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Bahri Jelassi, le Wikileaks de la Tunisie!
19/11/2013 | 1
min
Bahri Jelassi, le Wikileaks de la Tunisie!
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Le nomadisme politique, phénomène du changement d’allégeance partisane en cours de mandat électoral, est devenu une pratique répandue en Tunisie avec l’avènement de l’Assemblée nationale constituante (ANC).

A priori, les raisons de ce nomadisme parlementaire sont multiples, oscillant entre un changement d’idéologie, de principes et de projet de société dans lesquels le parlementaire ne se reconnaît plus et un opportunisme politique avec la promesse d’un poste important hors de son propre parti.
Or, le président du Parti de l'ouverture et de la fidélité (POF) Bahri Jelassi, a révélé une autre motivation de ce nomadisme : l’argent !


Révélations fracassantes et véritable scandale déclenché par Bahri Jelassi, escroquerie, corruption, des faits indignes des représentants du peuple dans la plus haute instance en Tunisie.
En effet, Bahri Jelassi a déclaré qu’il a été escroqué par des députés à l’ANC et ce, après leur avoir remis des sommes d’argent assez importantes, des voitures avec chauffeurs, et des bureaux équipés. Il présente ces offrandes comme des « outils de travail » qu’il leur a donnés pour qu’ils rejoignent son parti et qui devraient leur servir de financement de la campagne électorale de son parti, prévue en 2013.

Selon les propos de M. Jelassi, ces députés se sont vendus au plus offrant, ils se sont orientés d’abord vers Mohamed Sahbi Basly, président du parti Al Mustaqbal qui leur a donné chacun 3000 dinars, puis vers Faouzi Elloumi, président du parti réformateur destourien, ensuite vers Slim Riahi, qui leur a donné, à son tour des voitures avec des chauffeurs. Il a, également, fait impliquer Nabil Karoui dans cette affaire, car, toujours selon ses dires, le patron de Nessma Tv s’apprêtait à fonder un parti politique et à négocier avec ces députés.
Ces députés dont il n’a pas hésité à communiquer les noms seraient, Chokri Arfaoui, Tarek Bouaziz, Moncef Cherni, Saâd Bouîch, Hosni Badri, Hassen Radhouani, Romdhane Doghmani et Jalel Farhat, qui auraient tous demandé des sommes d’argents avant d’accepter de rejoindre son parti. Les sommes, qu’ils réclamaient, variaient entre 50 mille dinars et 200 mille dinars.
Cependant, il lui aurait fallu 8 mois de négociations avec eux pour qu’ils acceptent son offre. « Je leur ai versé la somme de 17000 dinars sur un compte spécial, pour financer ma campagne électorale », a-t-il souligné.

Voulant rendre l’affaire de plus en plus polémique, Bahri Jelassi a appelé le président de l’ANC, Mustapha Ben Jaâfar, ainsi que le ministère public à ouvrir une enquête sur le sujet, indiquant qu’il n’est pas l’unique impliqué dans cette affaire et qu’il faudrait se poser les mêmes questions concernant les députés qui ont regagné le parti de Béji Caïd Essebsi et qui «les auraient achetés avec des dîners et des bouteilles de liqueur », ainsi que des députés qui l’ont quitté pour se réfugier chez Larbi Nasra et qui, grâce à eux, a pu prendre part au dialogue national.

Le président du Parti de l'ouverture et de la fidélité a insisté qu’il détient des écrits signés et légalisés de la part de ces députés mentionnant les montants qu’ils ont perçus, et qu’il leur a même envoyé un huissier de justice pour récupérer son argent. Or, ces députés ont refusé d’obtempérer se réfugiant derrière leur immunité parlementaire pour échapper à la procédure.

Suite à ces déclarations incendiaires, les réactions n’ont pas tardé. Le porte-parole de « Tayyar Al Mahaba », Saïd Kharchoufi, a présenté au président de l’ANC, au nom du bloc parlementaire de son parti, une demande d’enquête urgente au sujet des députés qui auraient touché des pots-de-vin de la part de l’homme d’affaires, Bahri Jelassi.

Saïd Kharchoufi a indiqué que le président de l’ANC a été déçu du comportement desdits députés ainsi que du niveau auquel s’est rabaissée l’Assemblée nationale constituante, précisant que l’Assemblée a perdu « sa légitimité déontologique ».

Le porte-parole de « Tayyar Al Mahaba » a insisté sur l’obligation d’ouvrir une enquête sur le sujet et de suspendre les députés leurs missions à l’ANC, si leur culpabilité est prouvée dans cette affaire de corruption. Et d’ajouter : « Nous avons, toujours, attiré l’attention contre ce phénomène de nomadisme politique. Mais avant, c’était uniquement des bruits de couloirs qui circulaient, maintenant, nous sommes face à de révélations concrètes ! ».

Le député du parti de la République au sein de l’Assemblée Nationale Constituante, Tarek Bouaziz, a répliqué et nié en bloc les accusations et renvoyé la balle à Bahri Jelassi l’accusant, à son tour, notamment de blanchiment d’argent et le qualifiant « d’escroc ». « Son programme est suspect, son parti est suspect », a déclaré le député du parti de la République et d’ajouter qu’une réunion aura lieu afin de mettre au point la riposte adéquate à ces accusations.

Bahri Jelassi, personne controversée, continue à avancer et à menacer ses adversaires. « Je suis le Wikileaks de la Tunisie et je suis prêt à faire exploser l’ANC si on m’y accule, car j’ai des révélations plus fracassantes encore, enregistrements à l’appui », dit-il en substance.

La classe politique et les plateaux radiotélévisés sont, certes, habitués aux frasques de Bahri Jelassi, mais les propos qu’il tient, cette fois-ci, constituent des accusations tellement précises et graves, avec des noms et des chiffres à l’appui, qu’il devient urgent et nécessaire de tirer au clair les pratiques dénoncées, surtout que le pays est appelé à vivre de nouvelles élections censées être transparentes et démocratiques.

Sarra HLAOUI



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