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Afek Tounes, un parti dans tous ses états
10/04/2018 | 19:59
4 min
Afek Tounes, un parti dans tous ses états

Le parti Afek Tounes vit un épisode des plus difficiles depuis sa création il y sept ans. Une cascade de démissions a, en effet, été enregistrée depuis quelques jours, dont celles d’Ali Bennour, Hager Ben Cheikh Ahmed, Taoufik Bouachba et bien d’autres. Retour sur une crise aux conséquences imprévisibles aussi bien pour le parti lui-même que pour le paysage partisan et politique dans sa globalité.

 

Le point de départ a été la décision de retrait du parti du gouvernement d’union nationale. En effet, priés de choisir entre rester au gouvernement ou quitter Afek, les membres du cabinet de Youssef Chahed ont préféré geler leur adhésion au parti.

Après avoir cru à des prémices d’une nouvelle entente, avec la tenue du congrès d’Afek, voilà qu’une série de démissions ébranle le parti jusqu’à faire disparaître son bloc parlementaire.

En effet, après la démission d’Ali Bennour, le bloc d’Afek, qui comptait sept députés, n'en a désormais plus de 6 membres. D'où la dissolution dudit bloc conformément aux dispositions de l’article 40 du règlement intérieur de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP)

Effet boule de neige oblige, la cascade des démissions s’est poursuivie avec celles de deux membres très en vue du Bureau politique, à savoir Taoufik Bouachba et Kais Allani. Et si le premier a annoncé, dans un post Facebook, qu’il préfère reprendre sa liberté d’action en tant qu’indépendant, le second a indiqué qu’il serait long d’expliquer les raisons de sa décision tout en souhaitant la réussite à son ancien parti dans les échéances à venir.

La série noire a continué avec l’annonce de démissions collectives de dirigeants nationaux, régionaux et locaux des régions de Tunis 2 et tout le Bureau local de La Marsa. 

 

Réagissant à ces développements « négatifs », le président d'Afek Tounes, Yassine Brahim, a commenté, lors d’un plateau télévisé, que tous ceux qui ont quitté dernièrement le parti peuvent y revenir.

Mais il est revenu, tout de même, sur les multiples  démissions du bloc en confirmant en substance que «la crise au sein du parti a commencé au moment où nous nous sommes retirés du gouvernement et de l’Accord de Carthage. Certains n’ont pas encore accepté cette décision. Cependant, notre bloc n’était pas grand dès le début et tout départ peut l'affecter. Ainsi, tous ceux qui ont quitté dernièrement peuvent revenir au parti et nous pouvons dépasser les problèmes, sinon d’autres solutions sont possibles, comme rejoindre d’autres blocs … ».

Yassine Brahim a rappelé que les décisions prises pour se retirer du gouvernement et de l’Accord de Carthage ont été votées à plus de   70% des voix et plus de 60% lors du Conseil national et du Bureau politique, « et ce dans un parti qui fonctionne et respecte ses institutions ». « Si certains n’admettent pas le processus démocratique au sein d’Afek, libre à eux d’opter pour l’approche qu’ils jugent adéquate », a-t-il dit.

 

Prenant le parti de Yassine Brahim, Zeineb Turki, membre influent d'Afek et présidente du Conseil régional de Tunis 2, a fustigé les démissionnaires qui tentent de perturber la bonne marche du parti. « La décision de retrait du gouvernement et du Document de Carthage était dure à prendre, entame t-elle, mais elle a été prise par les institutions du parti après d’amples discussions. Et nous avons réussi à dépasser le clivage né de cet événement et avons entamé les préparatifs aux prochaines élections municipales avec la constitution de listes conduites par des personnalités à grand rayonnement local, ce qui nous a permis de reprendre l’action politique dans une ambiance sereine en cette étape cruciale de l’histoire du pays ».


Tout en se disant  « satisfaite de la ligne prônée par le parti qui a rompu avec la démarche économique et sociale défaillante qui menace la transition démocratique, en général » elle affirme être « étonnée des tentatives de certains, en vue de porter préjudice à l’action des militants dont notamment les prétendues démissions de la part d’adhérents qui n’ont plus aucune activité digne de ce nom depuis plusieurs mois voire plus d’un an ».

Zeineb Turki conclut en soupçonnant « une volonté préméditée de nuire au parti qui a toujours clamé l’indépendance de ses institutions et de ses décisions ».

Qu’à cela ne tienne, Hager Ben Cheikh Ahmed, dans une réplique indirect à ce post, a publié, à son tour, un statut dans lequel elle critique, en des termes durs, « ceux qui veulent blanchir le parti par le dénigrement de ceux qui contredisent ses dirigeants allant jusqu’à prétendre que les démissionnaires n’appartiennent pas à Afek alors qu’ils y sont bien affiliés depuis 2014. Ces membres du parti qu’on accuse d’être étrangers au parti, ont été courtisés avec plein de promesses afin qu’ils reviennent, justement, sur leurs démissions », assure encore Hager Ben Cheikh Ahmed.

 

En tout état de cause, la crise est bien installée au sein d’Afek. Selon les observateurs, le parti est menacé même dans son existence en tant que formation agissante dans le paysage partisan. Il n’y a pas si longtemps, il représentait un courant marquant par son dynamisme et le niveau de ses cadres considérés comme étant parmi les grandes compétences du pays.

Aujourd'hui, la question qui se pose est de savoir quelle sera l'issue de cette crise aigue et inattendue? Surtout à un moment où tout le paysage politique, y compris le gouvernement et son chef, se trouvent sur la sellette.

 

Sarra Hlaoui

10/04/2018 | 19:59
4 min
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Commentaires (1)

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Merlin
| 11-04-2018 13:31
C'est vrai que chez BN vous déclarez n'être pas neutre mais la je crois que vous poussez le bouchon un peu trop loin.
Un observateur un tant soit peu averti peut voir en ses démission une grosse pièce de théatre mais bon, vos yeux qui ne voient que le séduisant #Godjo ne peuvent/veulent rien voir d'autre...
Pourtant le schéma est on ne peut plus simple: Afek a eu enfin le courage de sortir du gouvernement (mieux vaut tard que jamais) alors ceux qui étaient plus attiré par le soleil du pouvoir sont partis et ceux qui étaient plus attiré par leur parti sont restés. Ce qu'ont voulu faire cette Hager Ben Chikh Ahmed et ce Ali Bannour (dont la première ne fait qu'insulter le parti et son président depuis sa sortie du gouvernement) c'est de remuer encore plus le couteau dans la plaie avant les élections municipales afin de tenter de casser le parti dans un acte mesquin de vengeance contre ceux qui leur ont enlevé le pouvoir.
Pauvre Tunisie, quand est ce que ces politiciens de la dernière pluie comprendrons qu'ils ne valent rien en tant qu'individus et que seul les projets communs comptent. Quand est ce qu'ils cesseront de se croire le nombril du monde et regarder autour d'eux pour savoir qu'il ne sont rien,niet,nada. et comme dit le proverbe Tunisien "El fa9r wel 3antza"