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Tribunes
Il faut imaginer Sisyphe heureux
15/05/2024 | 08:13 , mis à jour à 14:35
3 min
Il faut imaginer Sisyphe heureux

 

Par Ithar Elheni

 

La récente déferlante d'arrestations et d'intimidations qui a balayé notre pays ces derniers jours, semble avoir réussi à semer la terreur parmi certains, à réduire au silence les voix dissidentes et à décourager bien des esprits.

Avocats, journalistes, activistes, personne n’est à l’abri. Il est donc légitime de se demander : Où va ce pays?

 

La terreur..

Dans un accès de folie, le régime autoritaire et putschiste n'admet désormais plus aucune opposition à sa "politique" complotiste et populiste. Ce bulldozer mis en marche depuis quelques années semble, comme tout corps en chute libre à la fin de sa trajectoire, atteindre l’apogée de sa vitesse avec une fréquence d’arrestations sans précédent. Certains pourraient penser à tort que le moment de se rétracter est venu, sauf que, bien au contraire, il faut demeurer inébranlable. Et pour cause, si la libre expression a ce pouvoir de perturber autant les despotes, c'est une confirmation supplémentaire de sa capacité à défier et à déstabiliser les fondements même de leur autorité tyrannique.

Malgré les intimidations, les journalistes en premier lieu, ne doivent en aucun cas fléchir. La noblesse de leur profession et de leur mission réside dans leur capacité à s'exprimer librement et à défier tous les obstacles d’où qu’ils viennent pour révéler la vérité. Aujourd'hui, et plus que jamais, les plateaux de télévision et de radio ont le devoir de s'engager dans des débats politiques et de dénoncer ouvertement la censure, la violation des droits fondamentaux et les décrets liberticides. C'est le moment de prendre la parole, sinon de se taire à jamais...

 

Ce peuple vaut-il la peine de se battre ?

Tous les peuples, quelle que soit leur culture ou leur degré de conscience valent la peine de se battre pour leurs droits et libertés. Il n’a jamais été du ressort de monsieur tout le monde de militer pour des changements d'envergure. Depuis toujours, ce défi a été mené par une minorité dénommée élite. Bien que le terme "élite" soit considéré par certains comme inadapté en raison de son caractère distinctif, il est utilisé ici pour désigner ceux qui, penseurs et activistes, parviennent à influencer les civilisations.

Le peuple tunisien a été longtemps sous le joug d'un régime oppressif, et comme tout individu affecté par le syndrome de Stockholm, une partie de ce peuple trouve difficilement du réconfort en dehors d'un régime tyrannique et despotique. Bien que les rares individus qui résistent encore et s'opposent à cette dérive autoritaire ne bénéficient pas d'une immense popularité auprès de leurs concitoyens, l'Histoire retiendra leurs noms et témoignera de leur honneur. C'est un honneur et une fierté que leurs enfants hériteront, tandis que d'autres hériteront déshonneur et avilissement. Bien que l’équation semble être déséquilibrée, avec les concessions consenties par certaines personnes et leurs familles, il est nécessaire d'agir par amour pour la patrie, par amour pour la liberté ou encore par mépris pour la servilité…

Dans ce combat contre l'oppression et la tyrannie, il est vital de garder espoir et de se donner corps et âme pour ce petit pays qui apprend la démocratie. Malgré les obstacles et les dangers, restons fermes dans notre engagement envers la vérité et la justice.

Alors que nous affrontrons les défis du présent, gardons à l'esprit le mythe de Sisyphe, mais un Sisyphe heureux qui réussit à pousser encore plus loin son rocher car luttant pour garantir un pays meilleur pour les générations futures.

 

15/05/2024 | 08:13 , mis à jour à 14:35
3 min
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Commentaires
Soupiquet
vive la liberté d'expression
a posté le 17-05-2024 à 00:34
Tres jolie texte, ca fait lontemps que j'en avais pas lu un aussi bon
Fares
Les paraboles d'Ithar
a posté le 16-05-2024 à 19:30
Bravo pour cette chronique ainsi que pour la précédente. Marier des métaphores scientifiques et mythologiques, personnellement, je ne demande que ça.

Pour revenir à notre Sisyphe est-il heureux, un imbécile ou les deux, c'est à dire un imbécile heureux?

L'obstination de Sisyphe peut-être vue comme de la persévérance, une qualité très recherchée, ou bien de la stupidité, ce qui me fait penser au régime en place et à sa tête vous savez qui.

Selon la physique classique (donc non quantique), Mère Nature est déterministe, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Notre Sisyphe n'a pas cessé de pousser son cailloux depuis cinq ans vers le sommet de la colline (de Carthage Byrsa) espérant ainsi atteindre les sommets stratosphériques, mais une fois au sommet, Mère Nature le rappelle à l'ordre en usant de son irrésistible attraction gravitationnelle. Sisyphe s'obstine et n'a jamais pensé à changer de stratégie.

Trop tard, Sisyphe est maintenant en chute libre, un mouvement uniformément accéléré, sa vitesse de chute augmente à mesure qu'il s'approche du sol, comme les soubresauts d'un agonisant devenant de plus en plus violents à l'approche de l'instant t.

Sisyphe ne dispose pas de parachute,
mais juste d'une toile d'araignée pour arrêter sa chute (de popularité). Une toile tissée de mensanges (a web of lies), de fusées rouillées, de batailles contre des moulins à vent, d'arrestations abusives, de séquestration d'opposants, de haine raciale et bien sûr de limogeages. Cette toile est très fragile et bien poreuse pour atténuer une chute, même pas celle d'une moustique et Mère Nature finira par dire son dernier mot.

le financier
article bien ecrit mais faux ds le fond
a posté le 16-05-2024 à 15:25
article bien ecrit mais faux ds le fond , Ithar aurait du revoir son classique a savoir la Republique de Platon ( socrates ) explique assez bien que la democratie est le pire des regimes et il montre que ce que nous avons actuellement n est que le resultat de la mediocrit2 de la masse l ignorance et la lachete des ceux qui possede les armes a proteger l institution etatique contre les ennemies de l interieurs meme elu democratiquement . laisson le processus democratique aller jusqu au bout , prochaine election nous verrons si le tocard tunisien moyen est content de faire la queue pour du pain , il faut peut etre qu il n est plus de pain d eau et plus rien pour qu ils arretent de voter pour des mediocres
momo
Bravo Mme et M° Les journalistes.
a posté le 16-05-2024 à 11:09
L'élite intellectuel du pays qui se résume pour moi aux écrivains, philosophes et historiens se taise, disant leurs portées dans la population est proche de zéro, donc aucun effet sur les événements. Les oppositions qui se comptent sur les doigts de la main sont en prison ou à l'extérieur, les acteurs économiques d'importance sont en Maroc ou ailleurs, l'armée qui se dit apolitique est terré dans ses casernes ou à la frontière, la police respecte les ordres comme elle a toujours fait, donc le pays est plongé dans une atmosphère du fin du monde.
Reste les valeureux journalistes, qui continu à exercer leurs métiers avec conscience, courage et honneur, bravo Mme et M°.
Aziz
L'Esprit de Résistance
a posté le 16-05-2024 à 04:04
Cet article capture puissamment l'urgence et la nécessité de résister à l'autoritarisme, même face à une répression sévère. Il nous rappelle avec éloquence que la lutte pour la liberté et la justice est non seulement un devoir, mais aussi un honneur que l'histoire retiendra. Les journalistes, les activistes et tous les défenseurs de la vérité jouent un rôle crucial en défiant les régimes tyranniques. Leur courage et leur détermination sont essentiels pour préserver les valeurs fondamentales de la démocratie. Malgré la peur et les risques, nous devons continuer à nous exprimer, à participer aux débats politiques et à soutenir ceux qui osent résister à l'oppression. L'esprit de résilience et l'engagement pour un avenir meilleur pour notre pays sont véritablement inspirants.
Vladimir Guez
Ce peuple ne le mérite absolument pas.
a posté le 15-05-2024 à 14:27
Mais il faut le faire quand même. Camus a raison. Malgré l'absurdité de la tâche , il faut trouver le bonheur de le faire dans la tâche elle même. Sinon pourquoi Sysiphe continuerait il ?
Sinon vous avez tort , ce n'est pas l'élite qui initie le changement. Le rôle de l'élite n'est pas de mener la lutte mais de nourrir le peuple d'idées qui doivent maturer en son sein et faire évoluer ses m'?urs pour que ce qui était accepté hier deviennent intolérable demain.
L'échec et le déshonneur de l'élite arabe est de vouloir éclairer le despote au lieu de s'adresser au peuple. Ensuite on ne peut reprocher a ce dernier de se tourner vers le premier populiste qui va lui témoigner du respect au lieu de le trouver trop sale pour qu'on s'adresse a lui.
Chelbi
Si votre opinion était la avant 25/7
a posté le 15-05-2024 à 14:01
Il y a un proverbe qui résume bien l'état des choses aujourd'hui: 9allou ya far3oun ech far3nek, 9allhom ma l9itech chkoun yrodni. Si seulement nous étions la quand il a commencé à manquer a ses obligations constitutionnelles en voulant arracher les prérogatives du chef de gouvernement, en refusant la réception de nouveaux ministres, en refusant la signature de nouvelles lois, en bloquant l'établissement de la cour constitutionnelle, en faisant un scandale diplomatique avec la fameuse lettre empoisonnée, en faisant un autre scandale avec l'Italie pour annuler la visite de Mechichi, répétée encore une fois avec la Libye, en déclarant que la Tunisie n'est pas propice pour les investissements, en faisant sortir la constitution de 59 pour justifier l'annexation des forces de l'ordre intérieur à son pouvoir, etc., etc. Tout ce que je viens de citer sont des indices clairs et évidents de quelqu'un qui n'a rien de bon dans ses intentions. Dommage, tout le monde était aveuglé par une haine et vengeance de ce qu'on appelle « islamistes » sans se soucier de ce qui viendra après. Meme votre média est tombé dans le piège et s'est rangé derrière « le créateur du bonheur brut » juste pour profiter de quelques moments de « chmeta » contre Saif Makhlouf  ou RG.

Alors je serai d'accord avec Ithar pour dire: il ne faut pas baisser les bras, non pas pour fermer cette mauvaise parenthèse dans notre histoire (ça prendra un miracle a mon avis vu le QI moyen), mais au moins pour se ranger au bon côté de l'histoire. J'ai pas changé les choses dans mon pays vers le bon ca c'est vrai, mais au moins j'ai pas rajouter a ses malheurs.