Dans une interview accordée aujourd’hui, vendredi 3 avril 2015 à la chaîne d'infos France 24, le chef de l’Etat Béji Caïd Essebsi a affirmé ne pas être au courant d’une décision récemment annoncée par le ministre des Affaires étrangères et leader de Nidaa Tounes, Taïeb Baccouche, concernant la reprise des relations diplomatiques avec la Syrie.
Taïeb Baccouche avait annoncé hier, dans un communiqué officiel du ministère des Affaires étrangères que la Tunisie sera désormais, représentée diplomatiquement en Syrie. Le département des Affaires étrangères a, par ailleurs, invité la Syrie à envoyer un ambassadeur en Tunisie.
Dans son interview d'aujourd’hui, BCE affirme que la politique étrangère fait partie des prérogatives présidentielles et que le ministère se doit d’appliquer la stratégie dictée par la présidence. Et de préciser que la position de la Tunisie n'a pas changé dans ce cadre. « Je n’ai jamais appelé au départ de l’ambassadeur syrien de Tunis. Notre position aujourd’hui s’inscrit dans celle de la Ligue arabe, sans plus », dit-il. Il ajoute, aussi, qu'il suppose que la position du ministre a dû été motivée par la volonté de garantir les intérêts des Tunisiens se trouvant en Syrie.
On rappellera que la décision de la rupture des relations diplomatiques avec la Syrie a été instiguée, il y a 3 ans, par l’ancien président de la République, Moncef Marzouki.
S.T.
Dans le cas d'espèce, la rupture des relations diplomatiques ou leur reprise ne peuvent se faire de manière unilatérale et à travers des déclarations (suivies de contre-déclarations) cacophoniques à la presse mais à travers un communiqué officiel au nom de l'état tunisien et après notification en bonne et due forme(note verbale) à l'autre état ainsi qu'à l'état dépositaire de la Convention précitée puis annoncée concomitamment dans les deux capitales concernées. La reprise exige en outre l'accord de l'autre Etat A défaut de respect de cette procédure exigée par le droit international on peut considérer qu'il n'y a pas lieu de parler ni de rupture ni de reprise des relations avec la Syrie.
Par ailleurs cela me rappelle le cas de ce Secrétaire d'état qui dans un exces l'euphorie et dans un zèle pro-maghrébin a décidé un jour unilatéralement de décréter la libre circulation dans l'espace maghrébin sans avoir consulté qui que ce soit.
"You have to walk the walk and not talking the talk"
* Le travail diplomatique diffère de l'action politique, dans le mesure où l'obédience idéologique doit rester en filigrane (à bas les idées tendues et tordues).
* Le diplomate agit par délégation (à bas le narcissisme). Il défend l'image de la Tunisie et ses intérêts, pour construire ensemble, en minimisant les différends (à bas l'esprit belliqueux).
* Le diplomate ne peut réussir que s'il est polyglotte (Anglais obligatoire et parfaitement lu, parlé et écrit).
* La Tunisie n'a pas de pétrole, elle doit compter sur l'intelligence de ses fils. Notre diplomatie a besoin de perestroïka (encore un mot russe !).
A mon grand étonnement, même après 24 h de la déclaration de Monsieur Caied Essebsi à France 24, Le MAE affiche toujours les déclarations de Monsieur Baccouche, mais (à ma connaissance) pas la réplique de Monsieur Caied Essebsi!!
http://www.diplomatie.gov.tn/index.php?id=27&tx_ttnews[tt_news]=2403&tx_ttnews[backPid]=27&cHash=59c109c06f2a7f667fcb007119c99f17
D'après le peu que j'ai consulté, La presse étrangère rapporte seulement les déclarations de Monsieur Baccouche avec tout ce que cela implique. A une époque où les nouvelles se propagent à la vitesse de l'éclair, une fois que le mal est fait, il est fait. Voici quelques exemples :
BBC News :
http://www.bbc.com/news/world-africa-32172974
I24news :
http://www.i24news.tv/fr/actu/international/66510-150403-la-tunisie-fait-un-pas-vers-des-relations-diplomatiques-avec-la-syrie
L'agence syrienne SANA
http://www.sana.sy/fr/?p=31368
Iran French radio
http://french.irib.ir/info/moyen-orient/item/364493-la-tunisie-va-rouvrir-son-consulat-en-syrie