Ennahdha a su forger la réputation d’un parti discipliné et structuré. Dans les milieux politico-médiatiques, on dit souvent que tout ce qui se passe au sein des réunions du parti islamiste, reste au sein de ces réunions. Mais depuis quelques mois et à cause des tensions politiques dans le pays, cette image tend plutôt à s’ébrécher. Des voix dissonantes se font entendre, des lettres internes à l’adresse du chef suprême sont fuitées et les travaux du Conseil de la Choura auraient été infiltrés…
A l’approche des échéances législatives et présidentielle, les choses se corsent. Ennahdha peaufine sa stratégie, cherche à se repositionner et à avancer ses pions. Le mouvement a su tirer son épingle du jeu, jusqu’alors, grâce à une série d’alliances et de mésalliances. La crise entre Carthage et la Kasbah a pourtant fragilisé le mouvement qui s’est retrouvé contraint de prendre une position tranchée pour un camp ou un autre. Cela lui a valu, au final, bien des tourments internes et la perte du sacrosaint consensus avec la présidence de la République.
La dernière sortie médiatique de l’une des figures emblématiques d’Ennahhda, on nommera Lotfi Zitoun, nous éclaire un tant soit peu sur les tiraillements qui secouent le mouvement.
Ce que Lotfi Zitoun ose dire publiquement, pratiquement personne d’Ennahdha ne l’a fait. Il s’exprime librement et critique les positions et certains cadres de son propre parti. L’interview accordée à nos confrères d’Acharaâ a fait grand bruit. Il faut dire que le conseiller de Ghannouchi a clairement fait part de ses craintes vis-à-vis de la Kasbah et de Youssef Chahed. Pour Lotfi Zitoun, les agissements de l’entourage de Chahed représentent un danger en soi pour la démocratie naissante. Il fustige des manœuvres tendant à intimider les adversaires politiques en utilisant les moyens de l’Etat pour fuiter des informations confidentielles. Il évoque ainsi un climat de suspicion et de véritable crainte : « les gens n’osent même plus parler au téléphone ! Ils s’appellent par WhatsApp ! ».
Face à ces pratiques et à la naissance de Tahia Tounes, Lotfi Zitoun prône la méfiance et s’oppose à ce qu’Ennahdha s’allie durablement avec Youssef Chahed. Il évoque même la lettre adressée à Rached Ghannouchi : « J’ai écrit cette lettre et j’ai exprimé mon avis ! ». Le document fuité, très critique envers le président du mouvement, lui reproche d’avoir choisi le camp d’un chef du gouvernement « qui a montré ses ambitions, son autoritarisme, l’exploitation de son influence et des rouages de l’Etat pour rallier des partisans ». Aujourd’hui, Lotfi Zitoun confirme cet état des faits et semble mettre en garde ses frères du mouvement.
D’ailleurs, le « plus progressiste » des islamistes avait claqué ce samedi la porte de la réunion du Conseil de la Choura accusant des parties proches du gouvernement d’espionner les travaux. Il s’explique : « J’ai quitté la réunion parce qu’il y avait des fuites au profit du cercle proche du gouvernement. Ceci n’a pas lieu d’être et cela nous conforte dans notre position. Celui qui se trouve dans le gouvernement ne doit pas jouer un rôle partisan et entrer dans des manouvres en lien avec les prochaines élections ! ». Lotfi Zitoun ne mâche pas ses mots quant à la nécessité d’un gouvernement qui soit neutre, allant jusqu’à dire que les élections pourraient ne pas avoir lieu dans ces conditions.
S’il n’est pas tendre avec le gouvernement, Lotfi Zitoun ne l’est pas non plus avec son propre mouvement. Il assure ainsi qu’il a été fortement attaqué par ses frères beaucoup plus que par ceux de l’extérieur : « Oui, on m’a accusé d’apostasie. Il existe un réel problème d’acceptation de la liberté de l’autre ».
Il dit militer pour une réforme complète du mouvement, en dépit du fait qu’il soit en minorité. Selon Lotfi Zitoun, Ennahdha se doit de s’adapter à la nouvelle donne. Une évolution qui doit compléter la transformation d’Ennahdha en un parti « 100% » civil qui s’occupe uniquement de programmes relatifs à la gestion de l’Etat et à l’instauration d’un climat de confiance. Ainsi, toutes les questions liées à la société civile, notamment religieuses ou sociales doivent être définitivement laissées de côté pour se contenter de l’action partisane.
Ce qu’il appelle « son projet », consiste à convaincre « ses frères » à se démarquer de l’Islam, de le libérer de la lutte politique : « Cette religion unit tout le peuple tunisien. L’islam appartient aux 12 millions de Tunisiens même ceux qui ne sont pas musulmans. Continuer à mélanger l’identité du parti à l’islam ne fera qu’inciter la société à rejeter la religion et ternir l’image d’Ennahdha ! ».
Le leader islamiste assure qu’Ennahdha doit se transformer en un parti conservateur, ouvert à tous, qui respecte l’espace privé et œuvre pour l’intérêt général dans le cadre de l’Etat et se dit ne plus être convaincu par la notion d’islam démocrate… Il est allé jusqu’à rappeler la responsabilité politique d’Ennahdha dans les assassinats de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, appelant à juger tous ceux dont la justice établira l’implication, même s’il s’agit de Rached Ghannouchi.
Alors, véritable prise de position ou énième manœuvre d’Ennahdha devenu maître en matière de double discours et de changement de stratégie ? Lotfi Zitoun évoque vaguement un nouveau projet politique en dehors d’Ennahdha. Préparerait-il son départ ou le pousserait-on à la porte ? Pour le moment, il dit qu’il ne quittera le mouvement que lorsque viendra le jour où il sera empêché de s’exprimer librement.
Ikhlas Latif
Commentaires (20)
CommenterPape Gélasius nous passe le Bonjour et de l´amour!
Question:
A l'époque (2012) il voulait envahir les bâtiments de la télévision avec une horde de salafistes !!!
Et la secte continue à agoniser ...
Ecrit par A4 - Tunis, le 05 Novembre 2017
La pieuvre noire est moribonde
Elle n'en a plus du tout pour longtemps
Elle est gluante, nauséabonde
Comme l'eau fétide d'un étang
Elle est obligée pour survivre
De s'amputer quelques tentacules
De jeter au feu tous ses livres
Et mettre à l'heure ses vieilles pendules
Mais ses horloges usées sont rouillées
Bloquées dans des époques anciennes
Et rien ne sert de les chatouiller
Il n'y a plus d'aiguilles qui tiennent
Elle suffoque dans son marécage
Et ça fait longtemps qu'il n'a pas plu
Qu'il n'y a plus perles ni coquillages
Que les eaux du golfe n'arrivent plus
De temps à autre elle rejette un doigt
Le plus malade ou le plus pourri
Cela n'empêche qu'elle est aux abois
Les yeux tristes et la peau flétrie
Elle est même rejetée par les siens
Par ses amis et ses grands maîtres
Elle n'a plus presque aucun soutien
Pour la sortir de son mal-être
Vous la voyez étalée à terre
Répugnante comme un vieux torchon
Faisant en cachette des prières
Pour invoquer diables et démons
Son mal incurable la dévore
Va la jeter un jour dans le trou
Avec ses doigts assassins, ses cors
Et sa sale tête de gourou
@veritas, oui vous avez raison
@Monia
la vitrine officielle pour toute la nébuleuse qui n'adore qu'un seul dieu, l'argent ...
Islam tunisien:OUI,Diatature islamique:NON
QUE JUSTICE SOIT FAITE
Il met de l'eau dans le vin, je croise les doigts et je touche du bois.
Je n'aime pas les "islamistes".