8 ans de révolution, 8 ans de mensonges
C’est une journée noire pour les uns, salvatrice pour les autres. Elle a représenté un cauchemar pour les uns, l’espoir pour les autres. Le 14-Janvier reste une date historique pour la Tunisie. Huit ans après, on n’en a toujours pas fait le bilan. Certains regrettent la période d’avant, « tant on était tranquilles et qu’on mangeait à notre faim », d’autres vous disent « C’est mieux maintenant, on est en train de construire quelque chose de solide et durable pour nos enfants. Ces soubresauts sont naturels et normaux ». Quoiqu’on en pense, quoiqu’on en dise, une révolution ce n’est pas quelque chose d’ordinaire dans l’Histoire d’un peuple. Et c’est tout à fait normal que certains essaient d’obtenir des privilèges et que d’autres en perdent. C’est tout à fait normal aussi que des opportunistes sautent sur l’occasion pour les arracher en pariant sur la faiblesse, la crédulité ou l’inattention des autres.
De ceux qui ont perdu leurs privilèges, on en compte quelques-uns. On peut commencer par Ben Ali en exil et Imed Trabelsi en prison et finir avec Abdelaziz Ben Dhia, Moncef Trabelsi et Djilani Daboussi, décédés pendant ou après un séjour en prison sans aucun procès.
De ceux qui ont obtenu des privilèges (souvent indus), on compte des dizaines de milliers. La liste commence par Moncef Marzouki et passe par Sihem Ben Sedrine et un tas d’islamistes, de contrebandiers, de terroristes et d’anciens exilés ou faux exilés.
Huit ans après, et en dépit des milliards de dinars dépensés, les Tunisiens sont encore dans l’expectative. On n’est toujours pas d’accord si la révolution est oui ou non une bonne chose pour nous. Il suffit que l’image de l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali sorte sur le net pour que les passions se déchainent entre ceux qui le regrettent et ceux qui le honnissent. On a eu un échantillon la semaine dernière avec les fiançailles de sa fille Nesrine.
Ces tiraillements ne sont pas seulement expliqués par la situation économique dramatique dans laquelle nous sommes actuellement (l’euro est à plus de 3,5 dinars aujourd’hui contre 1,91 dinar en 2011 ; le dollar est à 2,98 dinars contre 1,43 en 2011), mais aussi par notre ignorance totale de la vérité. Des véritables raisons qui ont poussé Ben Ali à être ce qu’il était, de ce qui s’est réellement passé durant la période de la révolution et des mensonges grossiers que profèrent tous les opportunistes qui occupent l’espace politico-médiatique depuis.
Pour obtenir l’apaisement et passer à l’étape suivante de la révolution, il est impératif que l’on sache ce qui s’est passé avant et pendant cette révolution.
Huit ans après, on a des hommes politiques qui se prétendent révolutionnaires alors qu’ils étaient à l’étranger le 14 janvier 2011, d’autres qui se prétendent victimes de l’ancien régime, alors qu’ils en étaient un pilier et d’autres qui se prétendent patriotes et intègres, alors qu’ils ne sont que des larbins de puissances étrangères.
Cette obligation de dire la vérité de ce qui s’est passé avant et pendant la révolution du 14-Janvier est une condition sine qua non pour avancer et nous réconcilier les uns avec les autres. Cette obligation de vérité est si importante qu’elle a été inscrite dans la Constitution. Personne ne peut contester son principe, sauf si l’on décide d’un commun accord (comme nous l’a recommandé feu Nelson Mandela) de tourner la page, d’enterrer le passé et d’avancer. Mais nous sommes trop haineux, aigris et immatures pour cela.
Une instance a été créée en 2013 (IVD) pour se charger de cette importante mission de vérité et cette instance n’a fait qu’empirer les choses et empoisonner la situation. Le constat est net et sans appel, elle n’a pas accompli sa mission, elle n’a pas dit la vérité, elle a menti, elle a falsifié l’Histoire, elle a dressé les Tunisiens les uns contre les autres. S’il n’y avait pas les médias pour la contrer et dénoncer ses supercheries et Béji Caïd Essebsi au pouvoir, l’IVD aurait déclenché une guerre civile dans le pays. Le coupable principal (voire le seul) de cet état de fait s’appelle Sihem Ben Sedrine, présidente de l’IVD. Sans Mustapha Ben Jaâfar et Moncef Marzouki, avec un formidable appui américano-germanique, elle n’aurait jamais occupé le poste, tant elle symbolise la haine, le mensonge et la manipulation.
Ses adeptes essaient de la disculper pour nous dire que la mission de dire la vérité ne revient pas à Sihem Ben Sedrine seulement, mais à tous les membres élus de l’instance. Or ceci est une tromperie, car les membres élus ont été poussés à la porte et éjectés un à un au point que l’IVD n’a plus le quorum nécessaire pour siéger. Il n’y avait pas que les médias et les politiques qui ont dénoncé les abus de Mme Ben Sedrine, il y avait aussi les membres élus de l’instance Noura Borsali (paix à ton âme l’amie), Khemais Chammari, Mustapha Baâzaoui, Lilia Bouguira et bien entendu celui qui a été énormément et publiquement humilié par elle, Zouheir Makhlouf. C’est à ces membres que le parlement a donné la mission de dire la vérité, mais ils n’ont pas pu la dire car leur présidente et son lobby ont tenu à ne dire qu’une vérité, la leur ! Sihem Ben Sedrine a tellement manipulé l’instance au gré de ses propres intérêts qu’elle a conclu un accord, la semaine dernière, avec les magistrats pour les préserver de toute instruction !
Huit ans après, et quelques dizaines de millions de dinars jetés par la fenêtre dans les comptes de l’IVD, on ne sait rien de rien concernant les snipers de décembre-janvier 2011, on a mis dans le même sac les vrais martyrs et les bandits, les traîtres et les militants, les intègres et les vendus. Huit ans après, on considère officiellement les islamistes comme de pauvres victimes de la tyrannie de Ben Ali sans dire que certains parmi eux étaient de véritables terroristes. On considère que les copains à Marzouki sont des réprimés de l’ancien régime, alors que certains parmi eux ne sont que des petits délateurs de police et des escrocs qui ont fui le pays pour échapper à la justice. On n’a jamais dit que les pires ennemis des islamistes torturés et jetés en prison sont les islamistes eux-mêmes qui les ont dénoncés à Ben Ali. Toutes ces vérités ont été tues par l’IVD et Sihem Ben Sedrine, car ce sont des vérités qui ne sont pas bonnes à dire pour elle. Mais quel que soit le coût de cette vérité, il est toujours inférieur à celui du mensonge. A moins de, je le répète, choisir la solution de Mandela.
Huit ans après la révolution, on ne dit que du mal de Ben Ali et de l’ancien régime, sans lui donner l’occasion de s’expliquer. On ne parle qu’en mauvais de la période pré-2011 alors qu’il y avait quand même du bon (un tant soit peu) dans cette période 1987-2011.
Huit ans après le 14-Janvier, on se doit de dénoncer ce gros mensonge soigneusement entretenu par l’IVD, les islamistes, les terroristes blanchis, Marzouki, Ben Sedrine et tous les prétendus révolutionnaires et opportunistes.
Dans un post Facebook publié ce matin du 14 janvier 2019, la députée Leïla Chettaoui a invité à la création d’une commission parlementaire chargée de dévoiler la vérité de ce qui s’est passé entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011. Trop peu ! Ce qu’il faudrait, c’est tourner la page de l’IVD, mettre Sihem Ben Sedrine hors d’état de nuire et créer une instance composée de gens intègres, experts et désintéressés pour nous dire la vérité et œuvrer à une véritable réconciliation entre les Tunisiens. Sans cela, la Tunisie continuera à trainer son passif historique et à subir les opportunistes de tous bords. Pire, et comme on le voit depuis 2011 et jusqu’à maintenant, voir ces opportunistes et anciens terroristes occuper de hauts postes de l’Etat qui vont de l’administration à la présidence de la République en passant par le parlement et les portefeuilles ministériels.