
Nous avons découvert hier, 20 août 2019, que le chef du gouvernement avait la nationalité française. Dans sa grande magnanimité, il a bien voulu nous faire l’incommensurable honneur de s’en délester. Les équipes de communication et de marketing qui l’entourent ont vite fait de tourner cette casserole au défi envers les autres candidats à la présidentielle. On nous sert un discours selon lequel Youssef Chahed a pris les devants pour délaisser sa nationalité française et invite les autres à en faire autant, sans attendre le résultat des élections. Autant dire que la pilule a du mal à passer. Après s’être fait avoir, Youssef Chahed présente implicitement la bi-nationalité comme une tare dont il faudrait se débarrasser.
Mais quelles que soient les entourloupes que les équipes de com de Youssef Chahed pourront nous sortir, elles ne pourront jamais effacer la douleur que l’on peut ressentir quand on sait que Youssef Chahed a forcément demandé à avoir cette nationalité française, qu’il a présenté un dossier et qu’il est allé faire la queue. Quand on lit que notre chef du gouvernement est « libéré de son allégeance à la France », on ne peut réfréner un pincement au cœur.
Suite à cette découverte, une majorité de commentateurs, surtout sur les réseaux sociaux, sont tombés dans le piège. Des discussions enflammées ont eu lieu concernant les bienfaits ou les méfaits, au choix, de la bi-nationalité. Les aficionados de Youssef Chahed, dans une certaine hystérie qui rappelle celle de 2014, ont défendu leur champion bec et ongles, mettant tour à tour sa bi-nationalité révélée sur le compte de la vie privée ou sur le compte de son passé d’étudiant. Ils reprennent aussi la soupe servie par les communicants en disant que rien ne l’obligeait à délaisser sa nationalité mais qu’il l’a quand même fait.
La réplique des sympathisants d’autres candidats n’a pas tardé. Chacun s’est rangé derrière son candidat en disant : « le mien il n’a qu’une seule nationalité ! », comme dans une cour d’école. Ils se sont également lancés dans des concours de patriotisme pour tenter de déterminer lequel des candidats aime son pays plus que les autres. Et donc, qui est le plus méritant pour devenir président de la République.
Bref, un lien totalement erroné a été allègrement établi entre nationalité et patriotisme et les débats se sont enflammés sur cette question avec la participation des binationaux qui se sont sentis, à raison, offusqués que l’on mette en doute leur amour pour leur pays. Mais l’on oublie que le débat sur la bi-nationalité aurait dû être entrepris lors de la rédaction de la constitution qui interdit à un binational ou à un non-musulman de devenir président de la République.
Mais loin de ces débats anachroniques, le problème avec la bi-nationalité du chef du gouvernement vient du fait qu’il l’a sciemment cachée, même à son entourage. Youssef Chahed est coupable de mensonge par omission, au meilleur des cas. Il savait pertinemment que mettre cette information dans sa biographie l’aurait empêché de devenir chef du gouvernement. Il savait que cette bi-nationalité aurait été une fenêtre d’attaques pour lui de la part d’une majorité des 217 députés qui devaient lui accorder leur confiance. Il a caché sa bi-nationalité car cela aurait entravé sa carrière politique. Le hic c’est que le même Youssef Chahed se présentera le 15 septembre prochain pour tenter d’obtenir la confiance du peuple tunisien pour présider la République. Il a caché délibérément au peuple une information aussi importante et veut quand même qu’on lui fasse confiance.
Il a menti en ne disant pas toute la vérité quand il devait être le chef de notre gouvernement. Il a sciemment caché une donnée cruciale le concernant directement. A-t-il eu peur des répercussions qu’une telle information pourrait avoir sur sa destinée politique ou a-t-il jugé que le peuple tunisien n’est pas apte à comprendre que l’on peut être binational et patriote ? Dans les deux cas, il s’agit d’une mauvaise décision qui lui éclate aujourd’hui en plein visage à quelques semaines de l’élection présidentielle.
Il ne s’agit pas de nationalité, il s’agit de confiance. Il ne s’agit pas d’allégeance, il s’agit d’intégrité. Comment faire confiance à un homme qui a induit en erreur son propre entourage ? Ils se sont tous démenés pour démentir avec vigueur le fait que Youssef Chahed était binational pour ensuite découvrir que leur chef l’était et ne leur avait rien dit.
On aurait tant voulu croire à ce chef du gouvernement jeune, plein d’énergie, déterminé à combattre la corruption et à redresser la situation en Tunisie. Au final, on découvre qu’il a commencé son mandat par un mensonge et qu’il va le finir par une élection déjà mal engagée.



Commentaires (38)
CommenterRaghda |
3ans sous la ferule de Poivre d'Arvor
@ BN
@ BN pourquoi ignorer vous vos lecteurs?
@Gg
Ces gens sont aveuglés par la haine et la jalousie. Ils adorent les critiques stériles, qui n'ont aucun sens. Monsieur Chahed a travaillé avec courage dans conditions épouvantables, tiraillé de tous les côtés, il a slalomé entre les obstacles les plus redoutables.
Il a échoué et réussi tant bien que mal. Il a réussi surtout a stabilisé un gouvernement. Le changement de gouvernement tous les 4 matins aurait aggravé la situation. Il a évite la banqueroute du pays....
C'est gens possèdent la science infuse hhhhhhhhhhhhh
Bonne soirée
@ BN
@ BN
Des calomnies et des IDIOTIES .
A mon tour, j'ai du mal à croire...
Il faut être bien naïf pour imaginer que vous vouliez y croire!
YC a t-il tiré des avantages personnels cachés de son passage au gouvernement? A t-il servi d'autres intérêts que ceux de son pays? A t- il fomenté de mauvais coups, favorisé le terrorisme?
Là sont les vraies questions.
Quant à lui reprocher une double nationalité, il eût été plus crédible, plus sincère, de révéler en un même article tous les prétendants coupables du même péché, puisqu'apparemment il est loin d'être seul dans ce cas.
Allez chiche, un article exhaustif sur la question?
Bravo
Mieux vaut tard que jamais.

