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Tribunes
Et la Nation dans tout ça ?
06/02/2015 | 16:21
5 min
Et la Nation dans tout ça ?

Par Mahmoud Bouneb*

Après des élections législatives et présidentielle libres et exemplaires où les électeurs se sont clairement exprimés en faveur d’une alternance démocratique, nous voici très vite revenus à nos vieux démons, nous montrant totalement incapables de discerner l’intérêt supérieur de la Nation et de la Communauté Nationale des petits intérêts politiciens et partisans des différentes composantes de la scène politique nationale, une scène qui ressemble de plus en plus à des épiceries de bas quartiers…pour ne pas dire autre chose.

Quelle médiocrité! Quelle nonchalance et quelle mauvaise foi? On n’a jamais vu ça même aux pires moments de la déchéance de l’âge d’Habib Bourguiba ni même des pratiques mafieuses du régime Ben Ali.

Imaginez toutes les moqueries que vont écrire les chancelleries à leur gouvernement sur la composition de ce fameux 1er gouvernement (historique) de la 2ème République!

Comment les diplomates étrangers vont-ils analyser la nomination du Secrétaire Général de Nidaa Tounes, et ancien Secrétaire Général de l’UGTT à la tête de la diplomatie Nationale? Un homme que la plupart des Tunisiens auraient souhaité voir à la tête d’un Super Ministère de l’Education, de l’enseignement supérieur, de la recherche et même de la culture avec rang de Ministre d’Etat ou de vice Premier Ministre! N’a-t-on pas perdu avec sa nomination aux Affaires Etrangères une compétence sure et reconnue à l’éducation pour gagner un diplomate amateur et effacé? Quel gâchis!

Et cette jeune et très charmante Secrétaire d’Etat aux « blessés de la révolution » ? Pourquoi a-t-elle accepté que la mémoire de son frère, martyr et héros de la Nation, soit ainsi l’unique raison de sa présence au Gouvernement? C’est au moins ce que l’opinion publique perçoit en premier. Cette jeune femme digne et déterminée est malheureusement utilisée à des fins politiciennes par des politiciens aux abois, en faillite d’idées et de solutions.

Quant au ministre de l’emploi et de la formation professionnelle, c’est la nomination politicienne par excellence. Ennahdha n’a pas trouvé mieux que son jeune porte-parole pour s’assurer une présence continue au gouvernement. Est-il possible que le parti qui est arrivé 2ème aux législatives en nombre de sièges se contente ainsi d’un fauteuil unique et 3 strapontins pour donner sa caution à un gouvernement sans projet, sans vision et sans crédibilité aux yeux de l’opinion?

Inutile de poursuivre cette partie d’auto-flagellation sur les profils des tenants de nombreux portefeuilles ministériels, d’ailleurs tous des gens honorables et probablement au-dessus de tout soupçon sur le plan personnel, y compris le premier d’entre eux, mais il ne s’agit pas là de choisir des gendres ou des amis.

Il s’agit de désigner des femmes et des hommes capables d’être au service de tous les Tunisiens, de leur redonner confiance en eux-mêmes, en cette période trouble et incertaine de notre Histoire, espoir en leurs moyens, ayant les compétences requises pour répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain. La sécurité, l’emploi, les équilibres régionaux, l’inflation, l’éducation, la santé, la culture, la diplomatie…et le retour au travail.

Dans un système démocratique, un ministre est en charge d’une mission politique. Il a d’abord un rôle d’impulsion et de mise en œuvre de la politique gouvernementale pour dégager des résultats, et il a trois fonctions principales. Tout d’abord, il doit gérer l’administration de son ministère et être le patron et le repère de ses collègues fonctionnaires, ensuite, il doit connaître ses dossiers pour pouvoir les étudier et les défendre en cohérence avec l’intérêt général, et enfin porter une certaine légitimité politique.

Cette dernière fonction l’oblige à une solidarité gouvernementale infaillible, à dire la vérité aux citoyens et à mettre en œuvre tous les moyens disponibles au service de la communauté nationale afin d’obtenir des résultats qui répondent aux besoins et aux aspirations des citoyens.

Malheureusement avec ce gouvernement, on est passé à côté. Et cela n’est pas dû à des considérations d’ordre politique ou idéologique mais à l’incompétence, l’égoïsme et les archaïsmes de ceux qui font de la politique, à quelques rares exceptions.

Tous ne semblent être animés que par l’ambition immuable de se profiler, se servir et être au-devant de la scène. Ils s’en foutent de servir. C’est devenu presque génétique chez eux, le pouvoir n’est et ne peut être qu’un butin à partager. Rien d’autre. On l’a bien vu sous la troïka, et cela semble continuer de plus belle sous le gouvernement actuel.

Le Président de la République, qui reste au-dessus de la mêlée, mais qui assume avec son ancien parti la responsabilité des incohérences de ce gouvernement, ne semble pas être en mesure de sortir le pays du piège dans lequel il vient de s’enfoncer. Ni lui ni le gouvernement ne semblent être capables de faire évoluer le système politique tunisien coincé aujourd’hui entre une majorité parlementaire qui manque d’harmonie et de cohésion, et un président de la république sans grande marge de manœuvre à part celle de gérer le statu quo et maintenir une façade de concordance…de «cohésion nationale».

Cette situation de stagnation et d’étouffement n’est pas le résultat d’un choix politique mais plutôt d’une incompétence à gouverner et un manque total de métier et d’expertise dans la gestion des affaires de l’Etat.

Aujourd’hui, que ce soit à la présidence de la République ou dans de nombreux cabinets ministériels, les hauts fonctionnaires de l’Etat ne sont ni de droite ni de gauche, ni Nidaa ni Ennahdha, ni UPL…, ils sont le plus souvent des femmes et des hommes sans repères, sans vision, sans expérience et souvent arrogants et imbus d’eux même, ce qui n’arrange rien.

Pour ce premier gouvernement de la deuxième République, le président, le chef du gouvernement, mais aussi la majorité parlementaire qui vient de voter la confiance à ce gouvernement, devraient, très vite et très sérieusement, revoir leur copie et leur méthode d’exercer le pouvoir à la tête de l’Etat. Il y a le feu dans la maison.

06/02/2015 | 16:21
5 min
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Commentaires (20) Commenter
Bientôt mars...
Mansour lahyani
| 22-02-2015 11:57
...et, du retour de Mahmoud Bouneb au pays point de nouvelles ! Il était pourtant (étrangement) programmé pour "bientôt", depuis trois mois... L'aurait-on oublié en route ? Mongi Hamdi devrait être appelé à la rescousse, pour froncer les sourcils... et sommer les Qataris de, enfin, tenir leur promesse, une fois...
SOS..leave the sinking boat...rats last of course
ftouh
| 21-02-2015 14:08
apprenez la natation chers tunisens (et tunisenne)s et futur(e)s peuple de daech..c' est un hadith sur la natation et le tir a l' arc et les hsonas(equitation).
Prenez avec vous sufisament de bsisa avec vous ..et nagez vers Lampedusa ..bientot les ritals vont tirer sur les intrus(ou intruses..memes enceintes ou avec des bebés) ..bref no future for you in tunisia ...un reve est devenu cauchemar .save your souls.J 'espere qu j' aurais tort..mais sait on jamais
bravo l ami de berne
zorba
| 12-02-2015 13:19
je partage entierement cette analyse tres objective; bcp de competences laissees a l ecart pour plaire a x ou a y;que dieu preserve notre cher pays


@Citoyen Tunisien |08-02-2015 13:33
Bourguibiste nationaliste
| 08-02-2015 14:41
Comment pouvez-vous parler de "patriotisme irréprochable" chez quelqu'un qui a travaillé pour le Qatar ? Pourriez-vous m'expliquer et m'éclairer?
Une analyse qui démontre un patriotisme irréprochable
Citoyen Tunisien
| 08-02-2015 13:33
Monsieur Bouneb,

A travers vos phrases je m'identifie j'ai la sensation de lire mes pensées, mon opinion et je partage avec vous les mêmes soucis par rapport à ce gouvernement sur la manière avec laquelle il a été fabriqué et construit.

Beaucoup d'incohérence, de marchandage, d'égoïsme, de subjectivité le tout assaisonné par une sauce aigre douce composée de manque de rigueur, absence de professionnalisme, après moi le déluge, mon intérêt passe avant.

Il est clair donc que ni Sebsi ni Ghannouchi pourront répondre pro-activement aux contraintes auxquelles est soumis le Pays.

Au plaisir de vous revoir très bientôt parmi vos proches en Tunisie.
Flagellation
MONTAIGNE
| 08-02-2015 11:48
Merci BN d'avoir publié ce commentaire de MB.Il m'a personnellement
éclairé sur la réalité d'un personnage que je prenaisréellement pour un "Journaliste" opprimé et injustement poursuivi à l'étranger.Au vu de ses propos tendancieux et de la planitude de son approche quant aux prestations d'un gouvernement qui n'a meme pas entamé pratiquement son mandat , je change d'avis.De qu'elle école de journalisme sort-il?". Le syndicat des journalistes qui s'est acharné à le defendre devrait réviser son attitude . Ce Monsieur n'est pas un homme du métier et il ne le sera probablement jamais.Je comptais personnellement partager la joie de son retour prochain(parait-il) C'est grace à vous,BN que je ne le ferai jamais et.Merci de m'avoir épargné une séance d'autoflagellation"morale.
Une analyse pertinente...a evaluer dans cent jours!
SamiraBA
| 07-02-2015 17:03
Mr. Bouneb a fait son analyse du processus de formation du premier Gouvernement de la 2eme Republique et je la partage entierement. Ce qui est frappant Ce sont les insultes et commentaries desobligeants de certain lecteurs, peu inclins a accepter des opinions contraires aux leurs. On ne batit un pays de droit, de respect de citoyens, et democratize avec des gene peu tolerant et irrespectueux. SVP, repondez aux arguments de Monsieur Bouneb, en apportant des arguments qui les contre disent et non se fixer Sur la personne!
"El'met'farrej farès" !
Abou Walid
| 07-02-2015 16:18
"Le spectateur est un chevalier émérite", comme l'énonce une sentence tunisienne précisément, et le fait d'être un expatrié longtemps n'aide pas à une bonne appréciation des choses (événements et contraintes) et encore moins à une bonne visibilité de la scène politique !
quelle négativité, fils d'Aljazira du Qatar
7ay
| 07-02-2015 13:01
Mr le superman auriez-vous l'intention de venir vous même rayonner par votre génie acquis à Aljazira et le qatar. La force du pays est dans son administration et dans la société civile Mr le conseilleur. Vous êtes allés à Aljazira, certainement pas par patriotisme ou par admiration pour sa ligne destructrice du monde arabe. N'oubliez pas que êtes meurtris, alors dégagez un peu d'humilité et de galanterie et n'insultez personne.
Mr. Bouneb, vous n'avez rien à cirer en Tunisie
italiana berbera
| 07-02-2015 12:01
Un ex-journaliste d'Al Jazira, qui critique Ennahdha, serveur du Qatar comme lui même, c'est une honte.
BN arrêter de publier les articles de ce traître, il y a sûrement en Tunisie des gens de valeur qu'ils savent mieux écrire que ce Mr. Qu'il prépare ses valises pour l' Arabie saudite et nous épargne ses banalités.