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Chourabi et Guetari : lorsque les autorités tunisiennes sont aux abonnés absents
09/01/2015 | 19:59
6 min
Chourabi et Guetari : lorsque les autorités tunisiennes sont aux abonnés absents

Un communiqué de la branche libyenne de l’Etat Islamique (Daech) a annoncé l’exécution des deux journalistes tunisiens Sofiane Chourabi et Nadhir Guetari, retenus en otage en Libye depuis le 4 septembre. Suite à cette annonce, les autorités tunisiennes n’ont donné aucun éclaircissement pour confirmer ou infirmer la présumée exécution. Alors qu’une cellule de crise s’est formée hier avec les ministères des Affaires étrangères, de l’Intérieur et de la Défense, aucune information concrète n’a pu être donnée jusqu’à l’instant et le gouvernement navigue encore à vue.


Le gouvernement tunisien a été totalement pris au dépourvu suite à l’annonce de l’exécution des deux journalistes tunisiens, Sofiane Chourabi et Nadhir Guetari, annoncée hier via un communiqué de la branche libyenne de l’organisation Daech. « Nous espérons que ce soit une intox » a déclaré Mongi Hamdi, ministre des Affaires étrangères, depuis New York où il se trouvait, en visite de travail en compagnie du chef du gouvernement sortant Mehdi Jomâa.

Dans un entretien accordé en septembre dernier aux journalistes de Business News, le ministre des Affaires étrangères, Mongi Hamdi, a qualifié la libération des deux diplomates tunisiens, Laâroussi Gantassi et Mohamed Ben Cheikh, à l’époque retenus en otage en Libye, de « grande réussite pour la diplomatie tunisienne ». Une opération diplomatique, menée parfaitement « sans la conclusion du moindre marché, mais grâce au concours de l’ancien ministre libyen de l’Intérieur et du consul libyen à Tunis », dit-il. Il explique, par ailleurs, que les deux diplomates ont été sauvés grâce à un geste purement humanitaire qui a « touché les ravisseurs libyens ». Force est de reconnaitre qu’un tel discernement diplomatique n’a pas été de mise dans le cas des deux journalistes retenus en otage depuis plus de 4 mois.

Sofiane Chourabi et Nadhir Guetari, travaillant pour la chaîne First Tv, ont été kidnappés en Libye en septembre 2014. Ils ont cessé de donner des nouvelles depuis des semaines et leur situation ne semble, visiblement, plus susciter un grand engouement de la part des autorités tunisiennes. L’annonce de leur exécution est venue donner un coup de pied dans la fourmilière.

Communiquée en premier, hier jeudi 8 janvier 2015, par des médias étrangers, dont la très sérieuse agence de presse française AFP, cette annonce se base sur un communiqué, jugé authentique et signé de la branche libyenne de l’organisation terroriste Daech. A la lumière du récent attentat meurtrier qui a fait, la veille, 12 morts au siège de l’hebdomadaire satirique français, Charlie Hebdo, la nouvelle de leur présumée exécution s’est véhiculée comme une trainée de poudre et a suscité l’indignation générale de la communauté internationale, encore sous le choc de l’attentat sanglant du 7 janvier.

En Tunisie, la nouvelle a été prise avec réserve et les médias locaux se sont empressés de contacter sources officielles et officieuses sur place qui ont donné des infirmations très mitigées. Les sources officielles du côté du gouvernement ne semblaient pas, de leur côté, être mieux informées. Alors que chacun des responsables libyens y allait de son opinion sur l’état actuel des deux otages tunisiens, du côté officiel tunisien, aucune thèse n’a été apportée. On était donc obligés de naviguer à vue entre les sources présentes sur place, les médias libyens et le syndicat tunisien des journalistes qui a longtemps entretenu le contact avec les deux otages. Le gouvernement tunisien, incapable de donner la moindre réponse, s’est dépêché de réunir une cellule de crise réunissant ministères de l’Intérieur, des Affaires étrangères et de la Défense afin de faire le point sur cette affaire et de « faire le nécessaire ». La cellule de crise qui s’est réunie dans la soirée, et se réunit encore aujourd’hui, n’a pas encore donné son verdict. Les autorités tunisiennes, chargées des négociations avec les ravisseurs libyens, n’auraient vraisemblablement aucun contact direct avec la partie libyenne en question.

Contacté par plusieurs médias, Mongi Hamdi déclare, toujours depuis New York : « Si cette information [celle de l’exécution] est confirmée, ce serait un véritable drame qui toucherait la Tunisie ». Aucune autre déclaration n’a été donnée dans la soirée d’hier par le ministre ni même par le chef du gouvernement ou la présidence de la République. En réalité, aucune information concrète n’était à communiquer.

C’est d’ailleurs aujourd’hui que Mongi Hamdi revient sur cette affaire. Il affirme sur radio Mosaïque FM : « les contacts établis avec les autorités libyennes ne confirment pas l'exécution de Sofiane Chourabi et de Nadhir Guetari ». Le ministre précise que les autorités tunisiennes ont établi des contacts avec des responsables libyens pour connaitre l’identité des ravisseurs et prendre part à leurs doléances étant donné qu’une demande de rançon ne soit pas exclue. « Une tâche qui s’avère compliquée », dit-il vu « le manque d’information sur les ravisseurs ».
Aucune cellule de communication n’a été ouverte afin de communiquer sur les avancements des travaux au sein de la cellule de crise, créée par le gouvernement à cet effet. D’ailleurs, une fois l’effet d’annonce passé, la nouvelle ne semble plus extasier les autorités, et aucun avancement n’a été enregistré jusque-là.

A l’heure actuelle, des manifestations de soutien s’organisent, notamment dans la capitale Tunis, afin d’appeler à la libération des deux otages. Une manifestation à laquelle le SNJT avait appelé dans la soirée du jeudi 8 janvier et qui a réuni aujourd’hui un nombre important de journalistes, de personnalités de la société civile et de la scène politique, réunis à l’Avenue Habib Bourguiba alors que le sit-in devait se tenir devant le siège du syndicat. Depuis hier, la tension est palpable et les slogans appelant à la libération des deux journalistes tunisiens se mêlent à ceux soutenant les victimes de la fusillade de Charlie Hebdo. Sur les mêmes pancartes, on pouvait lire : « Je suis Charlie Hebdo. Liberté à Chourabi et Guetari », défendant une cause qui semble être commune.

Pour l’heure, le sort des deux journalistes est encore inconnu. Du côté libyen, on soutient que les sources d’informations fiables présentes sur place n’ont été informées d’aucune exécution. Le vis-àvis- libyen dans cette affaire, Mustapha Abdelkebir, membre la commission mixte tuniso-libyenne des négociations, affirme à la radio nationale que l’annonce de l’exécution des deux otages ne serait qu’une « manœuvre visant à mettre la pression sur le gouvernement tunisien afin de le pousser vers des négociations sérieuses et claires ». Du côté tunisien, aucune partie officielle ne semble avoir la moindre information sur l’état des deux otages et la diplomatie tunisienne patauge encore. Les informations véhiculées par les pages dites intégristes qui diffusent des images de la soi-disant exécution, semblent être fausses. On y voit en effet, des images des deux journalistes datant de plusieurs mois ainsi que d’autres, d’individus exécutés, qui s’avèrent empruntées à d’autres médias et rapportant des événements non liés à cette affaire.

La libération réussie des deux diplomates tunisiens, dont la dextérité a été saluée par des diplomaties étrangères, serait-elle un simple coup de bol ? Est-ce aujourd’hui le manque d’une réelle volonté politique qui fait que le sort des deux journalistes tunisiens demeure encore dans le flou ?

Synda TAJINE

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09/01/2015 | 19:59
6 min
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Commentaires (10) Commenter
Ce que vous omettez de dire...
Samira
| 12-01-2015 19:08
Ce que les medias Tunisiens, y inclus BN, oublient ou ignorent de mentionner c'est que les autorites tunisiennes, et notamment le MAE a tout fait pour faire liberer les deux aventurires la premiere fois en septembre, mais au lieu de rentrer en Tunisie; ils avaient pris un taxi pour s'aventurer de nouveau dans le No Man's Land Libyen!!! La difficulte reside dans le fait qu'il n 'y a pas une partie qui revendique leur prise d'otage pour que les autorites Tunisiennes enagent avec elle des negociations!
Victime tunisienne à Vincennes...
Bengy
| 11-01-2015 16:14
Bonjour,

Il y'a un conpatriote décédé à Vincennes Yoav Hattab, je salue sa mémoire et ma compassion pour ses parents et amis.
Cordialement,
SVP Réveillez notre président, il faut qu'il bosse
Société civile
| 11-01-2015 06:23
Ou est notre nouveau président élu dans cette affaire? qu'est ce qu'il a fait pour nos deux journalistes?
Aussi nous attendons encore qu'il déclare sa situation patrimoniale ainsi que son état de santé à l'instar de tout président élu dans un pays démocratique.
tunisienne
la honte
| 11-01-2015 00:03
Rien sur les victimes tunisiennes à la massacre de Charlie et Vincennes à paris ?????
IL FAUT ÊTRE RÉALISTE...
SANCHONIATHON
| 10-01-2015 18:13
On dirait que nous vivons la première prise d'otages au monde...On oubli ceux qui le sont restés un des derniers cas jusqu'à 3 ans...On dirait que l'on ne veut pas essayer de voir ce qui se passe ailleurs...que l'on ne lit pas et qu e l'on ne voit pas la TV. Vu d'ailleurs on croirait que ces médias n' existent pas en Tunisie...Avec notre comportement d'autruche il nous est impossible de comprendre que ce genre d'opération demande beaucoup de discrétion....On oublie vite rappelez vous la prise d'otages sur un de nos cargos...j'ai l'impression qu'on s'est joué de nous, et que l'on a réagi trop vite à tort et à travers...Désolé pour nos journalistes et leur famille... pourquoi se précipiter chez eux ...pur nous montrer leurs proches en larmes.ça ne changera absolument rien...Pour ne pas changer malgré la situation difficile que traverse notre pays,il faut que l'on trouve le moyen de s'en prendre à X ou à Y avec des formules plus ou moins vexantes...N'oubliez pas la discrétion reste de mise et l'on ne peut pas prétendre être informer des différentes actions possibles...Avant d'agir ou de réagir n'oubliez pas de tenir compte de la situation chez nos voisins et amis libyens...P.S: dans ces cas là essayez d'oublier un peu que l'on est "arabes","musulmans", ça ne changera rien, on est d'abord des être humains surtout que l'on est entrain de se rendre compte que le terrorisme n'a pas de religion...!!!
Un peu de sérieux s'il vous plait !
gedeon
| 10-01-2015 11:28
La vérité n'est pas bonne à dire, n'est ce pas Business news !!! Sinon pourquoi avoir censuré mon commentaire dans lequel je ne fais que dire la vérité. Un peu de sérieux s'il vous plait !

BN: Votre commentaire vient d'être mis en ligne. Merci de vérifier.
Tant d'inconscience confine à l'irresponsabilité !
Mansour Lahyani
| 10-01-2015 10:00
Les autorités tunisiennes, "aux abonnés absents" ? Il y a effectivement une chose qu'elles n'ont pas tentée : envahir la Libye, ou la bombarder, tout simplement ! Vous vous laissez aller à de stupides affirmations populistes, *** !! Un peu de responsabilité journalistique ne vous ferait pas de mal !
Pas de nouvelles, mauvaises nouvelles
tounsia2
| 10-01-2015 09:58

L'absence de nouvelles de nos journalistes jusqu'à ce jour est un mauvais signe et ne présage rien de bon ; nos concitoyens Sofiène et Nadhir sont victimes du laxisme de la politique étrangère de notre pays et en particulier, celle de l'ambassadeur de la Tunisie en Libye qui a affiché son appartenance idéologique (DAECH), ce qui l'a empêché d'établir des liens avec les autres sensibilités qui existent en Libye, dont celle qui détient nos compatriotes en otage ; Si jamais il leur arrive malheur, Sofiène et Nadhir seront victimes de notre politique étrangère avant d'être les victimes de leurs ravisseurs.
Que Dieu les protège et qu'il vienne en aide à leurs familles
S'il vous plait !
gedeon
| 10-01-2015 09:06
Madame! Vous ne vous êtes pas cassé la tête dans le choix du titre de votre article qui dénote d'un manque total d'information et de professionnalisme. Dommage!
Pour terminer je voudrais demander à BN d'avoir l'extrême bonté de revoir les articles à publier avant de les faire paraître. Les fautes de français, de style et de conjugaison sont monnaie courante. Merci tout de même, sachant que mon commentaire ne changera pas grand chose.
Et mongi GHAMDI
DHEJ
| 09-01-2015 22:05
La grande compétence Tunisienne va nous donner le nombre des tunisiens actuellement à l'étranger... des tunisiens qui se prennent pour des Israéliens!