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Chroniques
Lotfi Abdelli et Bernard Pivot et l'art de vulgariser
Par Inès Oueslati
27/10/2015 | 15:58
4 min
Lotfi Abdelli et Bernard Pivot et l'art de vulgariser

 

L’événement sera, cet après-midi, au musée du Bardo : la dernière étape avant l’attribution du Prix Goncourt. Hier, ont circulé sur les réseaux sociaux des photos de Bernard Pivot, éminente figure de la culture et de sa vulgarisation en France et ailleurs. On le voyait à l’avenue Bourguiba au milieu d’une petite foule d’admirateurs venus le rencontrer à la librairie Al Kitab. Mais l’intérêt général était focalisé ailleurs. Les scènes publique, télévisée et virtuelles étaient occupées par un autre adepte de la « vulgarisation » : Lotfi Abdelli.

 

L’humoriste tunisien invité dans une émission très suivie sur une chaîne très regardée s’est bien fait remarqué. L’audience était au rendez-vous et l’intérêt sur les réseaux sociaux, également. Nos stars de l’écran sont-ils à notre image ? Le niveau de ce qu’ils incarnent est-il le nôtre ? Nous regardons. Nous dénigrons. Et nous continuons à regarder ce que nous dénigrons, assez longtemps pour que ceux que l’on dit ne pas apprécier gagnent en popularité et que leur produit gagne du terrain sur une scène culturelle devenue aride.

 

Ici nous aimons la culture. Mais d’un amour pervers. Nous faisons le succès de ceux que l’on critique avec virulence. Nous les suivons assidument à l’écran. Nous nous plaignons communément du niveau bas des productions télévisées, mais nous les regardons fidèlement, avant de nous acharner dessus sur la toile. Nous affichons notre culte voué à la culture mais nous n’en garderons que l’aspect « affiché ». Ouled Ahmed, poète de renom, n’a bénéficié de sa popularité récente qu’après une récupération politique bien orientée idéologiquement. Sa maladie a été récupérée, également, de manière partisane. Ceux que le poète a dénoncés virulemment ayant choisi le pardon en clichés et s’étant rendus, avec des photographes, à son chevet. Sans ça il aurait sombré dans la nonchalance commune comme de nombreuses figures de notre culture ne gagnant en reconnaissance qu’après-trépas, le cas de la chanteuse populaire Fatma Boussaha en est le dernier exemple en date.

 

Et elles sont nombreuses, ces derniers temps, ces figures connues et peu connues de la scène culturelle qui déclarent publiquement leurs situations difficiles. Les uns demandent de l’aide, les autres l’attention de l’Etat, d’autres ne veulent que dénoncer un système ingrat, une machine sans cœur faisant du pire le meilleur et lâchant en cours de route les compagnons de la veille, le tout au rythme d’un goût général tirant de plus en plus vers le bas.

 

C’est ce qui fait qu’en access prime-time on a offert hier un combat de coqs. On frôle le degré zéro en terme de niveau de langage. On flirte avec la décence, en terme de résultat à l’image. Mais le tout ayant fait de l’audience, cela ne pourra qu’encourager nos commerçants de la télé, loin d’être des mécènes, à récidiver. En hommes d’affaires flairant l’audimat faiseur de recettes, ils creuseront encore plus afin de nous proposer du plus controversé, du plus vil, du plus vulgaire.

 

D’autres n’attendront même pas la contribution du commerce télévisé pour sombrer et faire sombrer l’image de la culture et ses hommes en Tunisie. C’est le cas d’un Moncef Souissi qui après des années de travail et des dizaines d’œuvres a choisi son camp. Celui du retournement de veste et de la servilité affichée au politique. Il s’était positionné il y a quelques mois comme opposé à la prise de pouvoir par Béji Caïd Essebsi. Il s’est positionné récemment comme adulateur de ce même Béji Caïd Essebsi devenu président. Rien de mieux qu’un bisou sur le front du président de la République lors d’une réception à Carthage pour illustrer les propos !

 

La diversité dans les genres proposés, le style cultivé par chacun, tout ce qui en soit constitue une richesse est perverti à cause de l’approche avec laquelle nous appréhendons la culture. Et de culture en Tunisie, on ne retiendra donc cette semaine que Moncef Souissi et Lotfi Abdelli. Pivot, Assouline, Dabadie, Debré, Ben Djelloune… on en parlera sur un mode assez ennuyeux et dans des formats tellement classiques qu’on ne retiendra l’intérêt que de ceux déjà intéressés par la culture ou par l’étiquette que l’on aime en tirer. Pourtant, nombreux sont ceux qui se mettent à jouer le jeu et à essayer de casser l’image péjorative collant à la Tunisie après les derniers actes de terrorisme. Invités, organisateurs, instigateurs savent que substituer une image de renaissance à celle de terreur est susceptible d’être efficient à l’échelle internationale. Nous sommes nombreux également à suivre la foule qu’on appâte vers le bas, et à passer à côté de ces opportunités. Car, au lieu de vulgariser la culture, nous avons choisi de vulgariser le peuple.

Par Inès Oueslati
27/10/2015 | 15:58
4 min
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Commentaires (21)

Commenter

tounes
| 01-11-2015 10:34
la faute n'incombe pas à ce soit disant humoriste qui gagne sa vie en insultant le peuple tunisien mais c'est plutôt l'animatrice du plateau de 24/7 de lhiwar ettounsi qui n'est pas digne d'être journaliste et qui ne fait qu'exposer des médiocrités sur ce plateau j'ai remarqué une très grande différence de niveau journalistique entre elle et Elyes El Gharbi souvent
son plateau est basé sur des faits divers isolés qui sont mis en avant pour nuire à l'image de la Tunisie comment vous voulez améliorer la situation économique et du tourisme si vous ne parlez que d'assassinats de viols et de dispute entre les partis essayez madame Belkhadi de trouver d'autres sujets pour aider à relever le niveau des tunisiens ou laissez votre plaça à quelqu'un d'autre capable de le faire

Bob
| 30-10-2015 14:22
Les règles de modération ne concernent pas à l'ignorant qui s'adresse à tout un peuple en lui disant, entre autres gentillesses: ''Mes hémorroïdes vous ressemblent, vous le peuple Tunisien''. Ce commentaire vulgaire et insultant bénéficie d'un traitement de faveur. alors que son auteur devrait être jugé pour injure publique à l'encontre du peuple tunisien. Bizarre.

Bob
| 30-10-2015 12:26
Les commentaires qui ne sont pas favorables à John Machin sont censurés.Dommage pour la liberté d'expression.


B.N. : Merci de relire nos règles de modérations

Rifal
| 29-10-2015 12:30
A chacun son âge, sa personnalité, son style, sa méthode et l'environnement dans lequel il se déplace. Voilà pourquoi, pour ces deux personnages qui sortent de l'ordinaire et qui ne laissent pas indifferents, la comparaison faite par Inès Oueslati laissent un arrière goût de provocation ; bien sur au désavantage de Lotfi Abdelli qui, qu'on le veuille ou pas, qu'on l'aime ou n'aime pas, est et restera une grande figure de l'art et de la culture non seulement tunisienne mais aussi arabe et méditerranéenne. S'il fait salle comble en Tunisie et surtout en Europe ou ailleurs, cela ne peut être seulement le fruit du hasard.
Bernard Pivot est incontestablement une éminente figure de la culture dans sa génération.
Il dispose de cet art de décortiquer un livre, un roman, de le rendre accessible à tout public, d'encourager son auteur et de le soumettre ensuite à un débat constructif et contradictoire. Il cultive ainsi la culture et l'enrichit à sa façon. Mais comme tout animateur médiatisé, il se garde bien d'égratigner les lobbies qui, pour des raisons obscures, stratégiques et volontaires cuisinent négativement au quotidien l'islam, les musulmans, les arabes et tout leur espace, autrement dit y compris la majorité des respectables lecteurs et commentateurs de Business News.
Retenons aussi que derrière son pupitre, Bernard Pivot dispose à l'appui, de multiples salles de théâtre et de cinéma, d'une presse essentiellement dédiée à la culture qui font la richesse et l'efficacité de la culture en France.
En Tunisie, qui depuis des lustres disposait et dispose de grands talents individuels, qui parle de l'état des lieux de la Culture et de sa vulgarisation ?
Lotifi Abdelli, lui alerte.... à pratiquement à chacun de ses passages dans les médias.. Il parle de la situation des artistes et de l'état largement insuffisant de la culture dans notre pays.
Lui, n'est jamais figé, en perpétuel mouvement, il observe, il étudie et se cultive jour après jour et ce n'est pas un hasard si sa popularité est un fait et les Tunisiens ne sont pas dénués de bon sens et d'analyse.
Sa dérision, quelquefois dénuée de rondeur (son grand point faible), fait rire ou sursauter mais il ne laisse jamais place à l'indifférence.
Ce bonhomme interpelle les politiques, il pousse et repousse les limites.
Ainsi, il ne se contente pas de vulgariser la culture, il est un des rares à défendre la culture et les artistes en Tunisie, à tentdésert cer de casser le ulturel, les salles insuffisantes, les théâtres en haillons et dénués, et dénoncer les insuffisances de l'état culturel et de la culture de l'état.
Même notre doyen Béji Caid Essebssi, après Moncef Marzouki et les autres, en a reçu gentillement pour son grade dans la dernière émission télévisée d'Ettounssia.. Pour les non hystériques et les non moutons, cela n'a rien de méchant, cela fait partie du jeu et si El Beji fera le geste de l'indifférence comme l'a fait Moncef Marzouki. Et c'est tout à leur honneur.
Lotfi Abdelli n'a été lancé par personne, c'est un comédien, un homme de théâtre, un acteur de cinéma, un danseur, un critique qui s'est forgé de lui-même malgré les difficultés d'un environnement peu généreux et d'une télévision, qui pour son audimat, n'épargne personne, pousse souvent l'artiste au maximum de ses capacités de retenue ; elle l'agresse quand elle le peut, pousse à la confrontation à querelles et nul ne peut nier que le sens de la réplique n'est pas le point faible de Lotfi Abdelli.
Pour les âmes farouches, qui hurlent à la vulgarité, la meilleur réponse est l'indifférence coupable de grand nombre d'entre eux face à l'image négative de la Tunisie et des tunisiens véhiculée par les feuilletons télévisés du Ramadan où tous les fleaux et vices de la société marginale, sont mis à nu de façon à faire croire que ces déviations font partie de notre culture actuelle......Voilà le vrai gâchis et la réelle vulgarité. Mais là, chut, silence on tourne....

JOHN WAYNE
| 28-10-2015 15:12
Que vaut le prix Goncourt ?
En valeur absolue, pas plus que mes hémorroïdes qui ces jours-ci sont plus que jamais rebelles.
Mes hémorroïdes vous ressemblent, vous le peuple Tunisien.
Elles sont imprévisibles, nuisibles, et désordonnées.
Il y a même dans le comportement de mes hémorroïdes un côté révolutionnaire.
Et que mes hémorroïdes travaillent pour la CIA comme le locataire grabataire du Palais de Carthage et sa clique d'abonnés au vol Tunis-Washington, ne m'étonnerait pas le moins su monde.
Mes hémorroïdes se comportent parfois comme ce salarié de la CIA qu'est le roi de Jordanie et il m'arrive parfois de penser qu'elles m'espionnent pour des puissances étrangères sionistes à coups de virements en dollars.
Il suffit de lire un des romans de Tahar Ben Jelloun pour vous rendre compte que ce jury a un côté colonial qui comme beaucoup de prix sionistes européens, récompensent ceux qui écrivent pour décrire les peuples Arabes comme des peuples sous-développés, primitifs, et aux comportements sexuels bestiaux et teintés d'une perversion qui n'existe qu'en Orient.
Tahar Ben Jelloun a-t-il jamais écrit des livres condamnant le sionisme ou l'islamisme ?
Ce larbin de l'occident sioniste a-t-il jamais dénoncé le complot des révolutions Arabes comme l'a fait ce grand intellectuel Bourguibiste et Nationaliste qu'est Mezri Haddad ?
Pas le moins du monde.
Car il existe en Europe une communauté de Musulmans islamistes ou islamisants déguisés en Européens de souche et dont l'emploi du temps consiste à rédiger des torchons que mes hemmoridoides rejetteraient au premier essuie, et qui n'ont pour but que de faire la promotion aussi douce que ces pédales qui font la majorité de la classe politique européenne, de l'islamo-colonialo-sionisme.
Le meilleur exemple de ces larbins mâtinés *** mais excellant en un style indigeste de la langue de Molière est Béchir Ben Yahmed.
Il est temps pour le Goncourt de récompenser ceux qui dénoncent la politique sioniste et coloniale de l'occident, les crimes d'Israël, et le complot du printemps Arabe qui a réduit des pays comme la Syrie a des amas de cendres dépourvus de patrimoine culturel et affligés de guerres qui comme au Yémen dureront cent ans.
Le Goncourt doit être décerné a Vladimir Poutine et a Bashar al Assad pour l'ensemble de leurs 'uvres : celle qui consiste à sacrifier des générations de jeunes dans une mission presque impossible de sauver le monde des méfaits des peuples machiavéliques comme les sionistes d'Europe et d'Amérique, et des peuples bas et stupides comme les Tunisiens.

VOTRE DEVOUE JOHN WAYNE
ORPHELIN DE BOURGUIBA ET FLIC DE BEN ALI QUI VOUS CRACHE A LA GUEULE

amal
| 28-10-2015 15:01
comme fabrique-t-on des neuneus ?

Ingrédients :

-concurrence acharnée entre médias télévisées à qui présentera le meilleur neuneu

-une poignée de neuneus virulents

ensuite, vous passez en boucle les neuneus du matin au soir sur les plateaux télé et il ne vous restera plus qu'à relever le thermomètre de la médiamétrie pour savoir qui a fait le meilleur audimat et qui sera le meilleur neuneu.

Le peuple s'identifiera à ce neuneu et c'est ainsi qu'on massacre et appauvrit un peuple en lui donnant une nourriture intellectuelle de bas étage.
On glorifiera le neuneu en l'invitant dans les lieux dits culturels pour continuer à endormir le peuple et pour avoir une population composée de exclusivement de neuneus.

C'est ainsi qu'on détruit le savoir, la culture et la VULGARISATION des CONNAISSANCES en S'ACCAPARANT et IMPOSANT le VULGAIRE et GROSSIER à travers les médias.

Détruire et appauvrir intellectuellement une population n'est, à mes yeux, qu"un CRIME dont l'Etat en est le principal responsable.
UNE PETITION DOIT ETRE FAITE ET DES CHAINES EXCLUSIVEMENT INTELLECTUELLES ET CULTURELLES DOIVENT EXISTER POUR DONNER LE CHOIX A LA POPULATION.
ET LA ON VERRA SI LA MEDIAMETRIE ET TOUJOURS LA MEME.

CONTRAIREMENT à ce qu'on tente de nous faire croire, le peuple tunisien a TOUJOURS eu soif d'apprendre et de connaître. POUR CELA, il faut lui en donner les moyens.

C'est à l'ETAT d'y remédier !!!

MAHDI
| 28-10-2015 14:43
((Celui du retournement de veste et de la servilité affichée au politique))


Celui qui fait ces choses là doit espérer une récompense :
Un bon poste : ministre, conseiller, directeur de festival '
Mais lui ne veut pas de tout cela.
Son avenir est derrière lui.
Faut savoir les circonstances avant de juger les personnes.
Et il y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis.
Bonne continuation madame la JOURNALISTE.

Alex
| 28-10-2015 14:21
En lisant le titre de l article bernard pivot et lotfi abdelli l art de vulgariser je me suis dit quel honneurpour lotfi ce guignol d etre compare a bernard pivot.en parcourant l article qui est bien ecris je constate que le verbe vulgariser n a pas le meme sens quand il s agit de bernard pivot vulgariser veut dire rapprocher la culture qui est parfois inaccessible aux gens les rendre plus cultive plus intelligent plus a meme de reflechir par eux meme alors que vulgariser chez lotfi ebdelli veut dire tout le contraire de ce qui ete dit precedemment abetir les rendre encore plus minable les tirer vers le bas avec un semblant d humour non la comparaison n est pas a sa place elle me derange

Bob
| 28-10-2015 13:31
Dommage! Il y a, dans ce texte, de très bonnes idées, mais desservies par des contre-sens et des phrases encore et toujours surchargées... La dernière phrase aurait été un bijoux si l'auteur n'avait pas utilisé, à tort, le verbe ''vulgariser'' (vulgariser le peuple!) en voulant peut-être dire ''maintenir ou entrainer le peuple dans la vulgarité''.
Puisqu'on est au prix Goncourt, il faut lire Hédi Kaddour pour apprendre à écrire avec simplicité et éviter les ambiguïtés. C'est un grand spécialiste de l'écriture journalistique et un superbe écrivain.
Madame Oueslati, je partage souvent vos idées, il suffit de peu pour que j'adhère complétement à vos textes, et ce peu est lié à la forme.

andalou
| 28-10-2015 12:36
j'ai bien apprécié l'article , je retiens une phrase phare de cet article qui resume notre apathie devant la télé depuis 4 ans sans savoir le pourquoi. la phrase est:Nous regardons. Nous dénigrons. Et nous continuons à regarder ce que nous dénigrons, assez longtemps pour que ceux que l'on dit ne pas apprécier gagnent en popularité et que leur produit gagne du terrain sur une scène culturelle devenue aride. Ils sont vraiment peu qui savent la vraie valeur de bas niveau, de ce que ns sommes entrain de consommer. Par contre la majorité le trouve normale encore pire les jeunes, qui ne connaissent que ca. Ils vons certainement prendre la relève et continueront à creuser le fond.