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Tunisie : Les voyeurs ne verront pas la « liste noire » des juges
25/08/2011 | 1
min
Tunisie : Les voyeurs ne verront pas la « liste noire » des juges
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Présidé par Raoudha Laâbidi, le Syndicat des Magistrats Tunisiens (SMT) a tenu aujourd’hui mercredi 24 août 2011, une conférence de presse, au Palais de la Justice de Tunis afin de traiter de la situation actuelle de la magistrature, d’évaluer la prestation du ministère de la Justice et la position du gouvernement et de l’opinion publique par rapport au corps des magistrats. Mme. Laâbidi a rappelé que les juges sont quasiment sujets à un complot. Le SMT a affirmé qu’une série de surenchères a été lancée contre les magistrats.

Rappelons que l’AMT, frère-ennemi du syndicat avait lancé un appel aux citoyens de mettre à la disposition de la justice toute donnée relative aux dossiers et personnes soupçonnées de corruption. Cet appel a été précédé de l’initiative de dresser une liste des juges corrompus. L’AMT a, dans ce sens, désigné une commission chargée de préparer cette fameuse liste, or, selon Mme Laâbidi, cette commission est anonyme, donc son travail est loin d’être transparent et objectif.

L’appel lancé par l’AMT est, par ailleurs, considéré par le SMT, comme étant «dangereux» car il conduit à une «anarchie accusatoire». Il s’agit, en fait, selon la présidente tout simplement de «la loi de la jungle!». Elle a expliqué qu’une justice qui se base sur des listes est une justice collective et non individuelle. En outre, les accusations ou la mise sur la liste d’une telle ou telle personne sans preuves nuirait à la réputation de gens indûment et la justice aurait commis une vraie injustice envers elle-même.
Il est, donc dans ce cas, question d’une justice de vengeance et de règlement de comptes personnels. Le syndicat considère que le respect des procédures judiciaires est vital pour l’impartialité et l’équité de la justice et que l’urgence du moment est de restituer à la loi sa souveraineté. Il a été, de ce fait, décidé de ne pas divulguer le contenu de cette liste et d’en garder la confidentialité.

D’un autre côté, revenant sur la rencontre récente qu’a eue le syndicat avec le Premier ministre, le SMT a déclaré que le gouvernement s’est contenté «d’écouter» ses prises de position, or le SMT réclame qu’il y ait une volonté politique claire qui puisse concrétiser l’assainissement du corps de la magistrature. A ce propos, le syndicat a émis une série de critiques à l’encontre du ministère de la justice, dont en premier lieu le manque de collaboration logistique et administrative.
En effet, le ministère n’a encore livré aucun dossier de corruption et a laissé entendre qu’aucun dossier du genre n’a été trouvé. Seulement, les archives sont toujours là et il aurait suffi, selon Mme Laâbidi, de suivre par exemple les affaires de privatisation liées à la famille Trabelsi pour démanteler tout le réseau et mécanismes de la corruption de certains juges. En plus, le ministère n’a toujours pas donné de version officielle sur l’existence ou pas de ces dossiers. « Le flou règne et le ministère, sensé accomplir des prestations administratives, ne collabore pas prétextant ne pas s’immiscer dans la liberté et, par conséquent, compromettre l’indépendance de la justice», a ajouté Mme. Laâbidi.
Les erreurs commises par le ministère selon le SMT, sont encore plus graves quand il a été question de traiter avec le dossier des six juges présumés impliqués dans les affaires de l’ancien régime. Mme Laâbidi qualifie même de catastrophique les prises de position du ministère dans cette affaire. Ces juges ont été, en premier lieu, mutés au service des études, dans une tentative de camoufler le dossier et d’arranger la situation discrètement. Mais ensuite, une fois refusés d’accès à ce service, ces six juges ont eu la faveur d’être amnistiés sans qu’il y ait ouverture de leur dossier sur la corruption.

En définitive, le SMT se dit favorable à une ouverture du dossier de corruption mais non sur la base de liste pré établie et avec un maximum de vigilance et une garantie du respect total de la procédure judiciaire. Une vraie justice ne peut se baser sur des suppositions ni dépendre de l’humeur du juge. Elle se doit de respecter la loi et rien que la loi. La corruption doit également être traitée en tant qu’un ensemble de structures et de personnes, dont le corps des magistrats, celui des avocats, des greffiers et des intermédiaires. Chacune de ces parties fait partie intégrante de la conjoncture et l’assainissement du secteur ne peut se faire que par le traitement de toutes ces composantes. L’avenir de la justice, selon Mme Laâbidi, dépend de la justice d’aujourd’hui ; il faudrait avoir une approche préventive afin d’éviter d’éventuels dérapages et abus dans le futur.

« Conjuguons nos efforts tous, magistrats, membres du SMT et le l’AMT, fonctionnaires du ministère de la Justice et membres du gouvernement, discutons autour de la question et trouvons ensemble des solutions pour clamer demain que la justice aura fait sa vraie révolution», a conclu la présidente du syndicat.
25/08/2011 | 1
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