Trump, notre salut
On ne peut pas commencer sans présenter ses condoléances à la famille et aux proches de l’ancien président Ben Ali.
L’actualité est si dense en Tunisie ces derniers temps, qu’on éprouve quelques difficultés à trouver un intérêt à relater ce qui se passe ailleurs. Chacun ne voit que midi à sa porte, n’en déplaise à Greenwich. Or, Et pourtant, il se passe des choses ailleurs.
A Londres, le feuilleton du Brexit n’en finit plus. Même le divorce de Jef Bezos a été plus rapide. Et même s’il y a mis le prix (il a concédé à sa femme 4% d’Amazon, soit environ 36 milliards de dollars), il n’est pas sorti sans no-deal.
Dernier rebondissement en date donc, c’est l’Union européenne par la voix d’Antti Rinne, chef du gouvernement finlandais dont c’est le tour de présider l’Union européenne, qui lance un ultimatum aux Britanniques. Ils ont désormais jusqu’au 30 septembre pour rendre la copie de leurs propositions officielles pour leur sortie.
BoJo, alias Boris Johson, Premier ministre de la Reine, qui ne s’en laisse pas compter, a fait répondre par l’un de ses conseillers que les Britanniques feront des propositions formelles et écrites quand ils seront prêts et non quand on leur demandera de l’être (dans le texte, c’est « Nous présenterons des solutions écrites formelles quand nous seront prêts à le faire, et non en fonction d’une échéance factice »).
Il a ensuite précisé que des propositions informelles et confidentielles avaient bien été adressées à l’UE, ce que l’UE a d’ailleurs confirmé par la suite.
On se rassoit, on respire, le ton de la déclaration s’apaise. Un conflit qui n’aura pas lieu, une tension de moins, une agressivité évitée, le monde ne s’en portera que mieux. On peut retourner sur Facebook.
Mais parce que BoJo reste Bojo et qu’être trop constructif c’est contraire à l’éthique populiste ambiante qui règne sur le monde, il fallait conclure la déclaration comme il l’avait commencé, et c’est avec ce majestueux et belliqueux « … et nos propositions deviendront formelles quand il sera clair que l’Union européenne les étudiera dans un esprit constructif » que son conseiller clôt la déclaration. Voilà un propos tout aussi constructif que l’est manifestement l’esprit de l’UE. #impassedeleurope
En Amazonie, ça brule toujours. Et pendant que le poumon de la planète fume dangereusement, un bateau brésilien livrait à la France 60 000 tonnes de Soja, laquelle culture du Soja est en grande partie responsable de la déforestation de l’Amazonie. Inutile de penser à en bloquer le déchargement, il y a 36 de ces mêmes cargos qui livrent chaque année environ 60 000 tonnes de Soja chacun en France. Soit un, tous les dix jours. Précisons que le Soja dans le monde, sert essentiellement non pas à l’huile, mais à 87% à nourrir les animaux. Et si la France et l’Europe en général, importe autant de Soja du Brésil et n’en produit pas elle-même, c’est en vertu d’un vieil accord du GATT qui prévoit que la production de Soja et colza revenait à l’Amérique continentale alors que la culture du blé et des céréales revenait à l’Europe. Maintenant qu’on le sait, on peut continuer à s’offusquer de cette forêt amazonienne fumeuse, tout comme notre « offuscation ». #onnedoutederien
Le climat toujours, mais cette fois-ci dans le monde entier. Ce sont les jeunes qui se mobilisent et qui ont décidé de manifester, le même jour, tous, partout, pour une seule et unique cause, le climat.
Et ce sont des milliers de jeunes qui, vendredi 20 septembre, défilaient par centaine ici, par milliers là et par dizaine de milliers ici et là pour dire stop à la destruction de la planète.
On pourrait en sourire de ces jeunes qui ont décidé de sécher l’école en prétextant de lutter contre le réchauffement climatique, en arguant de refuser les gaz à effets de serre, en s’opposant à la pêche à la baleine ou encore en disant non aux pailles en plastiques tueuses des tortues marines. On pourrait en sourire… sauf que nous adultes, effectivement, avons créé les conditions du réchauffement climatiques, produisons des gaz à effets de serre, massacrons les baleines dans le monde, et tuons des tortues à chaque gorgée aspirée dans la paille de notre mojito… ou de notre coca pour ceux qui ne boivent pas d’alcool. La vérité sort de la bouche des enfants dit l’adage. Nous n’avons pas encore créé celui qui dit que les parents l’entendent. #gretathunberg
La surprise de la semaine viendra des États-Unis et de son Président. On croyait avoir tout vu, tout entendu, mais suite à la déclaration de Trump sur les frappes prêtées aux iraniens contre les installations pétrolières en Arabie saoudite, on se dit qu’il nous manquait une phrase au palmarès de la mauvaise foi.
C’est donc d’un Trump détaillant la réaction américaine qu’est venue la surprise. Il commence par dire qu’il allait déployer plus de forces militaires dans la région. Là, le propos a pour finalité d’installer son auditoire dans un contexte psychique attendu ; on est dans une rhétorique familière, attendue. On parle d’armée, on parle de guerre, on parle de représailles, on est dans un environnement de vengeance, le gendarme du monde qui place ici et là ses gens d’armes nous renvoie à des concepts qu’on connait. Tout va mal, donc tout va bien.
Il embraye sur un embargo encore plus sévère sur la banque centrale iranienne. Après les armes, la finance. Et le flic de la planète qui en est également le banquier déploie son arsenal habituel, dollars et F16. Jusque-là ça a d’ailleurs plutôt bien fonctionné. Le Vietnam se porte à merveille, l’Afghanistan est la destination touristique à la mode, et dernièrement l’Irak, pays en paix s’il en est, et en démocratie, est une contrée riche, prospère et sûre.
Et là, alors qu’on attend tous un ultimatum, puis la date à laquelle auront lieux les frappes aériennes sur Téhéran, crispés sur nos canapés priant nos Dieux que ça n’ait pas lieu la veille d’un long week-end, là, le Président Trump nous déclare, tout de go que « la meilleure manière d’afficher la force des États-Unis était de faire preuve d’un peu de retenue ».
Et des fois que vous auriez mal entendu ou mal compris, ou que ça venait d’un défaut du prompteur, il embraye en concluant que « la retenue est une bonne chose ». Inutile de vérifier, vous n’êtes pas sur un site d’info satirique. Ces propos sont authentiques. #trump2020
Vous êtes sonnés ? Nous aussi. C’est le temps d’en finir. Bon week-end. C’est la fin de ce trip, vous pouvez éteindre vos smartphones.