Le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, est intervenu, vendredi 9 décembre 2022, durant le panel dédié aux « Troubles Sociaux et Pérennité de l’Entreprise » tenu dans le cadre de la 36e édition des Journées de l’Entreprise organisée par l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE), qui se déroule à Sousse sous le thème « L’Entreprise et la Sécurité : Libertés et Souveraineté ».
Comme à chaque intervention dans le cadre de cet évènement annuel, qui réunit d’éminents acteurs de la scène économique nationale et du secteur privé, Noureddine Taboubi a commencé par clarifier qu’il est venu en « partenaire » et ami, que l’UGTT n’a pas de différends majeurs avec la centrale patronale, l’Utica, bien au contraire. Devant des hommes d'affaires et chefs d’entreprise toute ouïe, le syndicaliste a tenu à rappeler que les objectifs sont, in fine, communs et que l’UGTT et l’Utica défendent les intérêts de leurs affiliés respectifs, qui se rejoignent au bout du compte.
« Nous avons besoin d’une gouvernance de la raison, et notre problème est que pendant des années nous nous sommes lancés les accusations en ayant pour principale motivation d’être celui qui a raison alors que nous sommes tous responsables et qu’aucun d’entre nous n’a totalement raison. Il faut être réaliste et des termes peuvent nous rapprocher, d’autres nous divisent. Sur les milliers de mouvements sociaux et de manifestations que vous avez cités, nous n’en avons organisé qu’une poignée (…) depuis la révolution, le Groupe chimique et la CPG, nous avons lancé un préavis de grève et elle a été annulée, les employés en sont venus à manifester pour travailler et à critiquer l’UGTT mais la manne de production de phosphates est perdue, tout à l’arrêt et personne ne s’est rendu sur place pour désamorcer la crise (…) ces grèves, des boulangers et des distributeurs de médicaments, ils ne sont pas affiliés à l’UGTT, les gens n’en peuvent plus » a déclaré Noureddine Taboubi.
Il a appelé le président de l’IACE, Taieb Bayahi, à organiser dans les semaines à venir, un autre évènement semblable aux journées de l’entreprise qui réunirait l’UGTT et le gouvernement, quelques jours, pour un débat public. « Ils parlent de compensation, de réforme des établissement publics, de l’équité fiscale etc. qu’on en débatte devant et si nous avons tort, vous nous le direz et si vous estimer que ce que vous entendrez n’est que slogans alors soit » a ajouté Noureddine Taboubi.
« Nous appelons au dialogue et nous voulons discuter mais le problème aujourd’hui est un problème de crédibilité et de pouvoir décisionnel. Qui détient la prérogative de la décision, qui est capable de prendre des décisions tout de suite après nos négociations et de les appliquer ? La décision est dispersée, nous ne savons pas qui décidé, nous ne savons même pas avec qui nous devons discuter. Ils parlent d’orienter la compensation à qui en a besoin, cela ne se fera pas par simple écriture sur papier, l’économie tunisienne est bâtie sur le système de compensation, comment parler de cela ensemble ? Quand on parle d’orienter la compensation on veut bien mais en réalité qui sont ces « qui en ont besoin » et quelle sera la somme qui leur sera allouée, dans les coulisses on parle de 118 dinars, et vous savez que la politique de communication est une stratégie, la première chose une secousse psychologique avec les prix, puis les pénuries histoire que les gens réclament les produits à n’importe quel prix et on crie au monopole en lançant des accusations vides comme on leur a conseillé au Club de Paris » a-t-il poursuivi.
Noureddine Taboubi a souligné que l’UGTT ne sait pas ce que contient le document comportant les réformes soumises au FMI, notant que l’Union syndicale n’a eu de cesse de le réclamer en vain. « On parle de généralités, personne ne sait ce que contient ce document, même les propos de la directrice du FMI sont démentis, comment voulez-vous qu’on bâtisse une confiance mutuelle dans ces conditions ? (…) Nous ne savons rien de ce qu’on a convenu avec le Fonds et cela aura plus tard de graves répercussions. Nous n’avons pas besoin de plus de tensions sociales, nous avons besoin de stabilité et quand éclatent des tensions, personne n’en sortira gagnant. Nous avons tout pour réussir mais nous devons construire une base de confiance, nous ne sommes pas hermétiques mais nous avons des appréhensions, nous ne sommes pas là dans une logique de drible pour gagner ou perdre des points. Nous sommes prêts à discuter, nous ne sommes pas parfaits mais nous œuvrons à pallier nos défaillances et nous devons tous apprendre de nos erreurs » a-t-il conclu.
M.B.Z
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