
Si la consultation nationale a prouvé quelque chose, c’est bien qu’il ne suffit pas de demander aux Tunisiens de faire quelque chose pour qu’ils abdiquent. Le Tunisien n’est ni dupe, ni stupide. Il n’est pas facile de lui faire avaler des couleuvres et de le pousser à faire n’importe quoi.
Kaïs Saïed a été élu en 2019 grâce à un large plébiscite. 73% des votants lui ont donné leur voix. Une large majorité qui lui a été servie sur un plateau par une scène politique désertique. Tous ceux qui se présentaient contre lui offraient ce que les Tunisiens ont le plus exécré ces dernières années. Corruption, banditisme, clientélisme, double discours, islamisme et incompétence. Cet outsider de la scène politique, dont l’intégrité et l’honnêteté n’étaient pas entachés d’un iota, qui n’a jamais menti au peuple car il ne lui a formulé aucune promesse, ni slogan, prononçait des discours qui tranchaient avec tous les autres. Il était différent et avait tout pour plaire, il offrait un nouveau départ, un espoir de renouveau.
Une large majorité qui lui a aussi mis en tête l’idée qu’il pouvait toujours compter dessus. Qu’il avait le soutien du peuple et qu’il pouvait non seulement décider en son nom, à toute heure, mais aussi lui forcer la main pour des décisions qu’il n’approuverait pas.
20 mars 2022, le chef de l’Etat prononce un discours minuit passé. En théorie, ce n’est plus la fête de l’indépendance puisque nous sommes déjà le 21 mars mais peu importe, Kaïs Saïed tient à ne gaspiller aucune seconde du temps imparti à sa consultation. Il donne un cours d’histoire et s’attarde sur les symboles de l’indépendance tunisienne alors que les Tunisiens sont déjà dans leur lit et qu’ils ne l’attendent plus. Au final, s’il donne ce discours, c’est pour parler de sa consultation, son opportunité de renouveau. En l’enrobant de propos fêtant à moitié l’indépendance, Kaïs Saïed annonce que la Istichara – avec ses 7% du total des électeurs – est un franc succès.
Comprenez-le, impossible pour Kaïs Saïed de s’avouer vaincu à l’heure actuelle. Alors qu’il s’est mis dans une position des plus fragiles en devenant l’omniprésident, il ne se risquerait pas d’avouer une faille ou une défaite à mi-chemin de son grand projet. Mais alors qu’il répétait à qui veut l’entendre que sa consultation a réussi, est-ce vraiment le cas ? En plus de n’avoir pas réussi à récolter plus de 7% de voix des votants, cette consultation a été un fiasco auprès de ceux que Saïed vise le plus. Les jeunes ! Les moins de 20 ans sont, en effet, ceux que la consultation a réussi le moins à intéresser. Ils n’ont été que 2,3% parmi le total des votants à la Istichara.
Alors qu’il se pavanait d’être celui qui connait son peuple et d’avoir pour unique mission de satisfaire ses revendications, Saïed a prouvé qu’il était loin de l’être. Comment peut-on réformer le système politique actuel et apporter un changement de fond avec des questions aussi vagues et laconiques que : « quel régime politique préférez-vous ? » ; « quels sont les secteurs les plus à même de promouvoir le développement de votre région » ; « quels sont les obstacles qui empêchent ou entravent la réalisation de projets dans votre région »…
Une trentaine de questions en tout qui, au lieu de faire avancer les questions essentielles, éparpillent le débat dans tous les sens. Un peu à l’image d’un Kaïs Saïed qui, au lieu de se consacrer à l’essentiel, perd son énergie en slogans pompeux et promesses vaporeuses, complètement décousues et déconnectées de la réalité. Une réalité bien dure faite de pénuries, de dégradation de notes souveraines, de risque de défaut de paiement, de marasme économique et de tensions sociales…
Ce pré-référendum, préambule au référendum classique prévu le 25 juillet prochain, est censé fixer les grandes lignes avant de clore le débat et d’y apposer les grandes réponses. Ces réponses-là seront marquées, en rouge et en officiel, du sceau du peuple car il aura « participé » à son élaboration. Mais ce faible taux de participation à des questions aussi équivoques, permet-il de dire que « le peuple l’a voulu » ?



Pour vous dire Mme que j'ai adoré et rigolé comme 1 fou "may be Yes, May be No" pour votre:
Intikama de "Bhimcop" un VRAI-événement ?
Il nous faut et faudra beaucoup de femme de votre trempe qui porte ... tandis que l'autre moitié porte des string à l'envers!
Il s'agit de la première consultation populaire en Tunisie qui atteint un nombre de participants aussi élevé.
Le budget com était inexistant et l'utilisation d'internet à grande échelle est une première.
Un demi million de participations dans un pays de 12 millions d'habitants et pendant une crise majeure n'est pas un échec. Ce n'est pas une réussite non plus.
Maintenant que l'initiative est initiée il vaut mieux lancer une 2 ème version avec un nombre de questions plus limité et des sujets plus proches du quotidien des tunisiens.
Législation du cannabis, chèques sans provision, privatisation des entreprises publiques, subventions...
Et si l'infrastructure était si mauvaise pourquoi avoir choisi Internet comme médium?
Je vois plus un taux de participation réel entre 4% et 5%: hadhik jihd ejjhayish, 500000 qui le supportent encore, selon une estimation très optimiste.