Nous sommes tous responsables
Par Mehdi Rebaï *
Notre pays cultive la schizophrénie depuis l'indépendance. Le Tunisien également car il se retrouve dès sa naissance partagé entre un attachement aux valeurs modernistes défendues par Bourguiba et par beaucoup d'autres avant lui et acceptées par la majorité des Tunisiens et l'attachement à ses traditions culturelles souvent antagonistes avec le progressisme. Que ce soit sa relation avec la religion, ou bien avec la notion de liberté individuelle, le Tunisien devient schizophrène, sans aucun repère pour prendre une décision claire qui lui permettrait de se sentir bien dans sa peau. A ce combat continu entre progressisme et tradition, se rajoute à notre jeunesse un avenir sans lueurs d'espoir.
Nos jeunes assis dans les terrasses de café à longueur de journée sont bien évidement des proies faciles, des jeunes sans aucun idéal et dépourvus d'avenir font de sérieux candidats potentiels au lavage de cerveau pour les terroristes surtout lorsqu'on l'on y rajoute un manque de repères, un manque flagrant également de culture et de connaissance de la religion. Les derniers chiffres de l'observatoire national de la jeunesse stipulant que 82% des jeunes veulent quitter ce pays devraient en réveiller plus d'un car lorsque même la jeunesse n'y croit plus, plus rien ne semble possible.
Le diagnostic étant fait, les raisons profondes de l'émergence du terrorisme dans notre pays étant clarifiées, ceci ne doit en aucun cas nous faire oublier que nous devons gagner la guerre contre le terrorisme et que des mesures doivent être prises à court terme. C’est une priorité. La structure même exécutive et politique du pays doit se mettre en état de marche forcé. Les guerres propres n'existent pas. Des dommages collatéraux sont probables et des erreurs prévisibles. Sommes-nous prêts, citoyens autant que nous sommes, à accepter ces bavures ? Combien de morts allons-nous attendre avant d'accepter si ce n'est pas déjà le cas ? Avons-nous actuellement les hommes et femmes capables de prendre ces décisions difficiles mais pourtant si nécessaires ? Sommes-nous dans la bonne configuration gouvernementale pour gagner cette guerre ?
Toutes ces questions doivent avoir des réponses et vite car les terroristes n'attendent pas et leurs plans sont déjà en place. Pour ma part, mes réponses à ces questions sont limpides. A la guerre comme à la guerre. Toutes les personnes avec un haut degré de responsabilité et un profil "mou" concernant leur volonté de lutter contre le terrorisme au sein des ministères de la Défense, de l'Intérieur et de la Justice doivent être remplacées. Les partis au pouvoir doivent se mettre d'accord sur les principes de la guerre contre le terrorisme, si ce n'est pas le cas un changement dans la coalition gouvernementale est nécessaire.
Sénèque disait "la crainte de la guerre est encore pire que la guerre elle-même". Cher gouvernement, les jeux sont faits et rien ne va plus, nous sommes à vos côtés mais aujourd'hui nous attendons de vous des décisions rapides, fermes et efficaces pour nous protéger de ce que des générations avant nous ont créé.
* Membre du bureau politique d'Afek Tounes