Taoufik Baccar : Un dollar de plus du prix du baril coûtera 128 MD supplémentaires pour l’Etat
L’ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT) et président du Centre international Hédi Nouira de prospective et d’études sur le développement, Taoufik Baccar a souligné la nécessité de poursuivre la restructuration du secteur bancaire. Car, il y a une « sur-bancarisation de place financière en Tunisie, composée de 23 banques, pour 11 million d’habitants".
Invité « d’Expresso », sur Express FM, ce mercredi 31 octobre 2018, M. Baccar a souligné l’impératif pour les banques tunisiennes (petites de taille), de se consolider en grands pôles financiers et bancaires ; de poursuivre le contrôle des créances classées et d’améliorer la performance des services bancaires et financiers.
Le président du Centre international Hédi Nouira de prospective et d’études sur le développement, a en outre précisé que l’Etat prélève environ 35% des ressources globales de son budget, pour « vivre », ce qui est un seuil très élevé. Cette augmentation est due aux dépenses relatives aux recrutements réalisés en 2011, aux subventions très élevées…
Pour l’ancien gouverneur de la BCT, le recours de l’Etat à l’endettement auprès des banques, exclut le secteur privé du financement et aggrave l’endettement public. Un endettement en perpétuelle hausse, passant de 40% en 2010, à 71% en 2018.
L’invité est revenu sur l'adoption par la Commission des finances, de l'ARP du projet de loi organique du budget, se félicitant de cette adoption du projet qui dort dans les tiroirs de l'ARP, depuis 2015.
Concernant le projet de la Loi de finances 2019, M. Baccar, a indiqué que « s’il est vrai qu’il y a un effort notable au niveau des mesures dédiées aux entreprises, à la promotion de l’investissement, de s’adapter aux normes internationales de transparence, il n’en demeure pas que la fragilité des équilibres budgétaires persiste et qu’on ne relève pas un point d’inflexion ».
Le projet de loi de finances 2019 se fixe un objectif de croissance de 3.1%. Or, certains indices, nous poussent à croire que cela serait difficile. En effet, le projet de Loi de finances 2019 se base sur l’hypothèse de 75 dollars, le prix du baril pétrole. Or, le contexte international, laisse présager, un prix plus élevé.
Dans ce sens, M. Baccar, a expliqué « qu’une augmentation d’un dollar, dans le prix du baril, se traduirait par 128 MD supplémentaires, pour le budget de l’Etat ».
A cela s’ajoute le taux de change. A ce titre, Taoufik Baccar, a déclaré que :
« Si le taux de change du dollar augmente, nos avoirs en devise baisseront, le dinar glissera encore..Ce qui se traduirait par une hausse des dépenses. En effet, Chaque baisse de 10 millimes du taux de change du dinats, se traduirait par une croissance de 40 MD des dépenses du budget », a-t-il expliqué.
Concernant la création d’une banque de région, l’invité d’Expresso a indiqué que cette mesure ne présente aucune rentabilité, eu égard à la sur-bancarisation de la place financière.
« Il aurait été plus judicieux, de s’orienter vers un mécanisme de financement « pluripartite », par la mise en place d’un un pôle financier et bancaire, regroupant l’ensemble des structures financières, dédiées aux financements des PME notamment dans les régions de développement prioritaires, composé de la BFPME, de la BTS, de la SOTUGAR ainsi que des fonds de financement », a-t-il conclu.
B.L