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Tunisie - La TAP, son monopole et son abus de position dominante

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L’agence de presse officielle Tunis Afrique Presse (TAP) vient d’interdire l’accès gratuit à ses dépêches sur son site internet. Une démarche, d’un point de vue commercial, qui tient la route.
Il se trouve cependant que la TAP n’est pas une entreprise ordinaire et n’a pas à avoir des préoccupations commerciales si poussées sachant que l’essentiel de son budget (quelque 90%) est fourni par l’Etat et le contribuable.
En tant qu’agence de presse officielle et publique, la TAP a accès à des informations que le commun des journaux n’a pas. Notamment, les entrées au Palais de Carthage, de la Kasbah… L’écrasante majorité des administrations, des ministères et des entreprises publiques se suffisent d’un seul communiqué qu’ils envoient à la TAP et aux journaux de se fournir ensuite auprès d’elle pour relayer les activités officielles des institutions publiques et des ministres.
Cette sorte de monopole, obtenu avec les années, a fait que la TAP abuse aujourd’hui de sa position dominante sur le marché.
Pour fournir ces informations (obtenues gratuitement), la TAP exige un abonnement à ses fils d’infos. A titre d’exemple, l’abonnement au fil national est proposé à quelque 630 dinars, soit l’équivalent ou presque du salaire d’un journaliste. Un prix trop élevé et injustifié pour le service rendu et qui profite de l’absence de toute concurrence !
Et quand on jette un coup d’œil sur les conditions de vente, la TAP exige que l’utilisation du fil ne soit faite qu’à hauteur de 50% ! En clair, si vous avez 10 infos sur ce fil, vous ne pouvez utiliser que 5 ! Pis, l’abonnement aux prévisions du lendemain est séparé des activités nationales !
On comprend le souci voire le ras le bol de la TAP de voir ses informations utilisées dans les journaux et les sites, sans qu’ils ne paient rien et (souvent) sans citer la source. Beaucoup de ces informations coûtent de l’argent à l’agence et les articles (puisés gratuitement) méritent un minimum de reconnaissance de l’indéniable effort fourni par nos confrères.
Seulement voilà, d’autres informations ne peuvent pas et ne doivent pas être vendues. Il s’agit notamment de ces informations officielles, liées à la chose publique que lui fournissent les ministères et les entreprises publiques. Faire payer des informations obtenues gratuitement parce que les institutions publiques ne savent pas faire autrement est un abus de position dominante et contraire aux règles de la concurrence. D’autant plus que le budget de la TAP est payé par le contribuable et ce contribuable a droit à ces informations, sans qu’il n’ait à payer quoi que ce soit.
Ces informations fournies par les ministères et les institutions publiques reflètent (très souvent) les activités de ces organismes et donc ce qu’ils réalisent de bien. La TAP, par son interdiction, empêche de fait l’accès à toutes les informations « positives » du gouvernement et cherche à les vendre au prix fort.
Certains médias entendent saisir dès cette semaine l’Association des directeurs de journaux et le Conseil de la Concurrence pour résoudre ce problème d’abus de position dominante et de monopole de l’agence publique.
Il est en effet impensable que l’agence de presse continue de garder le monopole sur certaines activités, abuse de cette position et impose son diktat tarifaire irraisonné et oublie sa première mission d’entreprise publique pour laquelle elle reçoit le budget conséquent.
En attendant, les présidences de la République et du gouvernement, les ministères et les différents organismes publics sont appelés à envoyer directement aux rédactions des journaux (des dizaines et des dizaines) leurs activités et leurs prévisions du lendemain. Ou bien de mobiliser les équipes nécessaires pour alimenter leurs propres sites web en informations, en images et en vidéo.
Dans la foulée, on devrait penser, dans les deux présidences, aux accréditations des médias qui souhaitent envoyer leurs propres photographes et vidéastes pour couvrir leurs activités courantes.
N.B.
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