Le président de la République était-il oui ou non informé de la nomination du ministre de l’Intérieur Hichem Fourati ?
Hier, mercredi 25 juillet, le chef du gouvernement Youssef Chahed a donné une déclaration à Shems FM (2ème radio la plus écoutée du pays) pour préciser qu’il a bel et bien informé le président de la République de la nomination de Hichem Fourati à la tête du ministère de l’Intérieur.
Quelques heures plus tard, le conseiller du président Noureddine Ben Ticha donne une déclaration à Mosaïque FM (1ère radio la plus écoutée du pays) pour le « démentir » et dire que le président de la République n’a pas été consulté.
En apparence, on voit là une information et son contraire sur les deux premières stations du pays. Mais c’est dans le détail que le diable se cache puisque Noureddine Ben Ticha a bien précisé que le président de la République a été informé, mais n’a pas été consulté. M. Ben Ticha joue donc clairement sur les mots en laissant croire que le président de la République n’était pas du tout au courant de la nomination du ministre de l’Intérieur, et c’est ce qui a d’ailleurs été repris dans plusieurs médias et sur les réseaux sociaux.
Vérification faite par Business News, Béji Caïd Essebsi était bel et bien informé de la nomination et il avait bien l’occasion de dire non au chef du gouvernement, si la nomination posait vraiment problème. « Quand bien même Youssef Chahed ne l’aurait pas fait, est-ce normal de le dire publiquement au risque de donner du président de la République une image de tartour ?! En semant le doute, Noureddine fait de l’enfantillage et nuit à l’image de Béji Caïd Essebsi !», nous dit un fidèle du président. Il précise que le président a été informé et a avalisé la nomination, même si constitutionnellement il n’avait pas à le faire, mais il n’aurait jamais permis qu’on nomme n’importe qui.
D’après nos informations, et sur la base de ce qu’a dit une députée ancienne de Nidaa, il n’y a pas que le président de la République qui a été informé de la nomination du ministre de l’Intérieur, même Ennahdha l’a été. Il s’agissait pour Youssef Chahed de garantir le maximum de soutiens à cette nomination lors de son passage par l’ARP. De ce que nous témoignons, un des proches de Hafedh Caïd Essebsi était également informé de la nomination et a donné le nom de Hichem Fourati plusieurs heures avant son officialisation, mardi en fin de journée.
D’après nos informations, Ridha Belhaj est en train de faire du lobbying pour faire capoter cette nomination au sein de l’ARP. Un peu partout sur les réseaux sociaux, on est en train de répéter à qui veut bien l’entendre que Hichem Fourati est proche des islamistes.
Au vu de sa biographie et de son parcours, le nouveau ministre de l’Intérieur est un technocrate, pur produit de l’administration tunisienne. Enarque, il a monté les échelons au sein du ministère de l’Intérieur jusqu’à devenir secrétaire général du Gouvernorat de Zaghouan en 2008.
Au lendemain de la révolution, il a été nommé sous Béji Caïd Essebsi gouverneur de Monastir, région destourienne et anti-islamiste par excellence. Il a été limogé de ce poste en 2012 par l’islamiste Ali Laârayedh, ancien ministre de l’Intérieur, parce qu’il a donné son aval pour que Béji Caïd Essebsi organise un meeting de Nidaa. A l’époque, Nidaa n’était pas vraiment né et c’était encore un fœtus de parti. Les islamistes faisaient tout pour tuer dans l’œuf le projet de Béji Caïd Essebsi. Ils ont donc limogé le gouverneur le jour même de la tenue de ce meeting qui a bien fait basculer la scène politique à l’époque comme tout le monde a pu le constater plus tard.
M.A
