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Chroniques
C'est notre poubelle, mais c'est aux autres de la gérer
09/01/2017 | 15:59
6 min

 

Une de nos vieilles traditions veut que le ménage, chez nous, se fasse souvent à grande eau. La chose s’observe notamment dans les maisons des vieilles villes (médinas), les stations de lavage de voiture, les cafés et restos...  L’eau sale est ensuite évacuée par la porte principale de la maison (ou la porte de derrière du resto) directement dans la rue. Peu importe qu’il y ait ou pas des réseaux publics d’évacuation, peu importe que l’on salisse le trottoir ou la chaussée avec cette eau sale évacuée de son chez soi, l’essentiel est que ce chez soi devienne propre. Le résultat s’observe à l’œil nu, les trottoirs et chaussées des arrière-boutiques des restaurants sont souvent noires de saleté. Idem pour la plupart des ruelles des médinas. La saleté de ces rues fait que les « chez-soi » redeviennent sales dans les 24 heures. Et rebelote.

Cette vieille tradition est devenue une véritable culture (de saleté) de l’esprit et s’est transformée au fil du temps en réflexe. Quand on a une saleté, on cherchera systématiquement à l’évacuer loin des yeux. On lave à grande eau, on jette sa poubelle devant chez le voisin, on lance son mégot par le bout de l’index le plus loin possible, on ouvre la vitre de sa voiture pour jeter son trognon de pomme sur le bord de la route…  Le recyclage, le traitement des déchets, l’utilisation de moyens de lavage plus modernes, un petit sachet-poubelle dans sa voiture, ne nous sied pas, ça nous fatigue !

 

Quelques centaines de personnes sont sorties hier dimanche, malgré le froid de canard, pour manifester contre le retour des terroristes tunisiens. L’argument principal est que ces terroristes ont juré loyauté pour « l’Etat islamique » et qu’ils ne sont donc plus des Tunisiens. La chute de cette organisation terroriste (qui n’a rien d’un Etat) n’a aucune valeur aux yeux de nos chers manifestants du dimanche, pourtant essentiellement modernistes, laïcs, imbibés de belles valeurs occidentales et universelles.

Les conventions internationales soulignent clairement que l’on ne peut pas rendre une personne apatride. Que ce soit avec la constitution de 2014 ou celles qui l’ont précédée, aucun Tunisien ne peut être déchu de sa nationalité. Aucun ! Quel qu’il soit, quoiqu’il ait fait ! Partant de ce point immuable et indiscutable, aucun argument ne saurait être audible pour justifier l’opposition au retour de nos terroristes. Ce sont des Tunisiens, ils doivent rentrer, aussi terroristes soient-ils. C’est notre « merde » et c’est à nous de la gérer. On ne peut pas évacuer notre saleté, loin de nos yeux, comme quand on lave son « chez-soi » à grande eau.

Qu’on  le veuille ou pas, notre saleté va revenir chez nous d’une manière ou d’une autre et ce après avoir sali les voisins.

 

Alors imaginez ce « terroriste » à qui on cherche à refuser l’accès à son pays, à sa ville, à son village, à sa famille parce qu’il est allé rejoindre « Daech ». Que va-t-il faire ? « Qu’il se débrouille, ce n’est pas notre affaire », dit-on. C’est un peu la réponse de la ménagère qui vous dit « je n’ai rien à foutre du devenir de la saleté que j’ai évacuée de chez moi, l’essentiel est que ma maison soit propre ».

Sans aller jusqu’à m’apitoyer sur le sort de quiconque, il est bon de rappeler que beaucoup de ces « terroristes » sont des gamins de 20-30 ans qui ont été manipulés par des mafias ou/et des hommes politiques en leur faisant miroiter quelques milliers de dollars. La manipulation n’a duré qu’un temps, car une fois là-bas (en Syrie ou en Irak), certains ou beaucoup de ces « terroristes » se sont rendu compte de leur bêtise. Ils se sont surtout rendu compte qu’ils sont piégés et qu’ils ne peuvent plus revenir en arrière. La chute de « Daech » a été salvatrice pour un nombre d’entre eux. Je prends à titre d’exemple le cas d’Anouar Bayoudh, qui a rapidement regretté son départ (avec sa copine) avec Daech. Il a collaboré avec les services de sécurité tunisiens et a cherché, avec succès, à rentrer au pays. Il se trouve que ce gamin de 26 ans doit beaucoup à son statut social et au concours de circonstances qui a accompagné son retour. Enfant d’un quartier huppé de la capitale, bien diplômé, il est le fils du défunt colonel-major Fathi Bayoudh, mort à l’aéroport d’Istanbul dans l’attentat terroriste du 28 juin 2016, alors qu’il cherchait à sauver son fils des griffes de Daech.

Comme Anouar Bayoudh, ils sont des milliers, à la différence qu’ils ne sont pas des fils de colonels et  qu’ils ne sont pas issus de quartiers huppés.

Mais comme Anouar Bayoudh, ils ont été manipulés d’une manière ou d’une autre. Et, comme Anouar Bayoudh, ils ont des familles bel et bien tunisiennes que vous ne pourrez pas déchoir de leur nationalité.

 

 

A préciser que les terroristes sanguinaires, les vrais Daechiens, ne vont jamais chercher à rentrer au pays. Ce sont des mercenaires qui vont aller chercher le sang là où leurs maîtres vont leur dire d’aller. Ceux qui veulent rentrer ne sont que les seconds couteaux, les imbéciles et les idiots qu’on achète pour quelques dollars et qu’on peut retourner pour quelques dollars de plus.

 Nous avons une constitution et nous avons des lois. Quoiqu’il se passe, il faut les respecter, d’autant plus que ces lois prévoient ce type de cas. Ce n’est qu’à partir de ce point qu’on peut commencer à discuter. Nous avons des saletés et nous nous devons de les traiter nous-mêmes et non de les évacuer loin de nos yeux.

A partir de là, les méthodes sont nombreuses. Pour les déchets, il y a l’incinération ou l’enterrement. Mais il y aussi le traitement et le recyclage. C’est certes plus coûteux, mais c’est du développement durable, c’est plus écologique, c’est plus sain, c’est plus propre.

Nos terroristes ne sont pas tous à mettre dans le même sac. Ce n’est pas parce qu’à un moment ou un autre de leur vie, ils ont juré bêtement et naïvement leur loyauté à Daech, qu’ils sont forcément des assassins et sanguinaires.  

La loi anti-terroriste considère leur départ en Syrie et en Irak comme étant un acte terroriste, alors qu’ils rentrent en Tunisie, qu’ils soient traduits devant la justice et qu’ils soient condamnés sur leurs actes. Dire que nous n’avons pas les moyens de les juger, que nous n’avons pas l’argent nécessaire pour leur séjour en prison et que nous ne savons pas comment les « recycler » pour un retour à la vie normale n’est pas recevable. C’est comme la ménagère qui refuse de laver sa maison d’une autre manière que la grande eau. Apprenons-lui à laver avec des moyens plus écologiques et moins coûteux.

Apprenons à « recycler » nos terroristes et à faire de telle sorte que leurs séjours en prison ne leur apprennent pas la radicalisation. Nous n’avons pas les moyens et nous ne savons pas faire, certes, mais nous avons les moyens d’apprendre, d’autant plus que nous ne sommes pas seuls.

Ce problème du retour des terroristes touche plusieurs autres pays, à commencer par la France ou la Belgique qui ont, aussi, leur lot de terroristes voulant rentrer au bercail. Ils planchent actuellement sur les meilleurs moyens de les recycler, nous n’avons qu’à nous joindre à eux pour une réflexion commune sur cet épineux problème. Une chose est sûre, c’est que la solution ne viendra pas de la déchéance de la nationalité et encore moins en sortant crier un dimanche matin par le froid.

09/01/2017 | 15:59
6 min
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Commentaires (31)

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aoc
| 11-01-2017 16:03
Anis Amri était un criminel connu. Il était en prison en Italie, l'Italie a voulu le renvoyer chez lui, la Tunisie refusé. Les Italiens étaient obligés de le mettre en liberté, il est partie en Allemagne.

Là, le même jeu : on le reconnait en tant que criminel, mais entre-temps, tous les criminels tunisiens connaissent trop bien "leur" administration : Il suffit de "perdre" ses papiers d'identité - et la Tunisie va passer des années à ne rien faire, comme si elle n'avait pas les moyens d'identifier ses ressortissants d'une façon instantanée !

C'est quand-même pratique de pouvoir arroser les pays voisins de ses propres criminels - et si les voisins s'y mettaient, eux aussi ?

SKA
| 10-01-2017 21:53
Comment faire pour faire la différence entre un second couteau et un mercenaire sanguinaire? pas du tout évident.

Sadok Kenani
| 10-01-2017 21:29
En Algérie aussi,leur retour d'Afghanistan coûta à cette Nation 250.000 morts et dix années de terreur...là-bas aussi,ils n'avaient le temps de faire le tri, entre sanguinaires et seconds couteaux...à méditer,mon Cher Nizar.......

Gg
| 10-01-2017 19:33
...avec tounsia2!

tounsia2
| 10-01-2017 16:54
« A préciser que les terroristes sanguinaires, les vrais Daechiens, ne vont jamais chercher à rentrer au pays. Ce sont des mercenaires qui vont aller chercher le sang là où leurs maîtres vont leur dire d'aller, Ceux qui veulent rentrer ne sont que les seconds couteaux, les imbéciles et les idiots qu'on achète pour quelques dollars et qu'on peut retourner pour quelques dollars de plus » Dixit, Nizar Bahloul

Je ne suis pas d'accord avec cette analyse et je pense que les terroristes qui rentrent en Tunisie ne le font pas parce qu'ils n'ont plus ou aller, ou par ce qu'ils regrettent leur CHOIX idéologique, mais le font plutôt dans le cadre d'une mission qui consiste à poursuivre leur oeuvre destructrice et déstabiliser la Tunisie et l'Algérie comme tout le monde sait; Il y a une semaine, ces terroristes ont reçu l'ordre de leur chef (Abou bakr baghdadi) de rentrer dans leurs pays respectifs et de faire mal autant que possible en tuant un maximum de civils (lien en PS); Par conséquent, je pense qu'ils seront plus déterminés et encore plus sauvage qu'ils ne l'ont été en Syrie et en Irak car ils ne peuvent pas se permettre d'essuyer un second échec, puisque cette fois-ci, ils jouent leur existence en tant qu'organisation terroriste. Nous aussi, nous n'avons pas droit à l'erreur et les sentiments bienveillants à leur égard sont mal placés et peuvent nous couter des vies humaines innocentes; Ne jamais oublier que ces terroristes mercenaires sont complètement déshumanisés après ce qu'ils ont vécu dans les zones de conflit et sont donc irrécupérables, la seule chose possible à faire pour eux, serait de les envoyer dans des prisons à vie afin de protéger et garantir le droit des citoyens civils à la sécurité, C'est ce qui doit être La priorité et l'objet des débats et non pas le droit des terroristes à profiter des largesses d'un système démocratique auquel ils n'ont jamais cru et qu'ils continuent à combattre par les armes et le sang.

PS

http://www.tunisienumerique.com/urgent-daech-declare-la-guerre-generale-en-europe-et-dans-les-pays-arabes/318204

mon pays
| 10-01-2017 13:42
Mais est ce qu'on ne pense pas qu'une fois serons rentrer et prisonnier et que x ou y leurs ouvrerait les portes des prisons ou qulqu'un de leurs, fera exploser une prison,ils seront tous déhors!Donc ils vont arriver un par un et une fois seront nombreux ,non comment!!!!

Abel Chater
| 10-01-2017 11:17
Oh quel bel article intelligent, lucide, très honnête et le top summum de la responsabilité civique!!!
J'ai lu cet article au moins cinq fois avec intervalles d'au moins une heure, pour bien réaliser ce contrecourant courageux de Nizar Bahloul, qui ridiculise tous les intrigants de ce forum. Ceux qui ne sont occupés jours et nuits, qu'à remuer leur venin islamophobe par le biais de termes bidon, qu'on n'a jamais connus dans notre Tunisie pacifique, de la sorte d'un "ennemi islamiste". Des intrigues tendant à semer le dissentiment parmi ce petit peuple tunisien non belliqueux, que même le défunt dictateur déchu Bourguiba l'appelait «Khobziste» (nutritionnel). Ces sataniques intrigants font tout pour virer le peuple tunisien vers un sentiment primitivement tribal, de la sorte de : «nous étions des Barbares ou des Awazighs avant trois mille ou trois millions d'années». Une ruse bactérienne à égalité à celle de «islamiste» non pas «musulman».
Ils ont constaté l'harmonie solide et inébranlable entre les citoyens tunisiens de par les quatre extrémités du territoire tunisien. Que nous nous épousons réciproquement, au point que presque l'ensemble du peuple tunisien est devenu apparenté en la forme d'une toile d'araignée. Que nous parlons la même langue arabe. Que nous avons la même religion musulmane sunnite. Que nous possédons le même sang fraternel pur arabe coranique dans nos veines. Que nous sommes un peuple pacifique, aimant la joie et le bonheur sous le meilleur climat qui puisse exister sur ce globe terrestre, avec les vrais quatre saisons de la planète en leur forme douce et clémente. Que nous nous aimons suivant le dicton «Ettounsi littounsi rahma». Ils ont commencé à creuser suivant leur doctrine satanique et diabolique, qu'ils tètent avec leur lait maternel, dans l'idée de pouvoir nous diviser par leurs termes-suppositoires de «islamiste», «berbère», «barbare», «awazigh», «amazigh», s'appuyant sur l'aide de leurs «collabos-traîtres-harkis».
Tous les Tunisiens appartiennent à cette Tunisie et nulle part ailleurs. Tous les Tunisiens doivent être solidaires dans les fêtes comme dans les deuils. Tous les Tunisiens doivent s'entraider dans les périodes normales que dans les périodes les plus difficiles. Il ne faut pas oublier que presque la totalité des jeunes Tunisiens partis au Jihad en Irak et en Syrie, avaient quitté la Tunisie lors de la fuite du dictateur déchu Ben Ali. Ils trouvèrent les frontières libres pour une fois de leur vie et ils se sont mis à courir de tous les côtés, comme des chiens qui ont cassé leurs chaînes et qui ne sauraient déterminer le but de leur fuite.
Ils se sont sauvés sans ce fameux passeport que les autorités de Ben Ali leur retirent pour un oui et pour un non. Lampedusa, Turquie, Grèce et même le Liban et ailleurs. Des errés du côté de la méditerranée, qui se sauvent de cette prison à ciel ouvert réalisée par les dictateurs déchus Bourguiba et Ben Ali. Ce qui s'est passé par la suite, n'appartient qu'aux circonstances de chacun de ces pauvres jeunes Tunisiens, qui ne sont autres que nos propres enfants dont nous souffrons nous-mêmes pour leurs dilemmes. Beaucoup ont laissé leur vie sans que personne ne perde la moindre pensée pour leur courage exceptionnel. Et beaucoup pourront se sentir perdus sans l'aide de l'état tunisien, avec l'énorme risque de se retourner contre nous. Et c'est exactement là où les ennemis de la Tunisie essaient de nous virer.
Encore mille mercis et mille bravos à Nizar Bahloul, qui donne une bonne gifle à ce lobby d'hyènes et de chacals humains, qui n'ont de but que semer la zizanie et faire échouer cette merveilleuse transition démocratique tunisienne.
La Tunisie Terre des Hommes, ne tombera jamais.

SAMIA
| 10-01-2017 09:58
Bonjour Nestor
Ma réponse à vous à été censuré, pourtant j'ai parlé des histoires connues, celle du siège de Béziers et Arnaud Amaury et Celle du Khaled Ebnou Elwalid et Nouweyra qui a refusé de payer EZZaKat...Mais ça passe selon le tempérament du modérateur qui parfois gentil avec moi,par d'autres non!
En tout cas,je suis aussi contre la peine de mort mais avec les gens aux quels on estime un changement de comportement..Ces barbares je les ai écarté des humains .. Même la science doit faire son travail..Analyser et créer une autre sous-classe des mammifères..Ce problème doit être résolu comme celui des vaches folles!

Amicalement






lagon
| 10-01-2017 09:19
merci si Bahloul votre analyse est recevable sauf que cette racaille d'islamistes ***, daechiens n'est pas corrigible. Mon souhait à moi est que l'armée syrienne et la Russie les exterminent comme ça on est sûr qu'ils ne reviendront pas. Autre chose les vrais responsables politiques (Gannouchi, Marzouki-le président de ***- Laraiedh etc..) doivent payer pour avoir aidé à embrigader cette racaille et les envoyer en Syrie et en Irak.
,

librexp
| 10-01-2017 07:19
pour ceux qui rêvent, et ils sont nombreux, de sous-traiter le problème des jihadistes tunisiens à d'autres pays : redescendez sur terre, la Tunisie est d'abord sur la défensive, ensuite la Tunisie n'a pas les moyens d'imposer sa volonté. Tout ce que vous pouvez faire c'est accuser et manifester