En décembre 2010, les premières manifestations contre le régime Ben Ali ont pris naissance à Sidi Bouzid. A l’époque, le régime accusait les manifestants d’être des fauteurs de troubles à la solde de groupuscules extrémistes.
Un peu plus d’un an et demi plus tard, la même région s’embrase et le parti au pouvoir accuse les manifestants d’être des fauteurs de troubles.
Seule différence, Ben Ali accusait dans le vague, alors qu’Ennahdha épingle le parti Nidaa Tounes d’être derrière cette manifestation qui veut en finir avec le gouvernement « incompétent » de la troïka.

En effet, dans un communiqué publié par le bureau régional d’Ennahdha à Sidi Bouzid, on retrouve le parti de l’ancien Premier ministre Béji Caïd Essebsi sur le banc des accusés du parti au pouvoir.
Selon Ennahdha, des figures de Nidaa Tounes se seraient alliées à des voleurs, des saboteurs, des vendeurs d’alcool et de drogue pour mettre pression sur le gouvernement afin de libérer d’anciens délinquants. Dans son communiqué, Ennahdha qualifie Nidaa Tounes du premier bras de l’ex RCD.

Le texte élaboré par le parti au pouvoir est intrigant dans le sens que ces accusations sont présentées sans preuves et lancées à la légère. Pour les décrédibiliser, Ben Ali accusait ses opposants d’être à la solde de puissances étrangères et de forces occultes. Pour décrédibiliser ses adversaires (notamment l’UGTT et Nidaa Tounes), Ennahdha les accuse de faire appel à de petits délinquants qui auraient pu être préalablement arrêtés puisqu’ils sont identifiés.
Un procédé politiquement immoral qui ne rehausse nullement l’image du parti au pouvoir et du gouvernement, adeptes du démenti, de la théorie du complot et de la recherche du bouc-émissaire.


A lire également :

Tunisie – Une manifestation anti-gouvernementale à Sidi Bouzid, tourne à l’affrontement (vidéo)

Tunisie – Sidi Bouzid s'embrase... Laârayedh explique