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Saidane : aucune idée précise sur les caractéristiques du budget de l’État pour 2024
28/09/2023 | 15:19
4 min
Saidane : aucune idée précise sur les caractéristiques du budget de l’État pour 2024

 

L'expert économique Ezzeddine Saidane est revenu, jeudi 28 septembre 2023, sur le projet de la loi de finances 2024, sur la situation économique du pays et sur l’accord avec le Fonds monétaire international (FMI).

 

 

L’expert a indiqué, dans une interview téléphonique accordée à Zina Zidi dans l'émission Studio Shems sur Shems Fm, que « personne n’a une idée précise sur les caractéristiques du projet de budget de l’État pour 2024 : si ça va être un budget de sauvetage économique, un budget de développement ou juste un document comptable comme les dernières années ».

Aussi, personne ne connaît les hypothèses retenues pour le projet de la loi de finances 2024 notamment la croissance, le prix du baril de pétrole et la convertibilité du dinar par rapport au dollar. Idem, personne ne connait le montant estimé du budget de l’État pour 2024 et son dispatching sur les grandes dépenses de l’État, notamment les budgets alloués à la masse salariale de la fonction publique, au service de la dette publique ou à l’investissement public.

Selon lui, chaque année on utilise les mêmes mots et mêmes phrases, mais on ne met pas en place des mesures et des politiques claires pour les concrétiser, notamment en ce qui concerne l’évasion fiscale, la promotion des investissements, la promotion de l’économie verte, la préservation du pouvoir d’achat du citoyen, a-t-il précisé en réponse à une interrogation.

Et d’ajouter en réponse à une autre question : « On n’a pas clôturé les budgets de 2021, 2022 et je ne vois pas comment on pourrait clôturer celui de 2023, la Tunisie n’ayant pas pu ni mobiliser toutes les ressources, ni opérer les dépenses programmées ».

S’agissant des négociations avec le Fonds monétaire international, M. Saidane a souligné que l’accord conclu en octobre 2022 était fait sur la base d’un programme tunisien de réformes, proposé et présenté par la délégation tunisienne mandatée à cet effet. Et de noter que la Tunisie s’est rétractée sur ce programme, mais n’a pas déposé un programme de remplacement.

Pour lui, la solution ne peut être que tuniso-tunisienne, qu’elle passe ou pas par le FMI, dans le sens qu’il faut limiter l’endettement public extérieur et intérieur et œuvrer à mettre en place les réformes qui s’imposent, car le coût d’une absence de réformes est beaucoup plus élevé que celui de leur mise en œuvre.

Réagissant à une interrogation, il a affirmé que le FMI n’a imposé aucune condition, mais le programme proposé a été élaboré par les autorités tunisiennes.

Et de rappeler que la Tunisie s’est engagée à faire des réformes, en 2013, en 2016 puis en 2018, mais n’a pas tenu ses promesses. D’où ce problème de manque de crédibilité de la Tunisie auprès des institutions financières.

L’expert a expliqué que les bailleurs de fonds veulent que les prêts accordés à la Tunisie servent à sortir de la crise pour l’économie tunisienne et les finances publiques et non pas à financer les dépenses générales, à combler le déficit budgétaire et sans engager de vraies réformes.

En réaction à la remarque de l’animatrice selon laquelle la Tunisie arrive à s’en sortir sans recourir au FMI, preuve à l’appui sa capacité de remboursement de ses dettes extérieurs, Ezzeddine Saidane a énuméré quelques défaillances de l’État à cause du manque de ressources notamment les pénuries de produits de base ou les impayés des établissements publics envers les fournisseurs étrangers et tunisiens.

« Certes, le service de la dette a été payé mais il faut s’interroger comment cela a été fait et par quelles ressources », a-t-il soutenu. Et de noter le coût exorbitant du dernier prêt accordé par l’Afreximbank au pays (10,28% de taux d’intérêt, ndlr) pour rembourser un prêt antérieur d’un coût raisonnable (3% de taux d’intérêt, ndlr), ce qui n’est pas une solution, selon lui, mais une fuite en avant.

En outre, l’économiste a révélé que « depuis le début de 2022 et jusqu’à cette date, l’État n’a pas payé les dus de la dette intérieure en dinar et en devise et les a rééchelonnés ».

Et de conclure : « Pourquoi ne pas admettre que nous avons des difficultés et qu'il faut commencer les réformes dès que possible ! ».

 

I.N.

28/09/2023 | 15:19
4 min
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Commentaires
Othman
Corriger la faute svp
a posté le 28-09-2023 à 20:29
Paragraphe 8 il faut écrire : manque de crédibilité de la tunisie envers les institutions financières...c est la tunisie qui n a pas de crédibilité et non l inverse.
'Gardons un minimum d'honnêteté!
@Mr. Saidane
a posté le 28-09-2023 à 20:17
Je vous cite: "Aussi, personne ne connaît les hypothèses retenues pour le projet de la loi de finances 2024 notamment la croissance, le prix du baril de pétrole et la convertibilité du dinar par rapport au dollar. Idem, personne ne connaît le montant estimé du budget de l'?tat pour 2024 et son dispatching sur les grandes dépenses de l'?tat, notamment les budgets alloués à la masse salariale de la fonction publique, au service de la dette publique ou à l'investissement public"
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Non Mr. Saidane. il nous faudrait plutôt des approches agiles, des approches basées sur une réponse flexible et rapide au changement, notamment via une progression incrémentale vers un but.

Les organisations agiles sont capables de se reconfigurer à tout moment en fonction de leurs objectifs, de leurs ressources et surtout de leur environnement. -

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Il nous faudrait en ces temps très difficiles à l'international un système socio-économique pour la Tunisie dont le seul fondement est le pragmatisme. Il nous faudrait répondre à des circonstances spécifiques et aléatoires par des solutions de transition plutôt que adopter une approche trop rigide.

Au diable avec les réformes rigides et des Lois de finances annuelles qui risqueraient de perdre toute validité en quelques jours/semaines dans un environnement socio-économique national et international changeant rapidement où l'incertitude, la complexité et l'ambiguïté sont devenues prédominantes.
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La Tunisie socio-économique dépend en grande partie de notre capacité (de la capacité de nos entreprises étatiques et privées et des Tunisiens en général) à s'adapter rapidement aux changements afin de pouvoir survivre et, éventuellement, se démarquer. La gestion traditionnelle d'un pays, d'une entreprise ou de projets, qui vise à établir une planification accrue (une feuille de route de 2 ou 3 ans ou une loi de finances pour une année) et à être conforme à la planification, mène à une gestion qui manque de flexibilité pour les conditions extrêmement changeantes d'aujourd'hui.

@Mr. Saidane: oui, c'est complètement absurde de faire une planification socio-économique rigide pour toute une année avec des paramètres socio-économiques d'aujourd'hui (ce que vous appelez dans votre article ci-dessus "hypothèses") --> je propose des lois de finances trimestrielles (au plus pour les 3 mois prochains)

Je suis mathématicien et je travaille dans le domaine des logiciels où l'adaptation constante des objectifs et des stratégies de l'organisation est indispensable: réactivité permanente plutôt que le suivi strict d'un plan. --> la prise de risques, l'incertitude et les changements ne sont plus craints mais intégrés au processus, et envisagés comme de nouvelles opportunités de progrès. Les processus agiles exploitent le changement afin de se donner un avantage compétitif...

Vers un management public agile:
De même pour répondre aux problèmes socio-économiques de la Tunisie l'administration publique tunisienne et notre gouvernement devraient désormais innover et développer une culture d'un management public agile...

La Tunisie a tous les moyens afin de sortir de l'impasse socio-économique et de créer de la richesse pour tous les Tunisiens, Il faut seulement s'adapter continuellement et à temps au changement (de paradigme).

Bonne soirée