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Chroniques
Tant que les partis se font financer par la Celtia du marché noir…
27/03/2017 | 15:59
5 min

 

A l’actualité cette semaine, des tensions de toutes parts, des polémiques, des mensonges et des reculades. Les médecins ont observé une grève la semaine dernière pour contester la condamnation judiciaire à de la prison ferme de l’un de leurs confrères suite à une erreur médicale ; les juges observent cette semaine une grève pour l’obtention de droits et les enseignants  devraient observer prochainement une grève pour exiger le départ de leur ministre.

 

Après avoir réussi à circonscrire le terrorisme, l’urgence absolue est dans le rétablissement de l’économie tunisienne afin de créer de la croissance, de l’emploi et de la richesse. Au lieu de quoi, on préfère plutôt nous occuper de sujets qui nous divisent et alimentent la haine entre nous. On a beau être un peuple de dix millions d’habitants, on réussit à créer des problèmes identiques aux pays abritant des dizaines d’ethnies guerrières.

 

L’émission qui a fait le plus de buzz cette semaine est celle de Boubaker Akacha, sur Mosaïque FM, avec ses deux invités reçus mardi et mercredi derniers Lazhar Akremi et Chafik Jarraya. En termes de bassesse de discours politique, on fait difficilement pire, même si l’on reste encore éloigné des bas fonds atteints durant la période de la troïka.

Les premières réactions ont touché la radio et l’animateur à qui on reproche d’ouvrir l’antenne à de tels invités et permettre un tel vocable. Chassez le naturel, il revient au galop ! Nous avons, en chacun de nous, une paire de ciseaux dans le cerveau cherchant à censurer les idées de l’autre et à éliminer tout ce qui ne nous ressemble pas.

 

L’autre buzz de la semaine est cette histoire d’El Jem où l’on a observé une mobilisation populaire, soutenue par des partis politiques de différentes tendances, appelant à fermer un commerce moderne et légal de boissons alcoolisées.

En apparence, les partis et les manifestants sont des gens prudes  et conservateurs qui ne veulent pas du « péché » dans leur contrée. C’est encore une fois la même rengaine, l’élimination de l’autre qui ne nous ressemble pas. C’est pourtant bien à cet « autre » qu’on demande d’investir et de créer de l’emploi. Moi, chef d’entreprise, je n’irai pas investir dans une région où je ne trouve pas un resto mixte où l’on peut avoir un bon dîner arrosé après une longue journée de travail. Dans l’état actuel des choses, la majorité de nos régions intérieures ne proposent pas ce b.a.-ba de la vie ordinaire. Une femme qui pointe le nez et elle est fortement agressée du regard, voire la parole. Un resto chic, ce n’est pas apprécié, il est très mal vu s’il propose de l’alcool et c’est le scandale si l’on y voit des femmes déguster un vin ou siroter une bière.

Les apparences sont cependant trompeuses, car ce qui s’est passé à El Jem n’a rien à voir avec le conservatisme. Les riverains sont habitués à l’alcool depuis la nuit des temps. Il s’agit tout simplement de la politique idiote de l’Etat, d’abord, et du protectionnisme des contrebandiers ensuite. Les barons du commerce informel de la région ne veulent pas voir de commerce légal d’alcool chez eux, puisque cela nuit à leurs affaires. Et il est, malheureusement, tout à fait normal que les partis politiques les soutiennent, puisque ces derniers se font financer par l’argent du commerce parallèle. Ça explique en partie toute l’opacité autour des états financiers des partis.

 

L’Etat dans tout ça ? Dans les manifestations observées à El Jem, il est triplement fautif. En accordant une autorisation de débit d’alcool sans avoir étudié l’impact de cette décision au préalable. Il a corrigé ensuite sa faute par une autre faute puisqu’il s’est déculotté face à la pression « populaire » soutenue par des partis et des contrebandiers. A l’origine de ces deux fautes conjoncturelles, une autre faute structurelle, consistant à s’arroger encore le droit, en 2017, de dire qui doit vendre de l’alcool et qui ne le doit pas et où !

 

Il faut noter tout d’abord que ce type d’autorisation est une porte ouverte au népotisme et à la corruption. Un cahier des charges suffit. Le contrebandier ne demande pas mieux que de commercer au grand jour et en toute légalité. Il investira et paiera ses impôts comme tout le monde. En octroyant les autorisations d’alcool au compte-gouttes et à la tête du client, l’Etat joue à l’hypocrite. Il ne pratique pas la prohibition puisqu’il autorise X, mais il n’autorise pas l’alcool puisqu’il interdit Y. Que l’Etat aille directement à la source du problème, lève sa main sur le commerce et laisse le marché s’autoréguler comme cela se fait partout dans le monde. Ce n’est qu’ainsi qu’on peut motiver les investisseurs et créer de la richesse ! Et tant pis pour les prudes qui n’aiment pas voir l’alcool, ils doivent accepter de vivre aux côtés de personnes qui aiment l’alcool et se rendre à l’évidence, on ne peut pas avoir de l’investissement dans les régions avec des interdictions moyenâgeuses.

 

Le hic est que notre Etat est faible, cherche à ménager la chèvre et le chou et se débat dans le populisme.  Afin d’éviter des tensions ici et là, il se déculotte à tour de bras. Il élimine un ministère pour ne pas fâcher les syndicalistes, il annule une autorisation pour calmer les contrebandiers et offre même des terrains, au dinar symbolique, à des squatteurs.

Nous avons fait une révolution et rédigé une constitution, nous nous réjouissons de la démocratie et de la liberté d’expression,  alors que nous sommes en otage de contrebandiers et de terroristes amnistiés. Avant, on avait des hommes politiques qui faisaient de l’escroquerie et de la contrebande. Aujourd’hui on a des escrocs et des contrebandiers qui font de la politique.

27/03/2017 | 15:59
5 min
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Commentaires (35)

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YASMINA
| 31-03-2017 16:25
@Abdel chater:
Mr vous êtes d'un autre temps, d'un autre âge...
Vous lire me donne la nausée.
Moi qui ne consomme n'y Celtia, n'y boissons alcoolisées, je n'arrive pas à comprendre comment nous allons pouvoir réussir notre transition avec des personnes aussi archaïques, bornées et rétrogrades que vous. Nous sommes dans une république ou la laïcité et la tolérance doivent rester les maîtres mots.
Notre seule industrie, réside dans le tourisme ou se qu'il en reste et vous et vos sbires prônez, la burka et le retour à l'âge de pierre!!
N'auriez vous pas fait l'objet d'une peine de prison pour trafic illégal ou autres avant 2011??? Vos paroles et vos pensées sont aussi aigres que mauvais vinaigre de vin... A moins que vous ne soyez un alcoolique un ancien alcoolique repenti et frustré???

zabrata sport
| 30-03-2017 22:49
le marché noir rapporte htva; cash, assistance garantie zatla chrab kha.....b contra tt est permis sans autorisation préalable c l'aubaine ou jamais !!!!!!!

Helmut
| 29-03-2017 09:12
Prière d'inviter votre honorable et respectable mari à prendre gentiment ses médicaments et de dormir tôt. C'est le souhait de la majorité de la population indigène mais aussi d'une grande frange des étrangers vivant sur cette bonne terre.
Amicalement

Abel Chater
| 28-03-2017 21:54
Je ne trouve plus comment donner un croche-pied intellectuel à ce qu'écrit Nizar Bahloul, tellement il s'est amélioré en ses commentaires, à des années de lumière en ce qui concerne l'objectivité et la neutralité journalistique.
Il ne manque plus à Nizar Bahloul que de revoir les circonstances du travail de la Troïka et l'état du pays après le départ du dictateur Ben Ali, avant de la dénigrer aveuglement. Qu'il se rappelle de l'insécurité totale dans l'ensemble du pays. Qu'il se rappelle la charge surhumaine qui pesait sur l'armée tunisienne, seule force de sécurité du pays après la fuite de la police, des gendarmes et la mise en feu et en cendre de leurs postes. Qu'il se rappelle des coupures de routes, d'autoroutes et de la voie ferrée et des usines partout en Tunisie, sans qu'il n'y ait de force pour les dissuader ou pour les obliger à l'ordre, hormis les nouveau politiciens de la Troïka, souvent sans la moindre expérience politique. Qu'il se rappelle les milliers qui occupaient et bloquaient au quotidien les municipalités, les délégations, les gouvernorats, les ministères et toutes les institutions étatiques du pays, sans desserrer les blocages qu'en leur propre gain de cause personnel. Qu'il se rappelle le pillage des magasins et des supermarchés en plein jour, sans la moindre résistance policière ou sécuritaire. Qu'il se rappelle toute la géographie routière du pays sans un seul policier de circulation. Qu'il se rappelle les comités de quartiers qui gardaient leurs maisons jours et nuits. Etc., etc. Et qu'il nous dise, qui a calmé toute cette furie populaire à l'échelle nationale sans la moindre police, ni la moindre justice, en dehors des politiciens de la Troïka. Une Troïka sans gourou, ni la moindre figure charismatique, ni la moindre force étrangère. Seul le gigantesque respect d'amour de la population à l'égard de nos soldats et de notre armée, réussi de main de Maître, par le merveilleux et Valeureux Général «Sahli» Rachid Ammar, que le Tout Puissant lui offre tout le bonheur et toute la bonne santé de ce monde, en compagnie de son légendaire état-major.
Où est donc le mal à retenir contre la Troïka, hormis le lynchage et le sabotage des anciens «Azlèms» du régime dictatorial déchu de Ben Ali, qui se retrouvèrent sur la touche de la deuxième République tunisienne de régime parlementaire, jusqu'à avoir commandité des assassinats politiques et un terrorisme venu d'Algérie et de Libye?
Idem pour le président Moncef Marzouki, qui a ancré la vraie démocratie et la vraie liberté de parole en Tunisie, au point qu'il est devenu le premier président de toute l'histoire des Arabes, à être mire de toutes les insultes et de toutes les humiliations de ce monde, sans la moindre crainte d'une quelconque poursuite policière, ni judiciaire. Qu'on nous cite un seul mal qu'il a commis contre la nouvelle démocratie en Tunisie. Surtout pas cette histoire de risquer la sécurité de la Tunisie pour garder le criminel contre l'humanité, le premier ministre de Kadhafi, Baghdadi Mahmoudi, remis là où il devra rester pour l'éternité.
Donc, il est temps de voir l'objectivité en sa totalité et de faire une comparaison sincère et consciencieuse entre les acquis de la Troïka et de Moncef Marzouki, qui ont sauvé le pays d'une guerre civile certaine et ce qu'on vit après que Nida Tounes ait reçu le pays sur un plateau doré en calme, en ordre et en civisme.
Encore mille bravos à Nizar Bahloul qui me régale par ses écrits.

Bob
| 28-03-2017 15:38
Après lecture de cet article, j'ai l'impression qu'on retourne à l'âge de bière quand l'homme vivait dans les tavernes.

takilas
| 28-03-2017 15:19
Et le festival d'EL Jem et le rôle au profit du tourisme ainsi que des commerces dont l'artisanat, voire l'edification d'un village touristique avec hôtels, piscines, terrains de tennis, salles de conférence...sans oublier les petites excursions dans les environs.

nabilg
| 28-03-2017 14:00
Avant, on avait des hommes politiques qui faisaient de l'escroquerie et de la contrebande. Aujourd'hui on a des escrocs et des contrebandiers qui font de la politique.

A . N.
| 28-03-2017 12:46
De toute façon l'état ne veut pas du commerce l'égale pour que tout le monde paye des impôts .
Dans d'autres pays un commerce n'est pas interdit tout simplement il faut respecter les cahiers de charge .
En Tunisuen malheureusement n'est pas les cas .
Si on donne à chacun qui veut faire un commerce une chance pour essayer , ça passe ou ça casse c'est son problème , s'il aura la chance de réussir c'´est mieux pour et pour l'état car il va payer des impôts , et si par mal chance ne réussi pas alors là il s'arrêtera tout seul .
Avec une idée de donner une chance à tout le monde cryoez moi la contrebande réduira de deux tiers .

Rifal
| 28-03-2017 11:22
Le dictateur est parti, la mafia est restée.
Comme toutes les mafias, elle s'est intégrée dans le jeu de tous les gouvernants; les anciens robotisés et lobotomisés..... et les nouveaux, novices dans leur genre.
Elle en a fait des marionnettes entre ses mains.
Tout le reste découle de ceci.
Et dans toute cette mascarade, le dindon de la farce reste le dindon de la farce et comme toujours, c'est lui qui paie les pots cassés.

Turlututu
| 28-03-2017 10:58
Bonjour,

trop d'interdits tuent les interdits et les gens ne penseront désormais qu'à une seule chose : défier et braver les interdits. C'est bine connu, la nature humaine est ainsi faite. Il faut aménager des espaces de liberté pour les gens autrement, les gens vont exploser. Avant d'exploser c'est le vice qui va se répandre : marché noir, prix incontrôlés, racket, criminalité. Le phénomène est bien connu il n' y a qu'à s'intéresser à la période de la prohibition aux USA dans les années 20/30. Pas compliqué, des années de plomb vont s'abattre sur le pays avec son cortège de misère.