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Chroniques
Hôtel tunisien cherche clients polis à déplumer
Par Inès Oueslati
30/07/2015 | 15:59
5 min
Hôtel tunisien cherche clients polis à déplumer

 Le client tunisien est l’un des sauveurs de la saison touristique 2015 ! Cela fera rire bon nombre de personnes exerçant dans ce secteur sinistré et voyant des vauriens indignes des services qu’on leur procure en ces locaux qui affluent vers les hôtels que les touristes ont désertés. Il n’y a pas si longtemps de cela, un article de presse dénigrait ouvertement les clients tunisiens. L’indignation des lecteurs s’étant massivement exprimée, l’article en question avait été retiré. La même idée a été formulée autrement par Mohamed Ali Toumi. « Le Tunisien est un client difficile», a déclaré, récemment, le président de la FTAV.

 

Pourtant, les annulations cumulées depuis les derniers attentats ne peuvent être comblées que par ces clients « de second ordre ». Depuis peu, des photos circulant sur la toile veulent démontrer l’incorrection du client local. Chambres en désordre, table jonchée de restes de nourritures… On voudrait prouver que ce prétendu sauveur est en fait un ravageur. Il serait sale, incivil, gaspilleur… Et quand bien même il aurait les moyens de se payer le service d’un 5 étoiles, il ne mériterait pas d’y être. De la pure ségrégation.

 

 

Alors pour repousser l’intrus, on pratique l’élitisme. Celui qui passe par les prix et qui n’est souvent pas le bon car éducation et argent ne vont pas forcément de pair. Celui qui s’intéresse aux prix dans nos structures hôtelières aura remarqué que très peu d’hôtels ont mis en place des réductions depuis les attentats de Sousse et la crise ayant frappé le secteur. Environ 200 dinars par personne pour un 5 étoiles, cela reste au-delà des bourses et le service souvent en deça des attentes. La faillite menaçante fait qu’au lieu d’évoluer, les services tendent à tirer vers le bas. On tente de se maintenir sur pied au moyen de solutions « pare-crise » nuisant à l’image du secteur : recrutement de personnel saisonnier non qualifié, révision à la baisse des services prodigués dont ceux en relation avec la propreté et la nourriture…

 

S’il y a une baisse à faire ce n’est point au niveau de la qualité mais au niveau des prix et des prétentions. Nos 5 étoiles méritent rarement leur classification. Le service est très souvent trébuchant et maladroit. Et le hiatus entre la quantité de marbre qu’il contient et le manque de professionnalisme qu’il recèle fait que, du côté du client, l’insatisfaction est souvent présente. On y côtoie simultanément le luxe opulent et la médiocrité du service. On y dépense des milliers de dinars et on est encore reçu selon une définition de « mérite » basée sur des critères discriminatoires.

 

Le tourisme tunisien tel que conçu dans les années 80 est, incontestablement, à reconsidérer. Dans son livre La Société de Consommation, Jean Baudrillard écrivait « Les besoins des classes moyennes et inférieures sont toujours, comme les objets, passibles d'un retard, d'un décalage dans le temps et d'un décalage culturel par rapport à ceux des classes supérieures. Ce n'est pas l'une des moindres formes de la ségrégation en société "démocratique". ». Ceci pourrait aider nos hôteliers à comprendre le décalage entre la clientèle qu’ils voudraient viser par leur prix souvent exorbitants et les attentes d’une clientèle locale moins fortunée que celle ciblée et pourtant consommatrice à souhait. Les exigences ne sont donc plus les mêmes. Le client a changé et ce qu’on peut lui offrir aussi.

 

La Tunisie qu’on qualifiait de « verte » est désormais flétrie, ses rues sales avec leurs lumières à demi-teintes dans les zones les plus touristiques sont loin d’être des atouts pour la destination qu’on voudrait relancer. Il y a quelques jours, un vol arrivant de Paris a été dévié par Djerba après l’annulation d’un vol initialement prévu pour cette ville touristique qui ne désemplissait pas l’été. Le vol pour Tunis avait duré plus de 5 heures alors qu’il n’était censé prendre qu’un peu plus de 2 heures. Le souci d’économie et de rentabilité était passé ce jour-là avant le respect du client, des engagements pris et de l’image du tourisme et du pays. Ce vol miséreux vers Tunis est à l’image du secteur touristique qui pour survivre ne voit à la baisse que la qualité de ses services.

 

Pour apprivoiser de nouveau le client étranger et ne pas rebuter le local et parce que l’Etat ne pourra pas soutenir continuellement ce secteur sinistré car sinistré, il n’est pas le seul à l’être, il faudra que des considérations soient prises pour sauver le tourisme tunisien sur les moyen et long termes. Ce qui attirait il y a des dizaines d’années attire beaucoup moins. Le client cible du tourisme de masse a changé. C’est peut-être là le décalage entre les attentes du client local et celles de l’hôtelier, entre la crise qui frappe et les prix qui ne baissent pas ou trop peu.

 

Face à ce décalage, des alternatives sont nées. Le nouveau marketing du halal a investi le secteur touristique et la niche est bien porteuse, avouons-le. L’existence à Monastir d’un hôtel réservé aux pratiquants fervents a étonné. Cela a été le cas pour les hôtels affichant une interdiction aux célibataires et d’autres n’acceptant d’accueillir que les plus de 16 ans. Discrimination, oui, mais une discrimination qui se veut créneau spécifique susceptible de bien viser pour mieux atteindre. Alors que d’autres utilisent les tarifs comme moyen de « sélection », cela continue à susciter l’indignation. Ce sont pourtant des réponses « pragmatiques » pour ce secteur souffrant. Car le secteur souffre, en effet, de prétention injustifiée, de médiocrité non assumée en plus des problèmes financiers apparents que les plans de sauvetage superficiels ne sauraient réparer.

 

 

Le Maroc l’avait mis à exécution il y a de cela quelques années, la diversification de l’offre est gage de survie. Le client tunisien que les hôtels n’attirent plus faute de sécurité, de qualité de service, d’offre satisfaisante se rabat sur le secteur informel des locations balnéaires. Un secteur qui pourrait être canalisé et rentablement contenu par des plateformes communautaires de location de logements à l’image de « Airbnb ». Dans le monde, cela devient la tendance en terme de tourisme. Les quelques maisons d’hôtes existant en Tunisie ont affiché, à leur tour, complet, depuis des semaines. Les prix ne différant pas de ceux des hôtels, mais le service personnalisé et de qualité attirent ceux que les hôtels n’attirent plus.

 

Le tourisme tunisien est frappé par une donnée internationale et une plutôt nationale : la première est à étudier pour sauver le secteur dans les prochaines années, la deuxième est à assumer au moyen d’une approche immédiate. Accepter le local en n’omettant pas qu’on n’est plus à son apogée et réfléchir à attirer l’étranger une fois la crise passée en n’oubliant pas que les exigences ont changé. C’est peut-être là la possibilité de bonnes vacances et de bonnes saisons.

Par Inès Oueslati
30/07/2015 | 15:59
5 min
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Commentaires (52)

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Une étoile est née
| 31-12-2015 16:27
A Madame la ministre du tourisme ,
Il est temps de s occuper des étoiles que les hôtels affichent et qui ne sont pas conformés à leur catégorie , Plusieurs se sont débrouillés pour gagner des étoiles parce qu'ils sont les amis des anciens ministres c est de la corruption . Il faut faire un travail de fond , vérifier les surfaces , classer vos hôtels et ensuite vérifier le service pour que le tunisien ne soit plus arnaqué .

Sadok Kenani
| 06-08-2015 19:02
Non je ne vais pas vous entretenir,ni sur le fond,ni sur la forme de cet article..lel est évident que l'auteur de ce "papier ne maîtrise pas toutes les données ayant trait à la crise que subit actuellement le secteur touristique...cependant j'aimerais rappeler á notre charmante Dame,Sue la langue de Voltaire

FARFALLA
| 06-08-2015 10:02
ahh nos hotels , c'est fantastique depuis toujours une simple avant quand tu ralais ils avaient peur , quand tu disais on verra et tu t'en vas on te rappelle des que tu tournais le dos , ou quand tu demandais la direction ou le resp au moins tu avais une reponse politiquement correcte qui te calme un peu au moins, là tawa plus peur la meme attitude dans tt les niveaux w ken 3ejbek.
là j'ai eu droit au portier qui te rit au nez avec le regard meprisant et un plein complet pour un hotel vide; je suis revenu qq jours apres mis la voiture avec sa plaque tunisienne un peu loi et lui ai parlé en français anglais ( francais tout court ca peut donner la puce a l'oreil anglais c'et pas donné "et là sourire grandiose reponse polis pourtant je suis la meme je portais la meme robe de plage et chlaka mais bon .
j'etais une fois surprise par l'acceuil a un hotel luxeux a gammarth un sourir et bien venu waw bizarrement waw pour un acces a la piscine en rentrant j'ai compris le malheur nous etions 2 filles assez bien coquettes on nous a fait entré sorte de mascotte girl pour ne ppas dire autre chose pour des client majoritairement lybien avides de filles là le regard haineux etait quand on est sorti enragée on a meme failli nous demander de payer !
une autre fois on m'a refusé la carte visa pour payer.
un regard je ne sais decrire et pfff quand tu dis non pas d'alcool SVP , alors qu'en france quand je le dis on s'excuse et me rapport tt autre choix sauf alcool avec un sourire stupefiant
je confirme que le tunisien est dificile oui et que certains de ces comportements sont incivic mais c'est aussi le cas pour les etrangers aussi mais a7la 3la 9loubhom mil 3sal .
on pourrait essayer de mettre en place un systeme de blame ou avertissement pour ceux qui sont incivic ou autre cela permet d'etre soouriant avec tout le monde puis changer professionnelement d'attitude selon l'incivisme ou impolitesse de la personne avec des dedomagement a payer s'il le faut . mais non on prefere les prejugé.
mais croyez moi ne parlez pas arabe parlez francais correcte et les portes souvrent el 3eez si vous parlez anglais ou espagnol vous verrez que des sourire et welcome bon j'ai le petit avantage d'avoir un air espanique au look et accent parisien ce qui m'aide a me faufiller a l'entrer puis les choquer en arabe une fois a l'interieur mais de ma part j'estime que je suis assez poli et civique et genereuse donc generalement je laisse bonne impression pour un tunisien selon leurs dire

S.citoyen
| 05-08-2015 09:35
pour des décennies grâce à l'argent détourné , les perdants sont les travailleurs

saidaajbouni
| 03-08-2015 16:31
Mme Oueslati bonjour, j'attend depuis ce matin la publication de mon article intitulé "Ya miz'yan min barra, ich'halek min da'khil". Voyez vous d'objection à celà ? Merci

olympien
| 03-08-2015 11:46
Je ne pense pas que tout ce qui se consulte via google, soit en rappor avec les "merdolutions" récentes !! le monde ne tourne pas autour des évènements "Arabes". Faut éviter la parano !! Les sources consuktables sur google, sont dignes de foi, comme étant gvtales ou autres.Ceci dit, je préfère moi aussi l'anisette blanche, le raki, l'ouzo, l'arrak etc...Boit ce que tu veux à ma santé, y compris de la sabrine "verre" !! Ce sera toujours sympa !!PS LA France est vraiment la 1ère destination touristique au monde, c'est un fait, je n'en tire aucune gloire personnelle. Ce n'est pas grâce à Moi.

Brin2Folie
| 03-08-2015 08:37
Je ne comprends pas pourquoi les tunisiens payent 200DT/pax un hôtel qui les méprise et qui est loin des standards de base, depuis 2011, je boycotte les hôtels tunisiens (et je me paye rarement un resto), cela me permet de voyager TOUS les ans au Maroc ou en Serbie pour le même budget, la qualité de service et le dépaysement en plus. Certains diront que je ne suis pas patriote, quand les commerçants le seront, on verra bien pour moi

saidaajbouni
| 02-08-2015 21:57
Restons humbles et gardons les pieds sur terre s'il vous plait ! A entendre tout ce tapage, on se croirait les maitres du tourisme mondial ! La Tunisie est un tout petit pays, en moyenne 800 milles touristes par an, un service reconnaissant le : tres médiocre, une animation au sein de l'hotel oubien en ville quasi nulle, la restauration rien de particulier à deguster à part le "complet poisson", les sites historiques sont pratiquement deserts, ou visités à la sauvette, notre infrastructure routière est dangereusement lamentable, hygiene et propreté font défaut, etc..etc... Voilà en bref le tour de passe-passe touristique et ce depuis les années 70 !!! Nous avons peut etre oublié durant un temps assez long qu'il existait des milliers de concurrents et de destinations intere- ssantes à travers le monde, avec un excellent rapport qualite/prix... Donc finalement, ce que retient le visiteur etranger se limite à sa plus simple expression : une "balade" à dos de chamelle, et le fameux thé à la menthe (de l'eau sucrée)... Certes ce clichet a montré ses limites depuis une bonne décenie déjà ! mais on s'obstine à traire un "boeuf"... Non, je ne fais allusion au touriste local ! Je ne me le permettrais pas...

nazou
| 02-08-2015 20:36
J'ai une confiance très limitée en tonton Google.
Mais alors plus que limitée la confiance !
Vu que ce connard de tonton Google est très pro merdolution arabes !!
Pour le coup de jaune, je ne suis pas pastis du tout, rien que l'odeur beuuurk.
Mais vous avez le droit d'apprécier, et même d'adorer !
A la bonne votre.

olympien
| 02-08-2015 20:02
Ben oui Nazou, moi je suis MARSEILLAIS pure souche, et je te confirme qu'en 2013 il y a eu 84,7 millions de touristes ETRANGERS en France !!!!! Demande à tonton GOOGLE, et bois un bon jaune à ma santé !!