Il y a près d’un mois, l’avocate et chroniqueuse Sonia Dahmani a été emmenée, manu militari, en détention. Son arrestation à la Maison de l’avocat avait fait scandale. En cause, des propos qu’elle a tenus à la télévision lors de l’une de ses interventions médiatiques. Le décret 54 a été brandi et la procédure a été lancée.
Comme il est de coutume désormais, quand une personne est arrêtée, particulièrement sur la base du fameux décret 54, on se rappelle, tout d’un coup, qu’il y a d’autres affaires et d’autres déclarations qui pourraient faire l’objet de procédures. C’est ainsi que le ministère public s’est saisi de deux autres déclarations médiatiques de la chroniqueuse à propos de racisme en Tunisie pour ouvrir deux nouvelles instructions sur la base du pratique décret 54, encore. Selon les avocats de la chroniqueuse, il s’agit de la même déclaration qui a été dite deux fois, une à la radio et une autre à la télévision. Donc, cela justifie le déclenchement de deux affaires. Logique.
Mais qu’a-t-elle dit de si grave ? Sonia Dahmani a déclaré que le racisme existe encore en Tunisie, citant comme exemple un nom de famille qui fait référence à « esclave » [Atig], des cimetières pour les personnes de couleur et même des bus qui leur sont dédiés dans certaines régions. Des déclarations qui font partie d’une analyse et d’un raisonnement et qui sont passées inaperçues, depuis, auprès de la population tunisienne. Sauf que le parquet est aux aguets et a déterré ces propos pour accuser l’avocate de diffusion de fausses rumeurs, d’incitation à la violence et de propagation de discours de haine parmi la population. Le parquet estime qu’accuser le peuple tunisien de racisme est calomnieux et justifie l’ouverture d’une enquête. Osez dire le contraire.
Il n’est pas hasardeux de dire que la chroniqueuse Sonia Dahmani est persécutée à travers des affaires qui ne requièrent pas son placement en détention. Emprisonner des personnes pour des propos prononcés est une pratique dépassée depuis des décennies et l’on avait cru, un moment, que la Tunisie avait dépassé ce cap. Il faut bien admettre aujourd’hui que non. Le plus drôle, ou le plus triste, dans tout ça c’est qu’un juge a décidé de laisser l’avocate en liberté dans une affaire, et un autre juge a décidé d’émettre un mandat de dépôt dans l’autre affaire.
On juge les propos d’une chroniqueuse à la télévision, on la met en prison puisqu’il faut la punir tout de suite, on instruit deux affaires supplémentaires, pour ensuite avoir deux décisions judiciaires différentes. L’important c’est de maintenir Sonia Dahmani en prison de sorte à protéger la société du grand danger qu’elle représente, à tel point qu’on ne lui permet même pas d’affronter la justice en étant libre. D’ailleurs, on ne se souvient pas avoir vu les foules se déchainer ni avoir vu des manifestations et des marches à la suite des propos de Sonia Dahmani à la télévision ou à la radio. Accuser le peuple tunisien de racisme est certainement maladroit, mais il existe bien des racistes au sein du peuple tunisien. Le même ministère public, si prompt à ouvrir des enquêtes, ne semble pas avoir constaté les propos appelant à la haine et à la violence qui circulent allégrement sur les réseaux sociaux.
A plusieurs reprises, le président de la République, Kaïs Saïed, a réitéré son attachement à la liberté d’expression et à la liberté des médias, des principes inscrits dans la constitution. Toutefois, le décret 54 et son instrumentalisation a clairement pour effet d’étrangler les voix dissonantes et anticonformistes qui n’adhérent pas à la version officielle ou qui ont un avis qui dérange la majorité. Il est tout à fait légitime de ne pas apprécier Sonia Dahmani ou de ne pas être d’accord avec ses propos, mais est-ce que cela justifie son maintien en détention et l’accumulation d’affaires contre elle ? Quelle image cela donne-t-il de notre pays à l’heure où on parle d’attirer des investissements et de collaborations fructueuses avec d’autres pays ? Les réponses à ces questions sont évidentes.
Certains députés ont proposé de réviser le décret 54 et ont présenté une initiative dans ce sens. Ils ont trouvé une certaine opposition au sein de l’assemblée, que ce soit par des collègues qui avaient l’habitude d’arpenter les couloirs du Bardo pendant la « décennie noire » ou bien par le président de l’ARP qui refuse, à ce jour, de soumettre la question au bureau de l’Assemblée et de transférer le projet à la commission concernée. C’est dire si certains sont attachés à ce décret 54 et à son instrumentalisation. Certains ont même avoué que le fameux décret pourrait être révisé après l’élection présidentielle le temps d’assainir la scène politique. Autrement dit, on va continuer à instrumentaliser ce décret avec l’élection en ligne de mire, et non l’intérêt général des Tunisiens.
Sonia Dahmani n’est malheureusement qu’un exemple parmi d’autres de personnes privées de leur liberté à cause de simples propos. Comme le dit l’élu Youssef Tarchoun, le décret 54 est une menace contre la paix sociale et il ne sert pas du tout le président. Ce qui est certain, c’est que la Tunisie n’est pas devenue meilleure grâce à la détention de Sonia Dahmani, Mourad Zeghidi, Borhen Bssais et bien d’autres encore.
Seule cette clef conçue et usinée peut arriver à faire bouger ces écrous les plus récalcitrants,forés,rouillés et que 54 000 tentatives de les faire bouger avec d'autres clefs ont abouti à des échecs;
Evidemment ce n'est pas celui qui est en possession de cette chambre forte sécurisée grâce à cet écrou 54 qu'il a placé et qu'il sait inamovible qui va être le plus diligent pour vous dire que seule la fameuse clef à griffe est à même de venir à bout de ce fameux écrou 54...
On l'a vu en 2015,en 2019,en 2022 et jusqu'à la date d'aujourd'hui où le chef d'atelier regarde d'un air tranquille que la clef à griffe ne fait toujours pas partie des différentes clefs accrochées au mur de son atelier tout en riant intérieurement des différents essais avortés de ces apprentis-stagiaires,n'arrivant pas à décrocher ce fameux écrou 54.
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"Dieu se rit des hommes qui se plaignent des conséquences alors qu'ils en chérissent les causes".
Cela donne des situations, des discours et des procès burlesques.
Liberté pour tous les tunisiens détenus injustement pour leurs opinions.
Allah a7ad, ama yohreb ama yetchad.