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Samir El Wafi, escroc ou vilain petit canard ?
Par Inès Oueslati
16/04/2015 | 19:59
5 min
Samir El Wafi, escroc ou vilain petit canard ?

 

Samir El Wafi est en prison depuis le 15 avril 2015. Il avait fait l’objet, le jour-même d’un mandat de dépôt émis par les services du procureur de la République. L’animateur aurait, en effet, racketté des hommes d’affaires tunisiens, en l’occurrence Hakim Hmila, Hammadi Touil et Ayachi Ajroudi. L’affaire qui défraie la chronique soulève de nombreuses polémiques : Y a-t-il un statut de privilégié qu’accorderait la célébrité à ceux qui s’en trouvent lotis? Peut-on en vouloir à une personne pour la simple raison qu’elle travaille dans les médias sans être journaliste à la base ? Il suffit d’un fait divers pour que des paradoxes se révèlent. Focus sur une affaire qui prend des proportions autres que judiciaires.

 

C’est avec l’arrestation de deux autres figures médiatiques, en l’occurrence, Moez Ben Ghabia et l’humoriste Wassim Herissi que tout avait commencé. Arrêtés pour avoir usurpé l’identité du président de la République, les deux hommes avaient révélé qu’ils ont agi pour démontrer qu’il y avait bien eu racket d’hommes d’affaires tunisiens par le concurrent Samir El Wafi. Moez Ben Gharbia comme Wassim Herissi ont été relâchés à la suite d’un jugement de 6 mois de prison avec sursis. Le président de la République avait décidé de renoncer à son droit de les poursuivre et une mobilisation populaire presque générale avait permis de les soutenir.

 

S’exprimant à l’époque sur l’affaire où son nom avait commencé à être cité, Samir El Wafi n’a pas nié les faits qu’on lui reprochait. Il avait agi pour des besoins journalistiques, avait-il avancé pour justifier le fait d’avoir demandé de l’argent à un homme d’affaires qui s’est réfugié à l’étranger afin de ne pas avoir affaire avec la justice. L’animateur avait précisé qu’il n’a perçu aucune somme et qu’il s’était contenté de faire croire à l’homme d’affaires en question qu’en payant, il pouvait l’aider à regagner la Tunisie, une fois l’image blanchie par son émission à forte audience. Son but : avoir un scoop et être celui qui aura fait, en premier, l’interview d’un nom connu à l’époque de Ben Ali, en fuite depuis la révolution.

 

La version des faits avancée par Samir El Wafi n’a visiblement pas convaincu. Interrogé le 15 avril 2015 par les services du procureur de la République, il a été transféré illico à la prison de Mornaguia. La date de son procès a vite été fixée. C’est le 22 avril 2015 qu’il comparaîtra devant le juge pour escroquerie et quoiqu’il demeure innocent jusqu’à preuve du contraire, Samir El Wafi aura été dénigré sur la toile et dans le milieu où il travaille par ceux qui ne voient en lui qu’un « usurpateur proche d’Ennahdha et du CPR ».

 

Ont alors commencé à fuser les réactions hostiles à la vedette du petit écran. C’est essentiellement parce qu’il n’a pas la formation de journaliste que Samir El Wafi sera attaqué, qu’on se dira contents de le savoir en prison, qu’on souhaitera l’y voir croupir pour longtemps. Pourtant, le succès de ce rédacteur présent dans le milieu journalistique depuis une vingtaine d’années est connu de tous. En atteste l’audience de ses émissions ne laissant pas indifférents les téléspectateurs et suscitant par les choix éditoriaux qui leurs sont propres des polémiques en nombre. Peu importe le style choisi, qu’il plaise à la masse ou déplaise à une certaine élite, d’un point de vue « marketing », Samir El Wafi a réussi à percer et à s’imposer et vraisemblablement à déranger. Il a dérangé au point que des personnes se félicitent de le savoir en prison pour la simple raison de ne pas le revoir les soirs du dimanche à la télévision. A ceux-là, un bouton sur une télécommande aurait suffit, pourtant…


Mais Samir El Wafi n’a pas que des ennemis. Il a aussi des amis bien zélés qui ont pris sa défense. Certains y verront même un signe : C’est Ennahdha, premier organe « officiel » à défendre l’animateur télé via un communiqué de presse et c’est Hassan Ghodhbani, avocat proche du courant islamiste qui prêchera en sa faveur dans les radios et sur les plateaux télé. Me Ghodhbani ira même jusqu’à s’indigner du fait qu’il n’y ait pas de traitement de faveur pour certaines professions dont celle de journaliste aux côtés de celles d’ « avocat, juge, médecin, ingénieur ». Avançant que ceux-là « ne sont pas n’importe qui », dans le cadre d’une intervention enflammée sur Al Hiwar Ettounsi. Hassan Ghodhbani a soulevé un autre problème qui est cette facilité d’émission de mandats de dépôt à l’encontre de personnes pouvant comparaître en état de liberté.


Au-delà du volet laissé à la discrétion du procureur de la République, ce que l’intervention de Me Ghodhbani soulève d’important est cette possibilité de créer une frange de citoyens au dessus des lois. Etre journaliste peut-il être un motif d’impunité ? Y-a-t-il des limites déontologiques à la latitude permise au journaliste dans le cadre de son travail dans la sphère du pouvoir et de celle des affaires ? La réponse ne sera probablement trouvée qu’au moyen du traitement de pareilles affaires auxquelles nous ne sommes pas habitués.


Samir El Wafi ne sera pas sur Al Hiwar Ettounsi, ce dimanche, comme à son habitude. Il sera en prison. Ceux qui s’en réjouissent le font parce qu’ils ne voient pas en lui de journaliste. Ceux qui le défendent le font parce qu’ils ne voient en lui que le journaliste. Au-delà de ces deux visions antonymiques, il y a le citoyen et il y a l’homme tout court. Celui-là doit répondre de ses faits devant la loi et nous doit, non pas l’empathie quasi humaine qui ne se commande pas, mais le simple respect pour sa personne, abstraction faite de tout a priori. En attendant, c’est la justice, seule, qui fera de lui un coupable ou un innocent.

 

Par Inès Oueslati
16/04/2015 | 19:59
5 min
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Commentaires (19)

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kouçaila
| 17-04-2015 17:51
La démocratie ne peut survivre que si la justice est indépendante, que si la presse est indépendante, sans ces deux éléments essentiels l'échec est assuré. l'avocat de Mr El Wafi demande un traitement spécial pour son client. Et pour mieux faire passer la pilule il élargit l'assiette à d'autres fonctions tels que les médecins, les avocats, les politiques etc. Dans l'esprit de cet avocat la Tunisie doit avoir une justice à deux vitesses. Une pour le citoyen du bas et l'autre pour le citoyen aisé. Cet avocat devrait passer devant le syndicat de la magistrature pour s'expliquer et j'espère être radié. la position de Mr Ghannouchi dans cet histoire est ignoble pour ne pas dire (ingérant).

moi17
| 17-04-2015 17:18
samir: patience;c'est en faisant de faute qu'on apprend a vivre. vos confrères sont dangereux ; stupides et avec des c'urs noirs.de toute les façons on sent qu'il ya quelque chose qui cloche !!!!!

Chaba7
| 17-04-2015 16:51
Tout comme les terroristes jugés dangereux mais aussitôt remis en liberté, El Wafi sera libéré avec une peine minium....c'est ça notre justice aujourd'hui! A qui le tour?

el gaT'
| 17-04-2015 16:04
Ya M3aaaaaaaaaalleg !!!
Wa7dik fil wahra

MBA
| 17-04-2015 15:25
Un gros *** homme de paille des trabelsi, arrive a mettre en prison le presentateur Tv numero 1 en Tunisie est un comble.

jourmana
| 17-04-2015 15:19
N'appelez plus les hommes d'affaires tunisiens "hommes d'affaires", appelez les plutôt "LES MADOFF TUNISIENS",j'éspère qu'ils seront traduits devant la justice et jugés une sentence digne de leurs escroquerie!!!!!!!

Ataturk
| 17-04-2015 12:59
Notre justice relâche un terroriste (arrêté à Hammamet) décrit par les forces de sécurité comme dangereux, et emprisonne un "journaliste" pour racket.
Je veux bien comprendre quel est le cas le plus grave?

tunisie21
| 17-04-2015 12:28
le comble dans tous ca qu'un homme mouille jusqu'au cou avec sa femme aussi bien mouillee jusqu'au cou puissent mettre un homme en prison.celui qui est deriere payera un jour.celui qui a une maison en verre ne doit pas s'etonner un jour de la voir coulee par le jet d'un simple caillout

REFLET
| 17-04-2015 12:22
Samir est un prétendu journaliste qui s'est spécialisé au service du blanchiment des adeptes de la secte mafieuse d'Ennahdha et de son gourou démon, même sur antenne il ne rate aucune occasion pour leur lancer des fleurs. Ce pion aux connaissances limitées reconnait ouvertement compter sur Facebook son outil de travail préféré pour collecter ses informations.

Elwafi comme tout citoyen, doit respecter la justice et n'a pas de commentaire inutile à faire, car la loi c'est la loi... Tout ce qu'il dit est sans intérêt, il a à assumer ce qu'il a fait et personne ne peut payer pour lui.

B.N :
Votre censure ne changera pas notre opinion.

Rg
| 17-04-2015 11:19
Il va nous manquer. Le maître de la bouffonnerie qui meublait nos soirées dominicales.
Victor Hugo a été traité de fils de pute, mais lui au moins il était un vrai fils de pute. Par contre quand on s'adonne à la provocation, quand on se joue des tabous...quand on affiche son statut d'introduit qui fait qu'aucune porte ne lui soit fermée...
Il faut dire que les autres fils de pute lui ont facilité la tache; Ces assoiffés des feux de la rampe.
En tout état de cause, laissons la justice naturelle faire son devoir.