
Le président de l'Ordre des experts-comptables, Walid Ben Salah, a commenté, vendredi 30 décembre 2022, la Loi de finances 2023 la qualifiant de « gigantesque » et « inflationniste ».
Invité de Myriam Belkadhi dans la Matinale de Shems FM, il a avancé que les augmentations prévues dans la Loi de finances impacteraient directement et indirectement les prix de plusieurs produits, le pouvoir d’achat des citoyens et la situation financière, déjà critique, des entreprises.
Selon l’expert-comptable, le budget que l’État s’est alloué représente 43% du PIB, ce qui dépasse largement les proportions habituelles. Il a expliqué que le budget de l’État – 70 milliards selon la Loi de finances en majorité alloués aux dépenses courantes – ne devrait pas dépasser 25 à 30% du PIB. « Au lieu d’être une locomotive de l’économie, l’État devient un obstacle », a-t-il indiqué notant que la dette intérieure représente à elle seule 30% du budget de l’État.
M. Ben Salah a ajouté que le volume du budget de l’État s’était amplifié en raison de la masse salariale de la Fonction publique et la hausse des allocations sociales rappelant que la Tunisie compte à présent 320.000 familles démunies.
Il a précisé, dans ce même contexte, que les prêts contractés par l’État tunisien avaient été dirigés essentiellement pour couvrir les dépenses de l’État au lieu d’être alloués à l’investissement. Il a noté qu’en 2023, l’État devrait rembourser 21 milliards en dettes.
Estimant que la Loi de finances 2023 avait été élaborée en déconnexion totale avec la réalité économique du pays, l’expert-comptable a avancé que certaines mesures fiscales n’avaient pas de place. Il a dénoncé, dans ce sens, la non-application de certaines mesures mentionnées dans la Loi de finances 2022 évoquant à titre d’exemple la plateforme de retenue à la source qui n’est toujours pas prête ou encore les caisses enregistreuses.
« Quand on a décidé d’organiser une consultation électronique dédiée à neuf millions de citoyens tout était prêt en quelques semaines mais dès qu’il s’agit de mettre en place des processus efficaces rien ne se fait », a-t-il déploré dénonçant le manque de volonté.
Selon Walid Ben Salah, certains lobbies sont devenus plus forts que l’État. Évoquant l’économie parallèle, il a laissé entendre que l’État ne voudrait pas toucher aux barons du secteur par crainte et par manque de vision. Il a noté, dans ce sens, que l’État lui-même profitait du système.
Assurant que des études et des expériences comparatives pour la lutte contre l’économie parallèle étaient disponibles, l’expert-comptable a signalé un manque de volonté car « le politique domine l’économique et le social en Tunisie ».
N.J.

