La question encombrante de la réintégration des anciens terroristes qui ont quitté la Tunisie pour combattre sous de meilleurs cieux ne semble toujours pas trouver de réponse. Et pourtant, on nous présente sur un plateau télévisé, pendant une heure de grande écoute un « terroriste repenti » venu présenter son manuel du parfait petit laveur de cerveau à des téléspectateurs friands d’histoires scabreuses et curieux d’en savoir plus sur cette machine de la mort qu’est Daech. Par la même occasion, on lui offre l’occasion de se blanchir et de faire son mea culpa devant des milliers de téléspectateurs. Des téléspectateurs dont certains ont été victimes du terrorisme dans lequel il a baigné pendant des années.
Oui car l’homme a payé, légalement, sa dette envers la société et a purgé une peine de 10 ans dans les prisons belges. Personne ne peut être jugé deux fois pour les mêmes faits, selon une règle fondamentale en droit, mais est-ce pour autant qu’il a été blanchi aux yeux de la société ?
Dans les médias occidentaux ce genre de témoignages de terroristes repentis est ordinaire. Des témoignages glaçants qui permettent d’en savoir plus sur ces organisations opaques et qui livrent leurs secrets au compte-goutte. Des informations qui sont d’un grand secours aux forces de l’ordre pour mieux comprendre, en savoir plus, peaufiner leur système de renseignement, et démanteler des groupes qui opèrent dans l’ombre, sur notre propre sol. Mais n’est-il pas dangereux de médiatiser ces héros du repenti et de donner une tribune à ces champions de l’anti-jihad, aussi pertinentes soient leurs révélations ? Aurait-on fait la même chose s’il s’agissait d’un meurtrier ou d’un pédophile ? L’aurait-on laissé « livrer sa science » à visage découvert, lors d’une émission très regardée et d’être installé auprès d’autres invités, politiques ou experts, qui discutent du sujet comme s’il s’agissait de n’importe quel fait d’actualité ordinaire ?
Mettons-nous d’accord. Ces gens-là ne sont pas des jihadistes comme on veut bien nous les présenter, en revêtant leurs crimes d’une excuse « sainte » et justifiée par une certaine lecture de la religion. Il s’agit bien de terroristes ayant été actifs, d’une manière ou d’une autre, aux côtés d’une organisation terroriste responsable de nombreux crimes de par le monde.
Autant le témoignage de cet ancien membre d’un réseau terroriste opaque et difficile à approcher intéresse afin de comprendre comment les choses se passent à l’intérieur, autant celui-ci pose une véritable question sur le devenir de ces gens-là au sein de la société tunisienne. Qu’adviendra-t-il de tous ces anciens terroristes, repentis ou non d’ailleurs, qui seront éjectés de la Syrie et qui reviendront en Tunisie pour y vivre, travailler, payer des impôts, fonder des familles et élever les générations de demain ? On cogite beaucoup sur la question, on invite des personnalités politiques sur les plateaux tv pour exprimer des opinions purement théoriques, idéologiques, ou politiques sur la question. Mais personne ne semble avoir de véritable avis sur la question. « Nous prenons les dispositions nécessaires pour qu’ils soient neutralisés » avait déclaré Béji Caïd Essebsi à l’AFP. De quelles mesures parlons-nous au juste ?
Leur nombre exact est difficile à estimer, mais on parle de 3000 terrorises tunisiens partis en Syrie pour combattre auprès de Daech ou pour exercer toutes sortes d’actions logistiques entre embrigadement, renseignement, etc. Les mettre en prison à leur retour est tout simplement impossible. Autant pour des questions logistiques (de capacité d’accueil notamment) que de bon sens. C’est, en effet, au sein de ces prisons que la radicalisation se fait bien souvent et ce serait leur donner un auditoire facile.
Quelle réinsertion donc pour ces gens le jour où ils décideront de revenir au bercail. Le jour où ils jugeront que la Tunisie est enfin leur pays et qu’ils n’ont plus besoin de la combattre depuis l’étranger.
Faut-il leur préparer une cellule psychologique qui les prendra directement en charge ? Une cellule qui sera payée par l’argent du contribuable à une heure où les caisses publiques sont on ne peut plus vides ? Cette idée serait très mal perçue par l’opinion publique qui posera la question (légitime) de savoir pourquoi les familles des victimes du terrorisme n’ont pas eu droit, elles, à un soutien psychologique.
Nous connaissons, peut être pas tous, mais certains d’entre nous connaissent, ces anciens terroristes qui ont purgé leur peine dans d’autres pays et qui reviennent aujourd’hui en Tunisie pour ouvrir un petit commerce ou faire des petits boulots pour survivre et que nous côtoyons dans les transports publics, dans les administrations, dans les marchés, et autres lieux de la vie courante. Faut-il s’en méfier ? Seront-ils prêts à faire amende honorable et à épouser les règles d’une société qu’ils ont désertée car ne correspondant pas à leurs grands idéaux ?
Un véritable dilemme pour l’Etat tunisien qui se retrouve embourbé dans d’autres crises et qui ne sait toujours pas quoi faire de ces gens-là. Mais aussi pour leurs familles, leurs proches et pour la société tout entière. Une société qui, à un moment donné les a rejetés et poussés, d’une certaine manière, à devenir ces enfants terribles qu’ils sont aujourd’hui.
Si on parle d’embrigadement, et qu’on met en place des mesures pour lutter contre le départ des jeunes gens vers les foyers de tension, celle de leur retour, en revanche, semble avoir été occultée. Comme si on pensait que ceci pouvait attendre et que le problème n’a pas besoin d’être résolu dans l’immédiat. Pourtant, un jour ou l’autre, et bien plus rapidement qu’on pense, ces anciens terroristes reviendront sur le sol tunisien et il faudra penser à la place qu’on compte leur réserver…



Commentaires (40)
CommenterIl est ou le théâtre?
@El Ouaffy
Solutionnez au lieu de dramatisez
zohra| 08-12-2016 08:50
Si j'ai été un président ou bien un ministre de la défense je l'accueillerons avec privilège et je les intégrés là ou ils sont nécessaires après l'avoir passer dans un tamis avec une petite redressement avec un recyclage en formation militaire et ils seront affectés a Bab J'Dire ou à djebel chaambi et vous verrez le résultat le nettoyage des vrais terroristes sera très garantie pour mois ses jeunes perdus sont innocents mais les vrais criminels se sont ceux qu'ils encouragé et le motiver de réintégrer les rangs des ces mercenaires et le pouvoir Tunisien pourra mieux déterminer les raisons de déplacement de ces victimes par des chacals féroces .
En tous les cas je ne suis pas avec les actes barbaris qui ont commis ces moughare bihoum mais je suis d'accord de ce que l'Etat voudra pris comme décisions qui arrange le pays .