
Par Mohamed Salah Ben Ammar
À l’approche de l’été, la Tunisie fait face à une crise de l’eau d’une gravité inédite. Dans un pays au riche héritage hydraulique – des ingénieurs romains d’El Jem aux oasis sahariennes nourries par des systèmes millénaires –, l’accès à l’eau potable devient aujourd’hui un privilège. Des millions de Tunisiens vivent au rythme des coupures, des citernes payantes et des bouteilles hors de prix. Cette dégradation dramatique n’est pas le fruit d’une fatalité climatique. Elle résulte d’un effondrement organisé, où se mêlent mauvaise gouvernance, marchandisation rampante et privatisation silencieuse d’un bien vital. Dans ce contexte, le droit à l’eau, pourtant garanti par l’article 44 de la Constitution, est chaque jour bafoué.
Une marchandisation insidieuse d’un droit fondamental
Le droit à l’eau ne se proclame pas, il se garantit. Or, sur tout le territoire national, 34% des citoyens renoncent à boire l’eau du robinet, craignant sa mauvaise qualité. Fluor, nitrates, hydrocarbures, métaux lourds : les analyses indépendantes révèlent une contamination croissante. S’y ajoutent les fuites, les coupures récurrentes, les bassins pollués… Et derrière ce chaos, une Sonede en ruine : réseau obsolète, ressources humaines démobilisées, finances à l’agonie. Un service public vital délaissé depuis des décennies, miné par les passe-droits, les nominations clientélistes et l’absence totale de transparence.
L’eau embouteillée : rente privée, fardeau populaire
Pendant que le service public agonise, le marché de l’eau en bouteille prospère dans l’ombre. Douze entreprises se partagent 80% du marché, exploitant des sources naturelles souvent situées dans des régions rurales appauvries. Ces entreprises accaparent une ressource commune pour la revendre à prix fort, sans réelle régulation, sans contrôle de l’impact écologique ni redistribution aux communautés locales. Le résultat est saisissant : les foyers les plus modestes consacrent jusqu’à 18% de leur revenu mensuel pour acheter de l’eau, alors que ce bien devrait être gratuit, universel, équitablement distribué.
Une bombe écologique à retardement
À cette injustice sociale s’ajoute un désastre environnemental. La Tunisie consomme chaque année plus de 2,3 milliards de bouteilles plastiques, dont seulement 7% sont recyclées. Le reste envahit les oueds, les plages, les terres agricoles. Le plastique s’accumule, se fragmente, s’infiltre dans les sols, dans l’eau… jusqu’à nos organismes. Et derrière chaque bouteille, ce sont des émissions massives de CO₂ liées à l’extraction, la fabrication, le transport. Ce modèle de consommation est écologiquement suicidaire.
Une faillite programmée du service public
La situation de la Sonede est révélatrice d’un abandon méthodique du service public. L’entreprise cumule plus de 1,6 milliard de TND de dettes, un réseau à bout de souffle, un personnel démoralisé. Le gel des recrutements, l’absence d’investissement dans la maintenance, l’obsolescence technologique sont autant de signes d’un système en chute libre. À cela s’ajoute un phénomène délétère : le vol institutionnalisé de l’eau, par des particuliers, des institutions, parfois avec la complicité de certains agents. Le tout dans l’impunité. Ce sabotage intérieur achève de discréditer une entreprise qui devrait incarner l’intérêt général.
Que faut-il faire pour garantir ces droits ?
Il est encore temps d’agir. Il est encore possible d’éviter la pénurie structurelle, mais cela exige du courage politique, des compétences, de la transparence, une vision à long terme et surtout du courage :
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Un audit public indépendant de la Sonede, suivi d’un plan décennal de rénovation des infrastructures (cinq milliards de TND sur dix ans).
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Un moratoire immédiat sur les nouvelles licences d’exploitation des sources d’eau minérale.
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Une taxe écologique progressive sur l’eau embouteillée, couplée à une obligation de recyclage atteignant 50% d’ici 2030.
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Le développement de la désalinisation par énergie solaire, avec un objectif de 30% de l’approvisionnement en eau d’ici 2030, en particulier pour les régions du Sud.
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Des campagnes massives de sensibilisation sur la préservation de l’eau, la lutte contre le gaspillage et les pratiques responsables.
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Un arsenal juridique renforcé pour criminaliser le vol d’eau, garantir la priorité au service public et imposer un principe de justice hydrique.
Une question de justice sociale et de dignité humaine
Chaque année, la Tunisie perd environ 3% de son PIB en raison des effets directs et indirects des crises hydriques : baisse de la productivité agricole, surcoût pour les ménages, dégâts environnementaux, perte de cohésion sociale. Mais au-delà des chiffres, c’est une question éthique et civilisationnelle : voulons-nous une société où l’eau devient un produit de luxe réservé à ceux qui peuvent payer ? Ou voulons-nous restaurer un modèle où l’eau est considérée comme un droit, un bien inaliénable, un pilier de la dignité humaine ?
Le tiers des Tunisiens sans accès régulier à l’eau potable ne peut être une donnée statistique. C’est un scandale. C’est une trahison des engagements de l’État. C’est une mise en danger de la nation.
“Et Nous avons fait de l’eau toute chose vivante.”
﴾وجعلنا من الماء كل شيء حي﴿ — Sourate Al-Anbiya, verset 30
Le message est clair, qu’il vienne des droits humains ou du texte sacré : l’eau est la source de la vie, de la justice et de la paix.
Il est temps de reconquérir ce droit fondamental. Non pas par des déclarations creuses, mais par des actes concrets. L’eau ne doit plus être une rente pour les uns, mais une promesse de dignité pour tous.


L'équité est d'abord l'eau la nourriture et le toit.
Avant bien avant le tmasskhir d'égalité dégénérative.
L'un des aspects les plus importants de l'évaluation de la qualité de l'eau est la présence d'agents pathogènes. La bactérie intestinale Escherichia coli, comme les virus et la plupart des bactéries pathogènes, ne se multiplie que dans l'organisme des animaux à sang chaud, et non dans le sol ni dans le réseau d'approvisionnement en eau. Les agents pathogènes pénètrent dans les puits presque exclusivement par les eaux de surface contenant des matières fécales. La détection de la bactérie intestinale Escherichia coli (E. coli) indique donc une contamination de l'eau par des matières fécales. Les représentants les plus courants d'E. coli sont inoffensifs en soi et, en tant que symbiotes, indispensables à notre flore intestinale. Cependant, lorsque l'on tente de détecter en laboratoire des germes dangereux tels que Salmonella, Campylobacter et Streptocoques, ceux-ci sont régulièrement envahis par E. coli, relativement abondant. La détection des agents pathogènes eux-mêmes est donc très complexe. Forts de nombreuses années d'expérience sur le lien entre la détection d'Escherichia coli et le risque pathogène, nous évitons la détection différenciée et méthodologiquement difficile de diverses bactéries nocives et utilisons E. coli comme indicateur de risque. D'autres indicateurs de contamination fécale répertoriés dans l'ordonnance sur l'eau potable sont les entérocoques, Clostridium perfringens et, avec une signification limitée, les bactéries coliformes. Bien que le principe indicateur soit appliqué à ces bactéries, elles ne sont pas considérées comme des paramètres indicateurs au sens de l'ordonnance sur l'eau potable, car leur présence indique un danger potentiel pour la santé.
Important:
Les valeurs limites pour le comptage bactérien sont de 100 unités formant colonie (UFC) par millilitre pour le comptage bactérien total ; E. coli, les entérocoques et les bactéries coliformes ne doivent pas être détectables dans 100 ml d'échantillon d'eau après une procédure d'enrichissement.
Seulement lorsque l'eau contient moins de 100 germes par millilitre lors de la mise en bouteille, quel est le nombre de germes à température de stockage ? Des millions de germes par millilitre, sans aucun doute.
La croissance logarithmique (également appelée croissance exponentielle) des germes, comme les bactéries, décrit une phase où le nombre de germes augmente proportionnellement à la population existante (une génération chaque 20 min!) . Cela signifie que le taux de croissance est très élevé, car chaque germe est capable de se diviser continuellement tant que les conditions sont optimales.
D'un point de vue hygiénique, on peut/doit dire que cette eau ne remplit plus les conditions requises pour être considérée comme potable quelques heures après avoir été mise en bouteille : il suffit de répéter les analyses chimiques et microbiologiques de cette eau provenant d'une bouteille en plastique pour obtenir des résultats surprenants.
Sorry si mon commentaire est trop long.
Et ce n'est pas un hasard.
Ne vous avisez pas dans ce pays de jeter vos ordures (même des mégots) dans la nature, de rejeter vos eaux usées dans les cours d'eau et les lacs ou dans la nature, les amendes et peines de prison sont monstrueuses !
Ce qui se passe du coté de Sfax est inconcevable en Suisse.
Pour l'anecdote, j'ai bossé dans l'usine de retraitement des eaux usées de Marseille la semaine dernière. Cette immense usine retraite 180.000 m³ (oui, cent quatre vingt mille mètres cubes) d'eau PAR JOUR.
Le plus gros budget des JO de Paris a été consacré à la finalisation du traitement des eaux usées en amont de Paris. Il y a 20 ans, il restait 4 espèces de poissons dans la Seine à Paris. On est revenu à 30 espèces!
Le travail est énorme, mais avant toute chose le comportement de chacun de nous est le pilier des solutions.
Lors de ce pré-nettoyage, les feuilles, les pierres et les articles d'hygiène sont par exemple retirés. Les déchets sont lavés à la machine, pressés et valorisés thermiquement (incinérés). Le dessableur a pour fonction d'éliminer les impuretés minérales telles que le sable, les petits cailloux, le gravier ou les éclats de verre présents dans les eaux usées.
Les stations d'épuration, y compris en France, servent à épurer les eaux usées, mais en aucun cas à produire de l'eau potable.
Les médicaments tels que le diclofénac ou les pilules pour femmes (contenant des hormones sexuelles !), les PFAS (substances chimiques omnipresentes) et les cytostatiques ne peuvent toutefois pas être filtrés.
Si l'on tentait de tout filtrer, l'eau potable ne serait définitivement plus abordable !
Pas de déchets jetés dans les oueds à sec, sur le bord des routes, dans les buissons, dans les lacs, les plages... il faut collecter les déchets, les trier, les recycler.
La pollution des zones humides comme les "lacs" autour de Tunis va directement dans la nappe phréatique, il faut absolument nettoyer ces lacs précieux, sources de vie, et tous les lieux transformés en poubelle géante.
On ne peut déjà plus boire l'eau du robinet, l'eau en bouteille n'est plus pure.
Et n'oublions pas les insecticides, pesticides, fongicides, herbicides, engrais azotés, tout cela ruisselle à la première pluie et finit dans les nappes.
Pensons que l'eau douce représente 2,5% de l'eau disponible sur terre, nappes fossiles inclues, l'eau est une denrée très rare.
Nous creusons notre tombe, ayez envie de faire des enfants après cela! Ils vont hériter de l'enfer.
De plus, même l'eau en bouteille n'est pas toujours très propre. Je l'ai testée avec un TDS mètre (appareil de mesure des solides dissous totaux) fourni avec les filtres ZeroWater, et le résultat était catastrophique. Plusieurs rapports indépendants confirment que certaines eaux embouteillées en Tunisie ne respectent pas toujours les normes, notamment sur le plan bactériologique : entre 9,9% et 10,1% des échantillons analysés n'étaient pas conformes ces dernières années. Malgré une consommation massive d'eau en bouteille, la qualité varie selon les marques et il existe des écarts importants dans la composition indiquée sur les étiquettes.
Il faudrait revoir le système de conditionnement des bouteilles en plastique : remettre le système de la consigne avec des bouteilles durables et solides de 2 litres minimum. Cela va faire ruer dans les brancards, mais ce n'est qu'une habitude à prendre pour le consommateur et les industriels doivent se mettre à jour.
La consommation de l'eau en agriculture demandera une refonte totale des méthodes employées et c'est une gageure à mettre en oeuvre obligatoirement. Ces méthodes existent, je suis petit exploitant agricole et j'en porte témoignage.
Un ancien du ministère de l'agriculture.