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Aziz Krichen étrille Moncef Marzouki, mais ne dit rien de nouveau (Vidéo)
02/05/2014 | 1
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Aziz Krichen étrille Moncef Marzouki, mais ne dit rien de nouveau (Vidéo)
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"La première mission de la présidence est d'être au dessus des clivages politiques, la deuxième est d'œuvrer au rassemblement de tous les Tunisiens et de tracer la voie pour sortir le pays de la transition démocratique", c'est en ces termes que Aziz Krichen a expliqué le contrat qui le liait avec Moncef Marzouki. "Ce contrat n'a pas été respecté par Moncef Marzouki" a-t-il ajouté. Ces déclarations ont été données par Aziz Krichen, Ministre-conseiller démissionnaire de la Présidence de la République dans la soirée du vendredi 2 mai 2014 sur la chaîne Telvza Tv.

"Plus on avance dans le temps, plus on s'éloigne des objectifs de notre contrat", explique M. Krichen. En 2012, on peut dire que la présidence a tenu les engagements pris, malgré plusieurs incidents comme l'attaque du siège de l'UGTT. Concernant le renvoi du chargé d'affaires syrien, Aziz Krichen a confié qu'il n'a pris connaissance de cette affaire qu'après le renvoi. "J'ai considéré que Moncef Marzouki n'a pas encore pris la stature d'un président, mais agissait encore en tant que militant des droits de l'Homme" a-t-il expliqué.

L'ex ministre-conseiller a ajouté qu'en 2013, la présidence a dévié par rapport au contrat initial, la présidence n'étant plus au dessus de la mêlée.
Evoquant Nidaa Tounes, Aziz Krichen a déclaré que son arrivée a donné de meilleures chances à la Tunisie en réalisant un certain équilibre sur la scène politique. "Progressivement, on a vu que la politique de la présidence a été la même que celle du gouvernement tenu par Ennahdha. Ceci rompt le contrat et la présidence ne pouvait plus être au dessus des tergiversations politiques entre les partis" a-t-il expliqué.

Les personnes qui ont pris le pouvoir ont tenté de l'exploiter, selon l'ex ministre-conseiller, ce qu'il illustre par les différentes nominations faites par Ennahdha. Aziz Krichen a dit : "Moncef Marzouki a été divisé entre le fait d'assurer la présidence pendant une période transitoire et en même temps, se préparer pour une réélection à travers une alliance avec Ennahdha".

Selon M. Krichen, le meurtre de Chokri Belaïd a montré que le gouvernement d'Ennahdha a traité le problème du terrorisme de manière défaillante et avec un manque de sévérité et de sérieux. Ce manque a engendré les assassinats politiques qui sont venus par la suite et a également montré qu'il fallait un large consensus pour pouvoir diriger le pays.

En juillet 2013, selon Aziz Krichen, la présidence de la République a perdu toute crédibilité pour diriger le pays. La Tunisie était dans une grave crise politique après le meurtre de Mohamed Brahmi et le changement de régime en Egypte. "Si la présidence de la République respectait le contrat établi, elle serait la tente qui rassemble tout le monde. Pourtant, les partis se sont dirigés vers la société civile au lieu d'aller vers la présidence", a fait remarquer M. Krichen.

"Je me demandais depuis juin 2013 : Qu'est ce je fais encore à la présidence?" a déclaré Aziz Krichen. "Cela a me posait un problème politique et moral" a-t-il ajouté. "Dans le dialogue avec les partis, je n'avais aucun soutien, ni de la part du CPR, ni de la part de la présidence" a expliqué M. Krichen. Pour lui, la période la plus dangereuse depuis le 14 janvier est celle de la crise de juillet 2013 : "Le paysage politique était alors composé par les têtes brûlées de l'opposition, ceux qui considèrent que la situation en Egypte et en Tunisie sont similaires et qui voulaient éliminer toutes les institutions. D'un autre côté, dans la Troïka, il y avait ceux qui avaient peur de ce qui s'est passé en Egypte et aussi les têtes brûlées qui voulaient aller vers la confrontation avec l'opposition. Le scénario d'une confrontation directe était sur la table et le risque d'un début de guerre civile était bien réel", a déclaré M. Krichen. C'était, rappelons-le, en plein sit-in du Bardo où des centaines de milliers de personnes étaient rassemblées quotidiennement pour demander le départ de la Troïka.

La Troïka était divisée entre confrontation et recherche de solution consensuelle, avec une majorité qui optait pour la première solution dans un premier temps, explique-t-il. Le 5 août, Aziz Krichen a déclaré avoir écrit un texte où il mettait certaines responsabilités sur le dos d'Ennahdha et il lui a demandé, dans ce texte, d'arrêter d'essayer de mettre la main sur l'appareil de l'Etat mais aussi la démission du gouvernement Laârayedh. "J'étais convaincu que c'était la seule solution pour sortir de la crise politique grave du moment" a-t-il ajouté. Par la suite, les parties prenantes ont compris qu'il ne fallait pas aller vers la confrontation et Ennahdha a éliminé cette option. Le CPR était contre la solution négociée et les déclarations de ses leaders ont toutes été contre le consensus, a expliqué Aziz Krichen. Il a ajouté : "Dans cette crise, Rached Ghannouchi a usé de tout son poids pour convaincre Ennahdha d'éviter la confrontation et a agi en homme responsable". Il a bien expliqué le rôle positif et historique joué par le président d'Ennahdha pour sauver le pays du scénario de la confrontation sanglante concocté par quelques extrémistes d'Ennahdha et les dirigeants du CPR.

A propos du rapprochement entre Ennahdha et Nidaa Tounes et les autres formations politiques, M. Krichen qu cela augmentait l'isolement du président de la République et c'est que Marzouki craignait le plus. Il ne supportait pas du tout cette idée. Sachant que ce rapprochement met en péril l'éventuelle réélection de Moncef Marzouki, le CPR a joué le rôle de perturbateur de tout rapprochement, souligne-t-il. 

Aziz Krichen a également eu un mot envers les élus de l'ANC en disant : "Les personnes qui sont à l'ANC doivent connaitre leur place, se respecter et respecter le peuple tunisien". Il a ajouté que seul le consensus pouvait sortir la Tunisie de la période transitoire et qu'il fallait qu'ils en prennent conscience et baissent le plafond de leurs demandes.

Aziz Krichen a raconté une anecdote. Le dernier jour qu'avait Mehdi Jomâa pour remettre son gouvernement, peu avant minuit, il y avait une personne du cabinet présidentiel qui demandait aux gardes de fermer les portes à minuit pile afin de ne pas permettre à Mehdi Jomâa d'entrer si jamais il était en retard. A cette personne (qui est selon nos sources Adnène Mansar), M. Krichen a demandé de jeter sa montre et de coller aux intérêts de la nation.

Revenant sur sa décision de démissionner, Aziz Krichen a dit qu'il avait exprimé ses inquiétudes à Moncef Marzouki au début du mois de mars 2014. Ce dernier lui a demandé un délai pour réfléchir mais sans réponse, Aziz Krichen a écrit une lettre au président pour expliciter leurs différends et les critiques qu'il a exprimées. "Je lui ai écrit une lettre d'ami à ami, ainsi qu'une deuxième lettre officielle de démission" a-t-il ajouté. Aucune réponse n'a été donnée à Aziz Krichen mais sa décision était, de toutes façons, déjà prise.

"Aujourd'hui, je suis très heureux car durant toute cette période j'ai joué le rôle de pompier pour éteindre tous les débuts de crise" a ajouté Aziz Krichen.

On relèvera également que l'ancien ministre-conseiller a révélé durant l'interview accordée à Telvza TV qu'il avait eu de longs entretiens avec plusieurs parties représentant les catégories défavorisées, les hommes politiques, les investisseurs, les jeunes, les partenaires étrangers et autres et a de ce fait une idée sur ce que l'on doit faire pour sortir de la crise. "Une révolution n'est pas un simple changement de postes et de personnes, mais de tout un système. Tous les systèmes." Signalant qu'il a déjà présenté toutes ces idées au président de la République, auxquelles il n'a pas donné de suite, M. Krichen laisse entendre qu'il peut les mettre à contribution, mais pas dans un parti qui ressemblerait plutôt à une échoppe.

Crédit Photo : Leaders.com.tn

Marouen Achouri
 


 
 
02/05/2014 | 1
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