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Entre citoyens et fonctionnaires, une histoire sans fin…
02/08/2015 | 16:49
4 min
Entre citoyens et fonctionnaires, une histoire sans fin…

Si nos fonctionnaires pouvaient mettre autant d’énergie à nous en faire voir de toutes les couleurs lorsqu’ils doivent nous servir, la Tunisie se porterait mieux. En effet, avec un fonctionnaire en tong, une polémique autour d’un voile chez Tunisair, des agents de l’Etat qui enlèvent la pancarte d’affichage des horaires et autres, on a de quoi faire un vrai best of.

 

Dernier « dépassement » en date. Nous sommes à Monastir, il est 12h55. De simples citoyens se rendent à l’Agence technique des Transports terrestre. Mais voilà, les fonctionnaires de l’agence ne le voient pas ainsi. Ils ont en effet décidé de retirer la plaque affichée à l’entrée, indiquant les horaires d’ouverture et de fermeture de l’agence… On s’est tous déjà fait virer pour être arrivé 5 voir 10 minutes avant la fermeture. Mais là, il faut avouer qu’avec 35 minutes, c’est l’ATT qui atteint le record.

 

Quelques jours plus tôt, une vidéo a été publiée sur les réseaux montrant un fonctionnaire de la SNCFT en train d’aimablement répondre à un client. Ca ne suffisait pas d’avoir à supporter leur retard, leurs grèves incessantes pour un oui ou pour un non, on doit maintenant supporter et leurs grossièretés et leurs insultes… bienvenue en Tunisie. Pour tenter de limiter les dégâts, la SNCFT a réagi le lendemain en promettant qu’une enquête serait ouverte à l’encontre du grossier agent. La société note dans son communiqué qu’elle ne laisserait aucun de ses agents porter atteinte à sa réputation et sa notoriété dans le service client. Toutefois, comme dans plusieurs autres situations, l’ouverture d’enquêtes administratives ne garantit pas la disparition de certaines pratiques. Il est à noter également que enquête administrative ne veut pas forcément dire sanctions disciplinaires.

 

Un peu moins méchant, mais tout aussi inacceptable, la tenue de certains fonctionnaires. Début juillet, un agent de la CNAM se présente en tenue du dimanche, jogging et tong. Alors, on aura beau dire que c’est à cause de la chaleur, de Ramadan et compagnie, ce monsieur est normalement payé et pour servir les citoyen, et pour représenter l’Etat.

 

On ne peut évoquer les dépassements des agents de l’Etat sans mentionner ceux des policiers. Pendant le mois de ramadan, à Monastir, une escouade de police a été envoyée pour procéder à la fermeture d’un café qui était ouvert pendant la journée. Outre le bienfondé douteux de cette démarche, des images de vidéosurveillance ont montré le directeur du district violenter une jeune femme. Il l’a giflée, cassé son téléphone et copieusement insultée. Le ministère de l’Intérieur a réagi assez rapidement pour limoger la personne impliquée.

 

S’il y a une constante dans toutes ces anecdotes, c’est la prise de décision des autorités quand ces malheureux événements sont rendus publics. On pourra ajouter l’exemple du ministre de la Santé, Said Aïdi, qui a diligenté une enquête au sujet d’un vieil homme négligé à l’hôpital de Nabeul après que la vidéo du même vieil homme ait créé le buzz sur les réseaux sociaux.  

 

En avril, l’association tunisienne de lutte contre la corruption nous donnait quelques chiffres intéressants. Tout d’abord, au lieu de travailler 8 heures, comme normalement convenu, une étude a montré que les fonctionnaires travaillent 8 minutes par jour. Elle indique aussi que sur les 800 000 fonctionnaires tunisiens, on à un taux d’absentéisme record de 60% ! Sans compter ceux qui pointent, sans pour autant être présents…

 

Il y a quelques jours, Brahim Missaoui, président de l’association demandait que Facebook soit interdit d’accès par les fonctionnaires lors de leur temps de travail. Pourquoi ? Parce que selon une étude récemment réalisée sur le comportement des fonctionnaires dans les établissements publics, les fonctionnaires de l’administration tunisienne y consacreraient un tiers de leur temps passé au bureau.

 

Le problème de la productivité au travail est un problème qui concerne tous les travailleurs. Il se trouve particulièrement accentué au niveau des structures publiques. Même si le fait que l’administration tunisienne compte de réelles compétences en son sein, il n’en reste pas moins qu’obtenir un certificat ou refaire ses papiers peuvent se transformer en parcours du combattant.

 

Cette nonchalance est due à la quasi-absence de punitions réelles en cas de dépassement. Il faut ajouter à cela la certitude des fonctionnaires de ne jamais être renvoyés de leur travail comme cela pourrait arriver dans le privé en cas de faute grave avérée. Le gouvernement en place tente de donner l’exemple en montrant une certaine fermeté. Habib Essid n’a pas hésité, lui-même, à ordonner des limogeages en cas de dépassements. On pourrait également citer le cas de Said Aïdi, ministre de la Santé, qui a procédé à plusieurs limogeages après une visite inopinée à Sfax. Toutefois, le phénomène ne pourra être réglé avec des limogeages ponctuels. Il faudrait refondre la loi concernant la fonction publique pour tordre le cou à la maxime « un clou dans un mur » qu’on sort quand on parle de la fonction publique. Mais là il faudra se mettre à dos l’UGTT, le gouvernement Essid ne semble pas avoir les reins assez solides…  

 

Cherine Zgaya Bouzouita

 

 

 

02/08/2015 | 16:49
4 min
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Commentaires (22)

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Crow
| 05-08-2015 12:31
La nonchalance, la corruption et le non respect sont devenus la norme dans ce pays. Il faut dire aussi quel'on entend parler de ces "affaires parce que les gens osent s'exprimer, chose qui était impossible avant le 14/01. Merci les réseaux sociaux qui de médiatiser ces affaires.

Solar
| 03-08-2015 18:00
Un fonctionnaire tout comme n'importe employé même dans le secteur privé, s'il:
- n'est pas rémunéré sur objectif, au moins concernant l'augmentation du salaire et la prime annuelle
- n'est pas contrôlé par un système de suivi quotidien d'activité par son chef supérieur
- si son chef supérieur ne s'applique pas à lui les deux points ci dessus
- s'il traite des dossiers qui ne sont pas tracés (workflow entre différentes administration, ministères et autres intervenant...)

==> Rien ne changera

rayan benne
| 03-08-2015 15:50
tel père tel fils: ces fonctionnaires ne sont que le miroir et le reflet logique du Gouvernement, ici en l occurrence le Gouvernement tunisien.
L une des causes en Tunisie est qu il y a trop de fonctionnaires, de un l un compte sur l autre pour effectuer le travail et de deux ils grignotent et engloutissent le budget de l Etat.
le remède:
- 1) Congédier la moitié des fonctionnaires il y en a de trop, prenons un exemple la Belgique qui a le même nombre d habitants n a que 320.000 fonctionnaires ( quelle différence!!! ).
-2) Une surveillance accrue: des contrôles et des contre contrôles.
- 3 ) Des sanctions sévères, il ne faut pas aller avec le dos de la cuillère, ça n arrange rien.
- 4) Privatiser ce qui pourrait l être.

Rationnel
| 03-08-2015 13:21
Les bureaucraties sont inefficaces par nature et sont le refuges des partisans du moindre effort. Trop de bureaucratie tue et c'est la situation qu'on vit. Les 800 000 bureaucrates suffoquent l'économie. La bureaucratie n'est pas une activité productive et avoir une grande proportion de la population engagée dans une activité non productive tue l'esprit d'initiative, réduit la productivité et le niveau de vie de la population. Ce n'est pas seulement un fardeau mais un frein aussi.

Il est temp de decider si des contrôles bureaucratiques sont vraiment nécessaires, est ce qu'on a besoin de se rendre a une municipalité pour avoir un papier quelconque si ca peut se faire online beaucoup plus facilement? Une facilitation des procedures et un re-engineering des processus. Une libration des échanges et moins de contrôles administratifs, les contrôles administratifs sont inutiles dans un pays ou la corruption est devenue si courante.

b2b
| 03-08-2015 11:08
rien à faire. c'et un acte de sous développement qui n'est pas unique pour la tunisie. tous les peuples arabes et musulmans sont dans cette situation. depuis la nuit des temps. c'est pour cela, d'ailleurs qu'on nous appelle "tiers monde". c'est une réalité; vous n'avez qu'à faire l'inventaire géopolitique; c'est une culture; Bourguiba a essayé mais il n'a pas été jusqu'au bout malgré son bilan positif: ben ali n'a pas misé sur le changement de mentalité du tunisien; son outil essentiel c'était la force; on sait qu'est ce que ça a donné; maintenant il ne nous reste que les médias pour changer les mentalités du tunisien; ce tunisien qui consomme les médias très bêtement comme il consomme dans les supermarchés sans se contrôler; si vous-les médias vous voulez arracher ce citoyen de cette merde de mentalité , matraquez le tous les jours, par les bombardements des ses défaillances; avec les recommandations pour mieux faire; arrêtez les saloperies type: andi mankollek- sandouk; lavage d'esprit par les religieux barbus; ... faites des scandales pour toute défaillance dans n'importe quelle administration publique ou privée. vos aurez certainement les syndicats et leurs acolytes sur le dos, mais tant pis ; c'est votre mission, rappelez - vous Bourguiba a éduqué les Tunisiens avec la Radio des années 60 et 70.

pit
| 03-08-2015 10:16
Faut croire que les milliers de fonctionnaires injectés de force dans le secteur public du simple fait qu'ils étaient nadhaouis ou en prison (souvent les 2 à la fois) étaient contagieux!

citoyen***
| 03-08-2015 08:55
Pour régler le problème de l'administration en Tunisie il faut tout simplement réduire le nombre de fonctionnaire,supprimer tout leur avantages(les véhicules..)et les remplacer par service payant sur internet.

ABEL
| 03-08-2015 08:21
là-bas on crée des citoyens honnêtes et on les glorifie, ici des paresseux, des corrompus, des traitres, des voleurs, des imbéciles,des fainéants, des dictateurs etc..., tel gouverneur tel gouverné.

alpha1
| 03-08-2015 06:45
A ma connaissance le policier de Monastir évoqué par votre article n'a pas été limogé . il continue a appartenir à la police ; Il a été muté ; Peut etre même promu selon certains bruits. .
.
Veuller préciser .

tunisien d adoption
| 02-08-2015 23:27
tout ce qui est dépeind dans cet article s appelle tout simplement ((( manque d éducation de civisme d art de vivre de culture la vulgarité le manque d hygiène de respect des autres le mensonge l hypocritie et principale qualité (((la paresse ))) sont l apanage du monde arabe a quatre vingt pour cent désolé mais c est l image véhiculé dans le monde et nous en faisons les frais tout les jours