alexametrics
vendredi 26 avril 2024
Heure de Tunis : 01:08
Chroniques
Ghannouchi joue gros dans l’affaire Mustapha Khedher
Par Sofiene Ben Hamida
13/01/2019 | 15:16
4 min
Ghannouchi joue gros dans l’affaire Mustapha Khedher

Par Sofiene Ben Hamida

 

Pour la première fois depuis le déclenchement de l’affaire, le président du parti Ennahdha, Rached Ghannouchi , s’est expliqué à la fin de cette semaine pour finalement, confirmer le désarroi du parti islamiste et de ses dirigeants, face à un dossier qui met tout l’édifice qu’ils ont mis en place depuis huit ans en danger. Mais le plus grave pour le chef du parti islamiste, c’est que cette affaire pourrait le mettre directement en cause, fragiliser sa position à l’intérieur de son propre parti et anéantir tous ses efforts consentis, à l’échelle nationale comme sur le plan international, depuis des années.

L’affaire de l’organisation sécuritaire secrète d’Ennahdha dans laquelle apparait Mustapha Khedher comme un maillon central a été révélée presque par hasard. Le dossier avait été minutieusement dissocié du dossier des assassinats politiques des deux martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. C’était une stratégie élaborée pour « noyer le poisson ». Mais c’était sans compter sur une part de hasard et une grande part de ténacité de la part du collectif de défense des deux martyrs. C’était aussi sans compter sur les maladresses commises dans la gestion de ce dossier dés son déclenchement et qui ont fini par accumuler les indices qui ont conduit à l’éclatement de cette affaire dans sa nouvelle dimension.

La première maladresse était de banaliser l’affaire au départ au point de juger Mustapha Khedher pour possession de documents sécuritaires sans plus. Son emprisonnement pour huit ans devait l’éloigner des regards indiscrets et étouffer l’affaire. Cela n’a pas été le cas.

La seconde maladresse était de penser qu’on pouvait agir librement au sein du ministère de l’Intérieur au point de séquestrer des documents, ne pas les remettre aux mains de la justice et les garder en « lieu sûr ». Il s’est avéré que malgré les infiltrations, le ministère de l’Intérieur continue à se cramponner à des valeurs républicaines et comme l’a si bien dit Rached Ghannouchi lui-même, la police n’est pas garantie. C’est grâce au courage des cadres de la police et à l’attachement aux valeurs républicaines que l’existence de la chambre noire, niée pendant des mois, a fini par être dévoilée.

La troisième maladresse, assumée directement par Rached Ghannouchi, était de résilier unilatéralement l’alliance qui liait le parti islamiste avec le président de la République, un vieux routard de la politique, qui se devait de faire payer au prix fort à ses anciens alliés, le prix de leurs « trahison ».

Le mérite du collectif de défense des deux martyrs est d’instruire minutieusement son dossier. Ce mérite a été relayé par le courage du magistrat saisi du dossier, ce qui a conduit dans un premier temps à confirmer l’existence de la chambre noire et à saisir son contenu, puis dans un deuxième temps d’impliquer directement Mustapha Khedher dans l’assassinat de feu Mohamed Brahmi.

Le désarroi des islamistes s’explique par ces développements  auxquels ils ne s’attendaient pas. Leur première réaction était d’ailleurs d’affirmer que c’était une manœuvre de plus de la part du front populaire qui n’a aucune chance d’aboutir. Meherzia Laâbidi est même allée à affirmer que l’affaire Mustapha Khedher a permis à son parti d’élargir sa base par dix huit mille nouveaux adhérents. Comme si l’implication dans des affaires de meurtres était un argument attractif pour les islamistes.

En deuxième phase, les déclarations des dirigeants islamistes se sont concentrées sur la non appartenance de Mustapha Khedher au parti Ennahdha. Seulement, beaucoup d’indices prouvent le contraire, notamment les photos le montrant en compagnie des dirigeants d’Ennahdha ou faisant sa prière derrière un ministre nahdhaoui, au sein même du cabinet de son ministère.

Face au peu de crédibilité accordée aux déclarations de ses lieutenants, Rached Ghannouchi a été contraint de monter lui-même au créneau. Usant de son « autorité morale », il reprend les arguments des lieutenants ajoutant que les documents sécuritaires saisis chez Mustapha Khedher étaient faciles à se procurer au début de la révolution. Seulement, il ne s’agit pas seulement de documents sécuritaires mais surtout de notes, de rapports d’un groupe exerçant sous ses ordres et de matériel d’espionnage qui ne sont pas à la portée de tout le monde.

En réalité, la décision de Ghannouchi de réagir est dictée par des raisons autrement plus personnelles. En premier lieu, l’apparition du nom d’un certain Daghsni dans le dossier. Il semble que c’est ce dernier qui a fourni à Khedher l’appareil de destruction des documents, qui s’est miraculeusement volatilisé dans les locaux de la police. Or, il parait que ce Daghsni est lié à Ghannouchi par des liens familiaux proches ce qui met ce dernier dans un embarras certain.

Mais il ne s’agit pas que d’embarras. La confirmation de l’implication de Daghsni dans l’affaire Khedher et l’implication de ce dernier dans les assassinats politiques met Ghannouchi directement en cause. Etant le président d’Ennahdha, il devait être l’un des rares parmi la direction de son parti, sinon le seul, au courant de l’existence de l’organisation sécuritaire secrète et de ses agissements. Les liens de parenté avec Daghsni le mettent parmi les fidèles les plus sûrs sur qui il peut compter.       

 

Par Sofiene Ben Hamida
13/01/2019 | 15:16
4 min
Suivez-nous

Commentaires (20)

Commenter

Mohamed Bennour
| 26-01-2019 12:50
Bonne analyse. Mais Ennahdha semble dans l'impunité totale

Maher
| 15-01-2019 15:27
Je ne suis pas certain de ce qu'avance Sofien dans cet article, j'ai même quelques réserves sur certains points (la connaissance de quelqu'un, ou le lien de parenté avec lui ou encore la prière derrière quelqu'un n'est pas une preuve en criminologie à mon avis) de toutes les façons il appartient à la justice de le confirmer ou de l'infirmer si elle se veut digne de ce nom : JUSTICE
Mais une chose est ceratine: à chaquefois qu'une affaire de ce genre éclate au grand jour les partisans d'Ennahdha se précipitent pour accuser son auteur ou son révélateur d'être JABHEOUI ou d'islamophobe ou d'ancien régimiste etc......., à penser sérieusement qu'ils sont piqués au vif.
Lorsqu'on est innocent, on répond sur le fonds et on porte plainte pour diffamation, choses qu'ils ne font pas.
S'ils ont crée cet appreil, ils doivent assurmer leur acte et si quelqu'un a participé dans un acte criminel il doit répondre de ses actes devant la justice humaine.en attendant la justice divine.
Continuer ce cirque de défense obsolète par des qualificatifs mesquins ne fait que nuire davantage à leur image déjà floue.....
Enfin , il ne faut pas oublier que quelque soit la véracité de cette affaire, son "traitement" sera toujours tributaire d'un accord entre BCE et Ghannouchi qui -rappelons le- a "redemandé la main" de bejbouj ces derniers temps, BCE pour qui la radiation de Youssef Chahed passe en priorité , est toujours prêt à négocier un accord, sachant que la vengeance est un plat qui normalement se mange froid, il pourra très bien reporter cette affaire pour -d'abord- règler ses comptes avec Chahed, qui -rappelons le aussi- a pêché en se fachant avec Hafedh.

Cassius Clay
| 15-01-2019 14:39
Daghsni est le parent de Ghannouchi. Troublant en effet ! Mais être coupable n'implique heureusement pas que sa propre famille le soit, et c'est la base même de la justice . Et ainsi que tout le monde le sait, Lee Harvey Oswald avait été un réfugié politique américain en Russie, il avait épousé une soviétique, et après Dallas la commission d'enquête n'avait pas impliqué le KGB ; pas plus d'ailleurs que la CIA ou le FBI . Est ce que Ghannouchi est coupable de ce qu'on lui reproche? si cela est vrai, certainement , mais cette conviction repose non sur des preuves , simplement sur le sentiment que le personnage est capable d'avoir orchestré cette machination, et même qu'il pourrait en faire plus ! Seulement, il est des vérités qui dérangent la raison d'état , ou sa déraison. Et par déraison, c'est avant tout l'embrigadement des milliers de jeunes dans Daech, dont il s'agit. Or on préfère apparemment en haut lieu accorder le bénéfice du doute sur des faits toujours hypothétiques, que juger en toute certitude ! c'est politiquement, plus rentable; et surtout moins périlleux .

UNE OPINION
| 14-01-2019 15:54
Il y a du bon sens sur ces révélations solides et bien argumentées. RCHID GHANNOUCHI est préoccupé par les affaires politico/ judiciaires , et( surtout) par l'ambiguïté et les hésitations de YOUSSEF CHAHED. Brutus n'a pas encore enterrer le père, un retournement de situation est encore possible ce qu'il redoute le plus GHANNOUCHI.

eshmoun
| 14-01-2019 14:25
car ainsi présenté çà se tient ; mais alors comme disait Jean Cocteau "qu'on l'attrape et qu'on l'enc..." ....qu'en termes angéliques c'ces choses son dites! "la cuisine des anges" quoi !

HatemC
| 14-01-2019 11:08
@ lecteur; quand on critique nahdha un parti religieux on devient islamophobe, c'est trop facile de coller des étiquettes sans argumenter ...

@ naif, tu es un partisan islamiste contrairement aux tunisiens qui sont partisans de la TUNISIE ... c'est la différence entre les partisans islamistes et les Tunisiens ...
Quand il est démontré que Nahdha et la période de la Troika ont été désastreuse @ tout point de vue, économique, sociale ( divisions), terrorisme, assassinats ... tu es amnésique par stupidité partisane, les LpR ont été des enfants de coeur, les assassinats c'est bien sous l'ère de la Troika, l'attaque de l'ambassade US c'est sous la Troika, les attentats c'est sous la Troika, les crimes les plus odieux contre des soldats c'est sous la Troika ... et j'en passe ....

Les analystes et journalistes qui cibles la Troika et Nahdha comme les seuls responsables deviennent bien sur soit islamophobe et / ou des clowns ... et je te cite "des minables incompétents, simple fabrication médiatique dont le seul but est de nuire à la troika " ...
Toujours cette satané VICTIMISATION des islamistes ...

La justice a été saisi, encore une amnésie, Khdher est bien fi galbou et les autres petites mains sont en taule et condamné à mort, les TUNISIENS veulent l'arrestation des marionnettistes, les commanditaires ... c'est eux les coupables, ils ont abusé de la crédulité d'imbéciles @ qui ils leur a été miroité des plans sur la comètes et on voit bien qu'ils sont les fusibles ... d'ailleurs même toi le partisan de la secte qui semble être un fervent, serai lâché et abandonné à ton triste sort, les gros bonnet c'est connu, ils ont tissé leur toile ailleurs au cas où ça tourne mal pour eux et ça arrivera mais toi, tu répondras pour cette secte .... tu n'a spas retenu la leçon du passé ? Il faut être PARTISAN DE LA TUNISIE et non de ridicules types qui te mène par le bout du nez en agitant le Coran .... c'est ainsi yé naif ... d'ailleurs ton pseudo te vas si bien ... HC

Lecteur
| 14-01-2019 10:30
Votre islamophobie viscerale et maladive vous pousse apparament a dire n importe quoi! Une pseudo analyse pathetique!

jemjem
| 14-01-2019 09:17
ECHARFIA VIEND DU CHARAF HONNEUR
Honneur à toi Soufiène d'avoir osé nous donner ton point de vu avec détail fondé sur de la vérité rien que la vérité
Bravo kerkenna

M. M. Ghanouchi
| 14-01-2019 07:41
N eut été le soutien jusqu'à ici des occidentaux et particulièrement des USA aux islamistes partout dans le monde et le peu de patriotisme d une categorie de tunisiens hélas nombreux, qui sont opportunistes, cupides traitres et envieux, ennahdha n aurait jamais pu percer en Tunisie. Ces gens là, les frères musulmans, sont parmi les pires que l on puisse retrouver sur cette terre et ce, pour la bonne raison qu Ils sont capables de tout et meme du pire. Il n est donc pas étonnant avec ce cocktail d arriver à une situation aussi désastreuse qu'i n a que trop duré.serait ce enfin le bout du tunnel?
A mon sens oui car plusieurs facteurs l indiquent:
Tout d abord la dénonciation très claire faite par Jacob Welles l ancien ambassadeur des USA en tunisie durant la période de la troïka ensuite l arrivée du nouvel ambassadeur qui est un ennemi farouche des integristes et qui a promis de traiter ces affaires de l attaque de l ambassade à Tunis et de l envoi des criminels en Syrie et enfin la décision de Beji des islamistes qui n est pas fortuite mais préparée conjointement avec les USA sans, cette fois ci mettre au parfum, comme cela se faisait avant, rached khriji, qui, de ce fait s est trouve isole pour la première fois depuis 2011, ne gardant que le soutien de la Turquie et peut être encore du Qatar.
Tous ces éléments sont de bonne augure et nous préparent à la fin de cette secte à la veilke de nouvelles elections, qui verront les khwenjias affaiblis comme ils ne lbont jamais été depuis 2011.
Ceci sans compter que:
Abdelhakim belhaj lzur ami libyen, a été arrete en libye
Que bashar Assad a gagne cette guerre contre les allies des islamistes dont ennahdha
Et en fin que les soutiens indéfectibles de rached khriji ont peu à peu quitte la scène politique internationale outre erdogan dont le sort dépendra des conflits actuels avec les kurdes au sud de la turquie et des pourparlers qu il a avec la Russie et les USA actuellement.
Le sort de rached khriji est scellé à terme et n est pas sans rappeler celui de son ami morsi en '?gypte. Réjouissons nous donc de voir enfin en tunisie la fin bientôt de ce drame qui dure depuis 8 ans et qui a détruit notre pays dans tous les secteurs.

Pourquoi faire
| 13-01-2019 23:48
Dans le pire des cas, il fera comme le petit Riahi, il retournera chez lui à Londres.
Il travaillera de la bas comme De Gaulle (rires) il y a plus d'un demi-siècle !
Pauvre Tunisie, aucun pays ne mérite cela !