
Lors d'une intervention parlementaire consacrée à un projet de prêt pour la réhabilitation de la route nationale n°20, ce lundi 26 mai 2025, le député Thabet El Abed a saisi l'occasion pour élargir le débat à une question brûlante : celle des prisonniers politiques en Tunisie.
Dans un discours mêlant plaidoyer pour le développement et appel à la réconciliation nationale, il a interpellé directement les autorités sur la situation de plusieurs figures actuellement incarcérées.
« Qu’y a-t-il de dangereux dans la libération du juge et avocat Ahmed Souab ? », a lancé Thabet El Abed, remettant en question les fondements mêmes du maintien en détention de plusieurs opposants et critiques du pouvoir. Citant également les noms de l’avocate Abir Moussi, du journaliste Mourad Zeghidi, de l’avocate Sonia Dahmani ou encore de l’homme politique Lotfi Mraïhi, le député a dénoncé un climat politique tendu et une justice de plus en plus perçue comme instrumentalisée.
Dans une charge contre la répression de la liberté d’expression, il a dénoncé l’absence de débat démocratique dans un climat « dominé par des meutes hystériques sur les réseaux sociaux », et regretté que les discussions publiques soient vidées de toute expertise, au profit d’un affrontement stérile entre opposants politiques.
Thabet El Abed a considéré que le développement économique et l’unité nationale ne peuvent se construire sans un climat apaisé et une rupture claire avec les pratiques de répression : « il est temps de tourner la page, de construire une nouvelle Tunisie, unie dans la diversité. »
Il a également évoqué la publication prochaine d’un livre de Lotfi Mraïhi, intitulé Le prisonnier oublié, rédigé depuis sa cellule. L’ouvrage, selon le député, est la preuve que « les prisons ne peuvent museler la parole ».
Terminant son intervention sur un appel à l’apaisement, Thabet El Abed a souligné que « la justice moderne s’éloigne autant que possible des peines privatives de liberté ».
S.H

