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Les six semaines les plus cruciales et les plus dangereuses pour la Tunisie
05/09/2011 | 1
min
Les six semaines les plus cruciales et les plus dangereuses pour la Tunisie
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Violences à Sbeïtla, gouvernorat de Kasserine, avec au moins un mort, des blessés et des dégâts matériels importants et un couvre-feu pour calmer les ardeurs agressives. Violences à Douz avec une trentaine de personnes blessées dans des accrochages déclenchés entre des jeunes d'El Kalaa et de Abedla, dans la délégation de Douz-Nord et qui se sont poursuivis, des heures durant, malgré l'intervention d'unités de l'armée et de la Garde Nationale.
Reprise des violences à Jebeniana entre factions rivales, sit-in des enseignants au Kef, 15 incendies, qu’on soupçonne d’origine criminelle, dans le gouvernorat de Jendouba, les locaux du parti d’Ettajdid attaqués à Menzel Bouzayane. Et on en passe.


Cette recrudescence de la violence à un mois et demi du rendez-vous crucial et historique du 23 octobre 2011 est inquiétante à plus d’un titre et suscite de nombreux points d’interrogations sur ce qui attend la Tunisie en cette période.
La première question qui se pose à l’esprit est la suivante : qui est derrière ces actes dangereux pour la sécurité, la stabilité et, même, pour la réussite de la transition démocratique du pays ? En l’absence d’informations concrètes et crédibles, on en est au stade des thèses et des hypothèses.
Certains se plaisent à dire qu’il s’agit des poches de résistance réactionnaires représentés par les ex-Rcédistes qui ne veulent pas, justement, d’un passage à un régime démocratique. D’autres accusent les petits partis qui tiennent au maintien du statu-quo de confusion pour qu’ils puissent faire entendre leurs voix. Car après le scrutin et le score trop faible qu’on leur impute, ils se verraient, alors, décrédibilisés et privés, par voie de conséquence, de présence médiatique qui leur a permis, jusque-là, de crier haut et fort qu’ils sont des acteurs agissants sur la scène sociopolitique.
Des observateurs vont jusqu’à voir la main, pure et simple, de cette caste de voyous et autres délinquants malfaiteurs, pour qui le chaos et l’anarchie constituent le terrain de prédilection pour agir dans l’impunité.



Or ce qui inquiète encore, c’est cette escalade de la violence verbale qui prévaut dans le pays. En effet, on s’accuse, on s’insulte et on diffame à tout bout de champ dans l’impunité la plus totale. En effet, depuis le 14 janvier, aucun procès en diffamation n’a été intenté alors que, dieu seul sait, combien d’accusations gratuites, d’insultes et autres infamies ont été enregistrées sur la voie publique, à travers les médias, dans les réseaux sociaux, plus spécialement le facebook où les infos, ou plutôt les intox, les plus fantaisistes et les plus sensationnelles sont diffusées à longueur de journée.

Le pire c’est que les gens de la même corporation s’entre-déchirent entre eux. Et le comble est que c’est le corps des juges qui donne le « mauvais » exemple et qui se trouve désuni, ce sui se répercute sur le rendement et les prestations de ce secteur, appelé à assurer cette justice transitionnelle tant réclamée.
Le secteur des médias n’échappe pas à cette ambiance et les coups bas se multiplient allant jusqu’à appeler à la mise sur pied d’une « black-liste » à l’instar de ce qui est réclamé chez les magistrats. Mais qui a la légitimité et la crédibilité pour établir de pareilles listes ?

Chez les partis politiques, la situation n’est guère plus reluisante. Plus le temps avance, plus les accusations et contre-accusations fusent de partout. Moyens de financement, provenance de l’argent, les méthodes poursuivies par les uns et les autres en matière de campagne qui n’a pas encore démarré officiellement. Sans oublier les récentes scènes où des partis refusent de siéger à l’ISIE parce qu’ils rejettent la présence de représentant d’autres partis sous prétexte qu’ils appartiennent à l’ex-RCD.
Mais est-ce logique d’imposer son diktat et exclure les autres sous quelque motif que ce soit ? Est-ce logique d’entamer cette phase de transition démocratique par des pratiques contraires aux principes les plus élémentaires de la démocratie qui consistent à laisser aux urnes – et aux urnes seules – le soin de dire leur mot en toute transparence et liberté ?
Sans parler des instances et des commissions, créées par Mohamed Ghannouchi, qui s’accusent et accusent le gouvernement et les partis politiques. L’Instance de Ben Achour accuse la Commission d’Abdelfattah Amor et vice-versa. L’INRIC accuse le syndicat des directeurs des médias et veut imposer sa loi.

L’autre question qui se pose, est comment expliquer l’instauration d’une pareille violence physique et verbale dans l’impunité la plus totale ? Pour y répondre, les analystes et autres sociologues remontent au passage de Mohamed Ghannouchi à la tête du gouvernement provisoire, une étape d’un mois et demi au cours de laquelle il a lâché du lest à tous ceux qui l’ont demandé.
Résultat : l’Etat a perdu toute notion de prestige et d’autorité. Les gens n’ont plus aucun respect des lois. Il suffit de rassembler une centaine de personnes pour imposer sa loi à la Kasbah, au centre ville, devant le palais de Justice ou devant n’importe quel autre département ministériel ou siège d’entreprise.
Il suffit de crier haut et fort : « Le peuple veut » ou « la rue veut » pour que les requêtes les plus fantaisistes soient satisfaites. Il suffit d’un buzz de quelques centaines de comptes, même provoqué et artificiel, sur facebook pour qu’on obtempère. Parce qu’il faut satisfaire « l’opinion publique » !

A ce rythme là, où va-t-on ? Pourra t-on aller jusqu’au rendez-vous du 23 octobre ? Difficile d’y répondre dès maintenant, mais une chose est certaine : La Tunisie se trouve à l’orée des six semaines les plus dangereuses de son histoire. Mais si le sens de la responsabilité et l’intérêt suprême de la Tunisie finissent par l’emporter, ces six semaines pourraient être, logiquement, celles de tous les espoirs et de toutes les promesses.
05/09/2011 | 1
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