
Une semaine après sa prise de fonction à Carthage, Kaïs Saïed a enfin décidé de dévoiler les noms de ses hommes et femmes de main qui l’accompagneront dans sa mission. Tarek Bettaieb, Abderraouf Betbaieb, Mohamed Salah El Hamdi, Rachida Ennaifer, Nadia Akacha et Tarek Hannachi composeront ainsi le cabinet du nouveau chef de l’Etat. Tous ne font pas l’unanimité.
Kaïs Saïed s’est encore fait désirer. Le nouveau chef de l’Etat, prudent et taciturne, aura suscité toutes les interrogations depuis la campagne électorale. D’abord discret sur son programme et ses soutiens, il aura fait durer le suspense jusqu’au bout concernant son cabinet présidentiel.
L’information a été confirmée hier. Le président de la République, Kaïs Saïed a enfin désigné le premier noyau de son cabinet. Premier véritable exercice du chef de l’Etat, cette annonce était très attendue des observateurs nationaux et internationaux.
Des noms faisant partie de l’entourage proche du président avaient déjà fuité et ont été confirmés, d’autres, en revanche, sont plutôt méconnus du grand public.
Ainsi, Tarek Bettaieb, ancien ambassadeur de Tunisie à Téhéran est nommé chef du cabinet présidentiel, et Abderraouf Betbaieb ministre conseiller du président de la République.
Le général de brigade, Mohamed Salah El Hamdi (ancien chef d’Etat-major de l’Armée de Terre), est nommé conseiller à la Sécurité nationale, succédant à l’amiral Kamel Akrout, alors que Rachida Ennaifer (universitaire, ancienne journaliste), sera chargée des services de la communication, en remplacement de Firas Guefrech.
Aux affaires juridiques, c’est Nadia Akacha qui succèdera à Kheireddine Ben Soltane, et Tarek Hannachi est nommé chef du Protocole, à la place de l’ambassadeur Mondher Mami.
Alors que les rumeurs sur les nominations au sein du cabinet présidentiel battaient leur plein, des noms ont très vite fait polémique. Celui de Abderraouf Betbaieb tout particulièrement. Très présent depuis l’investiture de Kaïs Saïed, il est loin de faire l’unanimité. Cet ancien d’Attayar traine, il faut le dire, quelques casseroles. Des publications sur les réseaux sociaux, plutôt suspectes et pas très sérieuses, que le nouveau conseiller s’est d’ailleurs empressé d’effacer, aux positions douteuses et décriées par certains de ses anciens collègues du ministère des Affaires étrangères, comme son « dégage » scandé au visage de l’ancien ministre Ahmed Ounaies en 2011, Betbaieb ne semble pas briller par la sagesse et la retenue. Il est un ami de toujours de Kaïs Saïed et cette proximité explique à elle seule ce choix, commentent les observateurs.
Le nouveau chef du cabinet présidentiel, Tarek Bettaieb, est un ambassadeur « compétent et expérimenté » selon le ministre des Affaires étrangères démissionnaire, Khemaïes Jhinaoui. Si ce n’est que des soupçons de corruption pèseraient sur l’ancien ambassadeur de Tunisie aux Émirats Arabes Unis.
Khemaïes Jhinaoui l’avait d’ailleurs confirmé hier, lors de son passage sur le plateau de Myriam Belkadhi à Elhiwar, révélant que le nom de Bettaieb a été cité parmi les douze diplomates contre lesquels le gouvernement de la Troïka avait engagé des poursuites pour des affaires de corruption. Khemaïes Jhinaoui a confié que dans la mesure où la procédure judiciaire allait certainement durer des années, il a jugé plus juste de maintenir les ambassadeurs concernés en activité. Tarek Bettaieb a été chargé du dossier libyen au sein du cabinet du ministre avant d’être nommé ambassadeur de Tunisie à Téhéran. Une position qui vient aussi semer le doute sur l’impact de cette nomination sur les relations extérieures de la Tunisie et notamment avec le partenaire américain.
Rachida Ennaïfer, chargée des services de la communication au cabinet présidentiel de Kaïs Saïed, fait aussi partie de l’entourage très proche du président. Ancienne journaliste au quotidien La Presse, Rachida Ennaïfer est enseignante à la Faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis ainsi qu’à Institut de presse et des sciences de l'information. Elle a, également, été membre de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle.
Mme Ennaïfer a fait partie, depuis 1999, de l’équipe de droit constitutionnel alors chapeautée par le seul constitutionnaliste de la place, Kaïs Saïed. A l’aube de la révolution, ensemble ils créent le Centre de Tunis de droit constitutionnel pour la démocratie et tous deux sont très portés sur l’application de la loi. Rachida Ennaïfer jouit d’ailleurs d’une excellente réputation et sa nomination n’a pas vraiment été une surprise d’autant plus qu’elle a clairement affiché son ambition de « continuer à rêver et à enrichir le projet présidentiel et de travailler sur des projets pour ma Tunisie », dans une interview publiée le 18 octobre sur France Info,
Le général de brigade, Mohamed Salah Hamdi nommé conseiller à la Sécurité nationale, Nadia Akacha nommée à la tête du département des affaires juridiques à la présidence de la République et Tarek Hannachi, nommé chef du Protocole, font très peu parler d’eux. Ce que l’on sait surtout de Mohamed Salah Hamdi est qu’il a succédé à Rachid Ammar à la tête de l'armée de terre, en tant que Général de brigade, avant de démissionner du ministère de la Défense le 30 juillet 2014. On sait aussi que le général ne semble pas porter dans son cœur les symboles de la gauche tunisienne. Dans l’un de ses statuts datant du 7 octobre, on le voit comparer un « symbole de la gauche » à un sourd, aveugle et muet, se référant à un verset du coran. Une des positions qui alimente des polémiques qui commencent à gonfler autour du personnage.
Nadia Akacha est, pour sa part, docteure en Droit public, spécialiste de Droit constitutionnel, elle a été l’analyste juridique nationale de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne en Tunisie (MOE UE) en 2011 et conseillère de la Mission d’assistance électorale de l’Union européenne en 2014.
Aujourd’hui, a été aussi annoncée la nomination du colonel-major Khaled Yahiaoui au poste de directeur général de la sécurité présidentielle, succédant au colonel-major Raouf Mradaâ. Khaled Yahiaoui était directeur d’escorte et des forces spéciales, il a notamment fait ses armes à la brigade antiterroriste (BAT) de 2007 à 2011.
Le cabinet du président est, somme toute, aussi « intriguant» que le nouveau président. De nombreux appels ont été lancés à Kaïs Saïed pour qu’il s’entoure de personnes compétentes et intègres, qui ont foi en les institutions de l’Etat et qui œuvrent à préserver les acquis de la diplomatie, mettant l’intérêt du pays au-dessus de toute considération. La présidente du PDL, Abir Moussi, qui avait décliné l’invitation du chef de l’Etat l’estimant prématurée et exprimant des craintes de voir Kaïs Saïed s’entourer d’intégristes, n’a, à priori, pas de quoi s’inquiéter outre-mesure. Du moins pas sur ce point-là. Pour le reste, il faudra plus de temps pour juger la nouvelle équipe en plein exercice et les a priori ne s’annoncent pas des plus positifs…
Myriam Ben Zineb

Commentaires (11)
Commenter@bml
la même rengaine
Waktech
Nerviie !
En effet, ce fameux et rébarbatif " A LA UNE " comporte une locution malheureuse voire péjorative et grave. Il y est. Indiqué que -sic- "kaîs Saïed a enfin décidé de dévoiler les hommes et les femmes de main" formant son cabinet.
Cette pigiste (?) ne se rend-elle pas compte de ce qu'elle écrit ?
Il est à espérer qu'il s'agisse d'une mauvaise connaissance de la langue française que d'une malveillance qui frise l'offense : car, "hommes de mains" veut dire nervis, malfaiteurs, membres d'un gang.
A Moi
Vous ne croyez pas si bien dire!
"hommes et femmes de main "!!
Mais enfin, Madame Rachida Ennaïfer!
Par contre je préviens de faire du palais de Carthage un centre de recherche et d'expérimentations sociologiques trop risquées. Je redonne un passage de l'article ci-dessus: "continuer à rêver et à enrichir le projet présidentiel et de travailler sur des projets pour ma Tunisie"
@Madame Rachida Ennaïfer: Non Madame Rachida Ennaïfer, si vous voulez faire un travail de recherche, restez plutôt à la faculté des Sciences Juridiques, Politiques et Sociales de Tunis. En effet le palais de Carthage n'est pas un laboratoire pour vos pseudo-recherches scientifiques/sociologiques. Et avec tout le respect que je vous dois, vous êtes trop vieille pour la recherche scientifique/sociologique'?' Occupez-vous plutôt de vos petits-enfants et laissez la place aux plus jeunes'?'
L'équipe de choc de Kaïs Saïed
Jugements a priori et regrets a posteriori
Sachant que les "a priori"(*) sont en règle générale, plutôt "négatifs", qui est-ce qui les formule depuis le premier tour de la Présidentielle ?
Sinon VOUS ! à tel point qu'on se demande si ce n'est pas là votre souhait le plus cher !
Et peu importe que ce soit l'avenir du pays qui est en jeu, n'est-ce pas ?
L'important c'est l'échec de ce pouvoir "mal-né" dès le départ et presque illégitime sinon usurpateur, puisque les sondages (ah! c'est sacro-saints sondages !) donnaient plutôt un "inhabile" au palais, pour qu'il ne se fasse pas trop de bile !
Cela devient lassant de lire à longueur de pages et de colonnes, des "à priori" à peine masqués et aussi lourds que des semelles de plomb !
Maxula.
(*) Adverbe et/ou adjectif invariable !
LE TITRE RESUME TOUT !

