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Révélations sur Ben Ali et son système de gouvernance
07/11/2016 | 20:00
6 min
Révélations sur Ben Ali et son système de gouvernance

 

Nul ne peut contester que les vingt-trois ans vécus sous le régime de Ben Ali, font partie intégrante de l’Histoire de la Tunisie. Une histoire qui n’est toujours pas écrite vu le travail colossal qu’elle nécessite, et le recul qu’il faut prendre.

Mais comme chaque chose a un début, l’ancien secrétaire général de la présidence de la République, Slaheddine Cherif a tenté de retracer quelques faits et vérités qu’il a lui-même vécus durant l’exercice de ses fonctions, dans un livre intitulé « Vérités sur la personnalité de Zine El Abidine Ben Ali et ses méthodes de gouvernances ». Retour sur un recueil d’informations et d’événements se voulant objectif et neutre…

 

Réalisé par Slaheddine Cherif et Mohamed Moncef Ksibi, cet ouvrage est composé de trois grands chapitres se divisant en plusieurs sections. Outre les faits vécus par M. Cherif en personne, d’autres sont annexés par des documents et des fac-similés joints à la fin de l’ouvrage.

Loin d’être un récit sensationnel, l’auteur a tenté une approche lui permettant de trouver le juste équilibre entre le droit à l’information et le secret professionnel, dans la mesure où certaines affaires sont encore entre les mains de la justice.

 

 

Evénements et éclairage sur la personnalité de Ben Ali

 

Le premier chapitre passe en revue plusieurs événements ayant marqué le passage de Ben Ali de 1987 à 2011, et démontre certaines facettes de sa personnalité ainsi que sa manière de gouverner.

 

On commencera par le « Changement » du 7 novembre 1987 et tout le mystère qui l’entoure, notamment, concernant l’heure de la signature du certificat médical, qui s’est déroulée à six heures du matin. Or, il est difficile d’imaginer que le procureur de la République puisse contacter, vers minuit, sept médecins qui, à leur tour, se rendent chez le président, Habib Bourguiba, l’examinent et attestent de son incapacité de poursuivre sa mission à la tête de l’Etat tunisien. « Il est vrai que la passation du 7 novembre 1987 a eu lieu au moment opportun et sans la moindre goutte de sang. Cependant, il n’est pas exclu que cette opération soit un coup d’Etat », lit-on.

 

Un véritable engouement et une vague d’optimisme ont accompagné le Changement du 7 novembre. Mais une déviation de la ligne de départ fût constatée rapidement, sans que cela ne soit contré par une opposition solide ou, encore moins, une presse libre, relève l’auteur. «  La stabilité sécuritaire relative qui a contribué à la réalisation d’une croissance économique accrue, s’est faite aux dépens des libertés individuelles et générales. Même la croissance économique n’était pas accompagnée d’un développement et d’une répartition équitables des richesses».

 

L’auteur s’est également penché sur le complexe du leadership de Ben Ali qui a tout fait pour anéantir le mythe du Combattant suprême tout en s’octroyant plusieurs avantages matériels afin de s’assurer d’un confort financier à lui ainsi qu’à sa famille.

D’autres questions ont, également, été abordées comme la mainmise de Ben Ali sur les rouages de l’Etat ou encore ses relations avec la presse ainsi que la place de Leila Ben Ali dans le système de gouvernance.

Dans son optique d’objectivité, M. Cherif a tenu à exposer certains points positifs à l’actif de Ben Ali, comme la réhabilitation de la langue arabe, de l’habit traditionnel, le renforcement des droits de la Femme, la réhabilitation du Pr français René Chapus qui avait fait l’objet, en 1968, d’une grave injustice de la part d’un ministre de Bourguiba.

 

Eclairage sur quelques affaires douteuses autour de Ben Ali

Ce chapitre s’intéresse aux affaires ayant suscité une vive polémique, plus particulièrement après la révolution. Slaheddine Cherif a été témoin de tous les dossiers évoqués, et qui sont appuyés par des documents archivés à la présidence de la République.

 

Parmi ces dossiers abordés on citera, entre autres, la question des six immeubles construits à Zaghouan, l’affaire du restaurant Le Grand Bleu, la construction d’un hôtel par l’un des beaux parents de Ben Ali dans la banlieue nord de Tunis, la vente de l’hôtel « Boufarès » à Sidi Bousaïd, la gestion de l’Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE), les affectations des lots de terres agricoles, l’interventionnisme dans la vente et l’achat des biens mobiliers à Hammamet, la gestions du Fonds 26-26, l’équipement de l’Ecole de Carthage par la présidence de la République, la gestion financière de Tunisair ainsi que la démolition du quartier des Arcades à La Goulette. Tant de dossiers qu’une grande majorité de Tunisiens ignore…

 

Le livre réserve une partie entière au rôle de Leila Trabelsi dans les rouages de l’Etat, et ce en relevant certains cas et exemples concrets de son ingérence dans les questions officielles. C’est ainsi que l’auteur évoque la réservation d’un pavillon de locaux administratifs sous le contrôle et la supervision de l’épouse de l’ancien président.

Et parmi les cas les plus significatifs de son interventionnisme, on citera la désignation d’une de ses connaissances à la tête d’un département à la présidence de la République, l'empressement de Ben Ali à répondre positivement à toutes les suggestions et recommandations de Leïla Trabelsi sans procéder aux vérifications préalables d’usage, le limogeage d’Aziza H’tira, en 2010, de la présidence de l’Union de la Femme tunisienne (UNFT), le séjour de Souha Arafat et son départ mystérieux de Tunis, les éventuelles directives et ordres qu’elle aurait donnés à certains ministres, etc.

 

L’ouvrage contient un important et long chapitre sur « Ben Ali et la réforme administrative », ce qui s’explique par le fait que l’auteur a occupé pendant plusieurs années le poste de ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative.

C’est ainsi qu’on y apprend, avec force détails, des données sur certains projets de réformes touchant, notamment, le ministère des Affaires étrangères, la situation des diplomates, l’amélioration des relations entre les citoyens et l’administration, la formation continue, la création de la Haute Instance de contrôle administratif et financier…

 

La dernière partie est consacrée à l’édition de bon nombre de documents inédits et, parfois manuscrits de la main même de Ben Ali ou de son épouse, sans les annotations manuscrites apposées par Ben Ali, concernant des propositions qui lui étaient faites ou alors des correspondances adressées à la présidence de la République.

Cette ouvre se veut un témoignage sur les rouages du pouvoir, au cœur même du palais présidentiel de Carthage. L’auteur y apporte ses appréciations d’une période qui a marqué l’Histoire contemporaine tunisienne et à propos de laquelle un grand travail scientifique, d’historien, reste à faire.  

 

Sarra HLAOUI

07/11/2016 | 20:00
6 min
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Commentaires (10)

Commenter

Politique
| 08-11-2016 18:40
Quand je vois que Mondher zenaidi qui a été 19 ans ministre de Ben Ali reprendre des couleurs, je me dis les tunisiens sont ce qu'ils sont: pas de mémoire.
Mondher Zenaidi a servi Leila et toute la clique sans états d'âmes.

Maryem
| 08-11-2016 15:53
Le coup d Etat a ete bien prepare par trois generaux sous la conduite de Ben Ali,au moins un service etranger etait de meche.
Ben Ali a donne sa premiere interview au journaliste Christian Mallard du Figaro,dont les tendances sont tres bien connues.Le programme non declare de Ben Ali etait bien d aneantir en detruisant
l image du grand Bourguiba et de l effacer
de la memoire des citoyens Tunisiens afin
d installer un systeme de gouvernance base sur la terreur,le nepotisme,la corruption et le banditisme.Cette culture
Ben aliiste a gane pendant 23 ans toutes les couches de la societe et les etages du pouvoir.Aujourd hui,un effort monumental doit etre deploye afin de reeduquer le peuple au respect des lois,ceci ne peut etre realise par un pouvoir faible et soumi.

Prof.
| 08-11-2016 14:28
Aucun effort d'analyse historique et sans recherche de causalité!

Des énigmes (mystères): pourquoi et comment Habib Bourguiba est tombé soudainement extrêmement malade alors que quelques semaines auparavant il était en très bonne forme physique et mentale? A-t-on lui servit de faux médicaments et en surdose? Si oui, qui est le coupable?

Il y a l'hypothèse que la chute physique et mentale de Bourguiba était programmée afin de laisser la place libre au palais de Carthage au suivant! Une hypothèse à vérifier et elle serait vérifiable, si la justice tunisienne le voulait!

Tarek F
| 08-11-2016 09:35
Vraiment chapeau bas à ce monsieur. Espérons que tous les hommes qui ont travaillé dans les hautes fonctions de l'Etat font de même et rédigent leurs expériences avec sincérité pour raconter aux générations qui suivent la vérité de ce qui s'est passé et de donner une ébauche à la compréhension et l'analyse scientifique de ce qui a marché et ce qui n'a pas marché dans une vision d'amélioration et pas dans une logique de chasse aux sorcières ou de règlement de comptes.

ZABA
| 08-11-2016 09:08
Dommage qu'il n'a pas su capitaliser son Intelligence!


Vraiment dommage d'ailleurs la Clinton vit avec son intelligence!

Montafire
| 08-11-2016 08:59
Très intéressant à lire, j'espère que certains écrivains continuent ce travail pour sauvegarder notre histoire.

TH
| 08-11-2016 08:49
Est-ce que ce livre est seulement édité en langue Arabe? Et va-t-il être traduit en langue française?

R.T.
| 08-11-2016 05:59
L'abus de pouvoir est confirmé ?Mais il n'a pas massacré les acquis ? C'est ce que j'ai compris par ce texte .Donc faut il corriger et continuer ? Ou bien détruire puis reconstruire à nouveau?

EL OUAFY avec Y à la fin
| 07-11-2016 23:27
Selon laheddine Cherif l'ancien président Ben Ali a sauvé la Tunisie d'une déstabilisation certain il a libéré le défunt Lahbib Bourguiba de ses fonctions car il n'avait pas les conditions de santé pour la gérance de l'Etat sa veilleuse avait influé massivement sur la situation générale donc Ben Ali à pris le pouvoir pour contre carré les hommes invisibles qui ont profité des biens du peuples .
Les acquits que Ben Ali avait bénéficié durant les vingt trois ans ce sont que ses droits légitimes incontestables s'il a favorisé son épouse l'altesse Leilla Trablsi qui était la garante de la liberté de la femme selon les conditions de l'islame il y a certains qui sont étonnés d'avoir ce célèbre femme participait dans le pouvoir pour mois ces individus non pas d'idée sur la femme Libyenne ils ont oublier que la femme Libyenne est un peu particulière par rapport aux femmes de la région est surtout les femmes libyennes de Ben Ghazi elles sont loyales en vers ses maries ainsi à sa patrie la crainte du Dieux est toujours présent chez eux selon les colonisateurs Italiens ils préfèrent de disputer avec cent hommes libyens que de disputer avec une seule femme libyenne c'est bizarre une puissance comme L'Italie fasciste avec sa mafia témoigne que la femme libyenne est très dangereuse et méme l'ancien président Maamar Kadafouhoum à la confiance q'aux femmes la preuve la majorité de ses gardes corps se sont que des femmes .

RODIN
| 07-11-2016 22:43
Je vous signale deux coquilles et une remarque:
Et parmi les cas significatifs et non significations(à corriger)
plus bas mettez oeuvre ou ouvrage !
si vous permettez,il faut remplacer:"célérité excessive" par Empressement(qui veut tout dire)
Cordialement,


B.N : Merci d'avoir attiré notre attention.