Par Adnane Maalaoui*

Chers membres de l’ANC,

Albert Einstein disait : la « Logique vous rendra de A à B. L'imagination vous emmènera partout ». L’examen, hier, d’un article sur la liberté d'initiative économique et entrepreneuriale et la polémique qui s’en est suivie, laissent présager une incompréhension de l’importance de l’entrepreneuriat dans le contexte tunisien actuel.

Pour créer et assurer une employabilité dans l’ensemble des régions et quel que soit le territoire, il est important de souligner le rôle incontournable de l’entrepreneuriat dans la réalisation d’un tel objectif. Ce dernier permet, effectivement, la création de valeur ajoutée sociale et économique à tout point de vue. Entreprendre est un état d’esprit avant tout et une liberté de pensée. Entreprendre est aussi synonyme de créativité et d’innovation.
L’entrepreneuriat propose des solutions d’avenir à tous les Etats qui s’en inspirent et surtout qui établissent de vrais plans structuraux en ce sens.

Prenons pour exemple la Corée du Sud, en moins de 20 ans, le pays s’est complètement redressé à la suite de la mise en place d’une politique et de stratégies de redressement économique sérieuses basée sur l’entrepreneuriat, l’innovation et le développement technologique. Dans différents pays, nous assistons à la mise en place d’écosystème dédié à cet effet et principalement dans les Universités et Business School. La démocratisation, dans ces territoires, de la création d’entreprise se réalise par l’implantation d’incubateurs, pôles de compétitivité, pépinières, clusters, agences régionales d’innovation, maison de l’entrepreneuriat, plan national étudiants/ entrepreneurs, parcours étudiants/entrepreneurs, développement du micro-crédit et du crowdfunding, …etc

« L'entrepreneuriat n’est ni une science ni un art. Il s'agit d'une pratique », c’est ce que propose, depuis des années, Peter Drucker! La lutte contre la pauvreté passe aussi par ce genre d’initiatives et principalement par l’entrepreneuriat social et l’économie sociale et solidaire. Pour dynamiser les régions et territoires intérieurs, il serait peut-être intéressant de permettre aux personnes à la recherche d’emploi, d’en créer eux-mêmes.

Le centre tunisien de l’Entrepreneuriat social se propose, depuis plus d’un an, de mettre en place ce genre d’initiatives avec beaucoup de courage et peu de moyens. Ne serait-il pas intéressant de lui fournir les capitaux pour démocratiser ce genre d’initiatives dans l’ensemble du pays ? Ne serait-il pas plus judicieux d’aider ce type d’associations à but non lucratif et surtout à portée sociale et solidaire, au lieu de renflouer les caisses noires de certains partis et d’engraisser certains politiques ?

Soutenir l’entrepreneuriat permettrait, en temps de crise, de propulser des Start-ups à l’international et d’activer certainement nos exportations (synonyme de rentrée de devises). La création d’entreprises permettrait aussi de renflouer les caisses de l’Etat via l’imposition et non pas en assujettissant la population de taxes non fondées. Pérenniser l’entrepreneuriat, c’est pérenniser l’emploi !

L’action du gouvernement doit s’établir sur le long terme et doit s’assurer des prédispositions dédiées à cet effet : une fiscalité souple, des structures d’accompagnement et de financement efficaces, partenariat entre la recherche académique et les entreprises et pour finir une stabilité législative et politique.

En conclusion, messieurs, mesdames les membres de l’Assemblée nationale constituante, nous nous vous exhortons à amener le pays vers les projets économiques capables de restructurer les institutions et d’assurer la croissance. Tel est l’avenir de la Tunisie, nous en sommes conscients, essayez à votre tour de l’être.

Bien "entrepreneurement" vôtre,

*Adnane Maalaoui, Docteur en Stratégie et Entrepreneuriat, Co- Directeur de la chaire de recherche "Entrepreneurship and Sustainable business", Directeur de l'incubateur AUDACE et professeur à ESG Management School Paris, France