alexametrics
lundi 29 avril 2024
Heure de Tunis : 11:59
Chroniques
Imed Daïmi et Mabrouk Hrizi devraient être suspendus de l'Assemblée
09/02/2015 | 15:59
7 min

Par Nizar BAHLOUL


La Tunisie a eu droit à ses plus belles scènes ces derniers jours. Après la cérémonie de passation des pouvoirs du 31 décembre entre les présidents Moncef Marzouki et Béji Caïd Essebsi, voici venues les cérémonies de passation entre les chefs du gouvernement Mehdi Jomâa et Habib Essid et leurs différents ministres. Quoi de plus beau pour un pays, du tiers-monde, qui aspire à la démocratie ? Un modèle unique en son genre dans le monde arabe. En prenant un peu de hauteur et en s’éloignant un peu des querelles de hammam, on se rend compte que nous sommes en train de vivre des moments historiques exceptionnels. La démocratie est en marche et semble être sur la bonne voie. Rien n’est encore définitivement acquis et le risque de retour en arrière n’est pas tout à fait exclu, mais l’optimisme en la matière n’a jamais atteint ce niveau.
Il faut donc aller de l’avant et continuer à faire pression sur nos gouvernants pour éliminer tout risque de retour en arrière. Les contrepouvoirs pour réduire ce risque sont notamment représentés par l’opposition, par les députés, par les magistrats et par les médias. C’est ce quatuor qui a permis l’éjection de la troïka, fortement tentée par l’autoritarisme voire le despotisme, et c’est ce quatuor qui permettra de contrer toute volonté hégémonique de l’actuel pouvoir.

 

Vue de haut, la Tunisie vit des moments exceptionnels et le quatuor de contre-pouvoir fonctionne plutôt bien. A voir de près, la chose est un peu plus compliquée. L’opposition ? Principalement représentée par Ennahdha, elle a mis la main dans celle du pouvoir. Si d’un point de vue politique, la chose est à saluer, il n’en est pas de même d’un point de vue démocratique.
La justice et les médias continuent, jusque là, à jouer leur rôle. Pourvu que ça dure. Restent les députés. D’un point de vue démocratique, il y a de véritables couacs et il n’y a pas de signes vraiment tangibles pour que ces couacs soient résolus dans les prochains jours. Le comportement actuel de certains d’entre eux ne présage rien de bon.

 

La législation en vigueur offre à nos députés une immunité dite parlementaire. Cette immunité permet au député de se soustraire à toute convocation judiciaire, tant qu’elle n’a pas été levée par une commission spéciale au sein de l’Assemblée. Cette commission est composée de députés qui vont plancher sur la levée, ou pas, de l’immunité de leurs collègues, voire amis. Des collègues qui peuvent, par copinage ou par solidarité confraternelle, les soutenir et leur faire éviter le passage devant le juge.
Cela s’est déjà vu et le cas de la « très intègre » Samia Abbou reste dans les annales. La dame, députée reconduite dans ses fonctions, se soustrait ainsi depuis plusieurs mois à la convocation du juge grâce à son immunité.
Dans les démocraties établies, l’immunité parlementaire existe. Mais on ne la fait pas valoir à tout bout de champ. Le député ne jouit de son immunité que dans des circonstances bien déterminées liées à ses fonctions au sein de l’Assemblée. La législation « protège » ce député contre le harcèlement judiciaire que peuvent lui mener des partis politiques ou des lobbys pour l’empêcher de bien mener sa mission parlementaire. Mais quand il y a une instruction judiciaire touchant la personne du député, dans une affaire privée qui ne soit pas liée à l’exercice de ses fonctions, l’immunité est tout de suite levée pour que la justice puisse faire son travail correctement. Il ne saurait être autrement, ce serait un scandale à la une de tous les médias. La pression exercée par le quatrième pouvoir, dans ces démocraties établies, est insoutenable au point que nul ne pourrait échapper à la case justice. Les exemples sont très nombreux et nul n’y échappe, qu’il soit député, ministre, chef de gouvernement ou président de la République.

 

En Tunisie, la culture démocratique n’est pas bien ancrée pour que nos députés aient ce respect de la justice et des institutions. Faute de suffisamment de dignité, ils sont insensibles aux critiques des médias. Aux « sommations » et « rappels à l’ordre », ils répondent « médias de la honte », « journalistes corrompus » et « journaleux ayant un agenda politique à exécuter ». La réplique est facile et recevable par leurs fans. Interrogez n’importe quel électeur de Moncef Marzouki sur les médias, il vous donnera automatiquement et sans réfléchir l’une de ces réponses toutes faites et créées sur mesure par les leaders du CPR.
Le sujet est pourtant grave et important. Il est grand temps d’imposer (on ne sait pas trop comment) le respect des institutions judiciaires par ces hommes politiques qui se croient au-dessus des citoyens. Qu’ils soient ministres ou députés, nul n’a le droit de se soustraire à la justice quand il a une affaire privée en cours, sous prétexte d’immunité.
Rappelez-vous en 2011, au moment de la constitution du premier gouvernement de Hamadi Jebali. Un haut cadre d’Ettakatol, Khayam Turki en l’occurrence, devait occuper le poste de ministre des Finances. Quelques heures seulement avant l’annonce officielle, on apprend qu’une plainte a été déposée contre lui par une entreprise avec laquelle il était lié par un business. Dans le doute, il valait mieux s’abstenir et M. Turki a décliné le poste pour ne pas gêner le gouvernement (voir notre article à ce sujet). Il était sûr qu’il n’avait rien à se reprocher, il a pourtant préféré faire face à la justice, alors qu’il ne devait même pas jouir d’une immunité ! Plus de trois ans après les faits, Khayam Turki n’a toujours rien à se reprocher juridiquement parlant, mais l’Histoire lui retiendra ce comportement tout à fait démocratique. Ça c’était en 2011.

 

Nous sommes en 2015, nous avons deux cas suspects de députés impliqués dans une affaire très louche et qui continuent à siéger au parlement ! L’affaire de Imed Daïmi et Mabrouk Hrizi devait faire la une des journaux et les plateaux de télévision quotidiennement jusqu’à ce qu’elle soit élucidée. Il n’en est rien ! Certes, le duo CPR a « accepté » d’être interrogé par le juge d’instruction, mais les deux députés savaient parfaitement que le juge en question a une très faible marge de manœuvre et qu’il ne pourra pas les mettre en examen puisqu’ils sont allés devant lui, sans que leur immunité ne soit levée.
Le cas de Imed Daïmi est encore plus emblématique, car ce type est un « repris » de justice. Il en a échappé une fois sous l’ancien régime et il est allé en exil en franchissant clandestinement les frontières. Après avoir bénéficié de l’amnistie de 2011, on ne sait pas vraiment ce que la justice lui reprochait il y a quelques décennies. Est-ce réellement une affaire politique, comme il le prétend, ou une affaire de droit commun ? Et quand on sait que son frère Abdelmonem, qui préside une association de bienfaisance, a touché de l’argent du contribuable d’une manière assez louche via le ministère de la Femme du temps de la CPR Sihem Badi (voir notre article à ce sujet), il y a de quoi avoir toutes les suspicions du monde.

Ces deux députés, tout comme leur consœur Samia Abbou, parlent du matin au soir de démocratie et de respect des institutions. Mais ceci n’est valable que pour les autres, pas pour eux. L’affaire que trainent Daïmi et Hrizi est grave, voire très grave. Dans un pays démocratique qui se respecte, il est impératif qu’ils soient suspendus de leurs fonctions à l’assemblée, jusqu’à ce que la justice dise son dernier mot. Il ne s’agit pas d’épingler Daïmi et Hrizi, il s’agit d’une question de principe qui devrait toucher n’importe quel député impliqué dans une affaire judiciaire non liée à des sujets parlementaires et ce, qu’il soit de Nidaa, d’Ennahdha, du CPR ou d’Afek. Cela va nettement au-delà des personnes, cela est impératif pour la construction d’une démocratie saine et d’une justice réellement indépendante.
En attendant, les médias continuent à crier dans le désert, le juge se trouve les mains liées par la législation, alors que nos deux « indignes » députés continuent à se pavaner dans l’hémicycle en donnant des leçons de démocratie aux ministres et à insulter les médias qui les critiquent sur leurs pages FB.

09/02/2015 | 15:59
7 min
Suivez-nous
Commentaires (35) Commenter
chnoua hedha BIS
GERONIMO
| 11-02-2015 00:53
Nejib!!!!!révise ton français pour bien défendre l'immunité de certains....
Politiciens ?
Tunisien
| 10-02-2015 23:15
Effectivement, ces créatures vehiculent une haine horrible contre la Tunisie. Il sèment la haine et génèrent une énergie negative a tout épreuve. Ils représentent l'échec cuisant qu'on apprécierait d'oublier au plus vite. Les Tunisiens ne sont pas dupes!
témoignage
nejib
| 10-02-2015 17:37
Un bon point pour si nizar et son modérateur. Mon commentaire n'a pas été censuré. J'en prend acte !
CHNOUWA HADHA ??
NEJIB
| 10-02-2015 16:45
Si nizar, je vous en prie relit votre article! au lieu "d'enfoncer" si imed, vous le glorifiez ! un grand monsieur qui est poursuivi par le régime ben ali (pour vous, il doit être certainement un criminel) ou un député disposant le l'umminité et qui accepte la convocation d'un juge d'instruction !!! meskina tounes !!!
@JOHN WAYNE |10-02-2015 12:09
Mêmepaspeur
| 10-02-2015 16:43
"MOHAMED ALI ARAOUI PRESIDENT"

Quand on est sincère et qu'on respecte quelqu'un on commence par respecter l'orthographe de son nom...
C'est AROUI...pas ARAOUI...

***

Je vous laisse chercher de qui est cette citation...

MPP
Bizarreris
khNeji
| 10-02-2015 15:30
Je ne peux pas comprendre comment "un journaliste"plaide pour exclure MrX ou MrY§
A quoi sert le ministère de la justice?
A quoi sert le règlement intérieure de l'ARP?
@ nizar bahloul
JE N'OUBLIE PAS
| 10-02-2015 14:38
si nizar bahloul je n'oublie pas que vous avez soutenue l'entrer des islamistes dans le gouvernement ESSID,
MOHAMED ALI ARAOUI PRESIDENT
JOHN WAYNE
| 10-02-2015 12:09
La Tunisie a besoin de ce genre d'homme pour sa sauvegarde.
Si cet homme devenait Président de la République, par son pragmatisme Bourguibien et son expérience de flic du Ministère de l'Intérieur, il sauverait le pays en moins de 6 mois même sur le plan économique.
Ce ne sont pas les diplômes qui comptent mais le Patriotisme et l'intégrité.
Le Palais de Carthage a été souillé a jamais par John McCain reçu par BCE ancien portefaix de Wassila et les islamistes Tunisiens qui servent de toutous à Moza.
La Tunisie doit foutre dehors ses diplômés qui ne servent à rien à part vendre la patrie aux étrangers.
Il faut mettre au pouvoir des flics et des soldats.
Le MIT, la Garde Nationale, et l'armée doivent prendre le pouvoir et nommer comme Ministres des officiers qui sauront maintenir l'ordre.
Le peuple Tunisien est un peuple qu'il faut mater pour son bien.
Il s'agit d'un peuple qui ne possède aucune notion de dignité ni de patriotisme.
Il faut appliquer la loi martiale et l'état d'urgence.
Les forces de l'ordre doivent ouvrir le feu et abattre toute personne qui fait usage d'arme blanche ou de cocktail Molotov, qui menace un de ses membres, ou qui saccage les biens de l'état.
Les Tunisiens ne comprendront qu'il ne faut pas nuire à leur pays en le saccageant ou en le vendant que par la simple méthode de la matraque.
Il faut foutre dehors les diplômés comme Saïd Aidi dont la tête dégénérée et hirsute prouve qu'avoir un diplôme des grandes écoles ne sert à rien.
Il faut expulser les beurres et le droit de l'hommistes et leur enlever la nationalité Tunisienne puisqu'ils ont vendu le pays en travaillant pour des ONG du Mossad.
La Tunisie est un pays malade car infesté de racailles qui n'agissent que pour des raisons d'intérêt personnel.
Une purge de la Tunisie s'impose.

F.M. Alias JOHN WAYNE
Ancien Elève au Collège Sadiki
Diplômé d'Histoire et de Sciences Politiques de l'Université Paris-Sorbonne.
Ancien Fonctionnaire aux Ministères des Affaires Etrangères et de l'Intérieur Tunisiens des gouvernements d'Habib Bourguiba et de Zine El Abidine Ben Ali.
Diplomate de carrière et spécialiste de la sécurité et du renseignement.

c'est ce qu'il faut faire
TUNIS
| 10-02-2015 10:36
je suis totalement d'accord avec vous et malgré que notre démocratie est dans ses premier pas la justice doit être appliqué pour instaurer cette démocratie et ses gents doivent être priver de cette immunité et doivent quitté "bardo" jusqu'à la déclaration final des juges
Cher NB
sss
| 10-02-2015 09:11
Tout bonnement ils n'ont pas compris: le sens de la démocratie, le sens de la responsabilité, le patriotisme, l'honnêteté et j'en passe car en fin de compte ils n'ont rien compris! en fait ils ne veulent pas comprendre! et je me demande bien s'ils comprendront un jour ! ou s'ils voudront bien essayer de comprendre ! la haine, la cupidité, la soif et la faim ont envahi leur âme donc que dire que penser mais ils oublient une chose Dieu Existe ! ils pourront passer une fois deux fois mais pas toujours ! Donc espérons que ce nouveau gouvernement réussira pour le bien de notre pays ! Que Dieu nous préserve !