pour chaussures, les produits importés de Turquie remplissent aujourd’hui les rayons de supermarchés et petits commerces. La polémique enfle et les plus « visionnaires » regardent l’histoire et parlent de recolonisation ottomane. Mais qu’en est-il réellement ?

 

Compte tenu de l’accord commercial signé avec la Turquie par Mondher Zenaidi et son homologue turc, Kürşad Tuzmen, le 25 novembre 2004 et qui prévoit la libre circulation des marchandises entre les deux pays, les biens turcs ont pu pénétrer massivement le « petit » marché tunisien. Après l’accession des islamistes au pouvoir en 2012, les importations en provenance de Turquie ont explosé mais sont restées contenues, comparées aux volumes d’échanges avec la France ou l’Italie, partenaires stratégiques du pays. Entre 2015 et 2016, ces importations ont affiché un accroissement net de 19%, passant de 1.544 MD en 2015 à 1.838 MD pour l’année 2016. Quant aux exportations, elles sont passées de 206 MD à 356 MD, pour la même période. Soit un accroissement de 72%.

 

Selon ces chiffres fournis par l’Institut National de la Statistique (INS), on peut remarquer que le taux de couverture entre importations et exportations vers la Turquie pour l’année 2016 est de 10%. Celui avec la France dépasse les 144%, selon les mêmes données. Ne voulant pas nous hasarder à comparer la Tunisie à la puissance émergente turque, forte d’un marché de 75 millions de consommateurs et d’une industrie fleurissante, nous nous contenterons d’une comparaison entre les politiques en vigueur destinées à soutenir l’export dans les deux pays.

A la lumière de ces données et en dépit du discours officiel, il parait clair que la Tunisie souffre d’absence totale d’une dynamique d’exportation. Ce, en dépit du lancement du troisième projet de développement des exportations (TASDIR+), entrepris par les autorités tunisiennes avec l’appui de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD). Une véritable volonté politique n'existe pas. Cette volonté pourrait se traduire au niveau de la diplomatie, du transport et du secteur bancaire pour faire en sorte que le taux de couverture avec la Turquie évolue. Alors que le déficit de la balance commerciale pour le volume d’échanges avec la Turquie évolue d’année en année pour atteindre en 2016, 1500 MD.

 

En l'absence d'études économiques complètes, il est difficile d'apprécier l'efficacité économique des incitations fiscales à l'exportation mises en œuvre ces dernières années par les autorités sous l’impulsion du ministère du Commerce et de l’Industrie. Ce manque d'informations ne permet pas, en effet, de mesurer l'impact réel de ces avantages fiscaux.

L'efficacité économique des incitations fiscales à l'exportation est donc limitée. Considérée comme un facteur parmi d’autres, elle ne peut être le socle sur lequel repose le secteur de l’export à l’échelle d’un pays. En effet, à côté des différentes exonérations, figurent la prise en charge par l'Etat, la viabilité des infrastructures, les contributions patronales au régime légal de sécurité sociale ou encore la cession des terrains servant à l'implantation des entreprises à un prix symbolique. La décision d’investir dépendra donc également des incitations financières. L'expérience asiatique a, par ailleurs, montré que les industries manufacturières mobiles, destinées à l'exportation, hoisissent leurs implantations en fonction des incitations fiscales.

 

Le modus adopté par la Turquie pour « booster » son export, est pour le moins efficace, si bien, qu’une large gamme de produits réussit aujourd’hui à pénétrer les marchés européen et asiatique en profondeur. Des produits considérés comme très concurrentiels compte tenu des facteurs prix et qualité. Le premier ministre turc Erdogan agit aujourd’hui en véritable VRP en adoptant une stratégie commerciale agressive, qui consiste à faire appel à une armée de compétences de la diaspora installée à l’étranger. En les dotant d’immenses prérogatives d’action et de moyens financiers importants, il s’assure la conquête silencieuse de larges territoires. Une stratégie gagnante, également adoptée par le Roi du Maroc dans sa conquête de l’Afrique.

Habituées aux circuits balisés et imposés par une certaine proximité géographique avec l’Europe, les autorités tunisiennes ne parviendront certainement pas à ajuster cette défaillance visible dans la balance commerciale sans de profondes réformes en matière d’organisation, de suivi et d’efficience des commissions mixte et de la négociation.

 

Cette situation, devenue insoutenable avec le temps, fait aujourd’hui polémique. Sur les plateaux télé on parle désormais « d’invasions » ! Le gouvernement réagit. Ce mardi 28 février 2017, Fayçal Hafiane, conseiller auprès du chef du gouvernement est donc intervenu dans La Matinale de Nessma TV, présentée par Sofiene Ben Hamida, pour dire que les autorités s’apprêtent à lancer une campagne pour pousser le citoyen à consommer tunisien.

Si le Cepex a dernièrement rénové son portail Internet, on ne peut en dire autant du site du ministère des Affaires étrangères qui devrait normalement et logiquement, travailler dans le but de valoriser l’image de marque du pays. Zied Laâdhari, actuel ministre du Commerce et de l’Industrie, est certainement la première personne apte à trouver une solution à l’hémorragie en cours. Dans les années 2000, face aux forts flux de produits chinois sur les marchés européens, les autorités ont dû adopter une taxe de 25% sur ces produits. Une mesure protectionniste qui a fait peur à l’époque.

 

Sofiene Ahres

28/02/2017 | 19:59
5 min
Suivez-nous

Commentaires (16)

Commenter

al mahdi
| 16-03-2017 14:33
si les produits sont de qualité il y a pas de reproche au nom de la consolidation du marché musulman mais probleme la qualité varie.
sinon sur un plan de commerce nationale je suis survivalisme ainsi le reproche du 2eme budget qui est l'automobile par le commerce exterieur alors que des gens anonymes concoivent des moteur 4 temps en v2 voila bien de quoi me dire que les capitaux s'en vont quand ce domaine n'est pas realisé dans un secteur minima ...mais bon! prélassons nous dans les villas sa contre balances le marché de l'automobile

Mansour Lahyani
| 03-03-2017 18:12
Ah, ce Ben Ali et ses sbires, ils ne disaient pas que des conneries : ils en ont fait également, et pas que des petites ! A preuve, cet accord proposé et soutenu par Mondher Zenaïdi, qui est tellement fier de son action de ministre qu'il a eu le courage de faire acte de candidature... à la fonction suprême !
Les électeurs tunisiens ne le lui ont pas envoyé dire, et il s'est retrouvé gros jean comme devant avec des décimales au tableau des résultats... Naturellement, cet accord de libre échange avec la Turquie a provoqué l'ouverture à deux battants du commerce en face de ces Turcs qu'on continue à présenter comme nos amis, mais qui en fait n'ont aucun égard pour ma pauvre Tunisie, dont ils pensent que quatre siècles et des poussières n'ont pas suffi à éroder leur bienveillance envers un ogre qui n'a rien à foutre de leurs émois...
Mais c'était une appréciation de bon aloi, née dans une âme exclusivement vénale et opportuniste : que dire de cs Tunisiens amorphes, prêts à sacrifier les intérêts de leurs (authentiques) frères, qu'ils n'hésitent pas à réduire dans un état peu brillant, sous l'effet des importations de Turquie? Bien sûr, l'importation de glibettes et de borghol du Bosphore n'est qu'une nouvelle preuve de la voracité des importateurs et des exportateurs, et ne présente qu'un intérêt épisodique, mais de petits agriculteurs tunisiens en souffrent énormément, sous le regard désintéressé des pontifes qui ont pris la suite des Zenaïdi & consorts...

Ezdine
| 02-03-2017 09:29
La Tunisie accumule les déficits commerciaux avec plusieurs pays. Pourquoi le déficit avec la Turquie pose problème ? Plusieurs raisons à cela :
1/ Malgré l'accord de 2004, le déficit n'a jamais dépassé 500 MD/an. Depuis l'accès de la Troika au gouvernement ce déficit à grimpé subitement à près de 1500 MD/an
2/ La grande partie de ce déficit est occasionnée par des importatations de produits de moyenne qualité, dont l'équivalent est disponibles sur le marché local (glibettes, vêtements, biscuits,
jus, chaussures, etc.). Est-ce que la Tunisie est devenue le dépotoir des produits turcs?
3/ L'argument consistant à dire que la Tunisie n'a qu'à exporter plus fortement sur le marché turc est fallacieux: nos économies ne sont pas sur un pied d'égalité et les turcs n'ont rien à foutre de nos produits
4/ Un gouvernement qui se respecte doit protéger son économie et son industrie nationales. Tous les gouvernements qui ont ouvert les portes du marché tunisien à des produits de mauvaise ou moyenne qualité qui concurrencent les productions nationales, portent la lourde responsabilité, devant l'histoire, de la destruction de milliers d'emplois et de la fermeture de nombreuses usines. Tous les arguments, avancées par le gouvernement, justifiant cette politique irresponsable sont des arguties criminelles qui doivent
être dénoncées. Le gouvernement a la charge de créer des emplois et non de les détruire

ourwa
| 01-03-2017 20:32
" industrie fleurissante" ou "industrie florissante", plutôt? BN, alphabétisez vos scribouillards, SVP!...
Quant à l' "Invasion des produits turcs", si décriée, ce cri d'orfraie fait réellement rigoler... et dénote un nationalisme de pacotille. Les choses sont claires, à partir du moment où ce qu'on continue, à tort, d'appeler " économie nationale" s'avère incapable de produire le moindre bien de consommation courante et que l'Etat "post-révolutionnaire" tient à démontrer la "réussite" de sa révolution, il est logique que ce même Etat, depuis la catastrophique troïka, jusqu'au gouvernement de Chahed, en passant par l'épisode lamentable du gouvernement Jomâa, continue à proposer sur le marché les diverses "nécessités" du bon peuple, une manière ridicule de démontrer la réussite de la "révolution"...Mais à quel prix? Au prix que les régimes précédents, aussi dictatoriaux et totalitaires fussent-ils, avaient choisi de ne pas payer... Hier, c'était les produits chinois, vomis jusqu'à l'éc'urement, aujourd'hui, ce sont les produits turcs; il faut bien se montrer "critique" et "patriote" à tout crin...mais quant à défendre des produits nationaux lésés par une telle concurrence, personne, aucun média n'en souffle mot, car de "produits nationaux", il n'en y a point, étant donné que la production nationale, toutes catégories confondues, est à l'arrêt, au point mort...et que la croissance économique, depuis 2011, est équivalente à zéro, ou même au dessous de zéro. Ce sous développement patent n'est pas un hasard, ni un accident fortuit de l'Histoire, mais bien un choix délibéré des nouveaux maîtres du pays, au lendemain de la déroute de ben Ali et consorts, ces nouveaux maîtres occupés à s'arracher la dépouille d'un peuple abusé... Qu'on se souvienne: au lendemain de l'Idépendance, le bon peuple continuait à jurer par l'excellente qualité du made " in frança". On ne se refait pas. Encore moins aujourd'hui, où les Turcs s'engouffrent dans la brèche du sous développement et d'un peuple aux abois, face à un FMI et une BM prédateurs et des pays faux amis spécialistes du discours creux et des fausses promesses. Mais après tout, à quoi serviraient ces centaines de millions d'euros et de dollars de prêts et de dons, si ce n'est pour payer les fonctionnaires, tenir debout le char de l'Etat...et continuer à vendre du vent???... Il faut bien se rendre à l'évidence; tout vide constitue un appel d'air. Du moment que le pays ne produit plus rien, que l'économie est à l'arrêt, cela constitue une espèce d'appel d'air, un creuset où s'engouffre tous les affairistes et les produits turcs...ou chinois. Sans faire l'éloge du régime bourguibiste, loin de là, celui-ci, à un moment où l'industrie nationale était dans sa prime enfance, où le niveau de vie était au raz des pâquerettes, l'Etat avait fait l'option d'un protectionnisme rigoureux et les exportations ne provenaient que de pays de l'Est, à moindre prix, strictement le nécessaire... Aujourd'hui, ça semble être une vente aux enchères; le pays est à la merci au plus offrant, et les plus offrants, on les connait, ceux qui promettent et qui attendent de voir, ceux qui parlent de "démocratie", mais qui bafouent par ailleurs cette même démocratie, ceux qui marchandent leur "protection" financière ou militaire au prix d'allégeances politiques et économiques. C'est ce qui se pratique actuellement en Tunisie.

La cause du peuple
| 01-03-2017 19:01
l'Importation des produits turc :pour
La faillite de son beau-fils acheva de le reuinir

J'ACCUSE LE SILENCE ENNAHDA gouverne encore et pratique les strategies du FRERES MUSULMANS - CHARIA-& DOLLAR

HatemC
| 01-03-2017 18:43
la Tunisie soutient l'économie Turque en important tout et n'importe quoi de ce pays et soutient les emplois Turques grâce @ l'amitié non Tuniso / Turque ... mais l'amitié des islamistes Merdogan et Ghannouchi ...

Ce soutient @ l'économie Turque se fait au détriment de la Tunisie et des Tunisiens et après on nous parle que Ghannouchi est un patriote ...TOZZZZZZZZZZZZZZZZZZ ...

 
Ce type n'a jamais supporté la Tunisie et les Tunisiens ... c'est la pire espèce de traitre ... Il finira par nous IMPPOSER @ mettre la clef sous la porte ... la faillite nous guette par ce biais et c'est l'objectif des islamistes ... islamiser le pays en paupérisant complètement le pays ... Rendre les citoyens dépendant d'aides et dépendants des associations caritatives dites islamistes ... ça nous pend au nez

 
Pendant ce temps nos producteurs mettent la clef sous la porte et jettent des chômeurs dans les rues ... le tourisme est mort ... l'agriculture pareil .. l'artisanat n'en parlons pas ... le peu d'industrie comme le phosphate est en déclin ... le Maroc prendra tous nos parts de marché ... et j'en passe ...

Les islamistes tu leur donnes le sahara ... au bout de 6 mois ils importeront du sable ... Hatem Chaieb

Alex niffer
| 01-03-2017 15:38
Les médias servent aussi à aider les citoyens à se remettre en question en leurs donnant des bonnes information et pas toujours leurs raconter ce qu ils disent les hommes politiques. L homme politique cherche le pouvoir, il n a jamais été créateur de richesse.

Alex niffer
| 01-03-2017 14:20
Une économie ne peut exister que par son savoir faire, ça créativité, ça capacité d adaptation aux goûts des autres,de production avec une qualité hautement concurrentielle ext....sans parler de la ponctualité et l infrastructures en général.

Alex niffer
| 01-03-2017 13:51
On trouve sur le marché un produit de la marque LG ou n importe qui , made in Tunisie. Ça ne veut pas dire Fabriquer en Tunisie mais produits en Tunisie. Le mot made c'est un mot anglais qui veut dire fait ou produit. Alors quand on fabrique rien, on a systématiquement rien à vendre, alors rien à gagner, uniquement de quoi survivre. C'est déjà pas mal n est ce pas.

Jojo
| 01-03-2017 12:59
Pour exporter il faut épuré la loi facilité les démarche administrative qui entrave là rapidité et l efficacité.il faut que les responsables comprennent que le temps c est de l argent que l importateur à qui en vend et pressé de la recevoir pour la vendre et ainsi de suite. C est le commerce.De même pour l import.