
La polémique autour du rapport de la Colibe est à son comble, notamment, à l’approche de la date fatidique du 13 août. De quoi remettre au grand jour la question des droits de la femme, et plus généralement, celle des libertés individuelles et de l’égalité. Rejetée pour des raisons idéologiques ou pour des calculs politiques, la Colibe se trouve, dès lors, sujette à une vaste vague de diffamation et de dénigrement.
La femme tunisienne a toujours réussi à se distinguer à l’échelle du monde arabe et musulman, suscitant l’admiration du monde occidental. Pour cause, son émancipation, son modernisme et son combat acharné pour obtenir tous ses droits dans une société qui a toujours favorisé la gente masculine.
Il va sans dire, que la promulgation du Code du Statut Personnel (CSP), le 13 août 1956 par décret beylical avant son entrée en vigueur le 1er janvier 1957, a fortement contribué à la consécration des droits de la femme, en étant, à l’époque, une véritable révolution législative. Cette série de lois progressistes tunisiennes visant l’instauration de l’égalité entre l’homme et la femme dans nombre de domaines, fût l’un des actes les plus connus du Premier ministre et futur président Habib Bourguiba près de cinq mois après l’indépendance de son pays.
Il donne à la femme une place inédite dans la société tunisienne et dans le monde arabe en général, abolissant notamment la polygamie, créant une procédure judiciaire pour le divorce et n’autorisant le mariage que sous consentement mutuel des deux époux.
Ces avancées, bien que fort louables, restent désormais insuffisantes, 60 ans après. Ainsi, le président de la république Béji Caïd Essebsi, a pris l’initiative de créer la Commission des libertés individuelles et de l'égalité, la Colibe, chargée d’élaborer un rapport en phase avec la nouvelle constitution et complétant l’arsenal législatif et juridique tunisien.
Cependant, et depuis la publication du rapport de la commission présidée par l’avocate et députée, Bochra Belhaj Hmida, une vive polémique fût déclenchée. Les détracteurs et autres réactionnaires n’ont retenu que certains points d’un rapport s’étalant sur 232 pages, pointant principalement, l’égalité successorale et la dépénalisation de l’homosexualité.
Considérant, qu’il s’agit de lignes rouges à ne pas franchir, d’un point de vue purement religieux, les détracteurs de la Colibe lui ont déclaré une guerre sans répit. Lancée initialement sur les réseaux sociaux, insultes, mensonges, dénigrements et diffamation, en étaient les principaux mots d’ordre. Cette campagne orchestrée, a été déplacée par la suite dans l’enceinte des mosquées, où les prêches étaient orientés, mettant en garde contre ce rapport, « qui détruira la famille tunisienne, éliminera son identité arabo-musulmane et l’alignera aux pays de l’occident mécréant ! », tout cela se passe sous le silence radio du ministère des Affaires religieuses, normalement, garant de la neutralité des mosquées.
Les choses n’en demeurent pas là, puisqu’une coordination nationale pour la défense du Coran, de la Constitution et du développement équitable est créée. Conduite par des figures emblématiques du parti islamiste et autres extrémistes religieux, cette coordination a organisé une marche nationale, durant la journée d’hier, rien que pour dire « Non au rapport de la discorde » !
Près de 6000 personnes déparquent à la place du Bardo, transportées par des bus venant à travers tout le territoire tunisien, ont manifesté contre un recueil de propositions et de recommandations prônant les libertés individuelles et l’égalité. Pire, plusieurs femmes ont pris part à cette manifestation, renonçant à leurs droits acquis via l’Etat civil et préférant être complémentaires, et se suffire de l’honneur que leur a accordé l’islam. A écouter certaines jeunes filles âgées d’à peine 18 ans qualifier la Tunisie de « Etat islamique », on croirait vivre dans un autre pays. Un pays envié par des millions de femmes arabes qui négocient encore leur droit à conduire, seules, une voiture.
Cependant, force est de constater que la commission de Bochra Belhaj Hmida, mais aussi de ses 8 autres membres, a dû faire face, seule, à cette violente vague d’opposition. Mis à part quelques communiqués laconiques publiés par certains partis politiques, la commission se bat en solitaire contre ses multiples détracteurs, sans même l’appui de la présidence de la République qui l’a pourtant initiée. La Colibe ne bénéficie que d’un grand soutien de la société civile, des indépendants et d’une majorité aspirant à une Tunisie meilleure, libre et fidèle à sa réputation.
D’ailleurs, un rendez-vous a été fixé pour le lundi 13 août à 18h face au théâtre municipal pour exprimer sa solidarité avec la Colibe, et appuyer ses recommandations qui demeurent le seuil minimal garantissant les libertés individuelles, l’égalité et la dignité humaine.
Sarra HLAOUI

Commentaires (12)
CommenterAllah ,à déjà entamé le défi ,nous voilà
Allah en prohibant la consommation du vin , il a dit que le vin a des vertus ,mais ses inconvénients sont plus nombreux
BCE a piégé Ghannouchi
Les islamistes, la base la plus virulente, exige l'affrontement avec les instigateurs de la Colibe. Ghannouchi sous la pression de ses partenaires religieux et sa base extrémiste est obligé de se prononcer au risque soit de briser le Taweq (avec BCE) en critiquant la Colibe soit de décevoir sa base électorale islamiste et revancharde s'il ne réagit pas. Dans les deux cas de figure, Ghannouchi est embarrassé. Le Gourou a essayé de cacher ses "extrémistes" mais là il ne peut plus, il est obligé de se découvrir sinon sa "base" se détachera de lui. Sans sa base, Ghannouchi n'est plus rien.
BCE a gagné son pari politique, il a divisé la Nahda entre les plus "modérés" et les "extrémistes". Béji a utilisé la manière la plus pacifique pour le faire avec la divulgation de la Colibe, il a dégoupillé une grenade prête à exploser au visage de Ghannouchi qui est obligé de se déclarer s'il est pour ou contre la Colibe. Dans les deux cas, il aura tout perdu et il pourra vendre son costume et sa cravate qui ne lui servent plus à rien.
Vous avez dit liberté ?
A L'EKKTEUR
Ne commettez pas l'irréparable
L'ombre d'Ennahdha
Ce parti est dangereux pour la Tunisie, ces dirigeants ne voient que par la chariaa, la religion, et le clergé ou cheikh.....Nous ne sommes plus au 7e siècle, chose qu'ils ne veulent pas comprendre dans leurs petite tête.
Ces gens ils sont fermés comme une coquille, ces des moutons, ils sont un danger pour la nation toute entière.
Ils sont obscurs, ne jure qu'à travers la religion, mais l'islam n'a rien avoir avec ces méthodes, nous sommes en Tunisie et non pas au pays du wahabismes.
Oui à l'émancipation de la femme tunisienne, oui à l'égalité entre la femme et l'homme, oui à la parité de l'héritage entre femmes et hommes.
Non à l'égoïsme et à l'hypocrisie de ces hommes politiques venus d'ailleurs....
Debout la Tunisie, femmes battez vous.....
Arrêté votre propagande
Soyons nombreux aujourd'hui Lundi 13 Août 18h
@lekkteur

