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Tunisie- Syphax Airlines : le pari qui décolle d'une piste épineuse
25/04/2013 | 1
min
Tunisie- Syphax Airlines : le pari qui décolle d'une piste épineuse
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Syphax, compagnie aérienne privée, vient d’obtenir, le 17 avril courant, le visa du CMF pour s’introduire en bourse. 1,25 million d'actions représentant 50% du total des actions offertes et 22,73% du capital de la société après augmentation seront émises sur le marché alternatif à 10 dinars l’unité. Cette introduction en bourse, la Syphax s’y aventure, une année à peine après sa création. Le but étant de s’affranchir de la capacité de financer de nouveaux investissements, à savoir des avions longs courrier, à l’instar de l’Airbus A330, ainsi que 5 autres appareils dont l’acquisition est programmée au cours de l’année 2013.

De prime abord, et à effleurer les grandes lignes, l’on devine avec facilité les contours de l'ambitieux projet de la Syphax et de son chef : Mohamed Frikha. La compagnie aérienne privée, décline des indicateurs d’activité, en somme, dans le vert et dessine des prévisions de croissance suffisamment ambitieuses et porteuses. A fin 2012, le chiffre d’affaires provisoire de la société est estimé à 31,325 millions de dinars.

Les projets de la Syphax pour l’année en cours tablent, en l’occurrence, sur la pénétration du marché du long courrier, à travers l’ouverture de vols réguliers et directs vers des destinations comme les Etats-Unis d’Amérique, l’Australie, le Brésil et, notamment, le Canada. Mais encore, de nouvelles lignes vers la Libye ainsi que pour les voyages de la Omra seront ouvertes en 2013. Et, fantastique gâterie mais dérisoire investissement : Mohamed Frikha, patron de la compagnie, s’offre le Falcon 900 de Sakher El Materi, gendre de l’ancien président Ben Ali. Ce bijou luxueux coûte 20 millions de dollars et n’a été cédé qu’à 7 millions de dollars et quelques poussières. Cette modique somme a été, initialement proposée par un broker américain portant de l’intérêt à l’achat de l’appareil, Mohamed Frikha, voulant le garder en tant que propriété tunisienne, a offert 200 mille dollars de plus pour acquérir le Falcon 900.

Pourquoi, cependant pareil achat ? Et bien que jusqu’ici les affaires du patron de la Syphax semblent être le fruit du hasard du destin : « maktoub » dit-il, l’acquisition du jet privé de Sakher El Materi est bien réfléchie. En effet, l’idée est de le mettre au service des hommes d’affaires, des diplomates, des ministres et des personnalités publiques pour leurs déplacements pointus, outre la possibilité de le mettre à la disposition des célébrités qui souhaitent venir en Tunisie s’adonner à des activités touristiques. 

Du côté du revers de la médaille, la Syphax a trébuché et a été, quelque peu, maladroite dans son décollage. Choisir l’aéroport de Sfax comme base pour la compagnie aérienne, a été une erreur de calcul sur le plan de la rentabilité. Disons que Mohamed Frikha s’est laissé entraîner par l’émotionnel en élisant sa ville natale sans s’apercevoir des difficultés qui pourraient surgir suite à cette option. Le patron de la Syphax a expliqué, lors d’un passage télé sur Ettounissia, qu’un jour, se baladant dans les couloirs de l’aéroport de Sfax, tout nouveau, tout propre et bien aménagé, avec des hommes d’affaires, ils ont fini par constater que ce dernier ne remplit pas la totalité de sa capacité. D’ailleurs et à juste titre, semble-t-il, c’est de là qu’est née l’idée de créer une compagnie aérienne. D’apparence, petite erreur de parcours, mais dans le fond, ce choix s’est vite avéré problématique et M. Frikha s’est aussitôt retourné vers l’aéroport Tunis-Carthage. Seulement voilà, Tunisair, compagnie aérienne nationale n’était pas d’humeur à apprécier ce forcing, eu égard à l’atterrissage des avions Syphax sans autorisation aucune des autorités compétentes. C'est de l'histoire ancienne désormais. 

Aujourd’hui, Mohamed Frikha déclare, en toute âme et conscience, que plus l’ombre d’un conflit n’existe entre Tunisair et Syphax, cette dernière participe même au chiffre d’affaires de la première en recourant à ses services de handling et de catering. Il faut dire que Tunisair a le monopole en la matière. La véritable concurrence provient, selon le patron de la Syphax, des compagnies étrangères low cost.
Oui mais, la concurrence existante, à présent, entre Tunisair, Air France et Syphax est plutôt déloyale, lorsqu’on sait que les trois compagnies se sont entendues pour aligner leurs prix de vente des billets d’avion afin de ne pas se faire de l’ombre. Or, si l’on considère l’exemple de la Syphax, les charges d’exploitation de la société sont remarquablement moindres en comparaison avec celles de Tunisair qui souffre d’un sureffectif surpayé. 
Pour donner une image plus transparente, la Syphax pourrait parfaitement bien opérer en tant que compagnie low cost en exerçant des prix compétitifs : Tunis-Paris-Tunis à 190 dinars. Tunisair ne pourra pas s’aligner à ce niveau de prix et souffrira de ce type de concurrence au grand bonheur du consommateur. Le libre marché n'étant pas pour tout de suite, Syphax s'est mise un autre handicap en interdisant les boissons alcoolisées à bord. Un choix qui la prive d'un certain nombre de clients, désapprouvant ce type d'ingérence dans la vie privée, sans lui en rajouter spécialement d'autres, indique un observateur. On notera que les grandes compagnies arabes n'ont pas ce type d'interdiction. 

N'empêche, le lancement de la Syphax Airlines ne peut être que de bon augure pour le secteur du transport aérien en Tunisie. La courbe d’évolution additionnée aux prévisions optimistes de l’activité de la compagnie, mais encore la prochaine introduction en bourse, laissent présager des signaux positifs pour l’économie nationale. Syphax a ses atouts et du potentiel.

Mohamed Frikha avait confié que certains de son entourage ne l’ont pas encouragé à investir dans la Tunisie post-révolution de crainte de pertes sur fond économique renfrogné. La Syphax Airlines était un pari, probablement difficile à gagner, tout est question de bonne mise et de bonne étoile. Avec le succès de Telnet et cette première année heureuse de Syphax, l'introduction en bourse de la compagnie peut s'inscrire dans ce cercle vertueux dans lequel s'est mis Mohamed Frikha.

Nadya B’CHIR
25/04/2013 | 1
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